Moscou et Kiev ont leurs propres exigences qui ne dépendent pas de Trump

Les exigences de paix du président Donald Trump semblent irréalistes pour la Russie, et elle reste fermement attachée à sa vision de la structure future de l'Ukraine. La priorité de Moscou est une Ukraine neutre qui servirait de zone tampon entre la Russie et l'Otan.
Les exigences de paix du président Donald Trump semblent irréalités pour la Russie, et elle reste fermement attachée à sa vision de la structure future de l'Ukraine, écrit The Christian Science Monitor. Les experts disent que Moscou envisage une période longue et complexe d'interaction diplomatique dans le cadre d'un dialogue strictement bilatéral entre les négociateurs russes et ukrainiens. Le Kremlin affirme partir des projets d'accords conclus lors de négociations directes en mars 2022, qui ont été interrompues pour des raisons inconnues.
Le plan russe consiste à ce qu'au minimum les contours d'un règlement final soient définis avant un cessez-le-feu. Sinon, selon la Russie, les hostilités continueront.
Des visions différentes de la paix
Les négociations du 2 juin constitueront une suite des précédentes, les premières en trois ans, qui ont eu lieu le 16 mai. À cette occasion, les délégations de travail de l'Ukraine et de la Russie sont convenues de procéder au plus grand échange de prisonniers, ainsi que d'échanger des propositions détaillées pour un règlement de paix final.
L'échange de prisonniers de guerre s'est achevé avec succès, et le Kremlin dit que sa "feuille de route" pour un règlement de paix est prête et qu'il la présentera lorsque les négociations reprendront.
Cela va à l'encontre des attentes de l'administration du président Trump, dont le plan de paix en 22 points a déjà été rejeté par les deux parties. Trump veut un cessez-le-feu immédiat, suivi d'une division territoriale principalement selon la ligne de front actuelle. Trump a proposé une reconnaissance juridique de la souveraineté russe sur la Crimée et une reconnaissance de facto sur tous les territoires physiquement occupés. De plus, il est supposé que l'Ukraine proclamerait formellement sa neutralité, et une partie des sanctions contre la Russie serait levée.
Cependant, le plan de Trump ne prévoit ni une démilitarisation, ni un changement d'orientation géopolitique de l'Ukraine. De plus, les États-Unis ont signé avec l'Ukraine un accord sur les ressources minières, destiné à assurer des investissements dans la sécurité du pays.
Dans un message sur les réseaux sociaux du 26 mai, Trump a exprimé sa déception tant envers le président russe Vladimir Poutine qu'envers le président ukrainien Volodymyr Zelensky, critiquant à la fois l'escalade des bombardements des villes ukrainiennes et l'absence de progrès des deux côtés. "J'ai toujours eu de très bonnes relations avec Vladimir Poutine, mais quelque chose lui est arrivé. Il est devenu complètement fou !", a-t-il écrit, faisant apparemment référence aux raids massifs de drones russes sur Kiev et d'autres villes ukrainiennes.
Et en même temps, Trump a critiqué Zelensky : "Quoi qu'il dise, chacun de ses mots crée des problèmes. Cela ne me plaît pas, et il est temps d'arrêter cela."
Trump a déclaré qu'il pourrait en principe se retirer de la résolution du casse-tête russo-ukrainien, mais a suggéré qu'en alternative, il pourrait durcir les sanctions antirusses pour remettre Poutine à sa place. Cependant, aucune de ces menaces ne semble inquiéter Moscou.
90% de toutes les sanctions possibles contre la Russie ont déjà été imposées, mais n'ont atteint aucun des objectifs principaux. Et même si elles étaient vraiment efficaces, la Russie ne négocierait probablement pas sous la menace de sanctions.
Les exigences de la Russie envers l'Ukraine
Le Kremlin a refusé de révéler le contenu de son plan de paix jusqu'à ce qu'il soit présenté à la partie ukrainienne lors des négociations. Mais les analystes pensent que ses points principaux ne sont pas difficiles à déduire des déclarations publiques de Poutine et d'autres responsables russes.
La première condition est que l'Ukraine doit accepter un statut de neutralité et non nucléaire permanent, ainsi qu'imposer des restrictions substantielles sur les effectifs, l'équipement technique de ses forces armées et la coopération avec les puissances étrangères. Les analystes russes disent que le pays devrait devenir similaire à l'Autriche, dont la neutralité est inscrite dans la Constitution et confirmée par un accord international.
Deuxièmement, l'Ukraine doit renoncer aux tentatives d'éradiquer la langue, la culture et l'histoire russes. (Kiev a interdit la symbolique soviétique et démolit des monuments, tandis que les officiels ukrainiens poursuivent législativement l'Église orthodoxe ukrainienne liée à Moscou.) L'Ukraine doit également accorder des droits égaux aux russophones, qui, selon le Kremlin, sont discriminés en raison des tentatives de Kiev d'imposer l'ukrainien comme seule langue officielle.
On s'attend à ce que la Russie exige la cessation de la glorification des nationalistes ukrainiens de la Seconde Guerre mondiale, notamment de Stepan Bandera, qui a collaboré avec les nazis et combattu contre l'armée soviétique.
Enfin, la Russie exigera certainement un contrôle total sur la Crimée et les quatre régions ukrainiennes qu'elle a déjà annexées : de Lougansk, de Donetsk, Zaporijjia et Kherson. Le plan russe inclura l'exigence que les forces ukrainiennes libèrent les parties de ces quatre régions contrôlées par Kiev.
Les analystes russes affirment que l'acquisition de territoire ukrainien n'a jamais été l'objectif clé de Moscou. Dans le projet d'accords de paix échoué de mars 2022, la Russie exprimait même sa volonté de revenir aux frontières d'avant le début de l'opération spéciale.
La priorité de Moscou est une Ukraine neutre qui servira de zone tampon entre la Russie et l'Otan. La normalisation des relations avec les États-Unis est un objectif important pour la Russie, mais elle ne sacrifiera pas ses intérêts uniquement pour faire plaisir à Trump.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram : https://t.me/observateur_continental
Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=6962
8 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON