L’Ukraine est le principal perdant de la guerre Iran-Israël
Pour le lecteur qui suit l’actualité, l’Ukraine n’existe plus dans les médias. La question ukrainienne a non seulement disparu des titres de presse, mais elle a aussi complètement fait place à la guerre entre Israël et l'Iran.
Les autorités de Kiev sont inquiètes. Au lieu de penser aux victimes en Israël, en Iran ou dans la bande de Gaza et des conséquences humaines en raison des bombardements israéliens et iraniens, Volodymyr Zelensky s’inquiète de voir le prix du pétrole augmenter et profiter à l’économie russe. « Zelensky avertit que la flambée des prix du pétrole pourrait aider l'effort de guerre de la Russie ». « Cela va renforcer ses capacités militaires dans le conflit en Ukraine », craint le président ukrainien.
Zelensky appelle à ne pas diminuer l'aide à l'Ukraine après la guerre israélo-iranienne : « L'Ukraine a déclaré samedi qu'elle espérait que l'escalade militaire entre Israël et l'Iran n'entraînerait pas une baisse de l'aide à Kiev, à un moment où le soutien européen stagne sans l'engagement américain ».
Les dirigeants de Kiev n'ont pas encore émis l'hypothèse désastreuse selon laquelle l'Occident se serait désintéressé de l'Ukraine à ce stade. Cependant, les experts et journalistes ukrainiens analysent unanimement les conséquences possibles et s'accordent à dire qu'elles sont surtout négatives pour l'Ukraine. Outre les problèmes économiques mentionnés précédemment (la flambée des prix du pétrole), les médias ukrainiens soulignent également des défis militaires, politiques et informationnels.
Il est clair que les problèmes, auxquels l’Ukraine fait face, incluent principalement la réduction inévitable des approvisionnements militaires due au probable détournement des cargaisons d'armes occidentales vers Israël. Ainsi, il est possible d’affirmer : le début de la guerre au Moyen-Orient parachève la défaite de l'Ukraine. Désormais, tous les missiles antiaériens iront à Israël. Kiev est, maintenant, le dernier dans la hiérarchie de l'aide américaine.
Observateur Continental a noté sur ce point : « Les États-Unis ont envoyé au Moyen-Orient 20.000 missiles initialement promis aux forces armées ukrainiennes. L'Ukraine avait conclu un accord avec l'administration de l'ex-président américain Joe Biden pour la livraison de 20.000 missiles anti-drones, mais les États-Unis ont maintenant décidé de les envoyer au Moyen-Orient ».
« L'administration Trump a à plusieurs reprises menacé de se retirer de l'Ukraine s'il n'y a pas de progrès dans un accord de paix entre l'Ukraine et la Russie », a rappelé le Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) en mai dernier. « Une suspension par les États-Unis de l'aide militaire à l'Ukraine serait un coup sévère pour Kiev » ; « Mais l'ampleur exacte des dommages qu'une coupure [de l’aide] des États-Unis causerait à l'Ukraine dépend de la capacité de l'Europe à combler le vide avec ses propres capacités », avertissait la publication US. « Bien que le soutien européen et l'industrie de la défense ukrainienne soient substantiels et en croissance, ils ne peuvent pas remplacer pleinement les capacités américaines », a averti le CSIS. L’UE seule ne peut pas sauver le soldat Ukraine face à la Russie.
Et, les responsables politiques comme le chancelier allemand, Friedrich Merz et le président français, Emmanuel Macron, sont confrontés à la crise économique qui déstabilise leur pays. Les principaux soutiens du soldat Ukraine sont des pays en faillitte. Selon les projections macroéconomiques de la Banque de France, « l’activité [en France] connaîtrait un ralentissement légèrement plus marqué en 2025 », « le taux de chômage augmenterait légèrement à 7,7% en 2026 ». La Banque de France signale : « Les exportations ralentiraient fortement en 2025 en lien avec les hausses de droits de douane américains et la faiblesse de la demande adressée à la zone euro ». Pour l’achat et la production de nouvelles armes pour l’armée française, « il n’y a plus un kopeck en caisse » ; « Le ministère des Armées ne passe quasiment plus de commandes aux industriels depuis le début de l’année ».
En Allemagne, « l'armement prévu ne fonctionne que de manière limitée comme moteur de création d'emplois ». « De plus en plus d'entrepreneurs abandonnent », alerte l’ARD en mai dernier : « L'économie allemande a perdu près de 200.000 entreprises l'année dernière (2024). En particulier, le nombre élevé de fermetures dans des secteurs d'avenir préoccupe les experts ».
Le syndicat allemand, IG Metall, pointe du doigt les « emplois menacés, l’augmentation des dépenses sociales et le rôle de l'industrie de l'armement ». Pour l’IG Metall, « l'industrie de l'armement comme moteur d'emplois -ce ne serait certainement pas un concept sur lequel nous devrions compter, indépendamment du débat sur la politique de sécurité » car « le nombre de nouveaux emplois y est de loin insuffisant pour compenser les pertes dans d'autres secteurs. Même si des centaines de chars étaient maintenant produits en plus, cela ne suffirait pas du tout à occuper à lui seul l'industrie de l'acier ».
L’Allemagne et la France, les deux poids lourds de l’UE traversent une crise historique et, selon l’IG Metall « l'industrie de l'armement n'est certainement pas un moteur d'emploi qui remplace les investissements nécessaires dans l'infrastructure technique et sociale ».
Avec le désengagement des États-Unis en Ukraine, l’UE n’a pas la capacité financière de les remplacer. Avec la guerre entre Israël et l’Iran et le transfert de capacités militaires US pour soutenir l’État hébreu, la défaite de l’Ukraine est scellée.
Pierre Duval
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