Ce n’est pas grave, M. Mourey. Lire est plus important. C’est ce qui a de plus vrai dans l’approche de la connaissance.
Votre article est difficilement lisible pour tous : pour les musulmans plus ou moins familiers de ce genre de domaine comme pour les lecteurs nouveaux qui cherchent quelque chose à comprendre outre le fait que vous et votre jésuite restez des trésors cachés.
Quant à vos équipes de recherche pluridisciplinaires, vous me faites rire ; citez-les-moi !
Pour élaborer des hypothèses il faut des « thèses », c’est à dire de la lecture, longue, variée et patiente : en français, en anglais, en allemand, en arabe, etc. ; des articles et des monographies en histoire, en anthropologie, en philologie, en linguistique, en économie, en critique littéraire, etc.
Pour vous, tout cela n’existe tout simplement pas.
(il n’y a qu’a voir la pauvreté bibliographique de votre article, la très mauvaise assimilation de l’histoire de l’islam secondée par son exposition hâtive, l’ignorance de la pluralité des thèses sur le domaine qui est compensée par votre « expérience de la chose militaire », le manque de respect continu pour les chercheurs, etc.)
Vous confirmez que vous ne lisez pas ce qui est écrit sur le sujet et qu’en plus, vous ne cherchez pas vraiment à le faire.
Votre intérêt est malheureusement orienté vers la reconnaissance sociale et non pas la connaissance scientifique.
Vous faites avec Tabari ce que vous avez l’habitude de faire avec Flavius Josèphe : une lecture littérale pénible à laquelle vous ajoutez des spéculations stériles.
C’est beaucoup plus facile en ignorant les travaux actuels et la bibliographie internationale. Et c’est encore plus simple lorsque, comme vous, on ne rougit pas de parler d’Islam quand on déclare n’avoir rien lu sur les conquêtes des Califes.
Autrement dit, vous ignorez totalement le retravail historique qu’opéraient les musulmans sur leur propre histoire. Et au lieu de sortir de l’hagiographie (histoire positivement théologisée) pour aller vers l’historiographie (une histoire critique de l’histoire), vous nous servez votre propre « mythologie ».
Vous avez de très graves problèmes avec l’éthique et la méthodologie scientifiques. C’est pour cela que vous n’êtes pas crédible et diffcilement lisible.
Vous privez vos lecteurs d’une bonne vulgarisation qui n’est possible qu’au prix de la fréquentation d’ouvrages que vous persistez à ignorer de toutes vos forces.
C’est dommage pour des sujets qui sont pourtant dignes d’intérêt.
Au sud, dans le Yémen et chez les Bédouins, des faux prophètes se
levaient et des populations entières renonçaient à l’islamisme.
L’islam et non l’islamisme. La différence historique est de taille. C’est d’ailleurs ce par quoi on peut savoir si un auteur est à jour ou pas dans son rapport à des bribes d’orientalisme héritées du 19e siècle.
Pour écrire sa Sîra, je pense que Tabari a disposé d’un texte ancien,
rédigé au plus près de l’évènement, et donc d’une grande fiabilité. Le
fait que cet auteur soit connu pour être un compilateur d’un nombre
assez impressionnant d’écrits me conforte dans cette idée qu’il n’a
fait, bien souvent, que recopier des textes antérieurs ; et cela
d’autant plus que certains passages soulèvent des interrogations qui ne
peuvent s’expliquer, selon moi, que s’ils sont de première main.
Spéculation très risquée pour quelqu’un qui n’a accès ni à l’arabe ni au persan. Je passe sur les connaissances indispensables des manuscrits et des disciplines s’y référant (codicologie, papyrologie, etc.)
Autrement dit, vous n’avez pas à « penser » car cette tâche a été effectuée avant vous et par des équipes de recherches pluridisciplinaires. Le temps de « l’érudit, seul à méditer dans son bureau » est révolu.
Une rigoureuse recherche bibliographique dispense le lecteur d’un inutile « selon moi » car les travaux existent et sont très nombreux ; en outre, l’usage raisonné de références internationales permet de faire oeuvre de pédagogie (en général, vous préférez l’insulte de grands savants et la caricatures de leurs thèses).
Dans la connaissance scientifique et dans l’effort d’objectivation, la lecture et la fouille documentaire viennent bien avant l’exposition de simples commentaires impressionnistes.
Je pense avoir parlé ici pour quelques internautes rigoureux qui ont le souci de la documentation et de la référence.