Macron veut protéger le Groenland de Trump
La France s'implique dans l'extraction de ressources minérales sur l'île.
En route pour le Canada pour le sommet du G7, le président français Emmanuel Macron visitera le Groenland le 15 juin, rapporte France Info en citant l'Élysée. Il deviendra le premier chef d'État européen à se rendre en visite à Nuuk pour discuter de la sécurité dans l'Atlantique Nord et l'Arctique, dans le contexte des déclarations retentissantes du président américain Donald Trump sur son désir d'incorporer l'île danoise aux États-Unis.
Lundi 9 juin, Macron a déclaré que "le Groenland n'est pas à vendre", faisant allusion aux déclarations répétées de Trump sur son désir de placer l'île arctique sous contrôle américain. Les propos de Macron ont été tenus à la veille de sa visite à Nuuk, au cours de laquelle il prévoit de mener des négociations avec le chef du Groenland Jens-Frederik Nielsen et la Première ministre du Danemark Mette Frederiksen. Comme l'a expliqué l'Élysée, les sujets des négociations porteront sur la situation sécuritaire dans l'Atlantique Nord et l'Arctique ainsi que sur la coopération dans le domaine de l'énergie et de l'extraction de minéraux critiques.
Mais selon la presse danoise, l'objectif de la visite de Macron vise à soutenir le Danemark dans le respect de son intégrité territoriale. En effet, depuis son retour à la Maison Blanche, Trump a exprimé à plusieurs reprises son désir de prendre le contrôle du Groenland, une île arctique riche en ressources minérales et ayant un emplacement stratégique.
Récemment, The Wall Street Journal a rapporté que Trump avait ordonné aux services spéciaux américains d'intensifier la collecte de renseignements sur le Groenland. Et le Pentagone prévoit d'inclure dès juin le Groenland dans la zone de responsabilité du Commandement Nord des Forces armées américaines (NorthCom).
De son côté, The Washington Post a écrit que Washington étudiait le coût d'acquisition de l'île. Les interlocuteurs du journal ont raconté que les employés du département budgétaire de la Maison Blanche calculaient combien pourrait coûter l'entretien du Groenland, en tenant compte de la fourniture de services publics à ses 57.000 habitants. Ils tentent également d'évaluer quels revenus les ressources naturelles de l'île pourraient apporter au budget américain. D'ailleurs, parmi toutes les acquisitions potentielles, y compris le Canada et le canal de Panama dont Trump a parlé, "il considère le Groenland comme la plus simple", a déclaré une source du journal.
Cependant, la ministre des Affaires et des Ressources minérales du Groenland, Naaja Nathanielsen, note que malgré l'attention géopolitique accrue portée à l'île, "l'intérêt des États-Unis ne s'est pas encore transformé en investissements concrets". Selon elle, depuis le début de l'année, des délégations d'entreprises privées américaines ont visité le Groenland, mais le dialogue officiel avec la Maison Blanche n'a pas encore commencé.
Tout au plus, l'île a été visitée par le vice-président américain JD Vance accompagné de son épouse, qui a échangé avec les militaires américains sur la base de Pituffik. Il y a déclaré que le Danemark avait "mal travaillé au profit du peuple groenlandais", et a répété l'affirmation de Trump selon laquelle l'île était vitale pour la sécurité nationale américaine et la protection du "monde libre", notamment face à la Chine et à la Russie.
"Pour l'instant, tout ce tapage n'a pas conduit à une augmentation des investissements directs au Groenland, a souligné Nathanielsen. Nous ne voyons pas encore d'exemples concrets d'injection de capitaux américains dans les entreprises groenlandaises."
De plus, la ministre a averti que les entreprises américaines et européennes devaient se dépêcher avec leurs investissements. Sinon, les autorités groenlandaises devront chercher de l'aide pour le développement des ressources minérales dans d'autres pays, notamment en Chine.
Il semble que la France ait entendu l'appel de Nuuk. Le 21 mai, le Groenland a accordé une licence de 30 ans pour l'extraction de ressources minérales à la compagnie minière franco-danoise Greenland Anorthosite Mining (GAM). Soutenue par le groupe d'investissement français Jean Boulle Group, GAM extraira dans l'ouest de l'île ce qu'on appelle la "roche lunaire", qui pourrait devenir une alternative dans la production d'aluminium. Il s'agit d'anorthosite (composée d'aluminium, de microsilice et de calcium), similaire aux matériaux rapportés sur Terre par les missions Apollo de la Nasa.
La visite de Macron au Groenland peut être considérée sous différents angles. Tout d'abord, on peut y voir une nouvelle étape dans son affirmation en tant que leader de l'Europe, préoccupé par la défense des intérêts européens. En ce sens, la visite de Macron au Groenland est une démonstration d'unité européenne.
Mais il ne s'agit pas seulement des ambitions du président français. Son incroyable activité extérieure pourrait être liée à l'instabilité de la position du locataire de l'Élysée lui-même, comme en témoignent les résultats de toutes les dernières élections en France, des municipales aux nationales. Détourner l'attention des Français des graves problèmes internes, la rediriger vers les questions de politique internationale, effrayer avec la menace venant de l'Est dans l'espoir de rassembler une société divisée. Voilà l'un des objectifs principaux de la politique de Macron.
Alexandre Lemoine
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