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Les commentaires de Jean-Philippe Immarigeon



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 5 février 2009 20:19

    Non, ces mémoires sont ceux des parties que nous avions de toute manière déjà fournis au juge pénal. Ce dont je parle est le rapport d’instruction visé par la décision et lui ayant servi de base, auquel était annexée une liste de 800 faux électeurs établis par la rapporteur le Maître des requêtes au Conseil d’Etat Christine Maugüe, qui l’a ensuite raconté au juge d’instruction mais qui, citée comme témoin ces jours-ci, a refusé de se présenter devant le Tribunal. Or c’est ce rapport qui fait autorité, la décision le reprenant. C’est ce rapport qui, dans n’importe quel état démocratique, devrait être communiqué ne serait-ce qu’aux parties. C’est ce rapport que le juge d’instruction a demandé quelques mois plus tard, et que le Conseil lui a refusé. C’est ce rapport, et la liste jointe, qui reste toujours, onze ans après, une pièce secrète dans notre belle République.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 5 février 2009 20:13

    Double zéro pointé et redoublement...

    Comme vous l’écrivez vous même, le Conseil a jugé et décrit un système de fraude organisée et désigné les responsables sans les nommer et le bénéficiaire. Or ces attendus ont l’autorité de l’article 62 de la Constitution. Il a chiffré ces fraudes (un peu plus de 800) et validé l’élection puisqu’elles étaient inférieures à l’écart des voix.

    Donc les fraudes sont un fait jugé sur lequel personne ne peut revenir, sauf à violer la Constitution, reste effectivement à mettre un nom sur la personne que le Conseil désigne comme "le candidat élu". Onze ans pour le découvrir, c’est un peu long.

    Ensuite, il y a la sanction pénale : de combien vont écoper les fraudeurs identifiés depuis 1998. C’est ce qui est discuté en ce moment, et de cela seulement. Donc nous disons bien exactement la même chose.

    Le zéro pointé c’est lorsque vous écrivez que le Conseil a transmis au juge pénal. Non seulement l’instance pénale lui était antérieure, non seulement le Conseil s’est exonéré de ce qu’on appelle l’obligation de l’article 40 (transmettre à la justice tout élément susceptible de l’intéresser, et qui s’impose à toutes les administrations, tous les corps d’Etat etc...) mais il a refusé de le faire alors que le juge d’instruction lui demandait. Vous semblez trouver ça normal. C’est un point de vue.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 5 février 2009 14:35

    Oui merci, je fus plus présent naguère, mais les insultes et les débordements des névropathes obscessionnels qui sévissent trop souvent sur Agoravox finissent par lasser. D’ailleurs je suis surpris, après un an d’absence, de voir que le périmètre de lecture n’a pas changé, et qu’il y a beaucoup moins de lecteurs par article qu’auparavant. La démocratie par internet a donc certainement atteint ses limites.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 4 février 2009 16:48

    Non, pourquoi ? C’est le Conseil Constitutionnel qui a tranché le contentieux législatif du 5ème le 20 février 1998. Et sur le fond, sur injonction de la Cour de Strasbourg, les règles du contradictoire sont désormais appliquées devant le Conseil d’Etat, imparfaitement certes, mais mieux qu’avant. Ainsi, et même si vous ne pouvez pas répondre aux conclusions des Commissaires du gouvernement que vous découvrez à leur lecture à l’audience, vous pouvez y répondre par une note en délibéré, et le Commissaire vous donne copie de son texte sur simple demande. Et puis surtout il y a des audiences. Rien de tout cela devant le Conseil Constitutionnel.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 4 février 2009 16:45

    Il ne s’agit pas de le jeter, il s’agit de l’aligner sur ce que font toutes les autres démocraties. Cette anomalie ne constitue même pas une négligence mais une volonté motivée. Ainsi, alors que toutes les cours suprêmes dignes de ce nom donnent la répartition de votes et publient, attachées à la décision, ce qu’on appelle des "dissents", à savoir la ou les opinions, signées, de ceux des juges constitutionnels qui se sont trouvés en minorité, et qu’aux Etats-Unis ces "dissents" sont même régulièrement cités dans les manuels de droit ou dans les mémoires, précisément pour faire évoluer les décisions à venir, en France donc, les défenseurs du statu quo vous expliquent que donner des répartitions et des explications de vote serait saper l’autorité des décisions du Conseil. Vérité en France, mais erreur au-delà... ?



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 1er février 2009 01:03

    Je ne comprends pas cet article. Le discours d’Obama n’est qu’un copié-collé de tout ce qu’il a dit et écrit depuis 18 mois : les banalités, la volonté de reprendre la main, de restaurer le leadership et la puissance militaire US, et les retours récurrents à la pastorale américaine, la guerre de 1776, la petite maison dans la prairie et tutti quanti.

    L’idée d’un Surge afghan pour vietnamiser cette guerre pourtant perdue dès le commencement, c’est durant l’été 2007 qu’il l’a vendue aux démocrates. Son soutien inconditionnel à Israel, c’est juillet 2008. Son refus de voir signer le contrat EADS avec l’Air Force, c’est également début 2008. Ce n’est pas Obama Beach, ce sont les Obamaniques qui débarquent ou plutôt qui tombent de l’armoire.

    Obama est un type impressionnant, imposant, d’une intelligence redoutable et d’une intuition qui ne l’est pas moins. On le voudrait comme président à la place du nabot. Mais voilà nous ne sommes pas Américains, il n’est pas le nôtre mais le leur. Et depuis deux siècles, les Etats-Unis jouent contre l’Europe. Obama ou pas. Et avec Obama, ils y réussiront sans doute mieux qu’avec Bush le Petit. Mais ça aussi, on le savait depuis le début.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 8 juillet 2007 18:42

    Le 2 juillet 1997, Bangkok faisait décrocher sa monnaie, et c’était la crise.

    Voilà la doxa depuis 10 ans.

    Le 1er juillet 1997, un régime communiste et totalitaire, régnant sur un milliard et quelques d’esclaves, mettait la main sur la place financière de Hong Kong, plaque tournante de tous marchés du sud-est asiatique.

    Mais ça, ça n’a strictement rien à voir avec le fait que dès le lendemain, une ènième manipulation du bath ne parvenait pas à être amortie comme l’avaient été les autres.

    C’est beau, le catéchisme libéral et son admiration pour les usines-goulag chinoises, ce nouveau modèle de modernité conquérante.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 15 juin 2007 12:03

    Qui est cette dame ? Moi je me souviens d’une Elisabeth Guigou, qui fut garde des sceaux, cacique du PS, et qui, la veille du référendum du 29 mai 2005, avait annoncé que si le « non » l’emportait, elle quittait définitivement la politique. Elle l’a donc fait, car il est bien entendu inimaginable que le PS conserve dans ses instances dirigeantes des gens sans paroles ni morale. Si c’était le cas, à Dieu de plaise, il n’aurait pas plus de 120 députés au prochaines législatives et perdrait la confiance même (surtout) des plus anciens électeurs de gauche (ceci suffisant à expliquer cela).

    Mais ce n’est pas le cas, et le PS reste un parti écouté, respecté, et rassemblant autour de lui la fine fleur des élites politiques, des hommes et des femmes d’une intégrité totale (Lang, DSK, Le Guen, Cambadelis, etc... )

    Donc je m’interroge ; qui est cette dame qui, effectivement, ressemble à Guigou, parle comme elle, et qui a profité du retrait volontaire et qui l’honore, au nom de la parole donné, de l’autre pour prendre sa place ?



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 11 juin 2007 13:40

    Rien que de bien prévisible, même dans la France des héritiers et des proprios que nous promet le nouveau président. Non seulement Lagardère le Petit, qui s’est juste donné la peine de naître, ne sera sauvé par aucune Botte de Nevers, mais il pourrait être un des premiers à subir la Botte de Sarko.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 30 mai 2007 22:49

    D’une part le capitalisme français ne peut donner au monde l’image d’une jungle à la russe, car c’est bien de cela dont il s’agit. Lorsque de tels scandales éclatent dans les pays anglo-saxons ou au Japon, la sanction est immédiate, soit du gendarme de la bourse, soit des actionnaires, soit des juges. Et les peines de prison peuvent être lourdes : voir Enron. Pour le Crédit Lyonnais, on atend toujours, et on va attendre longtemps. Au Japon, il y a souvent des suicides (encore un ces derniers jours) ; c’est très folklore local, mais on se dit que tant qu’à faire... Aucune crainte pourtant de voir Haberer ou Forgeard s’ouvrir le ventre.

    D’autre part Sarkozy ne peut pas commencer son quinquennat par un scandale aussi gros et grossier. Le patron d’EADS héritier d’Hachette est son ami et son soutien indéfectible : il est donc effectivement impératif qu’il le laisser tomber et même le livre à la justice.

    Et aucune botte de Nevers ne doit venir sauver ce petit Lagardère là.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 25 mai 2007 11:46

    Le temps du monde fini commence. Or toute politique jusqu’ici spéculait sur l’isolement des évènements. L’Histoire était faite d’évènements qui se pouvaient localiser. Ce temps touche à sa fin. Toute action désormais fait retentir une quantité d’intérêts imprévus de toutes parts, elle engendre un train d’évènements immédiats, un désordre de résonance dans une enceinte fermée. Les effets des effets, qui étaient autrefois insensibles ou négligeables, se font sentir presque instantanément, reviennent vers leurs causes, ne s’amortissent que dans l’imprévu. L’attente du calculateur est toujours trompée. En quelques semaines, des circonstances très éloignées changent l’ami en ennemi, l’ennemi en allié, la victoire en défaite. Aucun raisonnement économique n’est possible. Les plus experts se trompent ; le paradoxe règne.

    Les effets devenant si rapidement incalculables par leurs causes, et même antagonistes de leurs causes, peut-être trouvera-t-on puéril, dangereux, insensé désormais, de « chercher » l’évènement, d’essayer de le produire, ou d’empêcher sa production ; peut-être l’esprit politique cessera-t-il de « penser par évènements ». Ce n’est point qu’il n’y aura plus d’évènements et de « moments monumentaux » dans la durée ; il y en aura d’immenses ! Mais ceux dont c’est la fonction que de les attendre, de les préparer ou d’y parer, apprendront nécessairement de plus en plus à se défier de leurs suites. Il ne suffira plus de réunir le désir et la puissance pour s’engager dans une entreprise. Rien n’a été plus ruiné par la guerre que la prétention de prévoir.

    Paul Valery, Discours du l’histoire, 1931, repris dans Regards sur le monde actuel, édition de 1945



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 23 mai 2007 16:42

    C’est un sujet qui, comme la bouteille à moitié vide à moitié pleine, peut donner raison aux laudateurs comme aux détracteurs. Ce qui reste pourtant, c’est que la Chine est le laboratoire de ce capitalisme autoritaire qui combine (mais n’est-ce pas là la réalité du capitalisme ?) Etat protecteur et interventionniste et libre d’entreprendre, les deux n’étant pas en contradiction bien au contraire. C’est un peu le modèle américain. Sauf que aux Etats-Unis (quoique... ?), droits de l’homme et élections libres grèvent la compétitivité. Autrement dit, qu’on le veuille ou non, et malgré les perspectives ambivalentes, la Chine reste un gigantesque goulag (lao gai).

    Le problème de l’Occident démocratique est : peut-on, dans les principes de contrat hérités des Lumières, discuter et commercer d’égal à égal avec des non-égaux, en l’occurence des « esclaves » au regard de nos valeurs et de nos standards humanistes ? La réponse est bien évidemment : non ! Du moins pas tant que la Chine ne s’est pas mise à niveau. Et pourtant nous le faisons. Tant pis pour nous. Nous sommes donc tirés pour longtemps vers le bas, car ceux qui écrivent (dont votre serviteur) connaissent la Chine et savent que, sorti des grandes agglomérations, c’est le moyen-âge et 900 millions de crève-la-faim.

    A titre très anecdotique, la dernière fois que je m’y suis rendu, j’ai vu une femme avec des petits pieds (ses chaussures faisaient mois de 10 centimètres, et son mari l’aidait à marcher), je n’invente rien, je l’ai vu, et elle n’était pas vieille. Et d’autres expatriés m’ont rapporté avoir souvent vu cela dans les campagnes et même en ville. Et pourtant, tout ceci est censé avoir été interdit d’abord par Sun-yat-Sen, puis par Mao.

    Enfin, autre témoignage, un peu daté mais très révélateur :« Considérer la Chine comme une des quatre grandes puissances du globe est une véritable farce. J’ai déclaré au président (Roosevelt) que je me montrerais poli, dans des limites raisonnables, à l’égard de cette idée fixe des Américains, mais je ne peux accepter que nous prenions une attitude positive sur la question. » Churchill, télégramme au Foreign Office du 23 août 1944.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 21 mai 2007 14:07

    L’épisode 1940 est central, parce qu’il s’agit d’un tel choc que la vision des choses n’est plus la même en France depuis cette date. Mais il s’agit bien d’une exception française.

    D’autant qu’il y a la défaite de 1940 et il y a la Collaboration. L’une et l’autre sont étroitement liés, c’est idiot de le dire, mais malgré les crises politiques, l’antisémitisme des années 30, etc... rien ne se serait passé de Vichy si les troupes du génie de Guderian n’avaient pas réussi à jeter des pontons sur la Meuse le matin du 14 mai 1940. Et rien ne disait qu’ils y parviendraient obligatoirement.

    Il est alors stupéfiant de voir que les historiens étrangers ne voient pas du tout la défaite de 1940 avec notre vision eschatologique : il s’agit pour eux d’une défaite militaire, parce qu’il faut bien qu’on gagne ou qu’on perde ses batailles, et que la France en gagna de toute manière davantage qu’elle n’en perdit dans toute son histoire.

    Dès lors, peut-se se repentir de ce qui découle d’accidents de l’histoire, et de quelle déchéance ces accidents sont-ils le signe ? Dit autrement, les déportations, les colonisations et autres horreurs commises par la France sont-elles le signe de sa perversité intrinsèque et de sa disqualification historique ? Certains, déclinistes ou autres, veulent nous le faire croire. Mais la France, malgré ses erreurs, est toujours là depuis 15 siècles. Emmerdant...



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 21 mai 2007 11:36

    Il n’y avait pas d’esclaces africains sur le territoire « métropolitain » parce que l’exclavage est aboli en France depuis 1310, édit de Louis X (un des rois maudits) qui disait entre autre ; « puisque nous sommes dits royaume des Francs, et que nous voulons que la chose corresponde au nom... ».

    L’esclavage était donc un « privilège » accordé aux compagnies gérant les iles des Antilles et de l’océan Indien. Bien mieux (et il y a eu de longs débats juridiques sur le sujet durant le dernier siècle de la monarchie) : dès que, pour une raison ou une autre, un esclave posait le pied sur le royaume de France, il était immédiatement libre. Il y eut même à deux reprises au moins des décisions du conseil du roi sous Louis XIV qui, sur recours des armateurs et propriétaires contre des jugements appliquant l’édit de Louis X, confirmaient son appplication immédiate et automatique.

    (Maintenant soyons un peu marxiste, un Africain même libre paumé en France en 1710 ne doit pas s’amuser tous les jours. Mais il n’est ni plus ni moins esclave que le manouvrier itinérant qui se loue pour les récoltes).



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 21 mai 2007 11:24

    Juste un mot sur le Charles de Gaulle... Pour en avoir discuté à l’époque avec deux amiraux du ministère, c’est à la demande expresse de leurs homologues britanniques que la Royale a envoyé la plus grosse unité des flottes européennes, Navy comprise, et les Britanniques avaient bien pris garde que les Américains, également présents, n’envoient rien de plus imposant. Notre PA était donc ce jour-là mis en valeur, à la demande insistante de Londres. Et les Français ont longtemps hésité avant de dire oui. Cette commémoration est donc à replacer dans un contexte politique européen et non de repentance nationale.

    Mais sur thème, ouvrons un autre chapitre : quoique que les amiraux britanniques aient clairement dit ce qu’ils en pensaient et dans quel état d’esprit l’opération leur avait été imposée, quid de Mers-el-Kébir le 3 juillet 1940 ? Churchill dans ses « Mémoires » tente de se justifier de manière alambiquée, mais l’Angleterre peut-elle non seulement présenter ses excuses (ça a été plus ou moins fait) mais en plus dire qu’elle n’aurait jamais dû bombarder nos navires, au risque de les voir passer sous contrôle nazi ?



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 21 mai 2007 11:15

    Article et commentaires intéressants, parce qu’on met le doigt sur l’ambivalence de la repentance. Qui le fait pour qui et pour quoi ? La France ne peut pas se repentir pour une autre nation, ni les catholiques pour les protestants. Si d’autres pensées ne le font pas, c’est leur problème. La France se regarde en face, et elle se repent pour elle, et pour personne d’autre. Si d’autres nations ou d’autres cultures occultent leur histoire, tant pis pour elles après tout.

    Je prends le cas paroxysmique de la livraison des 4.200 enfants juifs de Pithiviers et Beaune-la-Rolande à l’automne 1942. Lorsqu’on lit les textes rassemblés par Serge Klarsfeld pour son Mémorial notamment les témoignages des gens de la Croix Rouge française (textes illisibles tellement ils sont insupportables d’horreur, comme ce gamin qui, lorsque la porte du wagon - SNCF - se referme, murmure : « Maman, maman, qu’est-ce que je vais avoir peur... »), on se demande comment des Français, élevés à Jaurès et Hugo, ont pu faire embarquer ces gamins dans ces conditions, et surtout ce que nous referions dans un cas similaire (même si la Shoah est un moment unique, sans équivalent et non reproductible). Les Français ne peuvent se poser la question que pour leur propre histoire, pas pour les Turcs, les Cambodgiens, etc...

    Plusieurs limites donc à la repentance : le désir de reconnaissance des autres n’a pas à être pris en compte, la France n’est pas psychanalyste et son histoire n’est pas un divan. Surtout il ne faut pas faire dire n’importe quoi à l’histoire de France. Elle ne s’est pas construite, contrairement à ce que l’on prétend, sur la négation, mais plutôt sur un tri sélectif : rien n’a jamais été nié des massacres de Vendée, ni de ceux de la Commune, il suffit pour cela de relire Hugo, simplement on passait rapidement sur le sujet. Ceux qui nous disent que l’histoire de France leur a refusé une identité mentent : l’épopée en Guadeloupe du colonel Delgrès, par exemple, est connue depuis toujours, et nombre d’ouvrages y ont été consacrés (à quand toutefois une promotion de Saint-Cyr à son nom).

    On peut en venir à raconter n’importe quoi : je discutais ainsi récemment avec quelqu’un de l’armée de Lattre en 1944 et il prétendait que Paris avait également été libéré en premier par des Africains. Non, dis-je, la colonne Dronne était composée de Républicains espagnols, et il n’y avait pas de noirs dans les trois DB françaises, puisque les Américains avaient exigé qu’il n’y en ait pas dans l’arme blindée, à la grande protestation de Leclerc. Ca ne fait rien, me fut-il répondu, ce sont tout de même des noirs qui sont entrés les premiers dans Paris. A ce niveau de relecture de l’histoire, il n’y a plus de discussion possible.

    Pour conclure, que Sarkozy ne se sente pas personnellement concerné est vrai, mais il n’y a pas de bénéfice d’inventaire pour l’histoire.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 15 mai 2007 14:28

    Article fort intéressant, qui confirme et valide tout ce que j’ai pu écrire depuis 5 ans dans Défense Nationale, ainsi que mon ouvrage paru l’année dernière, ou encore l’article de mon blog d’il y a 3 mois, « Feu la constitution US ».



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 11 mai 2007 10:06

    « La propriété était devenue chez tous ceux qui en jouissaient une sorte de fraternité. »

    Alexis de Tocqueville, dans ses « Souvenirs », évoquant la bourgeoisie louis-philipparde qu’il étrille et envers laquelle il héistait entre le mépris souverain et la haine totale.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 9 mai 2007 14:19

    Nicolas Sarkozy est effectivement le président d’une autre France, pas celle que l’on connaît depuis un millénaire, mais un pays qui veut à tout prix tout à la fois ressembler aux autres Chines, Corées et Etats-Unis, et en même temps se protéger des heurs et malheurs d’un monde supposé dangereux.

    La meilleure protection n’est-elle pas alors de s’abaisser à la vulgarité universelle, pour, en ne se singularisant plus, passer inaperçu ? Il ne s’agit pas d’un paradoxe, Tocqueville avait parfaitement compris en Amérique ce qui se préparait. Sarko réalise son pire cauchemar, celui d’une société panoptique où l’Etat vous enlève jusqu’à « la peine de penser ».



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 9 mai 2007 14:05

    Nicolas Sarkozy a ceci d’étonnant, qu’il n’est pas un homme de paradoxes. Elu par les possédants sur un programme rétrograde, il assume immédiatement son ascension berlusconienne en préférant bronzer sur le yacht d’un pote plutôt que de commémorer la victoire sur le nazisme. Elu par la quasi-totalité des électeurs du Front National sur un programme de repli et de renfermement, il introduira en France les concepts autoritaires et sécuritaires sur lesquels l’Amérique s’est fondée.

    Mais il n’y a là aucune contradiction... sauf pour ceux de ses électeurs qui ne l’ont pas bien écouté.