N’y aurait-il pas comme un relent de répression en Europe ?
D’après E.Macron, ceux qui croient vivre en dictature n’ont qu’à aller y vivre.
Intéressante, vision, elle pose tout de même certaines questions : À partir de quel niveau de proximité avons-nous le droit de protester ? L’absence de camps, l’absence de police dédiée ? La dictature est souvent une question de degré.
Mais cette personne adore mal poser les questions, une garantie de rendre les débats inutiles comme il y parvint avec talent lors du grand débat du temps des gilets jaunes. Seulement, il existe une pierre de touche pour juger les résultats : Une démocratie doit normalement augmenter les droits des citoyens, pas les restreindre. Renversons donc la table et comparons avec par exemple la France de l’année de ma naissance pour savoir si oui ou non, nous sommes non pas en dictature, mais plus proche ou non de la dictature.
Merci à l’État d’avoir décidé de nous protéger, sans le moindre doute, gamins que nous sommes, nous avions besoin d’une tendre nounou pour nous enrober dans la ouate. Evidement, certains mauvais esprits, pourraient trouver que cette protection serait bien plus crédible, si la police maintenait l’ordre dans les rues, éradiquait le trafic de drogue et si les services publics comme l’hôpital fonctionnaient. Passons sur ces détails, la démocratie macroniste se soucie de valeurs qui sonnent bien sur les plateaux et non du quotidien. Seulement, dans cette approche, on pourrait imaginer l’État surtout soucieux d’empêcher une opposition de naître en lui retirant les moyens de s’exprimer sur justement ces frustrations concrètes.
Le débat imposant de parfois évaluer selon les termes du contradicteur, ici le macroniste satisfait de notre démocratie, procédons à l’évaluation des faits.
Nous placerons notre point d’ancrage dans les années Giscard, désormais notre mètre étalon pour évaluer si nous nous dirigeons dans la bonne ou la mauvaise direction.
Constatons, qu’à cette époque, la liberté d’expression était régie par les lois sur la presse de 1881 qui supprimait la censure préalable et encadrait les abus comme la diffamation, l’injure ou l’incitation à la haine. Seuls bémols, il existait un ORTF et des restrictions sur les radios. Surtout, la loi dite Pleven de 1972 sanctionnait l'incitation à la haine en raison de l'origine ou de l'appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée et permettait aux particuliers, mais aussi aux associations d’engager les poursuites et non au seul procureur. On peut comprendre des particuliers, le procureur dans son rôle de défenseur de l’ordre public et de la société.
Ensuite, il y a eu une libéralisation, au moins de façade avec la suppression de l’ORTF et les radios libres. A cette époque, nous avions Coluche, Le Luron, Desproges, mais aussi, reconnaissons-le Faurisson et ses provocations.
Pourtant, le vers était déjà dans le fruit avec en 1982 la création de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, qui se muera, lentement en ARCOM, dont l’influence est aujourd’hui accusée de fausser les débats par des interventions en faveur d’un seul camp.
Ensuite, vinrent les lois Gayssot en 1990 puis Perben II en 2004, la loi sur le terrorisme, en 2014, puis en 2018 la loi contre la manipulation de l’information en période électorale. Un empilement de textes, justifiés par les meilleures raisons du monde, mais on se demande comment les Français survivaient face à ces menaces du temps du mandat de Giscard.
Certes, on peut se dire, que face à un monde plus dangereux, de nouvelles protections sont nécessaires. On peut aussi se demander à cette époque, où le terrorisme existait déjà, où action directe affrontait les Skinned, la société savait vivre avec sans sombrer dans une situation de dépression nerveuse.
Surtout, sortie des trente glorieuses, formée par le service militaire, et plus jeune (en 1975, 13 % de la population avait 65 ans ou plus, contre 20 % en 2019i), la société acceptait davantage les risques de la vie. Aujourd’hui, il existe une demande politique à la fois de sécurité, dans les faits, mais aussi dans les représentations du monde qui conduit à refuser les contradicteurs un peu trop véhéments.
Il s’agit là d’une demande de consensus social, d’une société épuisée qui demande grâce, mais est-ce là la liberté d’expression dont se prévaut la démocratie ? Comme le disait Voltaire : Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrais pour que vous ayez le droit de le dire. Force est de constater que la loi Gayssot pas exemple, a fait le choix inverse : Il existe des choses que l’on n’a pas le droit de dire, car elles heurtent la mémoire et les exquises sensibilités de certains.
De telles restrictions sont dangereuses, car elles permettent aussi l’instrumentalisation contre des adversaires, des gens dérangeants. L’exemple d’Etienne Chouard sommé par un journaliste de prendre position sur l’holocauste et convoqué ensuite par la police, fut un bon exemple de ces dérives. La loi interdisait pourtant explicitement la négation volontaire, mais Chouard dénonçait, il fallait le compromettre et ruiner son combat constitutionnel avec des accusations utiles pour lâcher la meute médiatique, même si elles étaient nulles en droit. On admirera la manière dont Denis Robert fit de l’interdiction de prendre une position, un commandement pour chacun de justement se positionner dans le débat. La loi visait à empêcher des affirmations provocatrices de trublions, elle devint un moyen d’imposer de prendre des positions.
Mais, foin de Chouard, ce n’était qu’un amuse gueule, l’UE a interdit RT sans justification légale, base pour fermer aujourd’hui d’autres médias. Il fallait nous protéger du soi-disant narratif russe ! Vraiment ? Sommes-nous en guerre avec la Russie ? Avons-nous prouvé, en dehors des propos de Monsieur Macron que les informations dans les médias russes sont factuellement fausses ? Je peux démontrer au moins un cas d’une manifestation non existante chez LCI et présentée dans les médias russes. Sûrement un mensonge pour déstabiliser la France, mais j’étais dans le dit mensonge et la manifestation qui n’existait pas. Le narratif russe était vrai, LCI s’est parait-il trompé ! Combien d’autres cas y a-t-il ?
Seulement nous n’aurons pas ce débat ! Depuis, le dernier paquet de sanctions a passé la vitesse supérieure pour nous protéger (Vraiment ? Je n’avais rien demandé.) :
Alina Lippii, journaliste allemande indépendante, installée à Donetsk dans le Donbass depuis l’automne 2022 d’où elle couvre le conflit russo-ukrainien. Autrement dit, le type de profil peu goûté de nos gouvernants et donc poursuivit de leur vindicte. Désormais l’UE a décidé que :
"Les personnes désignées aujourd'hui seront soumises à un gel de leurs avoirs et il sera interdit aux citoyens et aux entreprises de l'UE de leur verser des fonds. De plus, les personnes physiques seront également soumises à une interdiction de voyager, les empêchant d'entrer sur le territoire de l'UE ou d'y transiter."
Voilà donc, madame Lipp interdite de recevoir des fonds d’autres citoyens européens et de revenir dans son pays. Autrement dit, malgré notre religion des droits de l’homme, il existe désormais des citoyens sans droit en Union Européenne. Deux à la date d’aujourd’hui, mais rassurez-vous, l’UE n’est jamais à court de moyens pour étendre une mauvaise idée, nuisible aux droits des citoyens libres et non soumis à la propagande.
Bravo, nous venons de rétablir le crime par la parole et d’abolir la liberté d’expression !
Il vaut mieux d’ailleurs, car l’affaire roumaine a démontré que le récit occidental devait être protégé contre tout examen un peu trop intensif. Ainsi, les soi-disant interventions russes se sont révélées être venues du parti présidentiel roumain, désireux de manipuler l’élection pour assurer son maintient au pouvoir. Par contre, l’ombre d’ingérences française devient chaque jour plus palapble. Les russes ne sont plus les coupables parfaits ? Quel scandaleux manque de collaboration de leur part ! Nous nous rapprochons davantage de Ceausescu que de Giscard, il me semblait être né dans un autre pays !
Et pour le cas, où vous n’auriez pas compris, rassurez-vous la macronnie travaille à ses propres outils et nous venons d’assister à une visite du Groupe d’Intervention de la Police Nationale chez Monsieur Jovanovic dans le but de le protéger de ses "envies suicidaires". Nous avons pu d’ailleurs constater au fil de ses interviews son excellente volonté de vivre. Par contre, il prévoyait un livre sur les banques. Là encore, on s’en prend aux opposants psychiatrisés, car c’est plus facile. Vous constaterez que du cas particulier de monsieur Jovanovic à la généralisation il s’est écoulé à peine une poignée de jours puisque Monsieur Macron a jugé que ceux qui interprétaient les photos de ses dernières actions d’une manière différente de la sienne étaient des "Mabouls".
L’URSS l’a fait, la macronie revivifie l’héritage (Comme quoi, ils ont le sens de l’histoire quand ils veulent !) Bravo pour ce progrès civilisationnel, si on trouve les places en hôpital psychiatrique, tous les mauvais esprits pourront être internés.
Ah, non, pardon, un médecin pourra décider de mettre fin aux souffrances du maboul, car la loi sur l’euthanasie pave cette voie, même si l’objectif primaire est de réduire les dépenses de santée. Nous sommes, certes, là, demain et non aujourd’hui, mais un demain désormais proche !
Alors, propagez, faites circuler l’information pour dénoncer la répression et empêcher nos dirigeants de s’approprier l’héritage de liberté que nous avons trouvé dans nos berceaux pour dissimuler la perversion en cours de notre vie politique.
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