Erdogan : tyran ou despote éclairé ?
Fortement critiqué pour ses positions ambivalentes sur le dossier syrien, son autoritarisme grandissant couplé aux couleurs islamistes de son parti, le chef de l'état turc Recep Tayyip Erdogan sorti considérablement renforcé à la suite du putsch militaire manqué le visant dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016 est-il vraiment l'épouvantail qu'on nous dépeint ?
Le coup d'état avorté et les raisons de la purge
Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016 dés 22 heures profitant de l'absence d'Erdogan alors en déplacement à Marmaris dans le sud-ouest de la Turquie un groupe de militaires putschistes prennent position simultanément devant le palais présidentiel d'Ankara capitale de la turquie, tandis qu'à Istanbul ils bloquent les pont du bosphore et encerclent l'aéroport Atatürk.
Les insurgés font également irruption dans les locaux de la chaine publique TRT et annoncent la réussite de leur objectif uniquement guidé par la volonté de restaurer la démocratie, les droits de l'homme et en finir avec l'autoritarisme du régime d'Erdogan. Ce n'est pas la première fois que la Turquie est en proie a un coup d'état. En effet depuis la création de la république Turque par Moustapha Kemal en 1923, les militaires auto-proclamés gardiens du régime laïc mis en place par le premier président turc ont a plusieurs reprises interféré par la force dans la politique du pays (1960, 1971, 1980, 1997).
Mais en ce jour du 16 juillet 2016, le coup d'état va cette fois-ci échouer. Ayant pris connaissance de ce coup de force ainsi que de la capture du chef d'état major de l'armée turque Huluski Akar par les rebelles Erdogan tente le tout pour le tout. Se dirigeant vers Istanbul, il délivre via l'application facetime un appel vibrant d'encouragement à la résistance au peuple turc retransmis par la chaine CNN Türk. Ce coup de poker est une réussite, une partie des turcs descendent dans la rue et s'opposent aux insurgés avec l'aide des forces de l'ordre restées loyales au régime.
Le coup d'état est avorté et affiche le triste bilan de 260 morts dont 41 policiers et 47 civils sans compter plus de 1000 bléssés. Il s'ensuit alors une reprise en main de l'état turc ainis qu'une sevère répression des putschistes accusés d'etre affiliés a Fetullah Gülen opposant politique vivant aux Etats-unis. Or cette décision est fortement critiquée par les pays occidentaux qui incitent le président turc a faire preuve de modération et respecter les droits de l'homme.
Les putschistes n'ont-ils pourtant pas le sang d'une soixantaines de civils sur les mains ? De plus les purges qui s'ensuivent égalemment montrées du doigt ne peuvent se comprendre qu'en parfaite connaissance de la politique turque. En effet le Feto,parti de Fetullah Gülen est une veritable conférie religieuse composée de milliers de membres dont certains occupant des postes clés au sein de la justice, de la police,de l'éducation, de la presse ou de l'armée. A l'intar des frères musulmans en Egypte ils constituent un véritable "état dans l'état" avec une parfaite hierarchie, administration,de nombreux biens immobiliers ainsi qu'une forte influence chez plusieurs couches sociales.
C'est ce qui a poussé Erdogan a purger les insitutions turques de ces éléments jugés dangereux d'autant plus que leur chef Fetullah Gülen est réfugié aux Etats-Unis pays qui n'a pas fortement critiqué la tentative de coup d'état et surtout n'est pas intervenu pour l'empêcher alors que la Turquie membre de l'Otan abrite des bases possédant des dizaines d'armes nucléaires.
Pourquoi le peuple a-t-il soutenu Erdogan ?
Plusieurs raisons expliquent la ferveur et l'entoushiasme populaire dont jouit l'actuel président turc.
Tout d'abord sur le plan politique il a contrairement a son ancien homologue égyptien Mohamed Morsi réussi a museler et mettre au pas l'armée véritable institution qui s'immiscait comme nous l'avons vu dans la politique turque et détournait une partie des richesses a son profit. Il incarne égalemment un chef d'état fort, courageux qui s'est affiché en véritable défenseur de l'islam dont il n'hésite pas a proclamer les valeurs dans un pays fortement laÏc mais où comme dans la plupart des pays musulmans en ce début du XXI ème siecle le religieux fait un retour fracassant. Il soutient publiquement les palestiniens, dénonce le laxisme et la soumission des autres pays musulmans.
Mais au-delà de ce côté conservateur il se présente également comme démocrate musulman, sollicitant a plusieurs reprises l'entrée de la turquie dans l'union européenne et affiche un bilan économiue et social plutot positif avec une lutte contre la corruption ayant porté ses fruits et une croissance économique de 7% en 2017.
Il prône également par des discours populistes un état puissant, fier de ses racines turques et méfiant à l'égard de certains groupes de la minorité Kurde dont le parti PKK accusé d'être un parti terroriste et qui fait l'objet de nombreuses critiques de la part du gouvernement d'Erdogan. D'autant plus que dans le conflit syrien qui n'est rien d'autre qu'une lutte entre les 2 puissances régionales que sont l'Arabie Saoudite et l'Iran, les principaux adversaires de Daesh sont les kurdes d'Irak et de Syrie soutenus par Washington dont le but est bien évidemment la création d'un état kurde autonome sur les ruines d'une partie des états syriens et irakiens dont veut se préserver à tout prix Erdogan.
En conclusion Erdogan a on ne peut le nier renforcé sa position de leader charismatique et profité du coup d'état manqué pour neutraliser ses opposants comme il l'avait fait quelques années plutot pour l'armée et fut présenté comme une véritable révolution démocratique alors que le monde musulman est souvent essentiellement marqué par la préeminence de cette dernière qui outrepasse largement ses fonctions premières.
Fier de son bilan économique et social plutot positif ainsi que de son image de leader et défenseur du monde musulman, protégé par la présence de la Turquie dans l'Otan et ses relations rapprochées avec la Russie, son autoritarisme et ses intérêts semblent converger avec ceux du pays.
Ce nouveau césarisme (soutient populaire combiné à un pouvoir fort) à la turque, est semble-t-il bien parti pour durer.
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