La mondialisation heureuse contre l’économie réelle : Partie II : Le mystère de l’inflation déguisée (2/3)
La seconde explication, celle qui montre pourquoi l’inflation mécanique due au gonflement monétaire n’a pas eu lieu, se retrouve dans plusieurs travaux récents, dont celui-ci est une bonne synthèse :
Sans rentrer dans trop de détails techniques, il faut rappeler que la masse monétaire est « compartimentée ». Aussi, le raisonnement d’une création monétaire engendrant de l’inflation doit-il être nuancé. Les travaux mentionnés rappellent que deux agrégats monétaires sont fréquemment suivis par les économistes. L’agrégat M0 représente l’ensemble de la monnaie fiduciaire en circulation additionnée aux réserves de l’ensemble des organismes de crédit (IFM) auprès de la Banque centrale. L’agrégat M2 représente l’ensemble de la monnaie fiduciaire à laquelle on ajoute les comptes de dépôt à vue des particuliers et entreprises, ainsi que les dépôts à préavis de moins de 3 mois et les dépôts à terme de moins de deux ans. Schématiquement, M0 représente la « base monétaire » accessible seulement par le secteur financier professionnel (hors monnaie fiduciaire qui est commune à tout le monde) et M2 la masse monétaire disponible immédiatement ou à court-terme par les particuliers et les entreprises. M0 est « l’argent du monde financier », M2 celui des particuliers et des entreprises.
Historiquement, M2 et M0 étaient fortement corrélées. Toute augmentation de la base monétaire par création monétaire se répercutait en facilités de crédit et inversement toute facilité de crédit par abaissement des taux générait des dépôts. La création monétaire comme l’abaissement des taux engendrait ainsi à la fois une reprise d’activité économique et une inflation. Si la première croit plus vite que la seconde, la relance du moteur économique est réussie. Dans le cas contraire, l’inflation a gâché l’action de relance.
Or, notamment à partir de 2008, l’on observe un gonflement de M0 sans accroissement correspondant de M2. Particulièrement en 2008, la base monétaire a presque doublé sans que les liquidités disponibles pour les particuliers aient pratiquement bougé :
Ainsi, M0 et M2 se sont retrouvées « compartimentées ». La création monétaire par les banques centrales n’a pas été redistribuée en possibilités de crédit. Qu’est-elle devenue ? Simplement, les banques privées les ont placées en réserves auprès de la Banque centrale. Le quantitative easing n’a pas « ruisselé » vers les particuliers et les entreprises mais est resté en rétention principalement dans les instituts financiers. Pour cette raison, l’inflation telle qu’elle est mesurée, par un indice des prix à la consommation, n’a pas augmenté. Il n’est guère étonnant de constater que les banques commerciales ont amélioré leurs réserves : ce n’est nullement dû à une gestion plus rigoureuse, mais à une distribution gratuite de liquidités.
Modération salariale, emplois précaires et rétention de la création monétaire au niveau de la base monétaire M0, voici les trois explications « mécaniques » de l’absence d’impact du quantitative easing sur l’indice des prix à la consommation.
(à suivre)
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