Vous savez pourtant bien que Bakounine n’était pas un ignorant, et que
pour lui cette matière qu’il décrit, c’est l’énergie sous toutes ses
formes et les lois physiques que nous connaissons...
Si Bakounine ne fait que redéfinir un mot, il ne change alors que les termes du langage... Quel intérêt, si ce n’est pour embrouiller les esprits et empêcher toute discussion ? Il serait intéressant de voir dans quel contexte Bakounine a fait cette affirmation...
Il est possible qu’on lui ait fait comprendre que la manière dont il utilisait le terme « matière » était contradictoire avec sa définition usuelle, puis que, poussé dans les cordes, il déclara en avoir une définition particulière... Hélas, en science, pour discuter, il faut avoir les mêmes définitions, sinon, c’est un dialogue de sourd.
Qu’en reste-t-il de cette redéfinition de la matière par Bakounine ? Rien. Aujourd’hui, en physique, la matière suit toujours des lois, la matière est toujours inerte.
Mais qu’est-ce qu’une idéologie ? Science des idées, de leur rapport avec les signes qui les représentent. Ockham dit : Une pluralité ne doit pas être posée sans nécessité. Autrement dit : Une pluralité de signes...
Le principe d’Ockham est donc de fait une idéologie : il permet de choisir entre plusieurs idées selon le critère du nombre de signe minimal. [Notez : le terme idéologie n’est pas dans mon esprit nécessairement péjoratif].
J’ai montré de plus qu’il était nécessaire de prendre en compte, pour toute théorie induite, l’inconnu résiduel, ce que, à la suite de Leibniz, j’ai appelé Dieu. Vous noterez d’ailleurs que le seul signe « Dieu » suffit à tout expliquer, ce qui correspond donc parfaitement au rasoir d’Ockham.
Ce sont les faits qui montrent que la matière n’a pas d’intelligence.
Il ne s’agit que d’une abstraction fidèle à la réalité observée.
Maintenant, que ces constats tirés du réel entrent en contradiction logique avec le fait de notre existence en tant qu’êtres intelligents dans ce réel est exact. C’est un paradoxe qui obéit à une raison inconnue.
Mais supposer que la matière ait une intelligence par elle-même pour « résoudre » ce paradoxe, reviendrait à supposer le contraire de la réalité factuelle, et donc toutes les déductions que l’on tirerait de telles prémisses seraient fausses.
L’inconnu n’est le contraire du connu qu’en terme de connaissance, pas en terme de vérité. Poser le faux comme prémisse de connaissance, c’est s’illusionner.
Si ce que Bakounine disait était vrai, la génération spontanée serait déjà observée et le principe d’inertie souffrirait de tant d’exception qu’il se montrerait régulièrement faux.
Or, dans notre monde réel, jamais la génération spontanée n’est observée, jamais le principe d’inertie n’est pris en défaut. Toute la réalité nous montre que la matière est inerte. Supposer le contraire, c’est supposer le contraire de la réalité.
La position de Bakounine revient donc à poser un principe faux.
Or toute déduction logique pour être valide ne peut que s’appuyer sur des prémisses vraies et vérifiées. En supposant une prémisse fausse, Bakounine ne peut donc que déduire des faussetés et des illusions.
JL : Non, il s’agit de l’extériorité inéluctable de la dernière raison des choses, que vous ne pouvez percevoir, puisque vous la croyez en vous et donc ne la cherchez qu’en vous.