Mardi 22 juin 2010 :

Florence Woerth ne démissionnerait plus.

« Florence Woerth nous fait savoir qu’elle n’a pas démissionné », le message tourne en boucle dans les émissions radio du matin. Il contredit les déclarations de son ministre de mari, Eric, hier, en butte à des accusations de « conflit d’intérêts » et des demandes de démission à gauche.

Depuis 2007, l’épouse du ministre du Travail Florence Woerth travaille au sein de la société Clymène, chargée de gérer la fortune de Liliane Bettencourt, l’héritière du groupe L’Oréal, estimée à 10 milliards d’euros.

Ce départ devait intervenir quelques jours après la divulgation par le site Mediapart d’enregistrements pirates entre Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre, patron de la société Clymène. On y apprend notamment que l’héritière de L’Oréal a deux comptes en Suisse qui lui permettraient de faire échapper 80 millions d’euros au fisc. La milliardaire française a d’ailleurs fait savoir lundi qu’elle comptait régulariser sa situation fiscale, confirmant ainsi l’existence de ces comptes off-shore.

L’affaire tombe mal pour Eric Woerth, qui avait lancé une vaste opération de lutte contre l’évasion fiscale en tant que ministre du Budget. Florence Woerth était-elle au courant ? Et, si oui, avait-elle informé son mari des soupçons de fraudes fiscales chez l’Oréal ?

Eric Woerth s’en défend. « Je suis combatif. Je suis déterminé à ne pas me laisser entraîner dans un truc qui ne me regarde pas », a-t-il déclaré à quelques journalistes lundi. « Son job (de Florence Woerth) est clair, et mon absence d’intervention est claire aussi. Déontologiquement je suis très à l’aise », a ajouté l’ex-ministre du Budget (mai 2007-mars 2010). « Le rôle de ma femme c’est de proposer des placements dans le cadre de la loi. C’est ce qu’elle fait depuis 25 ans », a expliqué Eric Woerth.

Pourtant, les écoutes impliquent indirectement le ministre. Elles laissent entendre qu’Eric Woerth a aidé son épouse à avoir le poste chez Clymène.

« Je me suis trompé quand je l’ai engagée, déplore ainsi Patrice de Maistre dans les enregistrements. J’avoue que, quand je l’ai fait, son mari était ministre des Finances (ndlr : en fait, du Budget), il m’a demandé de le faire. Je l’ai fait pour lui faire plaisir. Mais c’est une femme intelligente, pas une imbécile. Aujourd’hui, ça fait trop de bruit ».