• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > S’intéresser aux pauvres, est-ce de l’indécence (...)

S’intéresser aux pauvres, est-ce de l’indécence ?

JPEG

C’est la question à se poser. Car souvent leurs soucis sont repoussés sous le tapis. En général, tout le monde s’en contre-fiche de ces « ayants des besoins urgents », qui souvent viennent d’ailleurs, de pays impossibles à situer sur une carte et pour embellir le tout, baragouinent notre langue dans un sabir indéfini, pièges pour linguistes distingués. Cependant, quelle poésie !

De ce pas, je vais vous conter à partir d’une pépite repérée sur le Net, ce qu’est d’être désargenté dans ce Paris de l’an 25, bien après Jésus-Christ. Ils/elles sont juste-juste question pognon et statut social, mais pas en savoirs, connaissances et capacité de rire du pire, de bricoler et de se démerder. Voici donc le documentaire cinq étoiles Restos du Cœur : « Appartement proche Paris, charme atypique  », réalisé par Marion Angelosanto, elle-même habitante du lieu.

Pantin, ville de banlieue proche. Le talent vrai est de savoir donner le ton dès les premières images. D’une fenêtre, deux femmes regardent la cour intérieure de leur immeuble digne d’un bidonville de Calcutta. Un petit oiseau suicidaire court au milieu de nombreux rats. Ces rats, sont bien gras, jouent au jeu de la queuleuleu ce qui donne un ton plus léger au sujet. Ces rongeurs sont pourtant les vrais habitants de l’immeuble, car bien plus difficile à déloger que leurs « comparses » humains. Voilà, dès les premières minutes, le décor est posé, entre une étude sociale, humaniste et un film à sketches façon jacques Tati. Dès le départ, cette ambiance me rappelle le livre de Cavanna, Les Ritals et sa description du quartier italien de Nogent. En 1978, l’écrivain confiait en décrivant son quartier des années 30 : « les Ritals, ce sont aujourd’hui les bougnoules… Les seuls étrangers en nombre étaient les Italiens. » Un livre tout en gouaille, rires et d’entraides, teinté de chamailleries, comme en 2025 dans cet immeuble du quartier des quatre chemins au 32 avenue Jean Jaurès à Pantin.

L’instigatrice est Marion Angelosanto. Réalisatrice de ce documentaire, propriétaire d'un deux-pièces joliment rénové. C’est le quartier où ont vécu ses grands-parents immigrés italiens dans les années 50. Quatre ans après son installation, coup de massue. L’immeuble est frappé d’un arrêté de péril. Etre frappé d'un arrêté de péril cela veut dire qui présente un danger réel, notamment pour ses occupants. Ainsi, dans de telles situations, les propriétaires se verront obligés de réaliser des travaux afin d'obtenir la mainlevée de l'arrêté ou de quitter les lieux. Il y a des Fissures, de la corrosion, des moisissures, des fuites, des peintures toxiques, tout est de guingois... Le rapport de l'architecte conclut qu'il devra être envisagé un plan de redressement global de l'immeuble, portant aussi bien sur les campagnes de travaux que sur les habitudes de vie des occupants. Pour sauver l'immeuble, il faut refaire tout l'immeuble. Cout estimé ? Environ un million et demi d’euros… (Des normes très contraignantes, dans un marché immobilier en surchauffe, cherchez l’erreur.)

Les copropriétaires et locataires décident de donner un coup de propre pour prouver leur bonne volonté, avant de faire appel aux organismes d’aide à la réhabilitation. Peinture de la porte d'entrée et du hall, changement des boîtes aux lettres, réfection de la cour pour chasser les rats. Tout le monde se mobilise et se félicite du travail effectué, sous la houlette du nouveau syndic, une femme énergique et de caractère.

Je ne vais pas vous raconter le film, qui mérite d’être vu. Ce qu’il en ressort cinématographiquement, c’est qu’en 52 minutes, Marion Angelosanto raconte son histoire, mais aussi dénonce le mal-logement, les complexités administratives, la politique sociale défaillante et aussi, les dérives symptomatiques liées à notre époque et au quartier, avec les vendeurs de drogue, les squatteurs, la prostitution, le vandalisme et le chacun pour soi. D’ailleurs, un symbole de la course à l’échec : Rapidement le hall tout repeint et la porte d’entrée seront dégradés et tagués de nouveau… Et les rats de retour ?

Il faut le voir comme une tranche de vie avec ses difficultés et ses joies, telles : cette dame tunisienne qui vit là depuis vingt ans, qui a élevé ses quatre enfants dans 25 mètres carrés et qui parle avec nostalgie des bons moments. Une galerie de personnages attachants et réels : Sa voisine veuve, le monsieur du 5e escroqué par un marchand de sommeil, les ouvriers immigrés sans papiers qui n’hésitent pas à se relever les manches pour participer aux travaux, le pharmacien du rez-de-chaussée qui donne un coup de main financier. C’est une tour de Babel avec ses rigolades, ses prises de bec et une volonté de s’en sortir malgré les mauvais augures, tout ça emmené par une musique guillerette digne d’un film d’Umberto Benigni. Comme dit une voisine : « Dans cet immeuble, c'est la France en petit ».

Voilà, c’est une histoire de pauvres gens malmenés, dont tout le monde s’en bas les steaks. Éveillé l’attention sur un micro événement sociétal comparé à : par exemple la claque donné par Bribri dans les dents de son Manu mobilise tout le landerneau des RS, alors, cette tranche de vie dans un immeuble délabré et ses habitants tentant de le réhabiliter, de survivre… Pas de quoi casser la patte à un canard !

Presque un sujet qui tombe à plat comme un ch’veux sur la soupe. De l’indécence au bon goût quoi…

Georges ZETER/juin 2025

Ce documentaire « Appartement proche Paris, charme atypique » est diffusé sur Arte. Il est également disponible sur arte.tv

https://www.arte.tv/fr/videos/115519-007-A/pourquoi-se-loger-est-il-si-cher/

Lire sur Télérama l’interview de Marion Angelosanto.

https://www.telerama.fr/television/appartement-proche-paris-charme-atypique-vivre-un-arrete-de-peril-entre-desespoir-et-besoin-d-en-rire-7025925.ph


Moyenne des avis sur cet article :  1.62/5   (13 votes)




Réagissez à l'article

7 réactions à cet article    


  • berry 3 juin 18:29

    La France est une poubelle.

    Certains pays comme l’Algérie se débarrassent de leurs très nombreux criminels et malades mentaux en les envoyant en France. Ils refusent ensuite de les reprendre, comme on a pu le voir récemment avec le problème des OQTF non exécutées. Le gouvernement français reste les bras ballants sans savoir comment réagir. Vivement que Retailleau soit au pouvoir ! Suis-je bête, il y est déjà.

    En attendant, les français sont obligés de cohabiter avec cette faune indésirable. Les journalistes nous bassinent souvent avec les logements sociaux mal entretenus, aux halls d’entrée et aux boites aux lettres saccagés, comme si c’était une fatalité ou la faute de syndics incompétents.

    Ces dégradations répondent souvent à une autre logique : évincer les familles françaises et européennes, considérées comme des balances potentielles nuisibles au trafic de hasch, comme l’explique ici un bon connaisseur du phénomène :

    https://ripostelaique.com/racisme-anti-blanc-ce-quont-connu-mes-enfants.html


    • Octave Lebel Octave Lebel 3 juin 21:43

      @berry

      Vous avez tort de généraliser. Je suis d’accord, les commentaires, le contenu, les procédés rhétoriques utilisés par vous et vos copains d’un jour ici sur Agoravox relèvent effectivement du côté hétéroclite et nauséabond que l’on retrouve en se penchant au-dessus d’une poubelle. De là à dire ou à croire ou même se persuader que tous les lecteurs et commentateurs d’Agoravox relèvent de cette affiliation, cela serait une erreur me semble-t-il. En effet, ce n’est pas parce que l’on crie d’autant plus fort et régulièrement que l’on manque de faits et d’arguments documentés que chacun puissent consulter que l’on serait représentatif du lectorat d’Agoravox. Qui plus est en rêvant d’une France à son image. Il ne tient qu’à vous de nous proposer vos analyses et les réalités sérieusement documentées les étayant.Avec des avis si tranchés, je présume que cela ne devrait pas vous être si difficile.La polémique, la propagande qui consiste à faire disparaître ce qui contribue à expliquer une situation pour n’avancer que quelques éléments souvent grossis et généralisés, outre que par la répétition c’est à la fois lassant et infantilisant, cela finit même par éloigner ce dont vous espérez qu’ils pourraient avoir envie de vous ressembler.



    • Corcovado 4 juin 01:32

      @Octave Lebel
      Ce qu’on peut généraliser, c’est que vos propos risibles vous font moinsser abondamment alors que vous n’en saisirez jamais la vraie raison. 


    • berry 4 juin 08:11

      @Corcovado
      A La France Imbécile, on ne se préoccupe pas des votes et des moinssages, c’est le Président Jean-Luc Mélenchon qui détermine la politique du parti et il ne se trompe jamais.


    • La Bête du Gévaudan 4 juin 00:26

      Le reportage d’Arte sur le logement, bien socialo... à la fin, il propose l’étatisation du logement et l’expulsion des vieux (en attendant leur « suicide assisté » pour désencombrer les hôpitaux). Il y a toujours une ligne droite entre le socialisme et le nazisme.

      Et puis, personne ne nous a informé de savoir comment seraient répartis les « logements prolétariens »... entre l’appartement tout pourri dans une tour à Nanterre et l’appartement sympa dans le centre de Paris... je n’imagine pas un instant que les proches de la nomenklatura bolchévique pourraient avoir des passe-droits...

      L’idée est également promue d’une vision utilitariste du logement... qu’il faudrait donc « calibrer » sur la taille du foyer et l’activité. Sans se poser un instant la question des autres fonctions du logement. Car nous ne sommes pas des sardines en boîte mais des humains qui se logent. L’usage d’un logement est éminemment plus subtil que ne le supposent les gaucho-journalistes.

      On a un petit passage limite « facho-droitiste-libéral » quand ils se rendent compte que les normes administratives, vertes etc. renchérissent les logements. Ou bien que la construction publique pourrait plomber l’argent du contribuable. Et le symptôme revient à la fin quand les bobos subissent à leur tour ce qu’ont subi les « ouvriers koufars lepénistes »... les grandes métropoles cosmopolites accueillent des sièges de grandes entreprises décarbonées, des squats d’artistes et de migrants, des voyageurs internationaux, etc. Bref, des gens qui font monter les prix. Pour un peu, Arte allait conclure « les Français d’abord » ah ah !


      • Étirév 4 juin 07:03

        « S’intéresser aux pauvres, est-ce de l’indécence ? »
        Et s’intéresser, avant tout, à ceux qui crééent de la pauvreté, est-ce du complotisme ?
        Figurez-vous une table servie, autour de laquelle se trouvent tous les représentants de l’humanité, et une poignée d’individus, plus fort que les autres, se jetent sur les plats qui sont devant eux, les prennent pour eux seuls et empêchent leurs voisins d’y toucher pendant qu’ils mangent gloutonnement la part des êtres plus faibles qui les entourent.
        Que penseriez-vous de ces « Gargantua » ? Que ce sont des êtres odieux et méprisables, n’est-ce pas ?
        Or, certains qui, dans la société, pratique la doctrine du tout pour moi, se mettent dans le même cas ; l’opinion qu’ont a d’eux, est qu’ils sont des êtres odieux et méprisables.
        Aussi, on les craint et on le déteste.
        Est-ce là ce que ceux-ci veulent atteindre dans la vie ?
        N’y aurait-il pas, pour eux, une bien plus grande satisfaction à vivre avec les autres, sur le pied d’une affectueuse entente, qui régnerait, si chacun, au banquet de la vie, avait sa part ?
        Voici le dilemme : Tout pour moi, y compris la haine, le mépris et le ridicule ; ou bien : à chacun sa part, y compris, pour cette poignée d’individus « égarés » (les « 1% »), une part de bonheur et d’estime.
        C’est à choisir.
        Mais il semble à quelques-uns que, quand ils n’auront plus tout ils n’auront plus rien, tel un gourmand qui a accaparé le plat qui était au milieu de la table, et ne veut pas le lâcher.
        Or, c’est là qu’est leur erreur. Les autres (les « 99% ») sont animés du sentiment de justice qui leur manque, et c’est en vertu de cette justice que, lorsque le plat sera remis au milieu de la table on fera des parts équitables donnant à chacun ce que ses besoins réclament. Et, eux-mêmes, ne feront qu’y gagner : on les empêchera de mourir d’indigestion pendant que les autres mouraient de faim.
        NB : L’immense Crise des besoins humains a pour point de départ le besoin de Vérité.
        Aussi, avant de pouvoir dire : Voilà ce qu’il faut, il faut pouvoir dire : Voilà ce qui est.


        • L'apostilleur L’apostilleur 4 juin 09:08

          @ l’auteur 

          « ..S’intéresser aux pauvres, est-ce de l’indécence  ? »

          Non.

          Votre exemple est à comparer à une autre réalité. 

          « ..cette dame tunisienne qui vit là depuis vingt ans, qui a élevé ses quatre enfants dans 25 mètres carrés et qui parle avec nostalgie des bons moments.. »

           

          Le logement en Tunisie (La Presse) ;

           

          « ..Certains locataires se retrouvent dans des logements vétustes, mal entretenus et parfois insalubres. L’humidité, les infiltrations d’eau, les problèmes d’électricité et de plomberie sont monnaie courante. Dans certains quartiers, la surpopulation aggrave encore la situation, avec plusieurs familles partageant un même espace exigu.

          « Je loue effectivement pour pas cher, seulement 350 dinars, mais dans un quartier très populaire, sale. L’humidité commence à affecter la santé de mes enfants, même si mes moyens ne me le permettent pas, je vais devoir déménager et payer le double, voire le triple de ce loyer », témoigne Nacer, père de deux enfants. De son côté, Houssem explique que plus de 50% de son salaire partent dans le loyer, et quand il ajoute à cela les études de ses enfants dans une école privée, ce qui n’est plus un luxe mais une obligation, il ne lui reste, à son épouse et lui, que de quoi subsister jusqu’à la fin du mois. En dépit des efforts des autorités pour tenter de résoudre cette crise, le nombre de personnes touchées par le manque de logement décent ne cesse d’augmenter. Les politiques de construction et d’aménagement urbain peinent à répondre à la demande croissante, laissant ainsi de nombreux ménages dans une situation de vulnérabilité. »

          Rocard était réaliste avec un pansement pour nos consciences, « ..La France ne peut accueillir toute la misère du monde... »

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité




Palmarès



Publicité