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Commentaire de Taïké Eilée

sur Les Français doivent-ils avoir peur de leur futur « chef » ?


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Taïké Eilée Taïké Eilée 17 avril 2007 22:16

L’article de « Marianne » est assez alarmiste (et alarmant) dans le portrait qu’il trace de Sarkozy. Les témoignages abondent, qui nourrisent cette méfiance envers le candidat de l’UMP. Je ne sais pas si cette peur est pleinement justifiée - ce que je précise d’ailleurs dans mon article. Les slogans du type « Sarko facho », qu’ils visent juste ou qu’ils soient complètement à côté de la plaque, sont de toutes façons contre-productifs, fatigants, exaspérants... La diabolisation, de manière générale, est rarement la bonne méthode, et ce n’est pas une attitude intelligente. Il faut donc tenter de garder la mesure. Mais ce n’est pas simple face à ce bonhomme-là, qui fait tout ce qu’il faut pour susciter la suspicion quant à sa dangerosité.

Ses propos sur le déterminisme génétique des suicidés et des pédophiles (la liste ne s’arrêtant sans doute pas là) dénotent une conception de l’homme (et a fortiori de la société) très préoccupante. On a raison de s’en préocupper. Sarko, « sans complexes », veut lancer le débat... sortir de la « pensée unique »... Un peu comme Le Pen il y a dix ans qui voulait « ouvrir un débat » sur l’inégalité des races ? Je ne compare pas les deux personnages, je compare leurs propos, car ils me semblent comparables. Dans les deux cas, ce n’est pas anodin, et c’est aux scientifiques de se prononcer sur de tels sujets, pas aux politiciens incompétents en la matière, qui n’ont pas à lancer ce genre de « débats ». Et les scientifiques, à ce que j’en sais, ont donné tort aux deux hommes. Pas de déterminisme génétique (et pas d’inégalité entre les races, dans la mesure où il n’existe pas de « races » -au sens biologique du terme- à l’intérieur de l’espèce humaine). Je note qu’hier, Patrick Poivre d’Arvor, sur TF1, a interrogé Sarkozy sur cette déclaration, lui a demandé si parfois il pouvait reconnaître qu’il avait tort, faisant remarquer qu’il se montrait très sûr de lui et qu’il faisait peur à nombre de Français. Nicolas Sarkozy n’a pas répondu, il a esquivé la question.

Alors, non, il ne faut pas céder à des peurs irrationnelles, il ne faut pas scander des slogans toujours un peu bêtes, mais les raisons objectives de désaccord et même d’aversion envers Sarkozy existent bien et ont tendance, de plus en plus, à se multiplier. Dérapages en cascades, comportement autoritaire et déclarations incendiaires envers ses propres soutiens (« Marianne » donne pas mal d’exemples), menaces aux journalistes, faible respect de la séparation des pouvoirs, dénonciation sur le sol américain de l’arrogance de Dominique de Villepin dans son discours mémorable à l’ONU, envie de chambouler l’esprit républicain (non communautaire et laïc) français... Alors, certes, sans doute Sarko n’est-il pas un dictateur en puissance, comme Le Pen n’était sans doute pas non plus la réincarnation de Hitler (sortons des fantasmes et des raccourcis faciles !), mais comme le disait Jacques Chirac lui-même (cité dans « Marianne ») : confier le pouvoir à Sarkozy, c’est « comme organiser une barbecue partie en plein été dans l’Estérel ». Incendie garanti.


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