Comment comparer les modèles socio-économiques ?
Modèles français, britannique, américain, danois, finlandais... Tant de choix s’offrent à nous, il faut donc s’interroger. Comment peut-on comparer ces différents modèles socio-économiques ? Quels sont les indicateurs disponibles, et que nous apprennent-ils ?
A la suite des vifs et passionnés commentaires engendrés par mon précédent article intitulé « L’imposture du modèle britannique », et en particulier après les discussions sur la pertinence de certains indices socio-économiques, je me suis posé deux questions :
- Comment peut-on comparer les modèles sociaux de différents pays ?
- Quels sont les indicateurs disponibles, et que nous apprennent-ils ?
Tout d’abord, divisons un peu cette étude en plusieurs problématiques. Voici donc les quelques domaines que je me propose d’étudier à travers différents indicateurs : pérennité du système, éducation, santé, efficacité économique, équité.
La pérennité d’un système est sa capacité à s’auto-entretenir, à perdurer. Les indicateurs phares de ce domaine sont le déficit budgétaire et son corollaire cumulatif : la dette publique.
Le déficit budgétaire, calculé en pourcentage de PNB, correspond à la différence entre les recettes de l’Etat et ses dépenses. D’après les chiffres de l’OCDE, la France, avec 3% de déficit, est dans la moyenne des pays membres de l’organisation (3,1%), elle arrive devant les USA (3,9%) et plus étonnamment devant le Royaume-Uni (3,2%). Les meilleurs élèves sont bien sûr les pays scandinaves, dont les budgets sont tous excédentaires (+17% pour la Norvège).
Côté dette cumulée, qui s’exprime elle aussi en pourcentage du PNB, on retrouve la France comme plus mauvais élève (66%), suivie de près par les USA (64%). Les Britanniques ont une dette publique de 42%, les pays scandinaves entre 36% (Norvège) et 50% (Suède).
On peut donc conclure que les modèles les plus fragiles sont ceux des USA et de la France. Le Royaume-Uni, bien que sa dette ne soit pas encore très importante, semble lui aussi suivre le chemin peu vertueux du déficit. Seuls les pays scandinaves semblent donc pérennes.
Pour comprendre cette viabilité de leurs modèles, il faut noter qu’à l’inverse de la France, des USA et du Royaume-Uni, ils ont opté, il y a une dizaine d’années, pour une augmentation des prélèvements et une baisse des dépenses publiques simultanées. Le cas de la Norvège est impressionnant : 55,3% du PNB en prélèvements pour 1988 contre 63,5% prévus en 2007, et 52,3% de dépenses en 1988 contre 46,5% en 2007.
Un autre indicateur intéressant de la pérennité d’un modèle social concerne l’endettement des ménages. En effet, qui n’a pas en tête la catastrophe du krach de 1929, qui était en partie du à l’endettement des familles américaines. Un rapport de la Banque de France compare l’endettement dans les différents pays européens. L’endettement des ménages, qui reste faible en France avec 60% des revenus bruts disponibles, atteint presque 120% au Royaume-Uni où la situation inquiète de plus en plus les analystes économiques. En effet, depuis quelques années, le taux de banqueroute personnel augmente de 40% par an dans ce pays. Cela pourrait d’ici quelques années provoquer un effondrement de la consommation outre-Manche.
Mais la pérennité d’un modèle dépend aussi de critères non économiques. Le taux de fécondité en est le parfait exemple. Lorsqu’un pays a un taux de fécondité inférieur à 2,1 enfants par femme, le renouvellement des générations n’est plus assuré. Il lui faut alors faire appel à l’immigration ou se résoudre à voir sa population vieillir puis diminuer. Selon cet indicateur, seuls les USA, avec un taux de 2,01 et la France, avec 1,85 (1,95 d’après la dernière étude de l’INSEE) semblent en mesure d’atteindre cet objectif. Les pays scandinaves ont une fécondité dépassant à peine 1,7 et le Royaume-Uni arrive en dernier avec 1,64 enfant par femme. Plus dramatique encore, la tendance sur les 15 années montre que seuls les taux français et suédois augmentent. La fécondité ne cesse de diminuer dans les autres pays scandinaves, et plus sensiblement au Royaume-Uni.
Difficile, donc, de conclure, puisque les deux pays les moins économiquement pérennes (USA et France) sont aussi les seuls à être démographiquement viables.
Passons maintenant à l’éducation. Le taux d’alphabétisation est l’indice primordial en ce domaine. D’après le CIA World Fact Book, le taux d’alphabétisation en France, au Royaume-Uni et dans les pays scandinaves est compris entre 99 et 100%. Le taux des USA est légèrement plus faible (97%). Il est donc difficile de comparer les modèles avec cet indicateur.
Pour résoudre ce problème, l’OCDE réalise des tests de compétences scolaires dans les différents pays membres avec, au programme, compréhension de l’écrit, culture mathématique, et culture scientifique. Le point intéressant ici est de tester à la fois l’impact du niveau et celui du type de financement (public ou privé) de l’éducation, ainsi que les méthodes utilisées. J’ai donc relevé, outre les résultats des pays cités plus haut, ceux du Japon et de la Corée, dont les systèmes éducatifs sont très éloignés des nôtres. Notez que le Royaume-Uni n’a pas participé à cette étude.
En ce qui concerne la compréhension de l’écrit, les résultats des différents pays sont assez homogènes, hors ceux de la Corée (+8% au dessus de la moyenne) et de la Suède (+4%).
Pour la culture mathématique, les résultats sont plus hétérogènes. Finlande, Corée, Japon obtiennent de très bons résultats (+9%, +8%, et +7%), les USA et la Norvège obtiennent des résultats inférieurs à la moyenne de l’OCDE (-4%, -1%).
En ce qui concerne la culture scientifique, les même pays arrivent en tête (+8 ou 9%) -le Danemark, la Norvège- et les USA ferment la marche (-5%, -3%, -2%).
Pour les chauvins, je cite aussi les scores honorables de la France dans ces trois catégories : +1%, +2%, +2%.
Que conclure de cette étude menée par l’OCDE ?
- Il n’y a pas de relation directe entre les méthodes d’enseignement et les résultats ; les Etats obtenant les meilleurs résultats sont partagés entre des système « durs » (Japon, Corée) et « souples » (Finlande).
- Il n’y pas non plus de relation entre niveau de financement et résultats, pour exemple la Finlande, qui ne dépense que 5,84% de son PNB pour l’éducation, arrive en tête loin devant le Danemark (7,1%) et les USA (7,84%).
- Le type de financement n’entre pas non plus en jeu. En Finlande le financement est entièrement public, en Corée la part du privé atteint 40%.
La santé est un domaine très riche en statistiques. Espérance de vie, mortalité infantile, dépenses, sont les plus connues et utilisées, mais de nombreux autres indicateurs peuvent apporter des informations non négligeables : nombre de médecins par habitant, obésité, taux de personnes séropositives, mortalité chez ces mêmes personnes, tabagisme...
L’espérance de vie est assez difficile à exploiter en tant qu’indicateur de santé, car elle est aussi très liée à des facteurs culturels extérieurs au modèle social. En effet, si le Japon arrive en tête, suivi par la France, l’Italie et l’Espagne, c’est en grande partie lié à l’alimentation caractéristique de ces pays. On peut néanmoins noter que les USA et le Danemark ont une espérance de vie inférieure de 2 ans environ par rapport aux autres pays testés.
La mortalité infantile est un indicateur beaucoup plus fiable pour mesurer la qualité d’un système de santé. En effet, ce taux dépend uniquement de la volonté publique. La mortalité infantile est de 3,1 pour mille naissances en Norvège et en Finlande, 3,4 en Suède, 3,9 en France et 4,4 au Danemark. Au Royaume-Uni, ce taux atteint 5,3 et 7 aux USA.
Après cette première estimation du système de santé, qui place encore les pays scandinaves au premier rang (Danemark exclu), regardons un peu le coût de chaque système et le type de financement utilisé. Première remarque, les systèmes de santé scandinave, français, et britannique sont financés à plus de 75% par les pouvoirs publics. Les USA ont le plus bas taux de financement public des pays de l’OCDE avec 44%. Côté dépense totale (public + privé), les Etats-Unis arrivent loin en tête avec 15% du PNB consacré à la santé, suivi par le Danemark, la France, la Suède et la Norvège avec un taux compris entre 9% et 10%, le Royaume-Uni et la Finlande étant beaucoup plus économes avec respectivement 7,7% et 7,4%. Outre le constat de l’inefficacité du modèle américain en matière de santé, on peut s’étonner encore une fois (voir la partie précédente sur l’éducation) des très bons résultats obtenus par la Finlande avec une dépense sensiblement plus faible que celle des autres Etats.
Ce bon résultat ne s’explique pas par le nombre de médecins, 2,6 pour mille habitants, contre 3 à 3,5 pour les autres pays scandinaves et pour la France. Là encore Etats-Unis et Royaume-Uni ferment la marche avec respectivement 2,3 et 2,2 médecins pour mille habitants.
Avant de conclure cette partie sur la santé, observons un peu les systèmes de santé à travers le prisme de quelques maladies spécifiques.
Le taux de personnes atteintes par le virus de SIDA peut donner une évaluation de la qualité de la politique de prévention dans chaque pays. Les USA obtiennent encore un triste record avec 32 personnes atteintes pour 10 000 habitants, suivis par la France avec 19 et par le Royaume-Uni avec 8,5. Les pays scandinaves ont un taux de contamination inférieur à 5 pour 10 000 habitants. La palme revient encore à la Finlande avec 2,8. La mortalité due au virus est un bon moyen de tester la qualité des soins. On note ainsi un taux de mortalité 2 fois plus important (nombre de morts / nombre de contaminés) aux Etats-Unis qu’en France et au Royaume-Uni.
Je ne parlerai pas longuement du cas de l’obésité, qui stigmastiserait inutilement le modèle anglo-saxon, car cette maladie est évidemment liée à l’alimentation.
Reste la politique anti-tabac, seule réussite du système de santé américain. En effet, avec 17,5% de fumeurs quotidiens, les USA se placent dans le peloton de tête de la lutte contre ce fléau moderne, loin devant les 26-30% de la France, du Royaume-Uni et des pays scandinaves.
Pour conclure cette brève étude des systèmes de santé de ces différents pays, on peut noter, là encore, la grande réussite des Finlandais pour un faible coût, ainsi que les très faibles résultats du système américain.
Pour mesurer l’efficacité économique d’un pays, les indicateurs sont pléthoriques. Outre la sacro-sainte croissance, j’ai choisi 3 indicateurs qui analysent l’activité économique sous des angles différents : la balance du commerce extérieur, la productivité horaire et le chômage.
Commençons par la croissance. Les USA arrivent cette fois-ci en tête avec 4,4%, suivis par la Finlande avec 3,7%, la Norvège 3,6%, le Royaume-Uni 3,1%. La France 2,3% et le Danemark 2,4% ferment la marche. Ces chiffres sont donnés par l’OCDE pour l’année 2003-2004. On note donc que contrairement à l’idée reçue, le Royaume-Uni et le Danemark, qui sont les deux modèles actuellement « dans le vent », n’ont pas une croissance très supérieure à celle de la France. On note aussi que la Norvège, qui a le taux d’imposition le plus élevé au monde (63,5% du PNB) profite en même temps d’une croissance importante. Ceci prouve donc qu’il n’y a pas de rapport direct entre le taux d’imposition et la croissance.
La balance commerciale est un élément important de la bonne santé économique d’un pays. En effet, la viabilité à long terme d’un pays qui importe plus qu’il n’exporte peut être sérieusement mise en doute. Les pays scandinaves affichent un insolent solde positif, compris entre +5,1% du PNB pour le Danemark et +14,2% pour la Norvège. La France est tout juste excédentaire (+0,3%), alors que le Royaume-Uni et les USA affichent des soldes négatifs, respectivement -3,3% et -4,5%.
La productivité horaire est un indicateur assez simple, qui permet de mesurer la qualité des entreprises et des employés. Il répond à la question : Que produit un employé en une heure de travail ? Dans ce domaine, les champions sont la Norvège et la France, avec une productivité horaire supérieure de 64% et 41% à la moyenne des pays membres de l’OCDE. Viennent ensuite les USA avec 30%, et le Danemark avec 18%, suivis par la Suède (14%), le Royaume-Uni (13%) et la Finlande (8%).
Comme le montre mon précédent article, le chômage est un indicateur économique qui pose de nombreux problèmes. En effet, ce taux peut être artificiellement réduit par de nombreuses méthodes (inaptitude au travail au Royaume-Uni, préretraite, conscription, voire incarcération comme aux USA). La France et la Finlande ont les plus forts taux de chômage, respectivement 9,7% et 9% de la population active, ils sont suivis par les USA avec un taux de chômage de 6%. La Suède, la Norvège, le Danemark et le Royaume-Uni, bénéficient d’un taux de chômage inférieur à 5,5%.
Si on omet le problème du commerce extérieur, qui est en partie compensé par la prédominance du dollar et par une politique expansionniste, l’économie des USA est la plus florissante, mais aussi une des plus fragiles, car dépendante en grande partie de l’extérieur. Les économies des pays scandinaves se portent très bien aussi, avec une bonne croissance et une balance commerciale positive. Ils souffrent néanmoins, à l’exception de la Norvège, d’une faible productivité horaire. Par contre, les économies britannique et danoise ne sont pas aussi florissantes que certains veulent nous le faire croire, et celle de la France, si elle ne bénéficie pas d’un fort taux de croissance et si le chômage reste élevé, comporte néanmoins une balance commerciale légèrement positive et une productivité horaire très importante.
Notons donc, pour conclure, que toutes les économies étudiées se portent plutôt bien, et qu’elles ont toutes leurs forces et leurs faiblesses (sauf la Norvège, qui n’a que des forces, d’après les 4 indicateurs utilisés).
L’équité est un problème délicat. Contrairement aux autres domaines sa définition est plus vague et dépend beaucoup du système de pensée dans lequel on se place. Dans le système anglo-saxon, une notion simple semble pouvoir cerner l’équité : la mobilité sociale, c’est-à-dire la capacité qu’a un individu à gravir les échelons de la société dans laquelle il vit. C’est en effet la base du rêve américain. Pour les Etats d’Europe continentale, la notion d’équité se rapproche plus de celle, moins ambiguë, d’égalité. En effet, dans ces pays, il est considéré comme équitable que l’accès aux soins et à l’éducation ne dépendent pas des revenus. La redistribution des richesses y est aussi considérée comme équitable. Les indicateurs mesurant donc l’équité du système dans ces modèles seront, outre ceux développés plus haut et qui concernent l’éducation et la santé, tous liés à la disparité des revenus et au niveau de la pauvreté.
Commençons donc par étudier le problème sous l’angle de la mobilité sociale. Une étude statistique de ce phénomène a été réalisée par le New York Times pour 5 Etats : USA, France, Royaume-Uni, Danemark et Canada. Cette étude montre que le modèle anglo-saxon n’est pas celui qui favorise le plus la mobilité sociale. En effet, l’étude montre qu’après 4 générations, une famille pauvre atteint en moyenne le revenu médian au Canada et au Danemark, 97% de ce revenu en France, 92% aux USA et 90% au Royaume-Uni. Une autre étude, conduite par la London school of economics, confirme la situation.
Le taux de pauvreté, qui a été l’objet de mon précédent article, est calculé comme étant le nombre de personnes ayant un revenu inférieur à 50% du revenu médian (ou 60% selon les cas). Les USA ont le record du taux de pauvreté à 50% avec 17,1% de la population, suivis par le Royaume-Uni avec 11,4%. En France, ce taux avoisine les 7%, et dans les pays scandinaves ce taux varie entre 4,3% (Danemark) et 6,4% (Finlande). Ce taux peut être complété par d’autres données comme le taux de pauvreté des enfants, qui, là encore, montre les mauvais résultats américain et britannique (21,7% et 16,3%), alors que celui des pays scandinaves tombe à 3% environ. La France se maintient à 7,3%, toujours selon l’OCDE.
Contrairement au taux de pauvreté, le coefficient de Gini mesure l’ensemble de la disparité des revenus. Sa définition complexe est disponible sur Wikipedia, mais il nous suffit pour l’utiliser de savoir qu’une valeur de 0 correspond à une distribution égalitaire des revenus, alors qu’une valeur de 100 correspond à une société dans laquelle tous les revenus sont concentrés dans les mains d’une seule personne. Là encore, les USA et le Royaume-Uni arrivent en dernier, avec un coefficient de Gini valant respectivement 35,7 et 32,6. La France suit loin derrière avec 27,3. Le Danemark obtient la meilleure note avec 22,5.
Malgré sa définition complexe, le bilan de cette rapide étude de l’équité dans les différents modèles sociaux est simple : mobilité réduite et pauvreté importante caractérisent le modèle anglo-saxon.
D’autres indicateurs pourraient donner dans chaque domaine des résultats sensiblement différents, et d’autres domaines pourraient aussi être étudiés : sécurité, recherche scientifique, culture, loisirs, retraites par exemple. Certains ajouteraient des indicateurs très subjectifs, le « bien-être » par exemple. Mais je pense que nous pouvons déjà tirer quelques conclusions intéressantes de ce rapide aperçu des modèles sociaux.
Tout d’abord, on remarque qu’il n’existe pas de modèle parfait. Le modèle américain est le plus efficace en matière économique, bien qu’il soit peu pérenne à long terme. C’est aussi le modèle social le moins équitable, le moins bon en matière de santé et d’éducation. Le modèle britannique est en quelque sorte une version light de ce dernier, avec un peu moins de pauvreté et un système de santé moins inefficace. Le modèle français est avec le modèle danois le moins performant en matière économique, bien que l’écart avec les autres modèles ne soit pas immense. Son grand problème reste la dette publique, qu’il faudra tôt ou tard régler. Le cas des pays scandinaves est exemplaire de ce point de vue. Peut-être devrions-nous les imiter en augmentant les prélèvements et en diminuant les dépenses ? La Finlande est un exemple à suivre en matière d’éducation et de santé, tant pour les bons résultats obtenus que pour le relatif faible coût de son système.
Cette étude montre aussi une certaine disparité dans les modèles scandinaves, et le modèle de flex-sécurité danois ne semble pas être le plus performant parmi eux, tant en matière sociale (éducation et santé) qu’en matière économique.
Toutes les options sont alors possibles pour la France. La seule question à laquelle nous devons répondre avant de modifier notre système socio-économique est la suivante :
Quelle société voulons-nous ?
Sources :OCDE, CIA World Fact Book, Wikipedia, New York Times, Banque de France
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