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Accueil du site > Tribune Libre > Trump vs Musk, ou l’effarant pugilat

Trump vs Musk, ou l’effarant pugilat

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« Ça suffit ! Tout cela va mal tourner. Arrêtez de vous battre ! » Voilà ce que l’on pourrait dire à deux gamins qui se bagarrent dans une cour d’école. Hélas ! ce ne sont pas deux pré-adolescents, perturbés par leur testostérone, qui nous offrent cet effarant spectacle, mais l’homme le plus puissant de la planète et l’homme le plus riche de la même planète... 

Il semble loin le temps où Donald Trump considérait Elon Musk comme son « first buddy » (meilleur pote). Désormais, Trump qualifie Musk de « fou » et laisse sans réagir son entourage lui tirer dessus à boulets rouges. À l’image de son ex-pote du 1er mandat Steve Bannon, lequel a affirmé que ce « Sud-Africain » – Musk est né à Pretoria – n’est en réalité qu’« un étranger en situation irrégulière » qui, en conséquence, « devrait être expulsé immédiatement ». Hors des allées du pouvoir, nombreux sont, dans les rangs de l’électorat trumpiste, ceux qui, à l’unisson de leur chef messianique – « Trump est en mission pour Dieu », a titré sans rire le réseau trumpiste Truth Social le 29 mai – vouent dorénavant Musk aux gémonies.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase – empli de fleurs aux parfums suaves symbolisant cette si touchante bromance entre les deux hommes – a été la réaction de Musk au « budget XXL » que Trump a réussi à faire voter par la Chambre des représentants – par 115 voix contre... 114 – en attendant le vote du Sénat : « Ce projet de loi budgétaire, énorme, scandaleux, et bourré de dépenses inutiles, est une abomination répugnante. Honte à ceux qui ont voté pour ! » Et pan sur le bec du Donald devenu le bad guy de la Maison-Blanche aux yeux du patron de Tesla et SpaceX, aussitôt placé par Trump sous la menace de « graves conséquences » – comprendre pour ses affaires – s’il soutient des sénateurs opposés à son méga-budget.

En l’occurrence, en voulant prolonger les crédits d’impôts qu’il avait fait voter lors de son premier mandat, Trump risque de faire s’envoler le déficit de l’État fédéral qui pourrait être porté à un niveau stratosphérique dans les 10 ans à venir : 4 000 milliards de dollars, affirment les analystes indépendants ! Et ce ne sont pas les 175 milliards de dollars économisés – au prix d’un chaos sans précédent dans l’Administration – par le DOGE (Département de l’Efficacité gouvernementale) en lieu et place des 1 000 milliards annoncés par Musk qui permettront de compenser cette abyssale fuite en avant. Qu’importe : comme toujours, ce sont in fine les classes populaires qui en paieront le prix. Et de cela ni Trump ni Musk n’ont rien à faire !

Après que Musk ait menacé de créer un parti concurrent des Républicains, The America Party, et que Trump ait brandi la menace de suspendre les juteux contrats fédéraux dont bénéficie Musk, les deux hommes ont mis un bémol à leur différend. Musk a même rétropédalé sur l’accusation qu’il avait portée à l’encontre de Trump, prétendument mentionné dans les dossiers secrets du réseau d’exploitation sexuelle mis en place par Jeffrey Epstein. Et pour cause : Musk a trop à perdre au plan industriel, notamment en termes de collaboration avec la NASA, même s’il est en position favorable dans ce domaine ; quant à Trump, il aura besoin de l’aide de Musk pour financer les candidats républicains lors des élections de mi-mandat.

À l’évidence, les deux hommes « se tiennent par les couilles » mutuellement, pour parler trivialement. Amoraux et cyniques l’un comme l’autre, nul doute que Trump et Musk, chacun doté d’une personnalité narcissique directement dépendante d’un ego hypertrophié, nous offriront dans les prochains mois, voire les prochaines semaines, de nouveaux épisodes de leur consternant show de virilité surjouée. Quand l’exercice du pouvoir est à ce point dominé par l’immaturité, pour ne pas dire la puérilité, seuls les caricaturistes y trouvent leur compte, certainement pas les citoyens !

À lire également : Donald Trump de A à Z (février 2025)


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35 réactions à cet article    


  • Radix Radix 11 juin 08:59

    Bonjour Fergus

     

    Une chose est certaine : ils ne défileront pas ensemble à la gay Pride !

    Radix


    • Fergus Fergus 11 juin 09:08

      Bonjour, Radix

      Voilà au moins un point d’accord entre eux.


    • SilentArrow 11 juin 09:10

      Ces deux là sont-ils assez gamins pour se conduire comme cela ?

      Ou sont-ils assez manipulateurs pour avoir mis en scène ce spectacle ?

      Mystère et boule de gomme.


      • Fergus Fergus 11 juin 09:20

        Bonjour, SilentArrow

        Je ne crois pas un instant qu’il y ait eu mise en scène tant le clash a produit d’effets dévastateurs (planétaires) en termes d’image de l’un comme l’autre.


      • Jason Jason 11 juin 09:49

        Bonjour, 

        Pour moi, ce n’est pas un pugilat effarant puisqu’on se trouve face à un combat de coqs qui se rentrent dans les plumes au milieu du poulailler américain.


        Ce qui compte c’est le spectacle, l’outrance et la provocation où les autres ne sont que spectateurs. Le gouvernement américain ou le règne du caprice et de la névrose collective.


        • Fergus Fergus 11 juin 10:23

          Bonjour, Jason

          « Ce qui compte c’est le spectacle, l’outrance et la provocation »
          Certes, et ces deux-là en sont des spécialistes. Mais comme en toutes choses, il y a des limites à ne pas dépasser. 
          Il semble qu’il l’aient momentanément compris. Mais pour combien de temps ?


        • Jason Jason 11 juin 10:55

          Bonjour, Fergus

          Mais, ils ont dépassé les limites, en pissant sur leur propre constitution et en instaurant un droit du caprice. Trump n’est qu’un voyou politique soutenu par une majorité de crétins, immatures et tarés depuis longtemps. Je connais très bien ce pays.

          Ce pays aime les records, l’hyperbole, l’extravagant, le jamais vu, et surtout une morale à deux balles. Les américains ont des idées bien arrêtées sur tout, mais ils en changent tous les quart d’’heure.


        • Fergus Fergus 11 juin 11:45

          @Jason

          « Trump n’est qu’un voyou politique »
          Je partage votre opinion sur ce personnage.

          « soutenu par une majorité de crétins, immatures et tarés depuis longtemps »
          Je n’aurais pas formulé cela de cette manière. Mais, hélas ! force est de reconnaître que cela semble plutôt vrai. Notamment dans les rangs des évangélistes et des décérébrés qui avalent les pires bobards.
          Ceux qui pensent notamment que Trump est « antisystème » alors qu’il est devenu l’un des principaux moteurs de celui-ci au détriment des classes populaires, et notamment des plus faibles, ravalés avec mépris au rang de « losers ». 


        • amiaplacidus amiaplacidus 11 juin 15:14

          @Fergus :
          ---

          « Trump n’est qu’un voyou politique »
          Je partage votre opinion sur ce personnage.

          Je dirais plutôt : Trump n’est qu’un voyou. Ses magouilles avec la pègre new-yorkaise à propos de déchets de construction le démontre amplement.


        • Fergus Fergus 11 juin 16:56

          Bonjour, amiaplacidus

          Je ne suis pas au courant des « magouilles avec la pègre new-yorkaise », mais venant de cet individu, rien ne m’étonne plus.


        • Aristide Aristide 11 juin 11:37

          C’est une constante du comportement de Trump, les antécédents les plus remarquables sont Steve Bannon, Mickael Flynn, Rudy Giulianin ou Allen Weisselberg. Avec plus ou moins de fracas public, en fonction de ce que Trump souhaite faire passer comme message ....

          Chez nous, et dans tous les pouvoirs, ce comportement existe sous une forme feutrée quoique, néanmoins aussi violente. Les deux amis de plus de trente ans, Chirac et Balladur, Mitterrand et Rocard, Pompidou et Chaban-Delmas, Fillon et Coppé, Hollande et Royal, Fabius et Jospin, Sarkozy et Villepin, Le Pen et Philippot, ...

          Tous les hommes et femmes de pouvoir ont horreur de l’ombre, d’autant plus qu’elle vient de son camp ou de ses obligés...


          • Fergus Fergus 11 juin 11:48

            Bonjour, Aristide

            Je partage assez largement votre point de vue.
            Une différence quand même : en France, les oppositions frontales se font sur des idées, pas sur la base d’ahurissants bobards comme c’est trop souvent le cas aux Etats-Unis. 


          • Aristide Aristide 11 juin 13:03

            @Fergus

            Des idées ? Il me semble que ce seraient plutôt des ambitions, des luttes de pouvoir…

            L’arrivée de Trump a quelque chose de bien, malgré tout les débordements du personnage, c’est qu’il fait à la vue de tous ce qui avant se passait en coulisses, seulement connu d’une minorité de personnes… La plus flagrante a été l’affaire Mazarine qui était connu du « tout Paris » mais n’avait jamais passé le cap d’une conférence de rédaction... On a bien vu le cas d’une gifle présidentielle, ou du scooter hollandais, mais c’est l’exception…

            Est-ce un bien, est-ce un mal, je dirais que je m’en tamponne tellement illustratif de la déchéance du politique et de ses représentants.


          • Fergus Fergus 11 juin 13:18

            @ Aristide

            « Il me semble que ce seraient plutôt des ambitions, des luttes de pouvoir »
            En effet. Mais plus ou moins habilement habillées dans la forme par des pistes d’action politique inscrites dans des projets politiques.

            Un type comme Trump ne s’embarrasse pas de cela : il manie avant tout l’insulte et n’hésite pas à relayer les pires conneries pour brosser l’électorat dans le sens de ses instincts les plus vils (souvenez-vous à cet égard des « Haïtiens qui mangent les chiens et les chats »).


          • Aristide Aristide 11 juin 13:44

            @Fergus

            Un avantage avec Trump, inutile de trop réfléchir pour discerner le vrai du faux. Nul besoin d’être fin analyste politique pour distinguer ce qui est du domaine de la communication et le réel.

            Il me semble que nous avons dans nos partis le même penchant à ne pas reconnaitre le réel… L’islamo-gauchisme ? Une invention de la droite !!! Une immigration en constante évolution ? Un effet de loupe !!! Un lien entre immigration et criminalité ? Un mensonge !!! Un laxisme judiciaire ? Une méconnaissance du sujet !!! ...

            Est-ce vraiment mieux ?


          • Fergus Fergus 11 juin 17:02

            @ Aristide

            Ce n’est pas de même nature en France : d’un côté, on minimise un problème, de l’autre, on le monte en épingle à des fins électoralistes. Mais sans tomber dans les outrances trumpistes.


          • Aristide Aristide 12 juin 11:17

            @Fergus

            on minimise un problème, de l’autre, on le monte en épingle à des fins électoralistes

            Vous trouvez que LFI, par exemple, n’use (et abuse) sans complexe de cette négation du réel !!!

            Ah, bien sûr, notre Mélenchon est bien plus fin politique que Trump, pas bien difficile. Il essaie de ne pas trop entrer dans cet activisme désordonné et démagogique qui caractérise le Président des États-Unis. Pourtant, Mélenchon ne manque jamais à être confronté à des anciens discours où il dit l’inverse de ce qui l’arrange maintenant…

            Alors oui, Mélenchon, et ce n’est le seul, ne lutte pas dans la même catégorie démagogique que Trump, mais dans une lutte de second couteau, il instrumentalise les mêmes sujets, essayant de se distinguer pour flatter son électorat préféré.


          • Fergus Fergus 12 juin 11:33

            Bonjour, Aristide

            J’ai moi-même dénoncé les affligeantes postures de LFI  et de son gourou à différentes reprises !


          • Aristide Aristide 13 juin 15:43

            @Fergus

            En moins caricatural, le déni du réel de LFI est de même nature, pas au même degré. Contrairement au distinguo que vous faisiez...


          • pasglop 11 juin 11:55

            Quand Musk se rendra compte, malgré la mégalomanie qu’il est fier d’afficher (et le public d’apprécier), que ses batailles d’ego avec Trump comment à porter préjudice à ses petites affaires, notamment financières, il en rabattra. 

            Musk sans l’état fédéral, c’est tout de suite beaucoup moins de soutien public.

            Business as usual...


            • Fergus Fergus 11 juin 12:58

              Bonjour, pasglop

              Musk met évidemment ses propres intérêts industriels avant les questions idéologiques.
              Or, entre Trump, assuré de rester en poste jusqu’à la fin de son mandat, et lui, c’est évidemment Musk qui a le plus à perdre.
              Raison pour laquelle il se répand en regrets d’être « allé trop loin » depuis 24 heures. 


            • Rémy Rémy 11 juin 21:17

              Lol, ça fait parler les couillons, le théâtre !  smiley

              https://x.com/Resistance_SM/status/1932813077919002939


              • Fergus Fergus 11 juin 22:45

                Bonsoir, Rémy

                Lorsqu’on surjoue son rôle au point de dépasser les limites en allant au clash, on se met en danger. Dès lors, il n’y a pas d’autre issue que de surjouer un autre type de rôle : celui de la feinte réconciliation.


              • Rémy Rémy 11 juin 23:40

                @Fergus
                 
                Sauf s’il s’agit d’une mise en scène avec des objectifs précis, comme par exemple débusquer des traîtres infiltrés, parler des dossiers explosifs Epstein à grande échelle et d’autres finalités......
                C’est un des modus operandi habituels de Trump qu’il a déjà utilisé à maintes reprises pour faire sortir les loups du bois......


              • Jean Keim Jean Keim 12 juin 08:08

                Trump et Musk... à chacun son ubris qui est à la mesure des États Unis d’Amérique.

                Le pouvoir ne se partage pas, dans l’antique Rome, il ne pouvait y avoir à terme qu’un seul César, c’est ainsi également que le conçoit, dans les apparences, notre mielleux président.

                En fait, comme la plupart d’entre nous, ils sont ‘’inconsciemment’’ le jouet de leur mode de penser ; certains religieux se demandent si Satan existe, la réponse est évidente : celui-ci est le mouvement de la pensée dévoyée.


                • Fergus Fergus 12 juin 08:37

                  Bonjour, Jean Keim

                  « ils sont ‘’inconsciemment’’ le jouet de leur mode de penser »
                  Autrement dit, soumis à leurs pulsions mentales.

                  Plutôt que « mouvement », je dirais , pour reprendre votre allusion religieuse, que Satan est le nom de « la pensée dévoyée ».


                • Mustik 12 juin 10:07

                  Y’ a pas de quoi se gausser, nos Présidents de la République ne valent pas mieux à partir de Giscard le diamantaire...

                  Avec le dernier, on a installé et réinstallé un malade mental, dévergondé au Palais.

                  Après avoir provoqué les G J , il a même préparé son exfiltration de l’Elysée en hélico dit-on ?

                  Notre peuple est complètement avachi, même les flics, nos défenseurs, se laissent marcher sur les pieds...

                  France : débandade à tous les étages


                  • Fergus Fergus 12 juin 10:20

                    Bonjour, Mustik

                    « nos Présidents de la République ne valent pas mieux à partir de Giscard le diamantaire »
                    Désolé, mais vous comparez des actes sans commune mesure entre eux. Trump met en effet gravement à mal les institutions des USA dans une fuite en avant de nature autocratique .
                    Le fait est qu’en mobilisant illégalement  alors que la situation ne le justifie pas  la Garde nationale et les Marines en Californie, Trump met de facto de l’huile sur le feu. Et cela dans l’espoir que des émeutes émergeront ici et là en lui donnant le prétexte d’un état d’urgence.
                    Cela illustre parfaitement les graves dérives du pouvoir étasunien.


                  • xana 12 juin 10:49

                    Franchement ces histoires sontb ridicules. Mais ca fait les choux gras de tous les idiots qui passent trop de temps devant leur télé parce qu’ils ne sont plus en état de mignotter leur épouse...


                    • Fergus Fergus 12 juin 11:27

                      Bonjour, xana

                      « ridicules », certes, mais non moins importantes car elle touche le pays le plus puissant de la planète et montre à quel point ceux qui sont à la tête de l’état ont un comportement inquiétant tant il est puéril.


                    • xana 12 juin 11:08

                      Et puis... Fergus, il ne vous a pas traversé l’esprit que ce « déballage » était probablement intentionnel ?

                      Ou bien prenez-vous toujours les informations au premier degré ?


                      • Fergus Fergus 12 juin 11:30

                        @ xana

                        Comme je l’ai indiqué plus haut, je ne crois pas une seconde à l’intentionnalité de ce clash.
                        Ni Trump ni Musk n’avaient à y gagner !
                        Raison pour laquelle ils ont hier échangé des messages aimables  et parfaitement faux-cul pour tenter de désamorcer un malaise préjudiciable à l’un comme à l’autre.


                      • xana 12 juin 12:56

                        Ah bon si vous y croyez...

                        Moi pas.


                        • grangeoisi grangeoisi 13 juin 10:29

                          Bonjour Fergus,

                          Au moins aux Etats-unis les gens bougent, réagissent, pour cause, mais tant que le bouffi n’aura pas fait sa grosse boulette ça n’ira pas plus loin. Faisons lui confiance ça ne tardera pas ...


                          • Fergus Fergus 13 juin 11:13

                            Bonjour, grangeoisi

                            « Faisons lui confiance ça ne tardera pas » 
                            C’est aussi mon avis.
                            En attendant, ses rodomontades de campagne sont en train de se retourner contre lui dans la mesure où il a créé de fortes attentes, tant au niveau national qu’international. Or, plus celles-ci sont élevées, plus la chute risque d’être sévère.
                            D’ores et déjà, des sondages aux Etats-Unis donnent 60 % d’Américains critiques de sa politique. A suivre... 

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