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Commentaire de Céline Ertalif

sur Sarkozy, ou le triomphe des passions tristes


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Céline Ertalif Céline Ertalif 12 mai 2007 00:29

Bien que DW irrite beaucoup de monde, de temps en temps il nous gratifie de commentaires qui valent le détour. En l’occurrence, je suis partiellement d’accord avec celui-ci, mais la perception d’un enjeu est toujours première par rapport au choix des options.

Avant tout, je trouve cet article excellent pour la matière utile au décryptage qu’il apporte. Ce n’est pas l’article d’un tacticien, le parti pris est voyant et manque parfois de mesure, à mon avis - que personne n’est obligé de partager.

Je dirais volontiers que Sarkosy est un professionnel de la démagogie et que le meilleur élève de Berlusconi en est exécrable. Pour autant, tant qu’il est professionnel il garde de la distance entre sa pratique politique et son propre discours politique. Il y a toujours un risque qu’un homme finisse par croire à ce qu’il profère et soit contaminé lui-même par sa force de conviction, mais on en est pas là - et sur ce point l’article de Taiké donne trop de flanc.

La France existe tant que les français y croient et c’est vraiment un problème. Objectivement, c’est de moins en moins une réalité. A cause des intérêts capitalistes « surnationaux » comme dit DW. A cause aussi de communautés humaines qui se délocalisent. Nous sommes dans une société où les communautés sont de moins en moins contraintes par la proximité dans l’espace mais de plus en plus gouvernées par les affinités électives. A commencer par la langue bien entendu.

Le temps où la politique nationale pouvait se présenter comme la politique tout court, tellement l’horizon était conditionné par le fait national, est révolu. Mais il faudra sans doute longtemps pour que nos concitoyens en prennent la mesure et retrouvent de nouveaux repères. La notion de « passion triste » est vraiment une bonne idée dans cet article. La force de Sarkosy est de se servir du credo national pour profiter d’une inquiétude sourde sur l’affaissement de la réalité nationale. La France est une passion triste, au sens précis de Deleuze rappelé par Taiké Eilé : la tristesse c’est l’affect en tant qu’il enveloppe la diminution de la puissance d’agir. On ne saurait mieux dire.


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