Moscou : hélas, rien n’est sous contrôle !

@hans-de-lunéville 1

J’ai de la peine à comprendre.

Depuis des années, on nous dit qu’il n’y a aucune liberté en Russie, que les Russes sont en permanence sous des yeux policiers ou de services spéciaux, qu’internet est passé au crible fin, etc, etc.

Et maintenant on nous dit : rien n’est sous contrôle.

Alors, il faudrait savoir, la Russie est-elle une nation sous surveillance permanente ou une nation totalement laxiste ?
La russophobie fait dire bien des conneries.

Bonjour, amiaplacidus

Au niveau sécuritaire, ce n’est pas de « laxisme » qu’il est question, mais d’incurie et de corruption, deux des maux qui gangrènent la société russe.

Bonjour, agent ananas

L’un n’empêche pas l’autre.
Cela dit, si la la France n’est guère plus vertueuse que la Russie en matière d’« incurie », elle est loin devant en termes de « corruption ».

@Fergus
elle est loin devant en termes de « corruption ».

C’est bien, vous avez mis « termes » au pluriel, grammaticalement correct.

En revanche, ce sont vos neurones qui flanchent, ou alors en plus d’être russophobe, vous seriez aussi francophobe, double peine.

La France n’est pas « devant » la Russie en termes de corruption pour reprendre vos termes. Mais bien derrière, du moins je l’espère.

Bonjour, Fanny

Je n’ai jamais été « russophobe », loin s’en faut. J’ai même dû annuler, pour des raisons familiales et la mort dans l’âme, il y a quelques années un séjour à Saint-Pétersbourg (y compris un concert du philharmonique).

En revanche, oui, je suis clairement poutinophobe, en grande partie pour les terribles régressions qu’il a fait subir à son peuple depuis son arrivée au pouvoir.

Pour ce qui est de la corruption, soyer sérieux. Je vous invite à lire (sans doute demain) à lire le portrait en forme d’abécédaire que je dresse de Poutine.
 

@Fergus

Ben, oui, mais être russophile pour une population qui a toujours revoté Poutine dès le premier tour depuis 2000 et être poutinophobe, cela ne va pas ensemble entre vous et les russes. Bien d’accord que l’esprit de ces dernières élections est éventé par la guerre, qui est de toute façon une période de propagande et non de démocratie, ce que l’on découvre à notre tour en France vers une possible troisième guerre continentale européenne (que je préfère à « guerre mondiale »).

Si vous réfléchissiez à votre contradiction, peut-être que vous chercheriez POURQUOI, les russes ne veulent pas changer de cheval. Vous pourriez au moins admettre que les russes sont un autre peuple, une autre histoire, un autre tempérament. Le reportage de BFMTV avec ce minuscule journaliste devant Piotr Tolstoï, arrière petit-fils de l’auteur de « Guerre et paix » et vice président de la Douma, montre bien ce refus occidental à l’altérité.

Bonjour, Enki

« une population qui a toujours revoté Poutine dès le premier tour depuis 2000 et être poutinophobe, cela ne va pas ensemble »

Comme dit avec beaucoup de pertinence le proverbe « Qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son » !

Or, depuis l’émergence de Poutine au sommet, tous les opposants sérieux aux plans politique et médiatique ont systématiquement été éliminés de différentes manières !

@Fergus
Je vous invite à lire (sans doute demain) à lire le portrait en forme d’abécédaire que je dresse de Poutine.

Je palpite d’impatience à vous lire.

Parce que le cas Poutine est absolument extraordinaire.

Voilà un type sorti de rien (selon les normes françaises, pas bourgeois, pas grandes écoles, sorte de Bardela à la russe en blouson, pas costume cravate) qui émerge du panier de crabes du Kremlin (faut le faire) et qui redresse un immense pays complètement effondré économiquement (PIB divisé par …), militairement (les militaires font la manche), sanitairement (espérance de vie effondrée) et moralement (les femmes russes se prostituent en masse).

Les Européens de l’Ouest ne savent rien de ce qui se passe en Russie pendant ces années 90/2000. On s’en fout. Notre presse s’en fout. Les Russes, c’est pas chez nous, peuvent crever et d’ailleurs ils crèvent en masse.

Les Européens de l’Ouest ne savaient rien de la Russie des années 90/2000 et ont poursuivi dans l’aveuglement quand Poutine a engagé le redressement du pays. Demandez à un Français relativement instruit s’il a une idée de l’évolution du PIB russe entre 2000 et 2020 ? Il n’en a strictement aucune idée. Ses médias, complètement américanisés, ne lui en auront rien dit, sinon que ce PIB est de toute façon négligeable (moins que l’Italie). Le Français dans le coup connaît le CAC40 mais pas l’évolution du PIB russe, pas plus que de celui de la Mongolie...

Alors quand l’alliance OTAN/UE s’attaque à l’Ukraine, future conquête (Brzezinski) par une combinaison « régime change » et pression militaire US, les Européens de l’Ouest pensent que les Russes avaleront la pilule sans problème (les US sont un peu plus lucides). L’UE poursuit dans l’aveuglement vis-à-vis de la Russie, pensant pouvoir séparer l’Ukraine de la Russie sans réaction de cette dernière grâce à la protection de l’OTAN (des USA). La connerie de l’UE est immense, insondable, cette connerie étant à l’origine de la guerre d’Ukraine.

Et quand finalement Poutine déclare la guerre au régime de Kiev mis en place par les USA, les Européens de l’Ouest n’en reviennent pas. Ils ne comprennent pas ce qui se passe. Jusqu’à la veille de l’intervention, ils n’y croient pas. Les USA qui ont saisi l’occasion (Maïdan et la suite) pour affaiblir l’Allemagne (énergie) et rameuter les pays de l’UE sous l’ombrelle OTAN, comprennent d’autant mieux ce qui se passe qu’ils sont à la manœuvre. La connerie de l’UE est infinie, et risque de conduire les jeunes Français à aller mourir pour Odessa (les USA se sont retirés sur la pointe des pieds, après leurs manœuvres et forfaits en Europe : fuck the EU disait celle qui annonce aujourd’hui des « surprises » à Poutine).

Et c’est alors que les pays de l’UE sortent de leur torpeur et s’aperçoivent de l’existence de la Russie et de Poutine. Merde alors, Poutine nous fait la guerre ! Ce réveil tardif est une catastrophe. La diplomatie a disparu (transférée à Washington), il n’y a rien à négocier, juste à aller à la guerre. Nos médias, qui ignoraient la Russie depuis 30 ans, ne parlent plus que de Poutine matin, midi et soir. La panique.

Bien sûr, il reste à traiter Poutine de tous les noms, à expliquer qu’il a commis les pires horreurs que la terre ait connu (les bombardements de Gaza rendent le narratif un peu compliqué), que jamais personne n’avait violé le droit international comme lui (narratif délicat suite aux guerres US au MO ou Yougoslavie), et qu’en interne la dictature terrifiante qu’il a organisée réduit son peuple en esclavage Les Fergus se chargent de cette mission.

Nouvel aveuglement. Les meilleurs esprits ne comprennent pas comment les Russes, ce peuple en esclavage, ont voté Poutine à 87% avec une participation à 73. Ils n’y croient pas, expliquent dans les médias que c’est pas possible, qu’il y a eu bourrage massif d’urnes (Gérard Araud). D’autres, qui connaissent la Russie, sont un peu plus lucides (Jean de Gliniasty). Aveuglement et sidération.

Message aux Fergus et à nos médias : insulter Poutine ne sert à rien. Faire monter la pression pour faciliter l’envoi de soldats français à Odessa est un nouvel aveuglement : on ne gagnera pas la guerre contre la Russie, on n’installera pas l’UE et l’OTAN à Sébastopol.

On tombera à nouveau dans le piège que nous ont tendu les USA. Nos Young Leaders qui font semblant de gouverner la France ne peuvent pas le comprendre, tant ils sont endoctrinés et tenus par des intérêts financiers américains investis en Ukraine. Mais les Français, qui ne souffrent pas de la cécité de nos élites, le comprendront et nous éviteront le pire, j’en suis convaincu.

@Fanny, bonjour,

Merci ! Voilà qui change des commentaires belliqueux...

@Fergus

tous les opposants sérieux aux plans politique et médiatique ont systématiquement été éliminés 

Fake news.

L’opposant médiatique le plus sérieux et radical à Poutine s’appelle Alexeï Venediktov, toujours vivant, patron de la radio « Les Echos de Moscou » très populaire pendant les années 2000 - 2022.

La censure est apparue en 2022, comme c’est souvent le cas dans les pays en guerre. Echo de Moscou et Novaïa Gazeta (journal d’opposition radicale) ont cessé d’être diffusés en Russie avec la guerre.

Quant aux politiques, il n’y a que trois opposants sérieux qui ont été assassinés : Trotsky et Kirov sous Staline et Nemtsov sous Poutine. Dans deux cas sur trois, le commanditaire est inconnu.

Pourquoi vous acharnez-vous à parler de ce pays et de ses dirigeants, alors que manifestement vous n’en connaissez pas grand-chose, et vous limitez à répéter les fake news de nos médias ?

@chantecler
 j’ai lu « crime et châtiment » de Dostoievski 

Un incontournable pour qui s’intéresse à ce pays.

Il y a aussi un petit coin de Paris, qui aide à y voir plus clair.

Si vous voulez comprendre quelque chose à la Russie et aux relations franco-russes, vous pointez votre compas sur le bord de la Seine, au niveau du Port de La Bourdonnais à Paris. Et vous tracez un cercle de 500 m de rayon.

Dans ce cercle, vous avez le Pont de l’Alma et son Zouave, la Cathédrale « Poutine » de la Sainte-Trinité et le Conservatoire de musique Rachmaninov. Les avenues Franco-Russe et Bosquet sont tout près.

L’Alma et le zouave ? Une belle victoire française dans la guerre de Crimée (1853-56). Une victoire complétée par celle de Sébastopol mais finalement sans lendemain : les Russes sont encore aujourd’hui à Sébastopol et en Crimée. Un peu comme la victoire de la Moskova : deux ans plus tard les Russes étaient à Paris, et Napoléon fini (les Anglais récupèrent alors la mise, pour au moins deux siècles avec les USA).

Cette guerre de Crimée de 1853/56 sous Napoléon III, où la France a laissé pas loin de 100 000 soldats (un sur trois, surtout à cause du cholera et du typhus), servait surtout les intérêts britanniques alliés à l’Empire Ottoman. Si l’on repart demain en guerre en Crimée, ce sera pour les intérêts américains, qui souvent aident les « ottomans » actuels contre la Russie (Afghanistan, islamisme tchétchène …). Rien ne change, depuis Waterloo.

La cathédrale Poutine, c’est le messianisme russe. Il est toujours là et après avoir répandu le communisme en Asie, il entraîne aujourd’hui le Sud Global contre l’Occident regroupé autour des USA. Il vaut mieux composer avec ce messianisme que l’affronter par la guerre (cf. la guerre froide).

Rachmaninov, c’est le 3ème pied de la Russie : l’armée, le pope et le compositeur. C’est un tout. Chercher à briser ce trépied, c’est risquer le pire. On dirait qu’on y va.

Paris est bien le centre du monde, au Pont de l’Alma.

@Fanny
Bonjour Fanny,

Pour ceux qui ne suivent pas vraiment et parlent dans le vide, voir ici l’évolution du PIB russe.

Au delà même du PIB qui reste une mesure très misérable, Poutine a redonné de l’espoir aux russes, il a lutter contre la grande pauvreté à tel point que la Russie est bien meilleure que la plupart des pays occidentaux dont la France, ... qu’il a hissé la Russie comme premier exportateur mondial de différentes denrée comme les céréales, les engrais azotés, ...

Pour les russes et ceux qui connaissent un peu ce pays, les russes sont fiers d’avoir repris la place qui sied à leur nation, celle d’un pays qui compte dans le monde et qui a retrouvé partiellement sa grandeur ; pas au niveau d’avant encore, mais mieux que la période maudite par tous les russes, celle du pillage en règle de l’occident de l’époque Eltsine. Les russes vomissent Gorbatchev et Eltsine alors que ce sont des dirigeants très appréciés par les occidentaux ... autant dire que nous n’avons pas du tout les mêmes valeurs entre les peuples occidentaux et le peuple russe ; et comme vous le dites si bien, personne n’a vécu cette régression énorme des années 1990 où les russes ont perdu plus de 70% de leur pouvoir d’achat grâce à la démocratie libérale ; ne leur parlez plus de notre démocratie libérale, ils n’en veulent plus, ils ont compris qu’elle allait contre l’intérêt des peuples.

Cela ne fait pas de Poutine un ange mais il n’est pas pire que nos dirigeants politiques nationaux et européens corrompus jusqu’à la moelle par tous les lobbys. Il reste qu’il défend toujours son pays alors que les nôtres ne font pas.

@Christophe

Les russes vomissent Gorbatchev et Eltsine alors que ce sont des dirigeants très appréciés par les occidentaux

La connaissance réciproque entre les peuples est gage de paix. Votre remarque montre une profonde incompréhension entre Eropéens de l’Ouest et Russes.

Constatant l’ignorance crasse de certains commentateurs concernant la Russie (nos médias en sont en grande partie responsables), j’apporte ma pierre dans les domaines que je connais un peu mieux que la moyenne.

Il est utile que les Français sachent que les Russes ne sont pas complètement amorphes et débiles, et que leur vote pro-Poutine écrasant a des causes réelles. Deux principalement : le formidable redressement du pays d’une part, comme vous l’écrivez très justement (même Bruno Le Maire ne comprend pas comment fonctionne l’économie russe !), et ce que j’appellerais un complexe existentiel vis-à-vis de l’Occident.

Il y a quelque chose d’indéfinissable et de très négatif dans la perception de la Russie et des Russes par notre élite américanisée et nos Young Leaders décideurs. Les Russes le perçoivent bien et supportent mal l’arrogance occidentale à leur endroit, qui résulte de cette perception négative, et aussi de l’Histoire. Cela ne date pas d’hier, et il y a bien sûr des motifs à cela (Custine, Michelet).

Ce complexe existentiel peut être rapproché de ce que perçoivent les Israéliens, autre pays aujourd’hui en guerre (comme par hasard) : ils sentent que leur Etat d’Israël, qui est respecté pour sa puissance, n’est pas aimé, certains dans le monde allant jusqu’à trouver qu’il ne devrait pas exister. Pour d’autres raisons, la Russie est contestée du fait de ses différences dans sa culture pas tout à fait européenne, et des disproportions entre le pays et sa faible démographie. Mme Clinton considère que la Sibérie n’a pas lieu d’être russe.

Il est d’ailleurs possible, compte tenu des pressions et convoitises tous azimuts sur les matières premières, et qui vont s’accroître avec le réchauffement climatique et la viabilité de la Sibérie, que le pays s’arrête un jour à l’Oural. Rien d’impossible, la Sibérie étant à peu près « vide » aujourd’hui (20 millions d’habitants de l’Oural à Vladivostok). Mais les Russes ne se laisseront pas faire : encore des guerres en perspective.

@Fergus
.

@Fanny
Bardella, pas Bardela.

Je lui adresse mes excuses pour la faute d’orthographe à son patronyme (jeune homme d’avenir, soyons prudent ... -).

@Fergus

Et dans notre beau pays, la France, les « opposants sérieux » ont-ils le droit de se présenter ?

En France, l’élection présidentielle n’est pas à 2 tours mais à 3 tours. Et c’est lors du premier tour, lors du « recueil des signatures », des fameux « parrainages », que les « opposants sérieux » sont « sélectionnés ». Et Bruno Lemaire, ministre en exercice, distribuait en 2022 les « parrainages » aux « candidats sérieux » qui en auraient manqué pour se présenter sur la grille de départ.

La France, contrairement à la Russie, est une belle démocratie et les« candidats sérieux » sont parfaitement autorisés à « concourir ». 

Belle image d’Epinal que voilà Fergus ! En France, grâce au « tour préliminaire », du recueil des parrainages, les élections présidentielles sont mises sous « contrôle ». Les électeurs peuvent voter, certes, choisir leur candidat, certes, mais dans une liste qui leur est imposée. Mais ceci passe comme une lettre à la poste. Poutine ne pourrait pas faire mieux !