Vendeur : attention au voleur !
Devons-nous dire que nous sommes vendeur ?
Devons-nous dévoiler auprès de nos proches que nous exerçons le métier de vendeur et en sommes fiers, ou devons-nous ne rien dire et nous cacher ?
En France, le vendeur est très aisément confondu avec un voleur : c’est ce qui résulte d’une étude que tout un chacun peut mener auprès de son entourage. Il est correct que de penser et d’affirmer, dans notre culture judéo-chrétienne, que l’acte de vente est maudit, que parler d’argent est malsain. C’est un lieu commun que de rappeler qu’en France, il est préférable de courtiser la femme de son voisin ou de son meilleur ami plutôt que de demander au mari : "Dis, toi, tu gagnes combien ?"
Alors voici la question que nous devrions nous poser : pourquoi tant de battage médiatique sur les vendeurs ?
Nombreux sont les magazines qui font leur première de couverture sur les thèmes :
- Comment recruter vos futurs meilleurs vendeurs ?
- Comment garder vos vendeurs ?
- Comment accroître la motivation de vos vendeurs ?
- Savoir se vendre, tout un art !
- Vos vendeurs sont les premiers salaires de votre entreprise ?
- Comment payer vos vendeurs ?
Etc. En une année, plusieurs dizaines de pages de couverture ont traité ce sujet, si tabou en France et pourtant si banal en lui-même. Par ailleurs, remarquez bien qu’aucune couverture de magazine ne traite de sujet identique pour les médecins, les curés... Je me rappelle qu’à l’époque où j’ai débuté ma carrière de vendeur, un soir, lors d’un dîner, j’ai répondu à la fameuse question : "Et vous, vous faites quoi dans la vie ?", que j’exerçais le métier de vendeur, et qu’il était plaisant et très agréable de pouvoir apporter une solution au problème d’un client, et que souvent la relation commerciale engendrait une relation amicale...
Enfin, je commençais à argumenter... Et je continuais à faire mon métier.
Et à ce moment, la personne me rétorque, en me coupant la parole, que les vendeurs ne pensent qu’à l’argent, qu’ils cherchent à arnaquer « leurs clients », qu’ils ne sont jamais présents dans les entreprises, qu’ils gagnent trop d’argent pour ce qu’ils font, qu’ils sont tout simplement des « voleurs » .
Et là, les exemples pleuvent de tous les côtés de la table, et tous les corps de métiers y passent : les vendeurs de canapés, les vendeurs de voitures, les vendeurs d’assurances, les vendeurs d’aspirateurs, et j’en oublie certainement.
Mais je me souviendrai aussi toujours de l’entretien d’embauche que j’ai passé dans une multinationale familiale française, leader mondial dans son métier, où le PDG lors de la signature de mon contrat de travail, m’a dit, droit dans les yeux : Cher Monsieur, bienvenue dans notre entreprise, mais sachez que vous, en tant que vendeur, vous êtes le mal nécessaire de mon entreprise.
Le plus amusant, c’est que durant cinq années consécutives, ce même PDG m’a remis le « premier prix de la performance commerciale » de cette entreprise... La vie est surprenante !
Alors la vie a continué, ma carrière aussi, et j’ai persisté à répondre à cette fameuse question, en affirmant que mon métier était passionnant, enrichissant et que j’étais un vendeur et extrêmement fier de l’être, alors que mes copains ont substitué des expressions telles que :
- Je suis « conseiller de clientèle »
- Je suis « ingénieur commercial »
- Je suis « responsable comptes clés »
- Je suis « chargé de relation avec les clients »,
etc.
Je confirme, encore aujourd’hui, que d’une certaine façon, si les entreprises se développent, progressent et maintiennent des emplois, c’est qu’il y a sur les routes des vendeurs.
De véritables mercenaires à la recherche de chiffre d’affaires pour faire tourner les machines des industries, valider des contrats de services divers, faire que la France soit très bien positionnée internationalement dans le monde des affaires.
Enfin, pour vendre !
Des vendeurs qui sont, quotidiennement, confrontés à la demande de plus en plus pressante et exigeante des clients, à l’obsession de certains chefs d’entreprise, hélas trop nombreux, qui sont des financiers sans âme, et à la critique de l’entourage de chacun d’entre nous.
Alors aujourd’hui, j’entends les critiques sur tel ou tel PDG qui récupère ses « stocks options » de manière jugée abusive, certains qui touchent des primes parachutes exorbitantes ou bien des primes de départ astronomiques et des retraites illimitées pour plusieurs générations.
Que représentent les faibles rémunérations des vendeurs de nos entreprises, en comparaison de ces exemples ? Et je pense au travail difficile à fournir aujourd’hui pour décrocher une malheureuse commande d’un client qui ne paiera peut-être jamais, et le vendeur ne recevra pas, par conséquent, sa rémunération.
Cet écrit n’a pas pour objectif de me montrer fort sur la profession qui a, d’ailleurs, un très bon représentant en la personne de Monsieur Jacques Chirac, premier VRP de la République, mais d’apporter simplement un éclairage sur les dires et affirmations de certains de nos concitoyens sur un métier qui, lorsqu’il est bien exercé, est plus que passionnant.
Il est un véritable mode de vie.
J’espère alors que dans quelques années, chacun sera fier de compter parmi son entourage un vendeur, comme certains sont fiers d’avoir à leurs côtés un notaire, un médecin ou un curé...
A bon vendeur
Gm noel.
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