• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’extraordinaire hommage de Constance Schaerer à son père (...)
#40 des Tendances

L’extraordinaire hommage de Constance Schaerer à son père décédé

En devenant la plus jeune Française à gravir l’Everest, Constance Schaerer, 26 ans, vient d’accomplir une nouvelle étape du magnifique hommage qu’elle a entrepris de rendre à son père, prématurément décédé d’un cancer du pancréas lorsqu’elle n’était encore qu’une petite fille de 9 ans. Un hommage en forme de redoutable défi...

JPEG - 161.5 ko
A gauche, en partance pour l’Aconcagua (crédit Constance Schaerer) ; à droite, au sommet de l’Everest (crédit Hugo Lorentz)

« La vie est un risque. Celui qui n’a pas risqué n’a pas vécu. » (Sœur Emmanuelle)

Lundi 19 mai, 6 h 10. Malgré des conditions rendues très éprouvantes par un fort vent et une température de – 40°, la Strasbourgeoise Constance Schaerer, remarquable d’opiniâtreté dans la souffrance, accède au sommet de l’Everest  : à 8 849 mètres d’altitude, elle est la plus jeune Française à fouler les neiges glacées du mythique sommet himalayen. Une victoire personnelle qu’elle dédie, avec l’émotion que l’on devine, à son père, Marc Schaerer, décédé 18 ans plus tôt d’un cancer du pancréas. Une victoire également acquise au profit de l’association qu’elle a créée en mars 2022 pour soutenir des enfants dont l’un des parents est atteint d’un cancer : 7 sommets contre la maladie.

Constance Schaerer est la 14e Française à vaincre celui que l’on nomme communément « le toit du monde ». Et cela 35 ans après que cet exploit ait été accompli par la pionnière Christine Janin, elle-même motivée par la volonté d’être un exemple pour les adhérents de l’association qu’elle avait créée 3 ans plus tôt à Chamonix afin de venir en aide aux enfants atteints de cancer : À chacun son Everest. Cette année-là, le Dr Christine Janin, alors âgée de 33 ans, avait entrepris et réalisé un audacieux défi : enchaîner l’ascension des Seven Summits, autrement dit du point culminant de chacun des 7 continents de la planète. Un pari réussi avec une admirable détermination.

Cet objectif, Constance Schaerer le poursuit également. Non pour mettre ses pas dans ceux de Christine Janin malgré l’analogie de leurs projets respectifs, mais dans le cadre du double objectif qu’elle s’est fixé. D’une part, rendre hommage à son père dont elle a découvert en prenant connaissance d’un courriel adressé à Mike Horn qu’il avait lui-même – avant d’en être empêché par la maladie – formé le projet de réaliser ce challenge pour alerter la société sur la nécessité d’engager plus de moyens au service de la lutte contre le cancer. D’autre part, médiatiser sa propre conquête des Seven Summits dans le but de lever des fonds destinés à servir les actions de son association 7 sommets contre la maladie.

JPEG - 110 ko
Carte des Seven Summits

Les cadavres du chemin

Outre l’Everest, Constance Schaerer a d’ores et déjà gravi le Kilimandjaro (5 892 m) en Afrique, l’Aconcagua (6 962 m) en Amérique du Sud et le mont Denali (6 190 m) – plus connu sous le nom McKinley – en Amérique du Nord. Il lui restera à accomplir l’ascension de l’Elbrouz (5 643 m) en Europe, du Puncak Jaya (4 884 m) en Océanie* et du mont Vinson (4 892 m) en Antarctique. Nul doute que la jeune alpiniste, motivée par son double objectif personnel et associatif, y parviendra et pourra, conformément à un vœu exprimé par son défunt père, verser sur ces trois sommets emblématiques une poignée des cendres de celui-ci comme elle l’a déjà fait lors des quatre premières étapes de son défi.

À ce stade de son parcours, une chose est sûre : nulle part Constance Schaerer ne devrait vivre une expérience aussi éprouvante que l’ascension de l’Everest, effectuée en compagnie de son vidéaste Hugo Lorentz et du sherpa Kussang. « C'était horrible » au plan physique, a-t-elle confié au journaliste de L’Équipe Timothée Thomas-Collignon. Et tout aussi éprouvant au plan psychologique du fait des cadavres rencontrés en chemin vers la cime. « J'ai vraiment eu peur de mourir. Quand tu vois des morts et que tu sais que tu peux tomber (...) c'est traumatisant. Si tu as un quelconque problème d'oxygène ou autre en haut, tu n'as aucune chance de survie. »

Accrochée à son objectif en « mode automatique » pour ne pas se laisser submerger par les émotions et par la souffrance endurée sur le géant népalais, la jeune femme a surmonté les épreuves dans le froid glacial himalayen, au prix de quelques gelures aux doigts et aux orteils, soignées dans un hôpital de Katmandu. C’est là, par téléphone, que Constance Schaerer s’est confiée au journaliste du quotidien sportif. Là qu’elle a conclu son interview en disant : « Je suis contente d'être allée au bout de ce projet [d’ascension de l’Everest], et de pouvoir montrer aux enfants de l'asso[ciation] que tout est possible dans la vie, malgré la perte d'un parent. »

Une belle leçon de vie, non seulement pour tous les garçons et les filles confrontés à la perte d’une mère ou d’un père dont ils auraient encore eu tant besoin pour se construire, mais d’une manière générale pour chacun(e) d’entre nous. Rappelons-nous à cet égard l’aphorisme de Saint-Exupéry : « L’homme ne se découvre que lorsqu’il se mesure à l’obstacle. »

L’Indonésie, où se trouve le Puncak Jaya, est un pays dont le territoire est, au plan géologique, partagé entre l’Asie et l’Océanie. Ce qui soulève parfois des controverses, mais n’enlève rien au défi que constitue l’ascension des Seven Summits.

À lire également :

Marie au paradis des alpinistes chamoniards (juillet 2017)

L’étonnant destin d’Ulrich Inderbinen (avril 2014)


Moyenne des avis sur cet article :  2.05/5   (19 votes)




Réagissez à l'article

21 réactions à cet article    


  • Fanny 2 juin 14:42

    Félicitations à cette alpiniste d’élite, une Française.

    la perte d’une mère ou d’un père dont ils auraient encore eu tant besoin pour se construire,

    On a besoin de parents pendant moins de dix ans. Après, tout est plié.

    Souvent, cette perte est motivante et fixe un objectif de vie : être digne de son père (mère). Philippe Seguin.

    tout est possible dans la vie, malgré la perte d’un parent. »

    Voir remarque ci-dessus.


    • Fergus Fergus 2 juin 20:05

      Bonsoir, Fanny

      « Après, tout est plié »
      Non, pas forcément. De nombreux pré-ados et ados ont encore besoin de leurs parents pour se construire de manière équilibrée.

      « Souvent, cette perte est motivante et fixe un objectif de vie : être digne de son père (mère) »
      Souvent, en effet. Mais pas toujours, hélas ! Certains perdent pied sans pouvoir recouvrer leur équilibre antérieur.

      En réalité, il n’y a pas de parcours type à la suite d’un deuil de cette nature.


    • Gasty Gasty 2 juin 17:21

      Si toutes les associations (sauf)* se mettent à gravir les sommets du monde, ça va en faire du monde.

      * Associations pour sauver la planète.


      • Fergus Fergus 2 juin 20:13

        Bonsoir, Gasty

        Vous avez raison de soulever cette question.
        Par chance, eu égard à la difficulté du challenge (et au coût que cela nécessite), le risque est limité.

        Tant mieux, car sur l’Everest, il y a tellement de monde malgré le danger que fait poser cette ascension sur les moins bien armés aux plans physique et psychologique  que l’état népalais vient de décider d’interdire dorénavant l’accès à l’Everest aux amateurs.


      • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 3 juin 06:37

        Risquer sa vie, pour un mort, braver la peur, bizarre.

        Prendre des risques pour une cause, où quand inaudibilité, çà s’appelle CRIER.

        Bref, je ne vois que de l’instabilité.

        En République, on s’engage dans l’Armée, quand elle est encore de Secours ;
        ce sont les mêmes codes : SERVIR-(nation,cause)-SACRIFICE :
        « les républiques n’ont toujours produit que des citoyen-soldats, à divertir, entre 2 guerres, en attendant la suivante. »


        • Fergus Fergus 3 juin 09:03

          Bonjour, Sylfaën.H.

          « bizarre » aux yeux de la plupart d’entre nous, mais chargé de sens pour Constance Schaerer dont le père décédé avait lui-même envisagé de réaliser un tel défi. A des distances ou des altitudes moindres, il est assez fréquent que des proches mettent ainsi leurs pas dans ceux d’un défunt. 


        • mmbbb 3 juin 09:29

          @Fergus elle a du fluzz cette femme .

          Parce que conjuguer ce métier et pouvoir en vivre notamment dans ces expéditions dont le coût n est pas négligeable , il faut disposer de réserve .

          Néanmoins bel exploit mais j espere qu elle a redescendu ses déchets parce que le camp de base de l Everest comme tant d autres sont des dépotoirs .

          Et j aurais aimé vivre à la montagne .

          Néanmoins , je partage l avis de M Syfaen , beaucoup de personnes s engagent pour préserver la vie des hommes .

          A Lyon un pompier est mort dans une intervention  il avait 26 ans . 

          Si l on établi une hiérarchie des valeurs , cet homme comme tant d autres devraient un hommage appuyé .

          J ai arrêté de donner mes plaquettes je n ai pas eu de sponsor !! 

          Mes plaquettes ont sauvé des vies . 


        • Fergus Fergus 3 juin 09:48

          Bonjour, mmbbb

          « conjuguer ce métier et pouvoir en vivre notamment dans ces expéditions dont le coût n est pas négligeable , il faut disposer de réserve »
          Je ne connais pas le détail des montages financiers, mais je sais quel le projet de Constance Schaerer est soutenu par une dizaine de « partenaires » sans lesquels le défi des Seven Summits n’aurait pas pu voir le jour.

          « j espere qu elle a redescendu ses déchets parce que le camp de base de l Everest comme tant d autres sont des dépotoirs »
          Je suis persuadé qu’elle fait partie des alpinistes responsables dans ce domaine.
          Hélas ! le fait est que, malgré des progrès notables sur ce plan, ils sont encore trop nombreux, les alpinistes (mais aussi les randonneurs) qui ne respectent pas les lieux.

          « beaucoup de personnes s engagent pour préserver la vie des hommes »

          En réalité, les motivations sont complexes. Mais il est clair que l’on doit le respect à ces personnes et sanctionner très durement ceux qui leur portent atteinte. Sans oublier de rendre un hommage public aux victimes de leur engagement.


          « Mes plaquettes ont sauvé des vies »

          Probablement. Il est dommage à cet égard que la Journée mondiale du Don du sang ne soit pas plus médiatisée et les donneurs publiquement mis à l’honneur par les autorités de santé de notre pays.


        • mmbbb 3 juin 10:23

          @Fergus Si j avais écouté le personnel médical , j aurais dû donner mes organes , ma moelle , mes plaquettes , mes immunoglobulines et mon sang .

          Et pour quel retour !  

          j ai tout arrêter , lorsque je serai vieux on me traitera certainement pas tres bien .

          Je deviendrai trop cher ! 

          Je ne suis pas contre ces dons , mais lorsque la Secu  rembourse sous la pression des assos , la PMA pour toutes , la prise en charge de la misere du monde , bientot les serviettes periodiques et j en oublie en omettant pas les personnes qui ne font aucun effort et se font payer des cures ( j en connais ) , alors que je m entretiens , je ne bois pas ne fume pas ne drogue pas , et que je dois faire des efforts « de solidarité » forcée par l augmentation constante des cotisations , je suis un peu en réserve contre ce systeme .

          Et quand dans ce pays , on peut tout casser et avoir en retour qu une sanction ’ stage de citoyenneté «  . cela me dégoute ! 

          Quant à la montagne la mer , ce sont des milieux qui sont devenus avant tout des » supports« des exploits sportifs , certes mais tout de même pollués et sur fréquentés.

          L Everest , le camp de base , les cadavres en » sur gélation " et un dépotoir comme d autres camps de bases .

          La mer les océans , sont des dépotoirs désormais .


        • Fergus Fergus 3 juin 11:34

          @ mmbbb

          En ce qui nous concerne, mon épouse et moi, nous sommes totalement favorables aux dons d’organe. Peut nous importe de savoir ce qu’il adviendra de nos corps une fois mort. Tant mieux si cela peut être utile, de quelque manière que ce soit.
          A condition que le décès ait été clairement établi avant le charcutage. smiley

          « quand dans ce pays , on peut tout casser et avoir en retour qu une sanction ’ stage de citoyenneté « . cela me dégoute ! »

          Le fait est que les sanctions infligées sont souvent dérisoires en regard des délits commis. Mais pas toujours. En réalité, il y a de grosses disparités entre les ressorts judiciaires, ce qui n’est pas très sain.


          « Quant à la montagne la mer , ce sont des milieux qui sont devenus avant tout des » supports« des exploits sportifs , certes mais tout de même pollués et sur fréquentés »
          Sur ce plan là aussi il y a de grandes disparités, certains lieux étant effectivement sur-fréquentés quand d’autres y échappent, fort heureusement.

          « La mer les océans , sont des dépotoirs désormais »
          C’est vrai, hélas ! Puisse la conférence qui va s’ouvrir à Nice déboucher sur des pistes d’action destinées à lutter contre ces dérives afin de mieux protéger les milieux marins.



        • Fergus Fergus 3 juin 12:55

          @ Sylfaën.H.

          Ce n’est qu’un exemple de la bêtise ordinaire. Cela a toujours existé, et cela existera toujours.


        • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 6 juin 11:33

          @Fergus
          Le défi, la bêtise ordinaire


        • Aristide Aristide 3 juin 11:30

          Tous ces « exploits » seraient impossibles à réaliser sans les sherpas... 260 d’entre eux y ont laissé leur vie depuis cette mode de prouesses médiatisées…

          Coïncidence ou pas, un vrai exploit moins médiatisé est passé sans grand bruit : 31ème ascension réussie de l’Everest pour Kami Rita Sherpa

          Je reconnais qu’il est assez facile de mettre face à face ce désir médiatique d’Occidentaux en mal de sensations fortes et cette force naturelle que tous ces sherpas déploient et pas seulement lors des ascensions…


          • Fergus Fergus 3 juin 11:46

            Bonjour, Aristide

            « Tous ces « exploits » seraient impossibles à réaliser sans les sherpas... 260 d’entre eux y ont laissé leur vie depuis cette mode de prouesses médiatisées »
            C’est vrai, mais pour rien au monde les Népalais ne voudraient tuer cette activité qui constitue de fait l’une des meilleures ressources de leur pays.

            A noter qu’en France, l’on déplore chaque année des décès de guides de haute montagne. Je n’ai pas les données chiffrées, mais, sur une période de référence égale, leur nombre doit être au moins aussi élevé que celui des sherpas.

            J’ai pris connaissance du record de ce sherpa il y a quelques jours.


          • Aristide Aristide 3 juin 12:40

            @Fergus

             Il me semble que cette « activité » ne représente qu’une infime part de l’économie du Népal, essentiellement tourné vers l’agriculture et le tourisme « normal ». Le tourisme est une ressource qui peut employer tous les sherpas dans des conditions bien moins dangereuses, l’accompagnement de randonnées, etc. Le tourisme sous toutes ses formes est bien plus porteur et important pour la population locale, hébergement, restauration, visites, déplacements…, une vraie infrastructure touristique qui dépasse largement les quelques alpinistes fervents d’exploits…

            Ce pays n’est pas seulement riches de ses sommets, il l’est aussi de sa culture, Katmandou en exemple de cette richesse.


          • Fergus Fergus 3 juin 12:50

            @ Aristide

            « infime », pas tant que cela : je crois mes souvenir avoir lu l’alpinisme représentait 3 % de l’économie népalaise (à vérifier). C’est surtout un domaine pourvoyeur de devises fortes, un aspect non négligeable dans l’un des pays les plus pauvres de la planète.


          • Aristide Aristide 4 juin 14:06

            @Fergus

            Le tourisme autour de 20 à 30 % pour toutes les activités, dont 3 à 6% pour toutes les activités de montagne, souvent organisées également autour d’activités touristiques et culturelles.
            Si on se limite aux expéditions « professionnelles » cela devient très marginal dans l’économie du Népal. 


          • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 3 juin 12:23

            pour rien au monde les Népalais ne voudraient tuer cette activité  

            https://www.courrierinternational.com/article/surtourisme-l-everest-n-est-pas-un-terrain-de-jeux-le-nepal-ne-veut-plus-des-grimpeurs-amateurs_231472

            en France, l’on déplore chaque année des décès de guides de haute montagne  

            La France est en avance sur le Népal coté SURTOURISME.


            • Fergus Fergus 3 juin 12:54

              @ Sylfaën.H.

              J’ai mentionné plus haut l’évolution des Népalais relativement aux alpinistes amateurs qui seront désormais interdits d’ascension de l’Everest. Merci pour le lien.

              « La France est en avance sur le Népal coté SURTOURISME »
              Dans quel sens cette phrase doit-elle être comprise ?


            • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 3 juin 13:20

              @Fergus
              Le Népal en est à légiférer.
              Chez nous, çà risque pas d’arriver tellement la gamelle est bÔnne.
              TOURISME = ATTRACTIVER = FAIRE LA PUTE = VENDRE LA FRANCE.
              La « bouffée » de Tourisme-de-masse qu’on vit est une « ficelle » gauchiasse restimulée sous Hollande, depuis 2016, pour pib, stricto

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité