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Commentaire de Christian Labrune

sur Pantalonnade autour de l'ambassade américaine à Jérusalem


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Christian Labrune Christian Labrune 11 décembre 2017 11:52

@Padehic
Les auteurs que j’ai cités ne font effectivement pas partie de ceux que Waleed al-Husseini appelle « les collaborationnistes de l’islam radical ». Ils ne demanderaient pas mieux, tout comme moi, que les Juifs et les Arabes, en France comme au Moyen-Orient, vécussent en bonne intelligence. Leur ennemi, ce ne sont pas les musulmans, mais les Frères sectateurs de Hassan el-Banna interdits un peu partout mais qui ont encore pignon sur rue en France, dont vous pouvez consulter le site de propagande (UOIF) et dont les thèses, radicalisées par Sayied Qutb (que Nasser fit pendre en 1966) [*] sont les premières causes des attentats qui ont ensanglanté la France ces dernières années. L’idéologie du Hamas et du Jihad islamique aussi bien que celle d’un Califat désormais ratatiné découle directement de cette lecture littéraliste du Coran. Si vous lisez le verset 5 de la sourate IX, vous comprendrez sans que j’aie à vous faire un dessin : ce qui s’est passé au Bataclan en est l’illustration directe.

Quand on a vu l’an passé l’Etat français s’associer à cette mouvance pour voter une résolution négationniste à l’UNESCO tendant à nier la présence historique des Juifs en Palestine, et même l’existence d’un temple détruit en 70 par les légions de Titus sur le Mont du Temple ; quand on a vu le malheureux Valls obligé de rendre des comptes d’une forfaiture qui s’était commise alors qu’il était premier ministre et donc implicitement responsable, et devoir immédiatement manger son chapeau devant l’Assemblée nationale, on peut se poser un certain nombre de questions. Si la l’Etat français (comme on disait dans les années 40) n’est pas antisémite, c’est que le Quai d’Orsay, qui l’est d’une manière évidente, ne représente absolument pas la France. Il ne serait donc plus à Paris qu’un diverticule du Qatar ou de l’Iran, ou une ambassade destinée à la valorisation de leurs politiques.

Le bouquin de Bensoussan (Une France soumise) comporte dans sa deuxième partie un certain nombre d’analyses assez convergentes faites par des intellectuels connus, mais ce qui fait son intérêt, c’est que la première partie est une suite de témoignages de gens qui ne sont pas des écrivains (et ça ne rend certes pas toujours la lecture plus agréable !) mais des citoyens qui travaillent dans les banlieues et qui décrivent comme ils peuvent ce qui s’y passe. C’est horrible, mais beaucoup moins que ce que j’ai pu connaître dans tel lycée du 93 où j’ai enseigné douze ans, jusque dans les premières années de ce siècle, c’est-à-dire jusqu’à la parution des Territoires perdus de la République. (2002 si mes souvenirs sont bons) qui était déjà un recueil de témoignages publié par le même auteur et que la presse de l’époque avait préféré évoquer le moins possible. C’était l’époque du grand déni où un Jospin préférait que l’Education nationale étouffât toute information sur ce qui pouvait s’y passer, « pour ne pas jeter de l’huile sur le feu ». Il faut cependant reconnaître qu’on n’est toujours pas sorti du déni : tout le monde sait que Jérusalem est la capitale d’Israël, comme Paris est la capitale de la France, mais les Tartuffe qui, comme Macron, vivent dans la trouille, préfèreraient qu’on n’en dise rien. Très mauvais calcul dont on ne cesse, depuis des années, de payer les conséquences au prix fort !

[*] Il n’est pas facile de trouver des traductions de Sayied Qutb, mais Gilles Kepel dans Jihad - Expansion et déclin de l’islamisme, paru au début du siècle, en analyse les théories d’une manière extrêmement fouillée. Kepel s’était un peu trompé en parlant d’un déclin de l’islamisme et il s’en mord les doigts, mais seulement de quinze ans : c’est maintenant que le déclin s’amorce.


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