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Commentaire de Christian Labrune

sur Dans les facs et les lycées la colère monte, manifestation le 1er février #NonALaSelection


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Christian Labrune Christian Labrune 31 janvier 2018 21:33

@lloreen
« au nom du principe d’égalité » on considère que chaque être humain a la même valeur intrinsèque, celle-ci ne se mesurant pas en monnaie sonnante et trébuchante ou aux poids de ses diplômes
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@lloren
Que tous les hommes aient la même valeur et les mêmes droits à une vie décente, cela ne fait aucun doute, mais ce que vous écrivez va précisément contre ce principe. Dans l’école qui a précédé celle que nous connaissons et qui s’est effondrée au milieu des années 80 à cause d’une politique désastreuse voulue par les socialistes, ceux qui venaient des milieux les moins favorisés socialement, s’ils travaillaient, s’ils « s’accrochaient », comme on disait familièrement, avaient à peu près les mêmes chances d’obtenir des diplômes sérieux et valorisants que les enfants de la bourgeoisie parce que, partout, la qualité de l’enseignement était à peu près la même. Ce n’est plus le cas.

A partir des années 90, on a commencé à observer que dans les grandes écoles, le pourcentage d’enfants issus des milieux où l’on peine à joindre les deux bouts devenait de plus en plus faible. Le système actuel est désormais celui d’une école à deux vitesses : les bourgeois font tout ce qu’ils peuvent pour envoyer leurs enfants dans les « bons » lycées au centre des villes, où on continue de dispenser un enseignement moins dégradé que celui des banlieues. Il y a aussi de très bons établissements privés, mais cela coûte cher. Ces enfants-là pourront entrer sans difficulté dans les universités ou préparer les grandes écoles. Ils prendront la relève des parents et deviendront les cadres du système économique. En simplifiant un peu grossièrement : il y a désormais une école pour les riches et quelque chose pour les pauvres qui ne mérite plus le nom d’école.

Dans les banlieues (j’ai connu le 93) il y a déjà longtemps que, dans les établissements-garderies, l’émulation s’est inversée. L’élève qui travaille est méprisé, c’est un « bouffon ». On attend « d’avoir son bac », mais on peut être en première et n’avoir pas le niveau d’expression écrite qui était requis dans les années 60 pour l’entrée en sixième. Comment enseigner efficacement quelque chose dans des classes où un grand nombre d’élèves n’ont même pas le vocabulaire et les notions élémentaires qui leur permettraient de comprendre les cours des professeurs ? Quand, enfin, on « a » son bac, on peut évidemment entrer à l’université, mais un très grand nombre d’étudiants seront très vite éjectés ou partiront d’eux-mêmes dans les six premiers mois, avec le sentiment d’une profonde injustice. Ils se rendent compte alors que le diplôme qu’on leur a généreusement bradé vaut à peu près ce que vaut la fausse monnaie. Ils se seront sentis bien aise d’être trompés sur leur niveau réel durant leurs études au lycée, mais d’un seul coup, ils ne peuvent plus se raconter les belles histoires que s’inventait leur paresse. Le choc est rude.

Dans le monde professionnel, la belle notion d’égalité n’aura jamais le même sens que dans la déclaration des droits de l’homme. On est compétent ou on ne l’est pas, et cela se voit immédiatement. Même si la chirurgie cardiaque ressemble un peu à la plomberie, il n’y a personne qui, ayant le choix entre un chirurgien compétent et bien formé et un plombier, préfèrerait se faire réparer la tuyauterie par un spécialiste de la robinetterie des salles de bains.
Sur le plan politique, le citoyen plombier et le citoyen chirurgien se valent bien face aux urnes un jour d’élections, mais professionnellement, on ne pourra jamais remplacer l’un par l’autre.

 


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