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Accueil du site > Actualités > Société > Désaffections et transcendances. Exégèse critique de quelques idées (...)

Désaffections et transcendances. Exégèse critique de quelques idées exposées par Bernard Stiegler (I)

Viennent de paraître deux tomes de Mécréance et discrédit, intéressante œuvre de Bernard Stiegler commencée en 2004, avec un texte portant sur la décadence des démocraties, destinée à être suivie par une étude sur une « aristocratie de l’esprit », mais infléchie entre-temps par un détour sur un fait de société désigné comme avènement des individus désaffectés, doublé d’une analyse de deux livres importants, l’un de Marcuse et l’autre de Boltanski.

Stiegler explique dans l’introduction les raisons de ces détours, personnelles et surtout liées à l’actualité récente, notamment aux attentats de juillet 2005 à Londres, dont la spécificité inquiétante est que les acteurs de ce drame ne sont pas étrangers à la société britannique, comme le furent les pilotes du 11 septembre vis-à-vis des USA, mais bel et bien des sujets de sa Majesté, d’origine immigrée certes, mais nés et éduqués en Grande-Bretagne et promis à devenir des citoyens comme les autres.

Les émeutes des banlieues se sont ajoutées pour justifier la rédaction de ce deuxième volet consacré à la crise des sociétés industrielles à l’âge numérique, avec pour intitulé "Les sociétés incontrôlables d’individus désaffectés". L’ouvrage m’a paru suffisamment important pour que je tente d’en livrer une exégèse critique dans la limite de mes compétences.

Bernard Stiegler livre un constat sur l’état des sociétés occidentales du moment.

Les modes de production et de consommation y sont décrits de telle manière que soit mis à jour un phénomène transcriptible en une formule.
L’esprit du capitalisme n’a pas changé, mais le « capitalisme » a détruit l’esprit. Autrement dit, le mode d’existence contemporaine conduit à une perte des capacités de sublimation des individus.

Plus explicitement, d’après Stiegler, on assiste à un déficit d’individualisation psychique et collective, et donc, à un déficit de surmoïsation, en référence à la terminologie freudienne, mais aussi en écho aux idées de Simondon sur la transindividuation, ce qui signifie création d’un esprit collectif, d’un « nous » au sein de l’individu, et, d’un point de vue ontologique, de la fabrication du un à partir du multiple, ce un sans lequel les sociétés ne peuvent perdurer comme ensemble d’individus existant par eux-mêmes tout en se sentant reliés par un passé et un avenir commun.

Cette thèse tient donc en une formule, déficit spirituel, mais se décline en de multiples aspects, car le processus de production du spirituel est fort complexe dans les sociétés hyper-industrielles. Et plutôt que de production, c’est de sclérose, inhibition, délitement spirituel qu’il est question. Destruction de l’économie libidinale, écrit-il pour signifier un processus d’existence altérée où la sublimation est oblitérée par un trop-plein de consommation, d’affects publicitaires, de séduction et autres fétichismes de la marchandise, et surtout par un mode technologique par lequel le temps de cerveau est occupé par les producteurs d’images et de son.

On l’aura compris, la question est un classique pour l’époque contemporaine. Le monde technique et économique semble engendrer une misère spirituelle et produire ce que Stiegler appelle des gens désaffectés, comme il y a des usines désaffectées, sans travailleurs, sans âme. L’individu désaffecté possède un esprit rétréci, le conduisant à errer, à se composer avec la bêtise, à se repaître dans le ressentiment, les attitudes addictives, avec, dans le pire des cas des comportements suicidaires, certains, « ordinaires » et banalisés, comme les excès de vitesse sur la route et autres comportements à risque, ou bien excessifs, dans le cas extrêmes des attentats.

L’esprit, au lieu de civiliser l’âme lorsqu’il a mûri, laisse par son absence se développer les furies de la bête sommeillant en l’homme. Etre désaffecté, c’est aussi disposer d’un corps-monde sans savoir l’habiter. On dit d’un individu ayant perdu la présence d’esprit qu’il ne sait plus où il habite. L’homme désaffecté ne sait pas comment habiter. Lui fait défaut quelque chose d’essentiel, selon Stiegler, le savoir-vivre, l’un des fruits de l’esprit avec la connaissance, l’amour, le sens de la justice, l’éthique, l’accès à l’esthétique.

Les lignes suivantes tentent d’exposer, en suivant un ordre thématique, le diagnostic porté par Bernard Stiegler sur la société du XXIe siècle commençant, tout en proposant quelques remarques critiques visant à ouvrir un élargissement de ce diagnostic vers d’autres directions. Texte complet ici

Comme le laisse entendre Stiegler, ce n’est pas le moindre des paradoxes que ce discours des élites technocrates européennes sur une économie des savoirs comme avenir de l’Europe, alors qu’au sein des sociétés la composant, peu à peu, certains des savoirs fondamentaux se délitent, laissés en friche ou bien de côté. Bien évidemment, la question européenne déborde du cadre sociologique, mais sans ce cadre, elle ne peut être déployée. Mais avant de penser l’Europe, il est nécessaire de comprendre et de décider le type de société que l’on souhaite voir se constituer.

Dans cette éventualité, séparer les savoir-faire, savoir-vivre et savoir-être offre la possibilité de les mettre en opposition ou en complémentarité, et d’opérer des choix clairs. C’est surtout entre les deux premiers que les alternatives se posent. Par exemple, quels savoirs de base transmettre aux jeunes générations ?
On comprend vite que le savoir-faire s’adresse à l’individu producteur et utilisateur du système, alors que le savoir-vivre renvoie à l’existence sociale bien au-delà des simples règles de bonne conduite.
Le savoir-vivre inclut des relations de type politique, entre citoyenneté et choix étatiques.Le savoir-vivre, c’est aussi maîtriser et arbitrer son mode d’existence dans un système d’objets proposés à profusion, c’est savoir où sont les choix éthiques, justes et responsables.
Quant au savoir-être, il se peut bien qu’il relève de la sphère privée, comme le religieux, dépendant à la fois du contexte social tout en étant affranchi de ce contexte, le privé coïncidant à la limite avec le sacré, et d’un dispositif qui pour l’instant se détermine selon une alternative entre immanences et transcendances. Autrement dit, le divin effuse-t-il dans l’humain, et comment ?

Vastes perspectives, qui dépassent le cadre de cet article.


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44 réactions à cet article    


  • Sam (---.---.124.235) 19 mai 2006 11:05

    Comme le dit le rédacteur lui-même, problème classique, peut-être posé avec une force, une pertinence, un style, ou un questionnement novateur...

    La solution est aussi classique : la société des savoirs. Elle est proposée par l’Europe, comme avenir, comme elle fut examinée et revendiquée par l’Education Nationale en France. On se souvient du fameux « il faut apprendre à apprendre »...

    Me semblerait intéressant que soit abordée la hiérarchie des savoirs à mettre en oeuvre - entre savoir faire,vivre et être - car de celle-ci découle notre Europe commune, si elle a un avenir, comme notre société française, et particulièrement le régime économique que nous souhaitons, capitaliste dur comme aujourd’hui, ou humanisé, ou transformé/remplacé.

    Mais peut-être l’auteur le fait-il. A la lecture de la critique, je ne sais pas vraiment.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 19 mai 2006 12:34

      Plutôt que société des savoirs c’est d’économie des savoirs dont il fut question dans le protocole de Lisbonne. La réponse à la question se trouve certainement dans deux précédents livres de Stiegler, Constituer l’Europe, T1 et T2 et dans son quatrième tome de Mécréance, annoncé mais pas encore écrit. Il y sera question d’une nouvelle « aristocratie ». En gros, je vois chez Stiegler une tentative de réintroduire des exigences morales dans le capitalisme (ça me fait penser aux écrits d’Ortega)


    • Sam (---.---.124.235) 19 mai 2006 14:53

      « ..Plutôt que société des savoirs c’est d’économie des savoirs dont il fut question dans le protocole de Lisbonne... »

      Oui, et c’est peut-être le problème...


    • Antoine (---.---.19.70) 19 mai 2006 11:41

      Trés interessant, merci pour cet article.


      • Bernard Dugué Bernard Dugué 19 mai 2006 12:42

        merci pour le commentaire


      • Scipion (---.---.160.171) 19 mai 2006 12:15

        Comme je ne connais pas du tout ce Stiegler - c’est la première fois que j’en entends parler, je l’avoue sans honte -, je ne parviens pas à discerner où se trouve la source de l’ingénuité qui lui fait parler de « sujets de sa Majesté (...) promis à devenir des citoyens comme les autres. » ?

        Serait-ce à dire qu’il croit que dix ou quinze d’école suffisent à effacer une identité culturelle ? Si tel est le cas, il s’en prépare encore quelques-unes, Bernard Stiegler, des stupéfactions de type « juillet 2005 ».

        Comme je peux voir les choses, il semble d’ailleurs bien mal parti, puisque le texte ci-dessus donne à penser qu’il croit encore que « que les acteurs de ce drame (n’étaient) pas étrangers à la société britannique... »


        • Bernard Dugué Bernard Dugué 19 mai 2006 12:42

          Je ne vois pas d’ingénuité chez Stiegler. Il trace un constat sur la spécificité des attentats de Londres. Par contre, il semble avoir oublié le terrorisme rouge des années 70 et notamment l’attentat de la gare de Bologne dont le ressort est différent mais qui traduit aussi une réaction d’individus apparemment intégrés dans une société


        • musil (---.---.15.7) 19 mai 2006 13:09

          Relisez la contribution et l’auteur lui-même avant de donner votre avis....Réponses à côte de la plaque...

          Il est vrai que Stiegler est philosophe et que la lecture de ses oeuvres est parfois un peu ardue...Mais il va droit au but en essayant de répondre à l’essentiel :que fait de nous le capitalisme neo-libéral ,qui manipule nos esprits ,nos désirs à notre insu et comment résister ? Le lire , c’est déjà devenir différent,devenir un peu plus libre....ou un peu moins con.


          • Marc P (---.---.224.225) 19 mai 2006 13:15

            Bonjour,

            On avait la notion de personne « désaffiliée », celle de personne « désaffectée » est intéressante, elle rappelle celle de la personne « habitée »... ou pas...

            Les « savoirs » certes mais on ne considère pas les choix de « valeurs » (et leur justifications) qui à mon sens ne relèvent pas tout à fait du « savoir »... même si un lien existe... je pense que les valeurs ne sont pas moins essentielles que les savoirs...

            Article très intéressant, merci Monsieur Dugué...

            Marc P


            • Scipion (---.---.160.171) 19 mai 2006 13:19

              Je parle identité culturelle et vous me répondez intégration apparente...

              Mais on ne va pas en faire un fromage... smiley)

              Bon après-midi...


              • Adolphos (---.---.59.170) 19 mai 2006 13:42

                « Le monde technique et économique semble engendrer une misère spirituelle »

                C’est uniquement le cas en France, et c’est surtout parce que les français comprennent de plus en plus que leur systéme de pensée Marxiste (« l’égalité », la « Justice Sociale », etc..) n’a aucun avenir.

                « que fait de nous le capitalisme neo-libéral ,qui manipule nos esprits ,nos désirs à notre insu et comment résister ? Le lire , c’est déjà devenir différent,devenir un peu plus libre....ou un peu moins con. »

                Moins con, vous êtes sur ?


                • Marsupilami (---.---.63.98) 19 mai 2006 13:48

                  Ouaf !

                  Excellent article. Et très bon diagnostic. L’ultracapitalisme consumériste et pseudo-hédoniste se construit sur un désert spirituel de plus en plus aride. L’hyperindividualisme moutonnier, le culte du moi, de la compétition et des apparences qui caractérisent les sociétés modernes post-religieuses est l’exact opposé de l’individuation.

                  « Foule sentimentale » de Souchon : tu parles ! Ce serait plutôt « Foule débile mentale » ! Pastiche postmoderne :

                  Oh là la quelle overdose
                  Les choses qu’on leur propose
                  Tous ces acheteurs de choses
                  Qu’ont pas envie d’autre chose
                  Aïe on leur fait croire
                  Que le bonheur c’est d’avoir
                  Des tas d’images à voir
                  A la télé tous les soirs

                  Car foule débile mentale
                  S’agite dans son bocal
                  Attirée par les étoiles des toiles
                  Que des choses très commerciales
                  Foule débile mentale
                  Faut voir de quoi ils parlent
                  De quoi ils parlent

                  Ils tournent en cage
                  Dans leurs cartons d’emballage
                  Cerveaux lavés hors d’usage
                  Et tristes et sans aucun avantage
                  Ils nous infligent
                  Leurs délires qui nous affligent
                  On leur dit faut pas déconner vous nous faites chier
                  Tas de cons vous nous cassez les pieds

                  Car foule débile mentale
                  S’agite dans son bocal Attirée par les étoiles des toiles
                  Que des choses très commerciales
                  Foule débile mentale
                  Faut voir de quoi ils parlent
                  De quoi ils parlent

                  Ils nous Carrefour Mammouth
                  Ils nous 4x4 sur les routes
                  Oh le mal qu’ils peuvent nous faire
                  Avec toutes leurs p’tites affaires
                  Et ils déballent
                  Des trucs qui valent peau d’balle
                  Des écrans plats des portables
                  Rien d’mieux, qu’ils crèvent, lamentable

                  Car foule débile mentale
                  S’agite dans son bocal
                  Attirée par les étoiles des toiles
                  Que des choses très commerciales
                  Foule débile mentale
                  Faut voir de quoi ils parlent
                  De quoi ils parlent

                  Houba houba !


                  • Antoine (---.---.200.189) 19 mai 2006 20:22

                    @ Monsieur le Marsu

                    Vous diriez donc que individuation et phylogenèse sont perturbées par les modes de production et de consommation qui exigeraient des comportements particuliers incompatibles avec le déroulement normal de l’épanouissement personnel et spirituel ?

                    ok, en quoi comment par quel biais, quel serait le processus collectif et/ou individuel ?


                  • musil (---.---.15.7) 19 mai 2006 14:25

                    TOUT A FAIT, Adolphos .Avez-vous lu l’auteur ??? En tous cas , vous ne comprenez pas (comme d’habitude) ce dont il est question...Est-ce guérissable ? Je commence à en douter...

                    @Marsupilami : excellent commentaire !


                    • Adolphos (---.---.59.170) 19 mai 2006 18:18

                      Oui. L’auteur constate le nihilisme actuel des français. Ca date de plusieur annés, et ca n’a rien a voir du tout avec le capitalisme (qui existe depuis 300 ans, mais la critique est récurente). D’ailleur les américains n’ont pas de probléme de spiritualité, pas plus que les anglais, les japonais, les chinois, les indiens, etc , etc..

                      Le socialisme est une religion, mais les gens commence à comprendre [15 ans aprés la chute de l’URSS !] qu’elle est morte, alors ils sont perdu. D’ou les horoscopes, les théories du complot, les trésors caché « des riches », etc..

                      Il faut dire qu’on raconte n’importe quoi depuis des décénies.. C’est le principe de la démocratie. Et le populo y croit. A force de faire n’importe quoi, de se croire au dessus de l’Histoire, on finis par recevoir la facture (et ce n’est qu’un début).


                    • Jojo2 (---.---.167.210) 19 mai 2006 20:43

                      C’est aux USA, pays loin du « socialisme », qu’il y a le plus de timbrés qui croient aux théories du complot (destruction du WTC le 9/11 par la CIA), à l’ésotérique (Da Vinci Code), aux horoscopes, aux prédictions délirantes (Pat Robertson prédisant hier un tsunami...)

                      LOL


                    • Adolphos (---.---.59.170) 21 mai 2006 17:22

                      « destruction du WTC le 9/11 par la CIA »

                      Mais c’est en France que le réseau Voltaire à publié sont livre et l’a vendu à des centaines de milliers d’exemlaires..

                      « à l’ésotérique (Da Vinci Code) »

                       ?? Personne de chrétien ne peut prendre le Da vinci code pour autre chose qu’un jeu de l’esprit.

                      Cela dit, je ne dit pas ca parce que Mitterand consultait toujours un diseuse de bonne avanture avant de prendre des décisions politique importante.


                    • plus Robert que Redford (---.---.189.126) 19 mai 2006 17:46

                      Réaction au premier paragraphe de l’article :

                      « les acteurs de ce drame ne sont pas étrangers à la société britannique, comme le furent les pilotes du 11 septembre vis-à-vis des USA »

                      Juste pour le plaisir d’en remettre une petite couchette !

                      Sur le réseau voltaire (www.voltairenet.org/article139125.html) On apprend que le « Department of Defence » US a rendu publique la vidéo dont les photos trainaient déjà sur internet, et qui, d’ailleurs, ne conforte en rien la thèse du Boeing percuteur !

                      Si, n’étant pas spécialiste d’avions ni d’explosifs, je me contente de me servir de mes deux yeux, force est de constater pour avoir vu revu rerevu ad nauséam les images des tours jumelles, que la nature et l’aspect des explosions du Wall Street Center ne sont pas du tout les mêmes que celle « officielle » du Pentagone.

                      D’où la « painful deception » : si on m’a blousé pour le pentagone, alors pour le reste...


                      • Bulgroz (---.---.160.185) 19 mai 2006 17:56

                        L’auteur Steigler, que je ne connaissais pas, essaie d’analyser la décadence de la Démocratie qui crée en sont sein des terroristes tels ceux de Londres. En effet, ils, (les terroristes) sont des bons Anglais pas même immigrés. Comment la Société Britannique (et les autres pays occidentaux) a-t-elle pu généré de telles déviances ?

                        Pour ce qui me concerne, je vous la fais en plus simple et plus rapide que Steigler :

                        Certes ce sont des bons Anglais mais élevés et robotisés à la bonne école musulmane intégriste de Manchester, Birmingham ou d’ailleurs que les Anglais ont laissé s’installé comme alternative au sytème éducatif Anglais.

                        Pourquoi chercher la cause dans la société Occidentale qui a certes bien des tares, mais qui au moins n’est pas engagé dans la guerre Sainte et qui ne produit pas de tarés terroristes.

                        Je pense à ce super taré, Capitaine Crochet, qui haranguait les muslims dans sa mosquée et accessoirement à Hyde Park et que les Anglais ont finalement expédié aux USA ?

                        Est-il un produit de notre occident malade ou un pur produit d’importation ?

                        Quel rapport avec nos sociétés démocratiques ? Si, j’en vois un, le fait pour nos sociétés de laisser croitre en notre sein les ennemis de nos sociétés démocratiques et le fait de ne pas vouloir prendre en compte le mal être de nos concitoyens en voulant faire peser sur eux la responsabilité du délitement de l’esprit.

                        Bref, encore une fois, c’est notre faute !!


                        • Marsupilami (---.---.180.35) 19 mai 2006 18:30

                          Ouaf !

                          Tu as raison Bulgroz.

                          Je n’avais pas réagi sur ce truc parce que je savais très bien que quelqu’un le ferait très bien à ma place.

                          N’empêche que l’abominable désert spirituel de nos sociétés européennes existe bel et bien. On a foutu les cathos dehors, super. Ceux qui appellent à un Calvin où à un Luther musulman sont complètement dingues, quand on connaite les horreurs intégristes dont ces deux sinistres personnages se sont rendus coupables... et paradoxe intéressant et purement chrétien, le fantastique débourrage de crâne qu’a permis le protestantisme en Europe tandis que les protestants chassés par la dictature catholique s’en allaient coloniser l’Amérique du Nord, massacrer ses habitants qui n’étaient pas des petits saints non plus et créant ainsi un des plus grands états bigots du monde...

                          Houba houba !


                        • Bulgroz (---.---.160.185) 19 mai 2006 18:44

                          D’accord, le Marsu, mais notre désert culturel (TF1 et l’ami Cahuette, le Loto, la fatigue des transports en communs, les bas salaires et la précarité, Clearstream et les moules accrochées au rochers...) ne génèrent pas des poseurs de bombes déstinés à tuer au nom d’un idéal.

                          Je classifie l’auteur Steigler dans la catégorie « repentez vous, les bons Français faiseurs de mal !! »


                        • Marsupilami (---.---.180.35) 19 mai 2006 18:59

                          Ouaf !

                          Je ne participe en rien du décervelage occidental post-religieux : j’ai jamais eu de télé, de bagnole, de téléphone portable, d’appareil photo, je ne vais jamais dans les supermarchés, je ne cuisine que des fruits & légumes de saison sans être « bio » ou écolo-bobo, je suis assez hyperloin de toutes ces conneries pour pouvoir constater le terrifiant vide spirituel de l’Occident tout en étant agnostique et social-démocrate.

                          ... Occident qui est incontestablement plus intéressant et plus porteur d’avenir que la connerie intégrale et rétrograde des sociétés musulmanes, c’est évident.

                          C’est pas parce qu’on est contre la connerie musulmane qu’on a pas le droit de critiquer la connerie ultracapitaliste-consumériste sans âme, non ?

                          Houba houba !


                        • Bulgroz (---.---.38.210) 19 mai 2006 19:15

                          Marsu,

                          Qu’apprends je ? Tu cuisines des fruits et légumes ? mais alors, tu as une gazinière, un microondes, quel horreur !!

                          Ne me dis pas que tu es abonné au gaz en plus !!


                        • Antoine (---.---.200.189) 19 mai 2006 20:13

                          Monsieur Marsu, vous êtes ds la contradiction...


                        • Marsupilami (---.---.191.135) 20 mai 2006 06:11

                          Ouaf !

                          Une gazinière, oui. Un four micro-onde, non : inutile. Electricité : oui : je ne pédale pas pour me connecter sur la toile.

                          Je suis un homme moderne, koaaa...

                          Houba houba !


                        • (---.---.185.47) 19 mai 2006 19:16

                          Stiegler et non Steigler, cher mr Bulgroz . Lire avant d’émettre un jugement sur une oeuvre entière serait une exigence minimale pour un débat sérieux...

                          Déverser ses humeurs, ça va au bar du coin, mais sur Agoravox, on attend autre chose , non ?


                          • Bulgroz (---.---.139.113) 19 mai 2006 19:34

                            Oui,je promets de lire toute son oeuvre avant de parler.

                            Vous m’avez comptétement CONVAINCU, merci.


                          • Antoine (---.---.200.189) 19 mai 2006 20:12

                            Les problématiques soulevées par les thèmes évoqués ne seraient-ils ce qu’il serait convenu de nommer : la haine du social ?


                            • Bernard Dugué Bernard Dugué 19 mai 2006 20:31

                              Dans toute haine, il y a une part d’incompréhension et c’est ce que je pressens à lire les commentaires. La réalité éta,t complexe, il est sage de ne pas sacrifier au manichéisme, ce qui ne veut pas dire qu’il faille se taire.

                              La faille de la thèse de Stiegler, pointée par d’autres, est de tomber par défaut dans une sorte de catastrophisme. Mais je pense que son constat sur la misère spirituelle vaut, ne serait-ce que parce qu’il ouvre un débat. Evidemment, dans toute thèse il y a des risques.

                              En résumé, je vois chez Stiegler une critique de la Modernité exprimée dans sa version Urbanité. Et une tentative pour penser un avenir mieux maîtrisé, ce qui présente un intérêt évident en ces temps de populisme politique, que ce soit à droite ou à gauche, avec Evita Royal


                              • Antoine (---.---.203.171) 19 mai 2006 22:41

                                Modernité exprimée dans sa version Urbanité

                                On dirait bien que ce contexte du lieu urbain est celui dans lesquel la « dépossession » a le plus de chance de s’installer. Or, les campagnes se vident partout dans le monde.


                                • marcel thiriet (---.---.13.7) 20 mai 2006 07:14

                                  Non, Mr Dugué,je crois vous avez mal lu Stiegler, si vous l’avez lu ; les commentaires (pas seulement les vôtres)sont presque tous hors sujet ou basés sur des malentendus. Je vous renvoie à la remarque de Musil du 19.

                                  Il n’y a ni « haine », ni « catastrophisme » chez l’auteur, mais bien plutôt une volonté constructive et critique d’analyser, avec le plus de lucidité possible, dans la forme de capitalisme que nous avons construit, tout ce qui vient entraver nos capacités de raison et d’épanouissement.

                                  Difficile de résumer une oeuvre aussi dense et aussi optimiste dans sa foi aux capacités de changement humain. Bon courage dans vos lectures . On est payé en retour ...Amicalement


                                  • Bernard Dugué Bernard Dugué 20 mai 2006 11:19

                                    Non Marcel, j’ai bien lu le livre en question de Stiegler, après, la présentation que j’en fais peut prêter à malentendus, c’est une hypothèse. Pour le reste, je ne suis pas responsable des commentaires, sauf des miens qui n’ont peut-être pas été appropriés.

                                    Sans parler de catastrophisme disons qu’il y a peut-être une exagération chez Stiegler de certaines évolutions possibles dans la société. Quant à la haine, elle n’est pas chez Stiegler mais un résidu social analysé par l’auteur et présent chez une catégorie d’individus.

                                    Je ne suis pas convaincu par l’optimisme de Stiegler. Etant enclin à miser sur le divin plutôt que les technologies industrielles de l’esprit


                                  • Bernard Dugué Bernard Dugué 20 mai 2006 11:26

                                    PP, je me méfie de Lacan qui à force d’absconsité savante finit par énoncer des dieux communs, et si un lieu se délie, un dieu se dédit.

                                    Par contre, l’invervention de Cantor me paraît plus appropriée, Cantor pour quoi Dieu était au delà des transfinis. Que sont ces transfinis ? La preuve que l’infini n’est pas un mais multiple puisqu’un cardinal transfini se distingue d’un ordinal transfini

                                    Maintenant, je vois difficilement comment revenir au sujet de la discussion sauf à évoquer une technologie de l’esprit émanant du divin et bien distincte de la technologie de Stiegler. Je reste dualiste dans l’ontologie, croyant en deux substances, l’une technique et l’autre éthique.


                                  • marcel thiriet (---.---.194.225) 22 mai 2006 16:46

                                    Par « optimisme », je voulais dire simplement qu’il y a ,chez l’auteur, un pari sur le développement de la raison humaine et de ses pouvoirs de libération, mais que cela doit passer par l’analyse de la situation historico-économique dont l’être humain est à la fois l’auteur et la victime.

                                    Pour ce qui est du divin ,je suis comme Nietzsche, je le vois comme création de nos désirs et de nos frustrations...


                                  • pingouin perplexe (---.---.93.229) 20 mai 2006 10:51

                                    Je comprends bien les inquiétudes que vous exposez, même si je ne partage pas nécessairement tous les détails de votre analyse. La question finale que vous posez retient mon attention, quelle que soit la manière dont elle est posée. Posée comme un ? Je vous cite : « Autrement dit, le divin effuse-t-il dans l’humain, et comment ? »

                                    Vous trouverez peut être quelque intérêt à lire les éléments de réflexion suivants.

                                    Je commencerais par une citation d’un maître es jeux de mots bien choisis :

                                    « Tout ce qui s’énonce jusqu’à présent comme science est suspendu à l’idée de Dieu. La science et la religion vont bien ensemble. C’est un dieu-lire » (Lacan, séminaire du 17/05/77). Ce Dieu là se trouverait au fondement de la lecture.

                                    On voit bien à ce propos qu’il est question d’une division, qui n’est autre que celle dont procède le langage à double articulation, laquelle division se trouvant continuée sur la toile, en raison de la base même du langage informatique.

                                    Seconde citation :

                                    « Je ne nourris aucun doute au sujet de la vérité des transfinis, que j’ai reconnu avec l’aide de Dieu ». (Cantor au théologien Jeiler, en 1888)

                                    Aussi, je maintiens que l’on peut trouver dans le G.E.B de Hofstadter quelques configurations du noeud borroméen dans lesquelles on peut par exemple se demander :

                                    En définitive, le noeud aurait combien de dimensions ?

                                    Cordialement.


                                    • Bernard Dugué Bernard Dugué 20 mai 2006 11:28

                                      Une erreur d’aiguillage dont je suis responsable à placé ma réponse à PP dessus.


                                    • Adolphos (---.---.59.170) 21 mai 2006 17:25

                                      « plutôt une volonté constructive et critique d’analyser, avec le plus de lucidité possible, dans la forme de capitalisme que nous avons construit, tout ce qui vient entraver nos capacités de raison et d’épanouissement. »

                                      Et oui, on serait tellement mieux vivant dans des grottes à crever de faim pour mourrie à 25 ans..

                                      Bein vous devez pouvoir trouver votre bonheur en afrique.


                                      • Marsupilami (---.---.174.233) 21 mai 2006 18:51

                                        Ouaf !

                                        « Dans la forme de capitalisme que nous avons construit, tout ce qui vient entraver nos capacités de raison et d’épanouissement ».

                                        Mais c’est ton portrait tout craché Adolphos ! Ton ultracapitalisme et ton bourrage de crâne à l’idéologie écomomiste par la « main invisible du marché » (un concept purement théologique que tu ne pourras jamais expliquer à ta coiffeuse) ont transformé ton cerveau en un hybride de machine à calculer et de tiroir-caisse. Or il est clair que ce genre d’hybride est dénué de raison et de faculté d’épanouissement...

                                        Et ne me traite pas de fonctionnaire gauchiste (j’ai repéré tes grossiers tics pseudo-argumentatifs à coups de massue) : je suis un vulgaire social-démocrate exerçant une profession libérale allergique à tes fadaises miltonfriedmanniennes sentencieuses, méprisantes et brutales.

                                        L’Homme ne se réduit pas à sa dimension économique, quoi que tu en penses. Tu me fais penser à ces islamistes qui croient, eux, que l’Homme se réduit à sa dimension religieuse. Même courte vue, même aveuglement, même sectarisme plein de morgue.

                                        Houba houba grrr...


                                      • Adolphos (---.---.59.170) 22 mai 2006 12:59

                                        « Ton ultracapitalisme et ton bourrage de crâne à l’idéologie écomomiste »

                                        L’économie est une science pas une idéologie. Mais je comprend que pour un ignorant de la chose cela semble aussi magique et dangereux que la fusion nucléaire.

                                        « la »main invisible du marché« (un concept purement théologique que tu ne pourras jamais expliquer à ta coiffeuse) »

                                        Effectivement, ma coiffeurse est condamné à vivre dans un monde qu’elle ne comprend pas, et c’est sans dout epour ce la qu’elle est condamné à être coiffeuse, comme vous semblez le sous entendre.

                                        « je suis un vulgaire social-démocrate exerçant une profession libérale allergique à tes fadaises »

                                        Oui, un social-démocrate, qui finance sur le dos des génération futur ses dépenses, avec des résultats mirobolants : 1 millions de RMIST, 5 millions de chomeur, 2.200.000 français ayaynt fuient la France, 2 millions d’enfants pauvre, 1 million de travailleur pauvre, etc, etc, et des ouvriers du privé qui finance salaire, soins et retraite des cadres du public. Effectivement, c’est vachement mieux que le libéralisme : tu peux te permetre de me donner des leçons. Seul probléme, pourquoi sommes nous la risée des autres pays ?

                                        « L’Homme ne se réduit pas à sa dimension économique, quoi que tu en penses. »

                                        Trés bien, alors ne vient pas me parler de social, car le social, c’est juste le synonime de « dépenses »,ce qui est un concept bien économique. Au reste, il s’agit d’avoir un moteur qui tourne bien, et toi tu me répond que l’Homme (pourquoi pas juste l’homme ??) ne se réduit pas au loi physiques servant à construire ce moteur. Sans doute, l’homme aime aussi la musique, Dieu, bavarder avec sa coiffeuse, jouer les juticier, etc, mais qu’elle est le rapport avec la question ?????? Pour l’économie, c’est pareil.


                                      • surfeur (---.---.76.179) 21 mai 2006 19:59

                                        avoir mis arendt à l’amende ??


                                        • Le bateleur Le bateleur 21 mai 2006 21:09

                                          Comme dans un test très connu
                                          utilisé pour montrer la grande dépendance au champ de la plupart d’entre nous,
                                          le problème reste ici à l’intérieur du territoire où il a choisi d’être posé.

                                          Stiegler lui même n’ose en sortir alors qu’il y trouverait peut-être un mécanisme d’un autre ordre, responsable de cette baisse de la spiritualité.

                                          Quelle type de pensée peut générer un monde mécanique, entièrement basé sur le calcul et livrée à la raison abstraite de scientifiques, ingénieurs et technocrates (oui il y a pléonasme !) esclaves de la pensée hypothético déductive et en particulier de la méthode expérimentale
                                          si ce n’est celui que l’auteur décrit si justement

                                          Ici encore, le remède est pire que le problème lui-même.
                                          Puisqu’il s’agit une fois de plus de faire davantage de la même chose.
                                          Notamment dans le domaine de l’enseignement où, alors même que l’on a déjà assèché les capacités d’enrichissement du petit enfant en programmant ses apprentissages comme s’il s’agissait d’une endive, la solution proposée consiste à rechercher une meilleure maîtrise des conditions d’éclosion de la pensée du futur adulte.

                                          Je renvoie à tout ce qui dansl’éducation nationale par exemple planifie la formation de la réflexion de l’enfant, dès la très petite section de maternelle

                                          voir par exemple, dans une revue destinée aux enseignants, un article écrit par l’équipe de « La main à la pâte » ** dans lequel on peut trouver

                                          (à propos de l’observation de papillons en Très Petite Section et Petite Section)
                                          "Que leurs idées soient justes ou non, le vocabulaire employé est plus ou moins précis ...(exemples d’enfants) il s’agira donc de faire évoluer ces propos, simultanément sur
                                          - la syntaxe employée ;
                                          - la précision du lexique
                                          - l’argumentation (! !) la différence entre observation et ce que l’on en déduit.

                                          Si rien ne vous choque dans ces propos
                                          - et c’est bien naturel tant nous en sommes venus à valoriser les apprentissages précoces ( = le forçage ) -
                                          prenez tout de même le temps de vous demander ce qu’on peut ensuite apprendre
                                          en moyenne section ?
                                          en grande section ?
                                          au CP ?
                                          au CE1 ?
                                          ...
                                          et huit ans plus tard,à l’âge de 11 en première année de collège !!?

                                          (vous ne vous étonnerez peut-être plus d’entendre les uns évoquer crûment leur état « ça me gave » et de constater l’apathie progressive des autres au fur et à mesure de leur prise de conscience d’ado Rien à voir avec la crise de l’adolescence qui a bon dos pour justifier de ce qui est pour une grande partie des jeunes un comportement de survie face à l’agression de plus en plus intime qu’ils subissent.)

                                          Nous nageons en plein délire industriel où le règne de la machine (cf : Lewis Mumfor) modèle totalement notre pensée, laquelle est censée pour être efficace, se voir vidée de tous les éléments parasites : la perception (qui détourne vers l’illusion si elle n’est pas « tenue en laisse » voir instrumentalisé ou shuntée) et l’émotion (Nous appellerons émotion, une chute brusque de la conscience dans le magique" Sartre)

                                          * tracer un carré puis à l’intérieur neufs cases également carrées ( 3 x 3) en partant de n’importe quel point, joindre le centre des neufs cases par une ligne brisée comportant 4 segments.

                                          ** Méthode qui vise à préparer l’enfant à la pensée scientifique dès les petites sections de maternelle.

                                          Luc Comeau-Montasse

                                          Du fagot des Nombreux

                                          en rapport avec ce qui est développé ici
                                          Des théories plein la gorge ... jusqu’à la nausée

                                          Antidote : la pédagogie de Jacotot dont aucune oeuvre n’est actuellement disponible ni en librairie, ni dans les textes numérisés de la bnf.

                                          Joseph Jacot qui avait déjà vu dans l’abrutissement du maître explicateur, les prémices de ce que nous sommes désormais capable de faire bien plus « finement » grâce aux sciences de l’éducation et aux neurosciences ( dans des instrumentalisations où elles sont totalement perverties, mises au service de la production intensive)


                                          • Bernard Dugué Bernard Dugué 22 mai 2006 11:43

                                            Luc, je crois qu’on en a pas fini avec cette désaffection et ma foi, ta dénonciation de la raison me fait penser à ce livre paru chez Payot, les batards de Voltaire. Tu dois connaître je suppose.

                                            Pour le reste, Munford, Ellul et même Spengler, cette diabolique technique encore et toujours, affaire à suivre


                                          • zoï (---.---.58.60) 22 mai 2006 08:56

                                            « Homme désaffecté », cela me fait penser au dernier roman de Bernanos, Mr Ouïne. Un crime a été commis et tout converge vers un certain Mr Ouïne, lequel est un homme parfait, lisse, irréprochable, mais complétement vide à l’intérieur de lui-même. On ne pourra jamais prouver formellement le crime... A mes yeux, ce roman traduit bien le problème fondamental des sociétés modernes. C’est du meilleur Bernanos, et il n’est pas besoin de partager les convictions religieuses de l’auteur pour apprécier le roman.

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