L’UE invite les journalistes à vanter la militarisation du continent
Alors que l’UE devrait viser la paix, car c’est son slogan utilisé pour sa création, l’establishment européen fonce dans la guerre et fait appel aux journalistes européens pour amener les populations à accepter et promouvoir l’engrenage de cet effort de guerre financier et politique. Le Berliner Zeitung apporte un témoignage dans ce sens par un de ces journalistes.
La légitimation de la création de l’UE nous a été vendue pour avoir la paix sur le continent. Deux semaines après l’ouverture du marché européen de l’acier, le 17 mai 1953, Jean Monnet, ce père fondateur de l’Union européenne, reçoit le Prix Charlemagne et prononce un discours : La paix « dépend essentiellement de la création de conditions qui, si elles ne changent pas la nature des hommes, orientent dans un sens pacifique leur comportement vis-à-vis les uns des autres. C’est là une des conséquences essentielles de la transformation de l’Europe qui est l’objet de notre communauté. En réalisant leur unité, en rendant à l’Europe sa vigueur, en créant des conditions nouvelles et durables, les Européens contribuent à la paix. Ils empêchent l’engrenage fatal dans lequel, s’ils restaient désunis, et quels que soient les traités conclus, les effets de leurs actions opposées et de leur faiblesse les entraîneraient avec les autres peuples ». « Faire l’Europe, c’est faire la paix », martelait à la fin de son discours Jean Monnet.
Aujourd’hui : « Faire l’Europe, c’est faire la guerre ». « La diplomatie n'a plus guère d'importance. Le voyage d'un journaliste [à Bruxelles] montre que la paix n'est pas un problème », annonce le Berliner Zeitung. L’ancien quotidien de la RDA, qui connaît un succès bien mérité en raison de son ton libre et critique envers le système politique de Berlin et de Bruxelles, fait savoir que l’UE invite les journalistes des médias à écouter des conférences qui valident le bien fondé de l’engagement militaire de l’UE et les dépenses pour cet objectif. Les journalistes, recevant un dossier de presse de l’administration européenne, doivent inviter les lecteurs et les auditeurs des divers médias situés en Europe à accepter le chemin de la guerre voulue par l’« appareil bruxellois ».
L’auteur du Berliner Zeitung note l’objectif de communication de l’UE : « L'Union européenne prévoit le plus important renforcement militaire de son histoire. Jusqu'à 800 milliards d'euros doivent être investis dans les armes, les munitions, les drones, les infrastructures militaires et d'autres domaines de défense d'ici la fin de la décennie ». « Pour que ce tournant européen soit perçu comme nécessaire et justifié par l'opinion publique, l'UE organise des voyages de défense pour les journalistes à Bruxelles », rapporte le quotidien berlinois qui a traversé la dictature de la RDA où les médias étaient obligés de suivre les directives d’un parti unique. Les rédactions, aujourd’hui, en UE sont invitées à recopier le discours de guerre de l’UE pour le vendre aux lecteurs européens.
« Pendant deux jours, des briefings, des tables rondes et des discussions de fond ont eu lieu avec des représentants et des politiciens de haut rang de l'UE, y compris ceux qui plaident régulièrement avec véhémence en faveur d'un armement accru dans les talk-shows allemands », rapporte le journaliste du Berliner Zeitung.
« Tous les interlocuteurs à Bruxelles ont souligné que, face à la menace russe, il n'y avait pas d'autre solution qu'une accumulation massive d'armes. Que ce soit à huis clos au siège de la Commission, autour d'un café ou lors d'un dîner dans un hôtel bruxellois, le message a été partout relayé : l'UE et ses États membres doivent se préparer à une guerre majeure avec la Russie. Comme si c'était inévitable. Il n'a été question ni de paix ni d'initiatives diplomatiques », continue-t-il.
La surprise du journaliste allemand ne s’arrête pas à ces conférences où les journalistes des rédactions de médias européens sont poussés à avaler la ligne politique de l’UE, elle se heurte au parti des Verts qui veut la guerre : « Hannah Neumann, membre de la commission de la sécurité et de la défense du Parlement européen, a également souligné la nécessité d'un renforcement militaire lors du débat. « Nous, les Verts, sommes absolument favorables au renforcement de l'industrie européenne de la défense », a-t-elle déclaré. Mme Neumann a critiqué le fait que de nombreux États membres agissent seuls. « Nous avons convenu de le faire au niveau européen. Or, dans la pratique, les États agissent souvent seuls », a-t-elle dénoncé, concluant : « Qu'il s'agisse de la production de défense, des décisions d'exportation ou de la planification stratégique, la coopération véritable fait souvent défaut. Les actions unilatérales nationales entravent le bon fonctionnement du marché intérieur européen de la défense ».
Aussi, il n’est pas étonnant d’entendre dans les médias européens ce discours qui pousse à soutenir les dépenses dans la guerre contre la Russie. L’EU demandent aux médias de le faire et les partis traditionnellement pour la paix, contre la guerre, sont maintenant les premiers agitateurs pour faire couler du sang et polluer le globe.
Par ailleurs, le Berliner Zeitung rappelle : « La mobilisation de capitaux privés pour le renforcement des capacités militaires fait également partie de la stratégie de préparation. En France, par exemple, le gouvernement envisage de réaffecter des fonds du populaire Livret A, jusqu'ici principalement utilisé pour le logement social, à l'industrie de l'armement. Le président Emmanuel Macron l'a clairement indiqué lors d'une allocution télévisée en mars » : « La patrie a besoin de vous ».
Pierre Duval
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