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Commentaire de Renaud Bouchard

sur Avion civil russe. Crime et Châtiment : la punition viendra


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Renaud Bouchard Renaud Bouchard 2 novembre 2015 21:53

@Passante
La présence de l’Égypte et celle du Maréchal SISSI auprès de l’Arabie Saoudite relève d’un double intérêt : diplomatique et financier.
cf. ci-après une bonne analyse de la question (mars 2015), mais toujours valable.

Le chaos yéménite a forcé les 22 États membres de la Ligue arabe, réunis à Charm el-Cheikh pour leur sommet annuel, à prendre position en faveur d’une force de sécurité régionale sans perdre de temps en palabres. "L’Égypte donne son soutien politique et militaire et a proposé de rejoindre la coalition", a annoncé le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Shoukry, à l’ouverture, mercredi, du sommet panarabe. Dès le lendemain, une coalition de neuf pays, menée par l’Arabie saoudite, commençait à marteler les positions des milices chiites au Yémen.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des avions de combat saoudiens avaient déjà entamé des raids sur Sanaa, capitale aux mains des milices houthies depuis septembre 2014, dessinant les contours d’une déclaration de guerre. L’Égypte, pays hôte de la Ligue arabe et pivot de la stabilité dans la région, annonçait dans la foulée l’envoi de quatre navires dans le golfe d’Aden, la mise à disposition d’une force aérienne et de troupes « pour une opération terrestre, si nécessaire ».

Objectif ? Assurer son allié saoudien, principal bailleur de fonds du régime d’Al-Sissi, de son « aide politique et militaire » indéfectible. "Rien n’est gratuit, rappelle Amr Khalifa, analyste politique. Il est naïf de croire que les milliards du Golfe dont est abreuvé Al-Sissi sont distribués sans un lourd tribut à payer. S’il n’affirme pas son soutien, il risque une suspension de l’aide économique à un moment où l’Égypte ne peut pas se le permettre." Pour Nael Shama, spécialiste de la diplomatie égyptienne, cette participation à la coalition est « symbolique » mais elle permet surtout au Caire, soucieuse de sa propre sécurité avec l’avancée de groupes terroristes comme l’EI, de plaider pour la création d’une force militaire arabe. "C’est l’occasion pour le président égyptien de rappeler son attachement à un État fort, lui qui privilégie les pouvoirs en place, aussi subversifs soient-ils, contre les puissances alternatives indépendantes."

Cette intervention soulève également des interrogations légitimes puisqu’elle voit s’associer les meilleurs ennemis de la région : l’Égypte fait front aux côtés du Qatar, soutien assumé des Frères musulmans, contre lesquels les autorités égyptiennes ont lancé une répression d’une violence sans précédent, pour soutenir un président yéménite, lui-même appuyé par la confrérie.

Mais ce soutien n’est pas « un luxe de politique étrangère », tempèrent les spécialistes, car la déstabilisation du Yémen met à mal la sécurité du détroit de Bab-el-Mandeb et du canal de Suez, menaçant directement les intérêts économiques du Caire. « Le Yémen est une affaire très risquée », insiste Amr Khalifa, qui rappelle qu’en 1962, Gamal Abdel Nasser s’était lui aussi engagé chez son voisin avec des pertes considérables (plus de 36.000 morts) dans ce que les historiens qualifient de "Vietnam égyptien« . Et »en voulant s’imposer comme le nouveau Nasser auprès de sa population, Sissi risque de s’engager dans une guerre impersonnelle et mal évaluée qui pourrait lui être fatale", prévient-il.

Jenna Le Bras, correspondante au Caire (Egypte) - Le Journal du Dimanche

dimanche 29 mars 2015



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