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« L’Ennemi intime » ou « Inside Man », l’homme de l’intérieur...

J’ai vu L’Ennemi intime (France, 2007, 1 h 48) de Florent-Emilio Siri, film intéressant, très intéressant, sans être un grand film pour autant. Il lui manque un certain souffle épique, un certain lyrisme qui aurait pu le faire monter plus haut.

Pour autant, précisons que la catchline de l’affiche n’est pas tout à fait mensongère : "Le Platoon de la guerre d’Algérie". Alors, certains, légèrement fines bouches, pourront se dire que cette comparaison n’est pas forcément au service du film français avec cette idée en tête que le film d’Oliver Stone ne serait pas si terrible que ça. Je pense qu’ils ont tort, arrêtons-les tout de suite ! Un Platoon, sans atteindre la puissance filmique et dramaturgique d’un Voyage au bout de l’enfer, d’un Apocalypse Now ou d’un Full Metal Jacket (je prends exprès des films américains traitant de la même guerre, celle du Vietnam), est un bon film, qui n’évite pas, certes, par moments, l’écueil d’un certain pathos psychologisant à tendance lacrymal. Pour autant, un Kubrick himself pensait le plus grand bien de Platoon, petit rappel donc (ça vient de notre Bible à tous ou... presque, le Kubrick par Michel Ciment, éd. Calmann-Lévy, 2001, page 245) : "J’ai vu Platoon un mois avant de finir le montage de mon film. Je l’ai aimé et je pense que c’est un très bon film. La seule influence qu’il a eu sur Full Metal Jacket, c’est que nous n’étions pas très heureux du son que nous avions obtenu pour les fusils M-16 et, lorsque j’ai entendu les M-16 dans Platoon, j’ai trouvé qu’ils faisaient à peu près les mêmes bruits que les nôtres." Et toc ! Eh oui, la référence à Platoon se tient car dans L’Ennemi intime, la confrontation entre un homme idéaliste au départ, Terrien, lieutenant, alias Benoît Magimel, et son sergent Dougnac (joué par Albert Dupontel, bien habité, tourmenté à souhait), plus désenchanté, plus sombre, plus orienté vers le "mal", fait bien sûr penser au "duel" idéologique entre deux supérieurs qui se livrent une guerre personnelle, sur fond de chaos et de haine, entre ennemis intimes, au sein de la guerre du Vietnam, c’est, souvenez-vous, Willem Dafoe contre Tom Berenger.

Alors, pour en revenir au Siri, son film sur la guerre d’Algérie vaut largement le détour. Ce film est un film sur la guerre plutôt que de guerre au sens strict, ou bien on pourrait dire que "c’est un film de guerre contre la guerre" (dixit le réalisateur lui-même connu pour s’être illustré plutôt bien avec un film (d’action) de genre, Nid de guêpes (2002), et... moins bien avec Otage (2005), son film américain avec Bruce Willis. Son Ennemi intime présente un curieux mix entre un certain naturalisme (il y a une recherche de vérisme, de réalisme documentaire notamment dans les scènes brutales et sèches de combat, on a un film sec, minimaliste, tendu, resserré sur lui-même) et, de l’autre côté, on a un film qui tire vers un certain onirisme, on peut d’ailleurs penser à Jarhead, je me réfère par exemple à une séquence forte, lorsque suite aux bidons lancés par l’armée française (en fait, du napalm, ni plus ni moins), on voit au sol, dans une ambiance fantomatique et flottante faite de fumées rasantes et de corps charbonneux et carbonisés, quelque chose de terrifiant, d’horrible, c’est le visage d’une Kabylie meurtrie dans sa chair, via la folie des hommes, l’horreur, l’horreur, l’horreur...

Ce qu’on peut regretter, c’est que ce film, misant d’ailleurs avec talent sur le visuel et l’esthétique, lorgne par moments vers un "esthétisant" quelque peu regrettable. Un exemple, par moments, il y a des reflets (certainement numériques) présents dans les yeux des personnages, couleur acier, sans doute pour insister sur leur conflit intérieur, leur côté animal, et je trouve que c’est inutile, le jeu des acteurs, qui fait corps avec une mise en scène tendue, suffisait, pas besoin d’un surlignage lumineux qui attire notre oeil de spectateur vers un punctum luminescent dont on se serait aisément passé. On peut aussi préciser, défaut technique davantage que péché esthétisant, que la bande-son n’est pas toujours clairement audible, il n’est pas rare de ne pas tout comprendre de ce que disent les personnages, dommage. En outre, par moments, on tombe quelque peu dans un côté tire-larmes façon Platoon, qui est trop téléphoné, trop attendu - je pense par exemple à la séquence où des soldats français survivants revoient leurs camarades morts grâce à un film en noir & blanc tourné par leur caméraman, mort lui aussi. Ici, l’émotion est surlignée, on balise un peu trop le terrain, la musique d’Alexandre Desplat envoie les violons (!), et c’est dommage, on a un air de déjà-vu quelque peu édifiant. De même, le collier de barbe d’Aurélien Recoing, style capitaine Haddock, est à revoir d’urgence !

Cependant, L’Ennemi intime est un film ambitieux. Pour son côté sec, tendu, minimaliste, on peut d’ailleurs penser, du fait d’un certain dénuement esthétique (qui n’est hélas pas maintenu tout du long dans le Siri), au Flandres de Bruno Dumont, un film, on s’en souvient, ne traitant pas directement de la guerre d’Algérie, mais dont le décor rocailleux, aride, et les exactions commises par les forces militaires rappelaient bien entendu les zones en eaux troubles des actions militaires françaises commises en Algérie du temps de sa lutte armée pour son indépendance, fin années 50-tout début des années 60, il s’agit surtout de l’année 1959 pour être précis dans le Siri. Mais le film de Dumont est plus fort, plus troublant encore, certainement parce que le fait qu’il s’agisse d’une guerre abstraite fait qu’il tend plus vers une dénonciation de la guerre d’une manière universelle, on quitte "l’anecdotique", l’illustration plan-plan, pour laisser à l’oeuvre dans le film, une pensée, bien désenchantée sur la nature humaine et ses affres, celle de Bruno Dumont. Et, jusqu’à l’os, c’est l’humain, ni plus ni moins, comme un Kubrick, que met à jour Dumont dans son film sur la guerre, puissant parce que décharné, sans concession, sans fioritures. Mais ici, la barre est placée haute, je pense que Siri, pour être clair, va moins loin, mais son film présente pour autant des qualités indéniables.

Comme dans Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg, Siri ne s’embarrasse pas à montrer le front arrière, des cartes d’Etat major, des réunions de grands chefs du QG, etc., il introduit juste un déroulant au début pour narrer les faits historiques et, à la fin du film, il présente un texte très court où l’on apprend qu’au cours de cette guerre d’Algérie, 27 000 soldats français sont morts, pendant qu’en face entre 300 000 et 600 000 (je crois que ce sont les chiffres donnés, à vérifier) Algériens, soldats comme civils, y ont laissé leur peau. Tout le film, sinon, c’est d’être, en première ligne, au coeur des ténèbres, dans le coeur de l’action grâce à une caméra fluide, au sein des balles rasantes et sifflantes, dans un lieu assez fermé pouvant d’ailleurs faire penser, de par ses paysages désertiques et ses montagnes recouvertes d’arbres à l’identique, à un décor de western (par moments, cet Ennemi intime, avec son histoire d’hommes, on dirait même un « jeu » grandeur nature entre cow-boys et Indiens, dont la « guéguerre » filmée privilégie, souvent (à tort ?), le film d’action sur le film d’Histoire - il y a comme un hiatus ou, pour être moins critique, un curieux mixte). On voit quasiment tout du point de vue du lieutenant Terrien (Magimel), et on suit les patrouilles, les escouades, de l’intérieur, dans la mêlée, dans la mélasse. On nage d’ailleurs en plein merdier. Ce film montre efficacement le bourbier de cette sale guerre, la guerre d’Algérie, et de ce sale boulot à faire, notamment par les soldats français, âgés, pour beaucoup, d’une vingtaine d’années seulement. Des deux côtés, la violence est extrême, l’homme est un loup pour l’homme, c’est oeil pour oeil, dent pour dent, les deux forces en question ne se font aucun cadeau et ce film montre bien cela, me semble-t-il.

Je crois que la phrase-clé du film est celle-ci (elle est prononcée d’ailleurs par un officier) : "Quand on reçoit un ordre inacceptable, on doit le refuser". Voilà, c’est un film sur une guerre psychologique, cette idée d’une tempête sous un crâne pour des hommes, en plein bourbier, voyant les frontières vacillées entre le bien et le mal, quel camp choisir ? Faire la guerre contre qui ? Contre les Algériens ? Contre les Français d’Algérie ? Contre les "Algériens français" ? Contre l’Algérie ? Contre soi-même ? C’est donc surtout d’une guerre personnelle dont il s’agit, sur fond de guerre historique, celle d’Algérie - selon cette idée que le mal est peut-être à l’intérieur de nous. On a un homme sous influence, Terrien, entre ordre et désordre, entre soumission et révolte. Schéma classique : l’ennemi est moins celui qui est en face - l’autre, "l’étranger" - que celui qui est en lui et qui le ronge, un ennemi intime, donc. En outre, Terrien est impressionné par le professionnalisme de son sergent Dougnac, un être de sang-froid, ancien d’Indochine semblant revenu de tout, et qui calme pour autant ses démons en jouant du clairon, isolé, au campement, dans la nuit noire. Ombre parmi les ombres. Une sorte de mort en sursis, d’être pour la mort.

Cette idée de désobéir à un ordre inacceptable, c’est d’ailleurs au départ ce que pense le "héros" du film, Terrien/Magimel, puis après, celui-ci évolue dans sa lecture du drame (la guerre), il est au départ idéaliste (« Vous verrez, vous changerez... comme nous tous », lui dit-on), et ce film montre bien comment un homme avec un idéal, pris dans un engrenage, se transforme peu à peu en "monstre". Il découvre l’horreur (notamment les exactions et les tortures des soldats français dans les villages de la Kabylie au visage blessé, mais qui lutte pour se montrer souverain) avant de la commettre lui-même. On découvre que l’armée française, bien avant les Américains et leur putain de guerre du Vietnam, ont utilisé les hélicos (pour atteindre des zones inatteignables sans ces engins modernes) et le napalm. D’ailleurs, le film montre bien l’hypocrisie de cette guerre, une sorte de guerre sans nom, que l’Etat français, on le sait, n’a reconnu comme guerre que longtemps après, très longtemps après (en... 1999). Le napalm n’est pas nommé dans le film, les soldats français, eux-mêmes, craignent l’usage de cette arme absolue. Ils crient : "Pas les bidons ! Pas les bidons !" Ils redoutent ce qu’ils vont trouver en bas, l’horreur, un véritable charnier de l’ordre de l’innommable, de l’indicible. Au-delà des soldats chargés de patrouilles, d’embuscades, de coups de main et de contrôles "classiques", le film nous montre un aspect de la guerre d’Algérie peu filmé et peu reluisant pour le blason militaire. Suite à ce film, il est de toute évidence très difficile de ne pas condamner cette guerre aux forts relents colonialistes. On y voit une guerre faite d’attente, de tension quotidienne dans des postes isolés, des bleds, avec de brusques explosions de violence sidérante, notamment la violence subie par des populations paysannes déracinées, une population locale soumise à la répression de tortionnaires sanguinaires et, de l’autre côté, c’est aussi montré dans le film, les fellaghas ne sont pas des tendres non plus. C’est la guerre, quoi. Dans toute sa barbarie et sa déshumanisation des êtres.

Aussi, je pense que ce film, L’Ennemi intime, a le mérite d’avoir été réalisé, d’exister en tant que tel, et on le sait, ils ne sont pas légion les films de guerre made in France réussis, on a notamment Capitaine Conan de Bertrand Tavernier, une sorte d’exception française, ou encore, sur cette sale guerre d’Algérie, on a certes des films mais qui, pour la plupart, datent de 30, voire de 40 ans ! Je pense à La 317e section bien sûr, de Pierre Schoenderffer, un classique, ou encore à R.A.S. d’Yves Boisset, à La Question de Laurent Heynemann, à Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier ou à La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo. Plus récemment, on peut évoquer le remarquable La Trahison de Philippe Faucon ou... L’Ennemi intime de Patrick Rotman, documentaire rediffusé récemment sur France 3 et qui a d’ailleurs servi de matrice pour celui de Florent Emilio-Siri. Bref, le film de Siri, je l’ai trouvé assez bien, ambitieux, traitant bien de l’ambiguïté de la nature humaine, en proie au facteur humain, entre vérités et mensonges, et aux contingences (notamment dans la séquence des bombardements au napalm, on oscille de manière subtile façon Apocalypse Now, loin d’un prêt-à-penser d’office moralisateur, entre la beauté du sublime - le lâcher de napalm et ses flammes-volutes infernales - et l’horreur - les victimes carbonisées, arrêtées dans leur élan vital de manière ahurissante, imparable).

In fine, on peut cependant regretter que ce film ne soit pas tendu de bout en bout, tel un élastique, comme le brut de décoffrage Flandres de Bruno Dumont. Certains, sur AgoraVox, ont-ils vu L’Ennemi intime ? Et qu’en pensez-vous ?

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44 réactions à cet article    


  • maxim maxim 9 octobre 2007 12:36

    en tant qu’ancien combattant d’AFN ,j’irai voir ce film ,pas pour un voyeurisme quelconque ,mais pour vérifier le contenu ,et ce qu’il raconte ,si il est proche de la réalité ,bref si c’est un bon film ..... je laisse de côté RAS et avoir 20 ans dans les Aurès ,trop orientés .... le seul que j’avais trouvé vraiment bien,c’était la 317 eme section qui relatait bien les combats d’Indochine .... ceux qui n’ont pas vécu ces évenements ( je parle du conflit AFN ) ne peuvent pas comprendre l’exact climat de l’époque où le monde sortait de plusieurs guerres ,en plein processus mondial de crises et de décolonisation ,et nous étions des jeunes gens qui n’avions rien demandé ,souvent peu informés ,il n’y avait que les journeaux et le journal parlé que peu de gens écoutaient en réalité ..... d’autant plus qu’à l’armée ,la presse et les infos ainsi que le courrier étaient censurés ...... mais nous nous sommes battus pour la France parce que c’était ce que l’on nous avait appris ,et nous avons tous eu le sentiment de faire notre devoir ......

    Maxim ,ancien du 11eme bataillon parachutiste de choc .....


    • Emile Mourey Emile Mourey 9 octobre 2007 13:20

      @ Maxim

      Bon commentaire. Félicitations !


    • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 13:47

      @auteur

      « Quand on reçoit un ordre inacceptable, on doit le refuser ».

      justement,cette phrase est faite pour rendre acceptable l’inacceptable.nous dervions nous dissuader de la répéter naivement.

      je crois que le filme ne sera pas aussi bon que le documentaire.

      @MAXIM

      beaucoup de sympathisants allemands nazis ont plaidé au moment de leur défense : nous pensions agir en conformité avec le sentiment patriotique .

      la véritable fidélité aux valeurs française aurait du vous convaincre que la seule issue possible était de pendre les armes contre la France coloniale..aucune excuses quand il s’agit de combattre un système raciste surtout quand celui-ci est véhiculé par des prétendus héritiers de la révolution des droits de l’homme .on dirait même que c’est la raison fondamentale qui aurait du pousser l’ensemble des colons français du côté du FLN.la liberté ,c’est toujours elle qu’il faut choisir.


      • Bulgroz 9 octobre 2007 14:14

        L’histoire de la décolonisation est intéressante car elle nous aide à comprendre l’avenir, quand les Français en auront ras le bol, ils dégageront sur des bateaux tous les Fouad arabo musulmans et autres africains de France.

        La décolonisation de la France et de l’Europe est inéluctable. Il faudra plus de bateaux, c’est tout.


      • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 14:36

        pauvre Bulgoz, en être encore à chasser les « bougnoules »...

        reportez-vous à la 8.59,on parle de vous mieux que moi.


      • haddock 9 octobre 2007 15:04

        Fouad

        Halte , là tu déconnes ,

        Comparer les jeunes recrues allées combattre en Algérie à des sympatisants nazis , ou construire un amalgame de ce genre est contraire à l’ honnêteté élémentaire .

        Et comme dit Maxim , faut avoir vécu cette période de nos pays pour en comprendre les aboutissants .

        Au-dessus de ça , je dis que les guerres , toutes les guerres , c’ est des saloperies à éviter de toute urgence .


      • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 15:43

        Cher ami,

        d’abord ne personnalisez pas quand on parle de la situation algérienne...je l’avais déjà remarqué.

        ensuite, la comparaison avec le cas allemand signifie dans mon esprit une seule chose:que nombre de sympathisants au régime nazi étaient mûs par les mêmes sentiments que vos petits soldats français prêts à servir la mère partie.les hommes sont les mêmes.le jeune allemand qui croit servir sa nation n’est pas plus terrible que le jeune soldat français.

        les allemands ,quand on les interroge aujourd’hui et quand ils arrivent à être sincères ne disent pas autre chose que Maxime.

        1- nous étions de jeunes soldats dévoués et ne pouvions connaître la nature des choses.

        2- il fallait être là sur place pour comprendre la compléxité et blablaba.

        .le paralèlle entre les jeunes allemands sympathisants du National-socialisme(nazisme) et les français est donc du même ordre,car beaucoup de jeunes allmemands,aussi naifs et innoncents que le soldat français d’Algérie, ignoraient la nature du régime nazi.et alors ? en quoi cela peut-il se justifier retrospéctivment.

        il n’y a donc pour ma part strictement rien à sauver sinon la liberté.

        comme dit, prenez-vous-en à l’Etat colonial français ,c’est lui qui a condamné une partie de ses soldats à faire cette sale guerre coloniale.


      • Vincent Frédéric Stéphane 9 octobre 2007 16:14

        En fait, je réagis à Bulgroz. La présence d’une minorité importante d’origine étrangère sur le sol français est évidemment liée au fait que la France a été un pays colonisateur (avc une pondération liée notamment à la proximité géographique). Cette présence n’est en aucun cas comparable avec celle de colons qui dirigent le pays et ravalent la population autochtone au rang de citoyens de seconde zone. Par ailleurs, j’attire l’attention des lecteurs sur le terrible handicap que fait peser sur les Français le fait d’avoir colonisé ! Pour qu’un peuple en colonise un autre, il faut qu’il ait été convaincu qu’il lui était supérieur, d’une manière ou d’une autre. Et le complexe de supériorité qui en résulte est très long à soigner, plus long que l’éventuel complexe d’infériorité causé chez les colonisés (je dis bien, ici, éventuel). Bref, le travail de décolonisation des esprits a timidement commencé et risque d’être très long !


      • Bulgroz 9 octobre 2007 16:58

        Je comprends votre point de vue, Vincent, mais comment comprendre ceux qui bien installés chez nous glorifient la guerre de libération, exigent devoir de mémoire, repentance, reconnaissance de la culture arabo musulmane, le droit au voile, au menu halal et à une gynécologue femme ... alors même que des millions de jeunes algériens n’ont qu’une seule espérance : venir en Europe.

        L’histoire n’est pas figée à la glorieuse guerre d’indépendance algérienne. Quand les Algériens ont estimé que la somme des emmerdements générés par la présence des Français était supérieure à la somme des bienfaits, ils les ont virés.

        Quand les Français penseront que la balance de ces mêmes emmerdements et bienfaits générés par les population arabo maghrébine et africaine sera négative, ils les mettront à la porte de gré ou de force. On parlera alors de glorieuse guerre de libération nationale française.

        Cela risque de se produire plus vite que l’on ne croit, quand on réalisera que des majorités musulmanes auront gagné des majorités dans certaines communes et que ces mêmes musulmans y installeront la charia, écoles et tribunaux islamiques, les Français arrêteront de faire de la pédagogie et on oubliera les principes démocratiques.

        Ce n’est pas ce que je souhaite, c’est ce que je crains.

        Tout montre que les choses vont, chaque jour, dans ce sens


      • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 17:13

        en fait c’est je crois impossible.nous sommes devant une impasse historico-psychologique qui depasse la cadre de la guerre d’Algérie.

        mettez ensemble un enfant de Harki,un enfant d’immigré maghrébin, un pied noir(sans oublier les judéo-arabes d’origine), un français de la métropole qui est pour, ou contre ,les bienfaits de la colonisation et on a l’impression d’être en pleine guerre d’Algérie malgré toutes ces années écoulées.

        pourquoi ? parce que nous sommes tjrs en présence des mêmes causes,qui étaient bien antérieures à la colonisation.à vrai dire.

        Nous leur avons contruit des routes disent-ils encore en 2007.Et alors ?


      • maxim maxim 9 octobre 2007 14:25

        @à Emile Mourey ....merci mon Colonel !

        @ Fouaidraiden ... je ne me suis pas battu pour de la politique ,à l’époque je ne savais même pas ce qu’était la droite et la gauche ,j’y suis allé comme tous ceux qui y sont allés parce qu’il était normal de faire son devoir ,son devoir de soldat !


        • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 14:34

          alors prenez-vous-en à tous ceux qui à l’époque savaient et vous ont menti et entraîner dans une guerre coloniale, et arrêtez de nous brandire à la face votre boulot de p’ti soldat sans conscience.

          les hommes sont libres ou ne le sont pas.c’est quoi cette logique à la con...le passé de soldat aux ordres ne vous excuse pas.

          la vérité c’est que vous avez fait le choix le plus facile:celui de suivre les autres.


        • Zalka Zalka 9 octobre 2007 17:32

          Fouad vous êtes une fois de plus trop simpliste. C’est toujours facile 40ans après de décréter qui sont les gentils qui sont les méchants, puis de célébrer les « gentils » combattants en conspuants les « idiots » qui se sont laissés entrainer par les méchants.


        • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 17:59

          alors appliquez votre théorie de la complexité de l’univers à tout le monde et ne nous la sortez pas uniquement quand elle vous arrange à dédouaner des bourreaux.

          etre métis c’est pas très intéressant on dirait surtout si c’est pour répéter ce que tous les autres vous poussent à dire.« moi Msieur je savais pas et puis c’est compliqué tt ça..... »

          il y a des cas où la simplicité est le seul critère de démarcation disponible pour juger les bons des méchants .ET je me demande ENCORE comment les Algériens ont mis 130 ans pour jeter dehors des racistes.

          ce qui est valable pour quelques-uns doit le rester pour tous les autres.


        • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 21:45

          oui bien sûr personne ne savait rien....jusqu’au grand jour.individuellement personne n’est jamais responsable bien que tout le monde aient eu pu avoir intérêt objectif à faire durer le système colonial le plus longtemeps possible.

          la situation actuelle démontre bien que les types que vous avez laissé là-bas étaient loin d’avoir intériorisés vos principes administratifs.oui,nous avons encore des bandits sur le dos.l’indépendance ce n’est la liberté.

          pour des gens qui croient avoir apporté aux indigènes la liberté, je vous trouve bien mou sur ce coup.


        • Vincent Delaury Vincent Delaury 9 octobre 2007 16:04

          « en tant qu’ancien combattant d’AFN ,j’irai voir ce film ,pas pour un voyeurisme quelconque ,mais pour vérifier le contenu ,et ce qu’il raconte ,si il est proche de la réalité ,bref si c’est un bon film... » (maxim)

          Oui, je crois que c’est la bonne chose à faire. Et, après, revenir ici pour exprimer votre ressenti n’en sera que plus intéressant. Mais attention, ce film est entre le film d’action et le film d’Histoire. Pour la véracité historique, malgré son « réalisme documentaire », ce film risque d’être décevant pour vous. Enfin, vous nous direz...


          • CAMBRONNE CAMBRONNE 9 octobre 2007 17:00

            BONJOUR A TOUS

            Merci à l’auteur pour cette excellente présentation qui donne envie d’aller voir le film .

            MAXIM je suis d’accord avec vous et j’irai le voir avec le même état d’esprit .RESPECT aux anciens .

            Je conseille de voir ou de revoir « l’honneur d’un capitaine » autre film de Schoendorffer et celui là sur la guerre d’algérie. « Le Crabe tambour » aborde un peu la question algérienne.

            Je viens de voir « indigènes » qui est un bon film avec un jeu d’acteurs remarquable . Les acteurs « indigènes » sont remarquables mais , hasard ou volonté de l’auteur les acteurs qui interprettent les officiers français sont particulièrement transparents et fallots .Même pas méchants . Le sous off pied noir : Martinez est excellent .

            Je me souviens de l’époque du lancement de ce film et de l’article de Patrick Adam qui nous invitait à nous méfier .Il avait raison mais heureusement on n’est pas tombé dans le piège régulièrement tendu de la repentance .

            J’ai intentionnellement attendu que le battage retombe et que canal le diffuse .Je ne regrette rien .

            "Indigènes est un des rares bon film de guerre français et j’espère que l’ennemi intime sera aussi bon .

            Salut et fraternité .


            • Gazi BORAT 9 octobre 2007 18:54

              @ cambronne

              « L’honneur d’un capitaine » est un film excellent, comme tous ceux qu’a produit Schoendorffer...

              « La bataille d’Alger » aussi, car on ne peut lui dénier une certaine honnêteté, dans le portrait du colonel français ancien résistant et déporté et aussi dans celui des soldats français de second plan qui ne sont pas montrés comme des monstres..

              Le film connut même le destin curieux d’être présenté à l’instruction des soldats américains appelés à combattre en Irak.. ce qui est une preuve de reconnaissance..

              Le conflit algérien furt une déchirure..

              Mon pêre combattit en Indochine de 1947 à 1954 et fut affecté ensuite duex ans au Cambodge.

              A la sortie du maquis, il s’engagea dans la première armée, combattit en Alsace et fut ensuite affecté en Allemagne. Il fut volontaire pour l’Indochine.

              Cette guerre avait pour lui un sens. Il fut affecté à un petit poste dans la forêt, au milieu de supplétifs locaux, apprit le vietnamien et un dialecte des montagnes. Il pensait sincèrement combattre pour défendre les villageois menacés par le communisme dans leur culture et non pour les intérêts des planteurs de caoutchouc...

              Il ramena de ce pays des crises récurrentes de paludisme et une nostalgie qu’il garda jusqu’à sa mort..

              Il en parlait souvent..

              Par contre, du conflit algérien, il ne parla quasiment jamais. Je sais seulement que, à l’époque major et gaulliste convaincu, il arrêta des officiers qui tentaient de faire basculer le régiment dans l’OAS et reçu longtemps après encore des menaces de mort dans son courrier..

              Un jour, encore gamin, je lui demandai, alors qu’il parlait de la Résistance :

              « Alors en Algérie, les Français, c’était les Allemands des Algériens ? »

              Il me répondit par l’affirmative..

              Contradiction ? Peut-être..

              Tout comme le colonel de la Bataille d’Alger...

              La torture en moins. ?.

              gAZi bORAt


            • imrou imrou 9 octobre 2007 17:50

              J’ai vu ce film hier....j’en suis encore bouleversé.

              Je suis né en 1954 dans un village du constantinois (Jemmapes/Azzaba)et je me souvient encore du bruit des mitrailleuses et des grenades (nous habitions presque à la sortie du village...Nous dormions sous les fenêtres à cause des balles perdues qui criblaient la façade et je collectionnais les douilles vides.

              Cela dit, je ne comprenais évidemment rien à l’époque. Nous allions tous, « arabes », pieds-noirs, juifs, « français de France » à la même école et réellement je ne ressentais aucune différence....sauf les « arabes » qui étaient particuliérement pauvres, ce qui n’empêchait pas certains d’entre eux d’être parmi les meilleurs de la classe.

              Mais je m’égare...

              Bon, sur le film : je ne me sens absolument pas le droit de porter un quelconque jugement sur les appelés, qui ont fait pour la plupart d’entre eux ce qu’on appelle « le devoir patriotique ».

              Je peux également comprendre l’évolution psychologique du lieutenant Terrien et celle du vieux baroudeur joué par Dupontel (excellent).

              Je regrette toutefois l’absence d’explication sur les motivations du FLN et sur les causes profondes de la révolte...aspect pédagogique qui manque au film, un peu trop synthétique.

              Cette guerre avait plus d’importance par ses aspects politiques que par les opérations militaires proprement dites.

              Il faudra un jour expliquer pourquoi une guerre manifestement perdue militairement par l’ALN pour des raisons évidentes (puissance de l’armée française, asphyxie des maquisards par la mise en place de la ligne Morice à la frontière tunisienne) a été quand même gagnée politiquement par des diplomates Algériens qui n’avaient pas le certficat d’études (un "bienfait de la colonisation) ?

              Qu’est-ce qui a poussé ces gens à décider de s’attaquer à la 3éme puissance mondiale de l’époque jusqu’à recouvrer leur indépendance et surtout leur dignité ?

              On pourra discuter jusqu’à la fin des temps des moyens employés de part et d’autre : personnellement, je pense que la sauvagerie et la férocité étaient égales.

              Enfin, dernière question que je me pose : quand sera analysée la cause profonde de la guerre civile qu’a connu l’Algérie et qui se trouve en partie à mon avis dans les affrontements enttre Algériens au début de la guerre.

              Comme le dit à un moment Dupontel, le terrorisme employé par le FLN (massacre de Melouza)était d’abord une « guerre du pauvre » et aussi un moyen d’éradiquer les autres mouvements tendant à l’obtention de l’indépendance et non pas de la sauvagerie gratuite.

              Dernière et plus importante question aux donneurs de leçons de tous bord : qu’auriez-vous fait ?

              Moi, j’avoue que je ne sais pas.


              • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 18:01

                mauvaise question.


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 9 octobre 2007 18:13

                IMROU

                Merci pour votre témoignage remarquable d’ intelligence et de coeur .

                Vous posez toutes les bonnes questions et les poser c’est déja y répondre .

                Salut et fraternité.


              • imrou imrou 9 octobre 2007 18:59

                Tu réagis de manière épidermique... Je me sens autant Algérien que toi, cela ne m’empêche pas de réfléchir. Tu sais trés bien que l’Histoire est enseignée de manière mythique des 2 côtés. Il n’y a pas de mauvaises questions, il n’y a que de mauvaises réponses. Tu viens d’en donner la preuve. Fraternellement quand même.


              • Gazi BORAT 9 octobre 2007 19:06

                @ Imrou

                « ... été quand même gagnée politiquement par des diplomates.. »

                Ce qui m’étonne encore plus, c’est que De Gaulle aie lâché si facilement le Sahara alors qu’au départ des négociations, il était question de le conserver dans l’orbite française, avec un statut sur mesure..

                Peut-être qu’un jour verra la publication des archives des négociations..

                gAZi bORAt


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 9 octobre 2007 20:46

                MON CHER GAZI BORAT

                Vos deux interventions sont très intéressantes .

                Je m’incline devant le témoignage de votre père et si vous connaissez Denoix de saint marc vous savez qu’il a lui aussi commandé des supplétifs en indochIne et qu’il a été obligé de les abandonner . Il en a été marqué à vie et son passage au putch et à l’OAS en sont la résultante .

                Je crois que la comparaison entre l’armée allemande en france et l’armée française en algérie ne tient pas pour un Tas de raisons que nous avons déja souvent évoquées .

                J’admets cependant que nous avons certainement des oradours dans nos placards mais quelle armée n’en a pas ?

                Quant à DeGaulle ses agiographes disent que s’il a cédé aussi facilement en particulier sur le sahara c’est parce qu’il en avait marre et voulait faire sa grande politique internationale tant qu’il en avait la force . Il avait très peur de mourir avant d’avoir accompli son destin. Et pour lui son grand destin ne passait par l’algérie peuplée d’arabes et de pieds noirs pétainistes.

                Comme vous l’avez compris mon cher Gazi Borat je ne suis pas particulièrement gaulliste surtout sur la question algérienne . L’indépendance, oui mais pas comme ça en mentant à tout le monde en laissant massacrer des gens qu’on avait forcé à se mouiller pour nous .

                Enfin le de gaulle résistant a pour moi été bien gommé par le second .

                Même les indépendances en afrique noire se révèlent pas nettes du tout CF les actions de MESSMER au Cameroun .

                Sur ce je vous souhaite une bonne nuit .

                Vive la république quand même.


              • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 21:33

                Imrou,

                je suis marocain mais c’est évidemment la même chose. je voulais dire que poser la question suivante ,qu’aurait-on fait dans les mêmes conditions ,quel sens cela peut-il avoir aujourd’hui ? ce n’est pas le problème d’autant que la réponse à cette question est évidente:les français,engagés dans cette guerre coloniale, auraient agi de la même façon ainsi que l’autre camp.et alors ?

                réfléchir ce n’est pas multiplier les questions byzantines mais c’est comprendre comment et pkoi les algériens se sont laissés domnier 130 ans par des racistes(c’est le système colonial européen) qui les ont pillés pendant qu’ils somnolaient dans leur campagne berbéro-arabe.et ils en sont encore là les Magrhébins ! la preuve:nous sommes ici.

                ton compatriote.


              • snoopy86 9 octobre 2007 23:10

                @ imrou et gazi

                remarquables commentaires que les vôtres

                Imrou, j’ai 3-4 ans de plus que vous. Il se trouve qu’à l’âge de 8 ans je me suis retrouvé à Bône (Annaba) où mon père, officier de renseignement, qui a fait cette guerre de 1955 à 1961 avait fait venir sa famille aprés mai 1958, lorsque exista un temps cette illusion que nous pouvions tous être « Français de Dunkerque à Tamanrasset ». J’ai vécu ces moments plus confortablement que vous ; je n’en garde pas moins le souvenir des filets anti-grenade au bord de la plage, de Saïd et Mustapha deux ralliés qui jamais ne nous perdaient de vue, ma soeur et moi. Souvenir aussi de l’école publique du Lever de l’Aurore où nous les « francaoui » cotoyions les arabes et les pied-noirs sous la houlette d’un instituteur qui, comme UT, passait ses week-ends à garder les points stratégiques pour que les soldats du contingent prennent du repos.

                Les vieux soldats comme mon père, qui avaient fait la fin de la deuxième guerre mondiale et l’Indochine, vous diraient que cette guerre fut relativement facile, parce qu’ils avaient tout appris et tout analysé de la guerre révolutionnaire en Indochine. Ils ont en conséquence longtemps gardé l’amertume d’une victoire volée, amertume amplifiée par le sort de leurs compagnons les harkis. Pour les non-professionnels du contingent, ni endurcis ni formés c’est une autre histoire..

                Imrou, je peux vous donner un autre témoignage, c’est celui du respect des guerriers entre eux. J’ai été témoin de la rencontre, à la fin des années 60, entre mon père et un général algérien qui avait été son « ennemi intime » de l’autre côté du « barrage ». Il n’existait entre ces deux hommes, qui des années durant s’étaient farouchement combattus en soldats que du respect et que du mépris pour les auteurs des horreurs inutiles où pour ceux qui volent au secours de la victoire.

                Et comme vous l’avez si bien dit, qu’aurions nous fait ?

                Nos pères parlent où parlaient de ce qu’ils ont vécu, Maxim sait de quoi il parle ( et pour ceux qui l’ignorent, le 11éme Choc dont il faisait partie, c’est l’élite de l’élite ), nous n’avons nous aucun droit de donner des leçons de derrière nos claviers...


              • Gazi BORAT 10 octobre 2007 06:34

                @ Cambronne

                « Comparaisons »

                Je suis d’accord avec vous concernant la comparaison entre armées françaises et allemandes mais j’indique le contexte de cette réflexion : j’étais très jeune, à une époque où la télévision nationale diffusait régulièrement tout ce que la France avait produit de films sur la résistance, avec une vision pas toujours très nuancée, du « Père tranquille » à « l’armée des Ombres » en passant par « la bataille du rail ».

                Tel était mon univers de références à cette époque..

                Avec, pour compliquer la chose, trois oncles alsaciens « malgré nous » fort sympathiques et qui portèrent l’uniforme des méchants allemands que je voyais à l’écran.. ce qui m’évita de tomber dans une lecture trop manichéenne des évènements historique.

                C’est une des raisons pour laquelle je trouve le cinéma de Schoendorffer extrèmement juste et, si je me souviens bien, on trouve même dans la 317° section un adjudant alsacien, Willsdorf, qui sort à peine du front de l’est.

                Ses films, d’ailleurs, ont des amateurs dans un public qui rassemble à la fois des anciens combattants nostalgiques et même des pacifistes « forcenés », ce qui n’est pas courant..

                gAZi bORAt


              • Gazi BORAT 10 octobre 2007 07:02

                @ cambronne (bis)

                « A propos de De Gaulle ».

                En évoquant Dunoix de St Marc, vous posez la question du choix et de la fidélité.

                Dunoix de St Marc se sentit un devoir de fidélité çà l’égard de population qu’il estimait avoir eu en charge de défendre, au moment où le pouvoir auquel il devait obéissance infléchissait sa politique.

                Mon pêre estimait, lui, qu’un militaire doit rester avant tout légaliste et obéir aux ordres, même contre son opinion personnelle.

                Vous pourrez me rétorquerez que certains vichystes firent de même et vous n’aurez pas tort..

                Il est certaines époques où garder ses repères n’est pas chose aisée..

                gAZi bORAt


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 10 octobre 2007 10:47

                GAZI BORRAT

                Parfaitement en phase avec vos deux derniers commentaires .

                La 317ème section fut notre film de référence quand j’étais Officier élève à Saumur . Il y a à peu près tout sur le plan pédagogique et ce petit sous bite était notre miroir .

                Ce blanc bec face à Willsdorf qui avait fait le front russe dans la Wermacht , c’était nous à la sortie d’école .

                Merci pour vos témoignages qui venant de quelqu’un comme vous , pas visiblement marqué à droite apportent des éléments de réflexion d’une rare valeur à une époque de pensée prémachée .

                Vive la république quand même .


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 10 octobre 2007 10:51

                SALUT SNOOPY

                Toujours aussi pertinent dans tes commentaires .

                Toutes mes amitiés .


              • Gazi BORAT 10 octobre 2007 16:25

                @ snoopy

                « Guerre révolutionnaire »

                Désolé de répondre aussi tard..

                La guerre d’Indochine fut effectivement une guerre révolutionnaire et elle fut beaucoup plus difficile que les « évènements » d’Algérie.

                Si l’on ajoute le fait que la première fut menée par des volontaires pour la plupart tout juste sortis du deuxième conflit mondial et qu’en Algérie par contre, la majorité des combattants étaient des appelés dont c’était le premier baptème du feu, cela fait réfléchir.

                De plus, les Vietnamiens, non contents de mener une véritable guerre révolutionnaire disposait d’un stratège hors pair : le Général Vo Nguyen Giap. Celui-ci sut réaliser une synthèse entre beaucoup de stratégie chinoise, un peu d’écrits de Mao Tse Toung et une étude sérieuse de Napoléon Bonaparte.

                Le FLN algérien n’eut pas d’équivalent.

                Je persiste à croire aujourd’hui que la guerre ne fut pas menée par l’ALN algérienne comme une véritable guerre révolutionnaire. La conscience politique des moudjahidine n’était pas la même que celle des bo-doï et le sentiment nationaliste n’était pas complètement installé, l’Algérie, même de nos jours restant très régionaliste.

                Par contre, des tacticiens français, dont le colonel Trinquier, particulièrement marqués par Dien Bien Phu, le pensèrent et appliquèrent un modèle de lutte contre-guerilla qui était peut-être décalé au début du conflit et qui radicalisa la lutte du côté algérien.

                On peut en trouver la preuve dans un écrit fameux « Les damnés de la terre » de Frantz Fanon, qui évoque les difficultés à faire naître un esprit national dans la population algérienne.

                De plus, les Vietnamiens utilisèrent contre le corps expéditionnaire français en Indochine des techniques de guerre psychologique, véritablement révolutionnaires sans équivalents dans le conflit algérien.

                Ils pirataient les fréquences radio françaises avec des opérateurs sans accent et mon père me raconta que la nuit, isolé dans un poste, il entendait lire son courrier récupéré par les partisans viet-minh lors de partachutage approximatif.. Ce qui donnait, annoncé par haut parleur installés dans la forêt :

                « Sergent chef X, ta fille vient d’avoir huit ans, elle pense à toi, elle travaille bien à l’école et elle a une nouvelle maïtresse.. Viens nous rejoindre si tu veux la revoir un jour.. »

                Je n’ai jamais entendu de choses telles sur le conflit algérien..

                Cependant, la grande différence avec la situation en Indochine est que l’Algérie était une colonie de peuplement, avec des populations françaises installées depuis plusieurs générations, ce qui n’était pas - sauf rares exceptions - au Vietnam.

                gAZi bORAt


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 10 octobre 2007 16:46

                GAZI BORAT

                Je viens de lire votre dernier post et une fois de plus je suis d’accord avec vous sur le sujet .

                Pour l’indo , lire les livres de Bodard (si ce n’est déja fait)qui sont à mon avis les meilleurs sur la question .

                En indo nous n’avons jamais dominé notre sujet . Malheureusement nous n’avons fait que subir un adversaire plus intelligent et plus déterminé, lui même aidé de façon sérieuse à partir de 1949 par la chine .Un bref éclair sous le commandement de de lattre qui a été le seul à faire peur aux viets .

                En algérie nous avons dominé notre sujet mais comme dans certains match , dominer n’est pas gagner .

                Nous avons perdu diplomatiquement cela est sur car notre époque coloniale était révolue et que nous avions contre nous les US , l’URSS et le tiers monde ce qui fait beaucoup .

                Nos politiques et nos chefs militaires ont été en retard non d’une guerre car nous avions acquis quelques savoir faire mais d’une époque .

                Tout le monde n’a pas un Mountbatten sous la main .

                Salut et fraternité .


              • imrou imrou 10 octobre 2007 17:46

                A fouadairien : que la colonisation ait été un crime énorme (oui, on peut parler de génocide culturel), que les « indigénes » aient toujours été traités en « sujets », qu’il y ait des racistes, oui, d’accord.

                Cela ne nous n’exonére pas de nos propres turpitudes, et ceci dans tous les pays du Maghreb.

                Cela ne doit surtout pas nous empêcher de nous demander pourquoi des pays qui devraient ressembler à la Californie sont dans l’état qu’ils connaissent actuellement.

                Tu penses que ce sont des questions byzantines ?

                Que la responsabilité des ex-colonisateurs soit largement engagée, c’est une chose.

                Que la seule réponse trouvée pour réagir soit la barbarie intégriste en est une autre.

                Je me fous éperdument que les Français s’excusent ou pas.

                A la limite, comme disait ce pourri de Hassan 2, c’est en ce qui me concerne un méchoui franco-français.

                80% de la population de mon pays n’a pas connu la guerre et vit dans la misére alors que l’Etat (ou la maffia qui en tien lieu)dispose de 100 milliards de dollars de réserve.

                Chez toi c’est pareil avec votre abruti de M6 et chez les Tunisiens avec leur tyranneau de Ben Ali qui va bientôt refonder une dynastie de beys.

                C’est toujours entiérement la faute des Français ?

                Je te rappelle que nous en sommes au moins à la 3éme génération de paumés depuis les indépendances.


              • imrou imrou 10 octobre 2007 17:49

                excuse-moi, j’ai écorché ton pseudo. Fraternellement


              • Gazi BORAT 10 octobre 2007 18:17

                @ CAMBRONNE

                Puisque vous êtes passionné du sujet : un excellent site que je vous recommande sur les questions stratégiques & militaires :

                http://www.stratisc.org/

                Il apparait aujourd’hui que la part d’idéologie (communiste) dans la stratégie asiatique serait moindre qu’on ne le pensait autrefois.

                On trouve par exemple dans Sun Tze, des passages où il recommande d’utiliser les troupes aux travaux des champs entre les campagnes pour ne pas les laisser inactives et se mettre de son côté les populations civiles.

                Ce que fit Mao Tse Toung sur une grande échelle..

                gAZi bORAt


              • CAMBRONNE CAMBRONNE 10 octobre 2007 19:54

                MERCI pour le lien cela m’a l’air très intéressant .

                Amitiés


              • fouadraiden fouadraiden 11 octobre 2007 14:48

                Imrou

                mais qui parle de cela,qui accuse les français actuels dans la misère des pays maghrébins ?

                placer ici une discussion sur la misère des arabes postcoloniaux quelle significatioin cela peut-il avoir sinon celle de laisser croire aux ex-colons que leur raisonnement sur le rôle positf de leurs méfaits criminels auraient été justes ? lisez les comnentaires ,ils ne disent presque rien d’autres.

                ça n’a rigoureusement rien à voir.

                il n’y a aucune excuse , pretexte ni contexte possible dans cette affaire.les bourreaux il faut les condamner sans meme chercher à les écouter .la thérapie les concerne.

                la décolonisation avait pourtant clos ce débat inutile.

                quant à la misère de nos pays elle nécessite un autre angle d’approche.


              • imrou imrou 11 octobre 2007 17:59

                Je ne sais pas comment ça se passe au Maroc, mais en Algérie dés que quelque chose ne va pas le gvt (sans tromper personne) accuse « la main de l’étranger ».

                Je suis d’accord avec toi pour le reste.

                Je te propose si tu le souhaite de poursuivre le débat « en privé » puisque là nous sommes hors sujet.

                Saha ftorek wa Aïdek mabrouk.


              • daniel 9 octobre 2007 19:38

                J’ai vu « l’ennemi intérieur » moi aussi.

                Je n’ai pas été convaincu par le « filmage » : j’avais l’impression de voir du sous Oliver Stone.

                Les acteurs par contre sont trés bien , bien que manifestant une tendance forte au cabotinage (Dupontel en particulier : n’est pas Lino Ventura ou Gabin qui veut...).

                Pour le reste le film a le mérite de montrer , même si c’est discrétement, le caractére profondément nazi des « libérateurs » algériens. Massacres de populations civiles musulmanes ou européennes de Melouza à Wagram, mensonges éhontées (jamais le FLN n’a voulu négocié quoi que ce soit), barbarie savante et torture généralisée , le FLN est sans doute responsable de 90 ou 95 % de morts musulmans de la guerre.

                Ce que le film ne montre pas c’est le million d’européens vivant sur la terre algérienne, quotidiennement soumis à la terreur et à l’horreur.... Ces pieds noirs s’étaient battu pour la Libération de la France 10 ans plus tôt (en % 10 fois plus nombreux que les fameux « indigénes ») et la France les a laissé choir 15 ans plus tard.... Quand au sort des Harkis génocidés par l’Etat Algérien au mépris des traités conclus et de la parole donnée, c’est à pleurer...

                Mais il est vrai que tout le monde s’en fout et qu’un génocidaire comme Bouteflika peut venir parader en toute impunité dans nos hopitaux.... Ne reste plus qu’ à célebrer la sainteté de Kagamé et à béatifier Pinochet...

                Mon pére a combattu dans les maquis, puis dans la 9éme DIC , puis l’Indochine et l’Algérie. S’il a conservé un souvenir ébloui de l’Indo malgré les horreurs de la guerre, l’Algérie ne lui a laissé que de l’amertume. Mais si le combat lui semblait vain, l’adversaire FLN ne lui inspirait que du dégoût ....


                • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 22:19

                  pourtant la juste cause était de leur côté et c’est la seule chose que nous devons retenir, car les mythes en histoire ça ne sert qu’à ça. votre père ,ce qu’il en pensait ,l’histoire s’en contrefout.


                • haddock 9 octobre 2007 20:52

                  Ne serait il pas adéquat , à l’ instar de De Gaulle avec Adenauer en Allemagne , de trouver ce qui nous réunit , plutôt que de chercher ce qui nous sépare avec l’ Algérie ? Ne serait-on pas mieux ensemble que séparés ?


                  • fouadraiden fouadraiden 9 octobre 2007 21:23

                    ce n’est pas la même chose.même en temps de paix on les traite encore comme des colonisés.

                    il serait de temps de comprendre pkoi !


                  • haddock 9 octobre 2007 23:25

                    Fouad ,

                    seulement une question de volonté , de part et d’ autre ...


                    • albert 10 octobre 2007 09:39

                      Il est certain que résumer en moins de deux heures ce qu’ont vécu ceux qui, victimes de l’état civil, ont servi de 54 à 62 en Algérie est une gageure difficilement tenable. (Chacun réagira en fonction de son souvenir, vécu ou non) Cependant qu’à cette occasion il soit possible de rendre hommage à ceux qui, Rappelés, Appelés, Maintenus, Supermaintenus, ont passé jusqu’à 32 mois sur le territoire ; Sans oublier ceux qui non content de satisfaire à leur obligations de Service National, ont souhaité ,avec abnégation , comme appelés, volontaires officiers de réserve « assurer aussi la charge du commandement »

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