Peut-on rire de la mort du pape de cette manière sur Fr 2 sans conséquences ? La réponse est oui hélas
Peut-on vraiment rire de tout ?
La question revient sans cesse dans les débats sur la liberté d'expression : "Peut-on rire de tout ?". C'est une formule provocatrice que beaucoup dégainent pour justifier tous les excès, au nom de l'humour, de la satire ou de la transgression. Mais à y regarder de plus près, cette liberté proclamée sans limites semble cacher, parfois, des intentions plus troubles que comiques.
Personnellement, je ne pense pas que l'on puisse rire de tout, ou du moins pas n’importe comment, ni avec n’importe qui. Je n’imagine pas rire d’un sketch portant sur le pogrom du 7 octobre, sur la Shoah, ou sur le massacre entre Hutus et Tutsis au Rwanda. Ces événements ne relèvent pas de la simple catégorie du "tragique" ou du "drame" : ils incarnent l’effondrement de l’humanité. Faire de ces horreurs des sujets de plaisanterie, c’est non seulement indécent, mais c’est souvent suspicion d’intention. Car derrière le rire, il peut y avoir un discours. Et derrière le discours, de la propagande maquillée.
Le rire comme arme politique ?
Rire de ces tragédies, surtout quand cela vient de figures publiques ou médiatiques, n’est jamais neutre. Cela peut devenir un acte politique, un signal envoyé à ceux qui minimisent, relativisent, voire réhabilitent certains récits. L’humour n'est pas toujours un "exutoire" ou un "moyen de dépasser la douleur" : il peut aussi être une manière de réécrire l’histoire, de la dédramatiser ou de la tourner à son avantage.
Le cas Léa Salamé : un rire qui dérange
C’est dans cette optique que certaines séquences médiatiques posent problème. Récemment, le rire de Léa Salamé, animatrice pourtant chevronnée, a mis mal à l’aise. Entendre un éclat de rire dans un contexte évoquant un sujet grave, notamment lorsqu’une personne âgée est moquée (qu'il s'agisse du Pape ou d'un inconnu) dans ce cadre, interpelle. Quelle que soit la personne visée, l’ironie sur ce type de sujet laisse un goût amer. Le contraste entre la légèreté du ton et la gravité du fond crée un malaise. Cela n’a rien d’un simple faux pas : cela interroge le rôle de ceux qui rient, mais aussi de ceux qui écoutent sans réagir.
Conclusion : les limites du rire sont humaines, pas idéologiques
Rire est précieux, nécessaire, vital. Il peut même être subversif. Mais il ne peut pas tout excuser. Certains sujets appellent non pas la censure, mais la décence. La mémoire des victimes, la conscience des blessures encore vives, l’exigence de vérité historique devraient fixer des lignes. Non pas des lignes "politiques", mais des lignes humaines.
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