Le nœud gordien israëlo-palestinien
« C'est un document [la déclaration Balfour 1917] par lequel une première nation promettait solennellement à une deuxième nation le pays d'une troisième nation » A. Koestler. Voilà un siècle que le moyen-orient est en proie à des conflits directs : émeutes, guerre, spoliations, terrorisme, boycott, et indirects avec le siège de tensions est-ouest, maintenant de s'« inviter » dans le mouvement social des GJ afin de le discréditer et jeter l'opprobre sur l'ensemble de ses participants et leurs revendications « franco-françaises ». Acmé qui pousse nos « sachants » à envisager la censure du vocable « sionisme » (Sion désignant Jérusalem) de la langue française afin que les « analphabètes » que nous sommes ne l'utilisent mal à propos... Faudra-t-il également interdire les mots pouvant y être substitués : mosaïsme - talmudisme - hébraïsme, etc.
Tous les Juifs n'appartiennent pas aux différents groupes des sémites (Séfarades), il y a des Juifs laïcs ou antisionistes qui perçoivent le sionisme comme une colonisation et qui soutiennent le droit à l'autodétermination des Palestiniens. Israël n'est pas l'État des Juifs de la diaspora, même si l'État leur en délivre le passeport et qu'il appelle à l'Alyia, un cinquième des Israéliens sont arabes. Le sionisme est une réminiscence de l'affaire Dreyfus. Janvier 1895, un journaliste Austro-hongrois, Theodor Herzel assiste à la dégradation du Capitaine Alfred Dreyfus dans la cour de l'École militaire de Paris. Il prend soudainement conscience qu'avec la montée des nationalismes en Europe, les Juifs n'auront véritablement leur place que dans un Judenstaat (État juif), ce qui va à l'encontre de la pensée familiale qui prônait l'assimilation des Juifs dans leur pays d'accueil. En 1897, il lance les prémices du mouvement juif lors du premier Congrès sioniste de Bâle (Suisse) avec la création du bureau exécutif international et le Fonds national pour l'achat de terres en Palestine. Le Baron Rothschild a déjà acheté des terres en Palestine à l'empire ottoman en 1882. Les couleurs du drapeau seront le bleu et le blanc, celles du taleth (châle qui couvre la tête lors de prière et la lecture), et l'hymne sera Hatikvah (espoir). L'attachement du peuple juif à la terre d'Israël est d'ordre religieux (judaïsme).
Le judaïsme serait apparu en Mésopotamie 3 800 avant notre ère (cette « vérité » est remise en cause par des chercheurs israéliens) ; Israël avait pour « capitale » Samarie, et le Royaume de Judas Jérusalem. Abraham fut le premier patriarche avec lequel Dieu passa une alliance faisant du peuple juif le peuple élu. Selon l'enseignement traditionnel, les Hébreux quittèrent l'Égypte vers -1 200 sous la conduite de Moïse pour rejoindre le pays Canaan, la terre promise qui deviendra la Palestine (La Torah retranscrit les révélations faites par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï). Ses habitants, des Sémites (ethnie), firent allégeance aux rois hébreux qui se succédèrent (Saul, Salomon et David) et ils édifièrent ensemble le temple de Jérusalem qui sera détruit en -586 par les Babyloniens, puis une seconde fois par les Romains en l'an -70.
Les Hébreux attaqués par les Babyloniens puis par les Assyriens, prirent la route de l'exil qui fut à l'origine d'une migration juive principalement vers l'Empire romain, où les Juifs étaient autorisés à pratiquer leur religion. L'an -140 voit la création de l'État hébreu de Judée, il sera conquis par Pompée en - 63 et intégré à l'Empire romain en -44. Un siècle plus tard, les Juifs contestèrent la loi romaine, en représailles, ils furent écrasés en 70, Jérusalem réduite en cendres, son temple détruit. Massada, le dernier bastion juif dans les montagnes, tombait en 74. De larges communautés juives partirent s'établir en Asie-mineure, en Grèce et dans la péninsule italienne.
L'Islam apparaît au VIIe siècle après les révélations reçues par le prophète Mahomet, un commerçant de La Mecque. Ce dernier va prêcher la nouvelle religion adaptée aux coutumes locales, exhorter les fidèles à adopter une vie pieuse au service d'Allah, et à suivre : le jeûne - l'aumône - faire ses ablutions - prier cinq fois par jour. Le Coran regroupe les révélations apportées par l'archange Gabriel. Persécuté par les riches commerçants et devenu veuf, Mahomet part pour Médine où il finit par prendre le contrôle de la ville et à asseoir un pouvoir religieux et militaire sur la région. C'est alors qu'il se retourne contre la communauté juive. Il fait tuer les hommes, s'empare de leurs biens, et réduit femmes et enfants en esclavage. Le djihad est né. La religion musulmane va se répandre par les Bédouins d'Arabie qui prospèrent grâce aux pillages. Quand Mahomet meurt, l'Islam a conquis la péninsule arabique. Son successeur, Abou Bakr va introduire l'Islam en Mésopotamie, en Irak et en Palestine. En 636, le second calife (successeur du prophète), Omar I° bat les Byzantins à Damas, pénètre en Anatolie, en Perse, à Alexandrie, en Égypte et à Carthage. En 750, la dynastie des Omeyyades est remplacée par celle des Abbassides qui revendiquent la légitimité de leur pouvoir arguant de leur parentèle avec un oncle de Mahomet. La capitale devient Bagdad. Les troubles liés aux successions entrainent la division des musulmans en deux branches, les sunnites qui tirent leur légitimité des premiers califes de l'Islam traditionnel, les chiites fidèles au calife Ali assassiné en 661.
D'après Jacqueline Chabbi, spécialiste de l'histoire médiévale du monde musulman : « Le texte coranique semble être fixé à la fin du VIIe siècle sous les Omeyyades de Damas. Ces califes qui construisent la coupole du Rocher à Jérusalem y inscrivent dans la mosaïque le nom de Mahomet comme successeur de Jésus. (...) Le chiisme historique va naître de cette rupture. C'est la grande hybridation sur le plan culturel et religieux. Les convertis interprètent le Coran à partir de leurs ascendances antérieures, chrétienne, juive, zoroastrienne. C'est aussi le début de la dogmatisation de l'islam. » À propos de l'hyper-violence de l’islam : « Elle naît bien sûr à la faveur des conflits du monde contemporain. Mais d'un point de vue idéologique, elle est issue de la tendance la plus littéraliste du sunnisme du IXe siècle, le Hanbalisme, par l'intermédiaire de la pensée d'Ibn Taymiyya, idéologue du XIIIe siècle, qui voulait revenir à ce qu'il considérait comme étant la lettre du texte, notamment contre les mystiques. La tribu des Saoud suivit alors le prédicateur Ibn Abd al Wahhab qui prônait « l’excommunication », le takfir, soit le fait de déclarer impie et de pouvoir mettre à mort ceux qui n'étaient pas d’accord avec eux ».
L'Empire ottoman apparait en Anatolie occidentale au XVe siècle après le déclin de la cité de Sogut et des Turcs seljoukides. Sous Selim Ie, l'Empire ottoman est menacé par les Séfévides (des Perses chiites opposés à l'Islam ottoman). En 1514, les armées ottomanes défont les Perses, ce qui leur permet d'étendre leur emprise sur l'Afrique du Nord jusqu'au Maroc. Le Caire, l'Irak, l'Arabie et la Palestine sont incorporés à l'Empire ottoman en 1517. « En 1801, les Saoud vont s’attaquer à l’Irak et prendre la ville chiite de Kerbala en y perpétrant un massacre. Un peu plus tard, ils iront piller La Mecque et Médine. Les Ottomans vont alors mandater le khédive d'Égypte pour arrêter ces fous furieux. Les villes saintes seront libérées et le chef des Saoud envoyé à Constantinople où il sera exécuté en place publique ».
En 1878, la population juive en Palestine comptes quelques milliers d'individus décidés de fonder une colonie juive. En 1881, on assiste à la première Alyia (l'immigration vers Israël) avec l'arrivée de Juifs fuyant les pogroms de Russie, bientôt rejoint par d'autres membres de la diaspora. Les Arabes représentent 92 % de la population, mais sur les 40.000 habitants de Jérusalem, trois sur quatre sont juifs. L'année 1904 voit l'arrivée d'une deuxième vague, Les nouveaux arrivants décident à se protéger de l'insécurité chronique que fait régner les tribus nomades dans cette partie de la Palestine. Le Hachomer (le Gardien), un groupe d'autodéfense est créé en 1907 suivie de la légion juive en 1916. En 1915-1916, les Français et les Anglais progressent depuis Salonique vers Istanbul, avancée facilitée par la révolte de al Hussein ibn (la graphie change selon les transcriptions) auquel la Grande-Bretagne a promis la constitution d'un Grand Royaume arabe...
Novembre 1917 voit l'institution d'un foyer juif en Palestine, et l'année 1920 l'attribution par la SDN des mandats sur la Syrie et le Liban à la France, et sur la Palestine et la Mésopotamie à la Grande-Bretagne. L'Agence juive va servir de gouvernement embryonnaire. Les nouveaux arrivants (3° alyiah) construisent de nouveaux villages et kibboutzim dans le Néguev. L'année 1920 marque les premières échauffourées, le Parti ouvrier et la Confédération des travailleurs créés l'année précédente disposent d'un département militaire ! Cette force va servir d'ossature au futur État d'Israël. Le Hachomer est remplacé par la Haganah et le Palmach d'inspiration marxiste-léniniste, force militaire clandestine composée d'environ 600 volontaires. Faycal et Abdallah, fils de Hussein deviennent roi d'Irak (1921) et Émir de Transjordanie (1922). L'année 1924 voit l'occupation du Hedjaz par l'Émir wahabite abdelaziz ibn Saoud.
Eretz Israël dans les années mille neuf cent trente, les propriétaires terriens arabes vendent leurs domaines aux Juifs, les villageois les friches qu'ils n'ont jamais su mettre en valeur sous la domination turque (terres ingrates et région où sévissait la malaria), pour aller ouvrir boutique en ville. Les fonds nécessaires sont concédés par l'Association de Colonisation Juive financée par le Baron Rothschild, et alimentés par les dons des fidèles. Les terres acquises par le Fonds National Juifs sont propriété de la nation, louées à des collectivités (kibboutz) ou sous forme de bail emphytéotique (bail de longue durée), éliminant ainsi la spéculation. Faute de main d'œuvre suffisante, les pionniers juifs vont employer des Arabes. Ces derniers n'ont alors aucune conscience politique ni nationale, et tout le monde était loin de se douter que ces terres deviendraient des points stratégiques : cordon littoral, Néguev, Galilée, etc., formant le glacis du réduit israélien. L'hébreu s'imposa comme la langue véhiculaire des Juifs en Palestine.
La montée du nazisme voit l'arrivée en Palestine de soixante mille immigrants en quatre ans. Le 15 avril 1936, les Arabes se révoltent contre l'Angleterre accusée d'être favorable aux Juifs. Balfour propose la division de la Palestine en deux États. La Haganah met sur pied des réseaux d'immigration clandestine, le Mossad Lealivah Aliyah Beth (institution route d'immigration B) qui sera renforcé du Rechesch et de Bricha, l'un chargé du renseignement, l'autre du sabotage. Le Livre Blanc britannique (1939) stipule, qu'après dix ans, les Juifs ne devront pas dépasser un tiers de la population dans l'établissement d'un État arabe. Le gouvernement anglais pensait ainsi résoudre l'équation à X inconnues de l'« établissement d'un foyer national juif dans un pays arabe, mais sans qu'il fût porté atteinte aux droits des Arabes ». Lors de la conférence de la Table Ronde à Londres : « les Arabes palestiniens refusèrent de siéger à la même table que les Juifs. Le Gouvernement anglais négocia séparément avec chacune des parties ». La Seconde Guerre mondiale va « figer » la situation. La Haganah se range du côté alliés, le Grand Mufti soutient l'Allemagne nazie.
La Ligue arabe apparaît sur la scène politique lors de la Conférence du Caire de février 1945. Celle-ci se présente comme une organisation régionale qui se propose de renforcer les relations entre les États adhérents et d'arbitrer leurs litiges. Le Moyen-Orient est un assemblage de nations artificielles qui ne présente aucune unité politique, économique, ni même de langue, seule la religion semble devoir les unir si on excepte les divisions : Chiites, Sunnites, Wahabites, Druzes. Mai 1945, des incidents graves éclatent en Syrie. Le 18 juin, l'Agence juive demande l'attribution de 100.000 permis d'immigration au haut Commissaire de la Palestine. Le 24 septembre..., le Colonial Office lui en propose 1.500 par mois. Le 10 octobre, la Haganah attaque le camp de réfugiés d'Athlit et libèrent 170 immigrants, un soldat britannique est tué. Le 31, une centaine de sabotages frappe les chemins de fer, et des navires de police sautent dans les ports de Jaffa et de Haïfa. Le 13 décembre, les troupes françaises se regroupent au Liban, les troupes britanniques en Syrie. 1/2
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