Israël, en état de guerre éternelle. Aujourd’hui, c’est le tour de l’Iran : et ensuite ? Ce qu’en pensait De Gaulle, dès 1967 !
Suite à la nouvelle agression israélienne contre l'Iran, il est manifestement faux de prétendre que cette "guerre préventive" ne s'en prend qu'à des objectifs strictement militaires. Il est évident que selon la stratégie israélienne consistant, comme on l'a déjà vu à Gaza, au Liban et ailleurs, à détruire tout un immeuble et souvent même, tout un quartier, dans l'espoir d'atteindre une seule personne supposée s'y trouver, et même si c'est parfois le cas, cela se fait donc au prix de nombreuses victimes civiles "collatérales" dont M. Netanyahou ne se soucie absolument pas, comme on peut le voir quotidiennement à Gaza, où cela semble de plus en plus ouvertement faire partie intégrale d'un plan génocidaire de plus en plus flagrant. En riposte, les tirs iraniens, même s'ils sont axés sur des objectifs militaires, ne peuvent pas non plus pour autant éviter de causer des victimes civiles "collatérales".
Au prétexte de vouloir "dénucléariser" l'Iran, c'est donc bien Israël, lui-même déjà réellement détenteur de l'arme nucléaire, qui a pris l'initiative d'une nouvelle escalade des conflits au Proche et au Moyen-Orient. Au stade actuel de cette nouvelle phase du conflit, on ne voit même pas ce qui pourrait y mettre un frein et amorcer une réelle "désescalade", ne serait-ce même que provisoire...
Dans cette affaire tragique il est clair que Netanyahou a réussi à torpiller complètement les efforts de Trump pour un accord négocié sur le nucléaire iranien. Tenu par ses engagements électoraux auprès du lobby AIPAC aux USA, Trump n'avait donc qu'une marge de manoeuvre limitée dans la question du Moyen-Orient et sur ce dossier il s'est donc laissé complètement déborder, après avoir à plusieurs reprises tenté d'y mettre un frein, tout relatif au demeurant.
La réalité plus que jamais évidente c'est qu'il n'y a pas de "compromis" possible avec la volonté expansioniste d'Israël, qui ne peut s'exprimer, dès son origine, que par et pour le colonialisme, et sans réelles limites, simplement au gré de ses capacités d'intervention militaire, et telles que l'Occident se charge de lui fournir et de lui renouveler.
La paix au Proche et au Moyen-Orient dépend donc essentiellement d'un consensus international pour y aboutir, c'est à dire à imposer des limites matérielles à cette volonté expansioniste en termes de fournitures d'armes et de munitions. Si la paix n'est toujours pas possible à ce prix, ne reste que la solution du rapatriement des colons dans leurs pays d'origines, et/ou dans les pays des soutiens aux promoteurs de l'expansionisme israélien, qui les ont armés jusqu'ici, causant, au fil des décennies de conflits, dans tout le Proche et le Moyen-Orient, des millions de victimes, avec, à tour de rôle et parfois simutanément, des guerres "régionales" incessantes dont ne voit guère la fin, autrement.
En son temps, le Général De Gaulle a eu le courage d'entreprendre le rapatriement de nos colons d'Algérie, pour apporter la paix à ce pays, et cela s'est même fait en y adjoignant l'émigration en France des juifs algériens sépharades qui avaient choisi de collaborer avec le colonialisme français, renonçant ainsi à leur "algérianité". Une solution qui n'a pas été dans drames humains, ni même sans tragédies, dans le cas des algériens Harkis, mais qui a malgré tout instauré une paix durable, depuis plus de soixante ans déjà...
Une durabilité dans la paix qu'Israël n'a jamais connue, et pour cause...
Israël, Etat de guerre permanente, ce que De Gaulle avait donc parfaitement anticipé, et situation prévisible à laquelle l'Occident s'est avéré incapable de faire face autrement que par sa complaisance à entretenir ce foyer de conflit non seulement permanent, mais qui risque, toujours en permanence, de rallumer le feu d'une troisième guerre mondiale, et désormais simplement au prétexte de valider la dernière entreprise colonialiste encore en cours de développement et d'expansion sur la planète.
Israël, en état de guerre éternelle. Aujourd'hui, c'est le tour de l'Iran : et ensuite ? Dès 1967 De Gaulle avait voulu avertir la diplomatie mondiale de l'impasse guerrière que représentait l'expansionisme israélien au Proche et au Moyen-Orient. Ses paroles, aujourd'hui résonnent plus que jamais de manière quasi prophétiques, hélas, et il serait donc plus que temps d'en tenir compte, mais ce n'est déjà pas ce que fait le pouvoir macronien, empressé de cautionner l'agression israélienne, même si avec quelques clauses de style, uniquement pour la forme, et osant même, quant au fond, faire porter la responsabilité de l'escalade actuelle sur l'Iran lui-même, contre l'évidence.
Luniterre
Charles De Gaulle, 1967, Conférence de presse - Extrait :
« L'établissement entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque là, l'établissement d'un foyer sioniste en Palestine, et puis après la deuxième guerre mondiale, l'établissement d'un Etat d'Israël soulevait à l'époque un certain nombre d'appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait, même chez beaucoup de juifs, si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui sont foncièrement hostiles, n'allaient pas entraîner d'incessants, d'interminables frictions et conflits. Et certains même redoutaient que les juifs, jusqu'alors dispersés, et qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent une fois qu'ils seraient rassemblés dans les sites de son ancienne grandeur, n'en viennent à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis 19 siècles : " l'an prochain à Jérusalem ". En dépit du flot, tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qui le provoquaient, qui le suscitaient plus exactement, dans certains pays à certaines époques, un capital considérable d'intérêt et même de sympathie s'était formé en leur faveur et surtout il faut bien le dire dans la chrétienté. Un capital qui était issu de l'immense souvenir du testament, nourri à toutes les sources d'une magnifique liturgie, entretenu par la commisération qu'inspirait leur antique valeur et que poétisait chez nous la légende du juif errant, accru par les abominables persécutions qu'ils avaient subi pendant la deuxième guerre mondiale et grossi depuis qu'il avait retrouvé une patrie, par les travaux, leurs travaux constructifs et le courage de leurs soldats. C'est pourquoi indépendamment des vastes concours en argent, en influence, en propagande que les Israéliens recevaient des milieux juifs, d'Amérique et d'Europe, beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l'établissement de leur Etat sur le territoire que leur avaient reconnu les puissances, que lui avaient reconnu les puissances, tout en désirant qu'ils parviennent en usant d'un peu de modestie à trouver avec ses voisins un modus vivendi pacifique. »
(Avec l'enregistrement filmé de la Conférence en vidéo MP4, + version INA colorisée, + original en noir et blanc)
Voir aussi :
Décolonisation : des leçons à en tirer pour la Palestine, le cas de l'"Algérie française"
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Source de l’article et de la compilation :
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