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Entre liberté et destin. Le libre-arbitre agissant, conscient et inconscient de l’homme ?

 Comment peut-on concevoir notre existence ? Comment peut-on comprendre le sens de notre vie, sans pour autant être philosophe, psychologue, ou adepte du zen ? Quel est cet être en nous qui nous donne ce soi en nous et ce soi du monde qui nous est extérieur ? Certes la philosophie, les religions, les méditations bouddhistes, hindouistes, sont à maints égards utiles pour la perception de notre être. Elles viennent conforter ce que nous savons de nous-mêmes, de notre vécu, de l’itinéraire de notre existence en termes de réussites, d’échecs, d’espoirs. Et tout être humain qui a vécu ces situations, surtout si elles l’ont marqué, ne comprenant pas souvent ce qu’il lui arrive surtout en mal, cherche à se libérer pour regagner la quiétude de son être. Certains diront la quiétude de son âme. Ce faisant il comprendra mieux son existence, son quotidien.
 

Pour cet être pensant, il lui arrive de se poser la question : qui est-il ? Il se sait éphémère, il existe, et un jour, il disparaît comme s’il n’a jamais existé. Et tous les hommes sont appelés à subir ce sort. Sortis du néant, nous retournons au néant. Pourquoi ce nous-sommes ? Qu’en est-il de nous ? Qu’est-il ce Je qui pense ? D’autant plus que parfois, nous sommes confrontés à l’absurdité de la vie. Quand nous voyons tant de souffrances qui frappent les humains, des crises meurtrières, ou simplement le chômage, la pauvreté, la misère, et au-delà de ce qui ressort de ces situations, nous nous demandons pourquoi cette existence. Ou encore, nous pensons parfois mal cette existence. Comme si elle n’a pas de sens.
 

Nous ne sommes pas toujours objectifs, pris par nos égoïsmes, souvent nous sommes confrontés à cette pensée qui pense qu’au fond l’égoïste ne se sent pas égoïste, c’est sa nature qui prend le dessus. Ou encore celui qui fait du mal ne se sent pas faire du mal. Aussi, comment nous connaître ? Comment prendre prise de notre existant ? Comprendre nos joies, nos angoisses et apprendre à les maîtriser ? Et c’est important pour notre sérénité intérieure, pour lutter contre les projections des autres, de nos propres problèmes refoulés de l’existence qui remontent à la surface et prennent le pas sur nous. Combien même on est serein, ou paraissons l’être, intérieurement on ne l’est pas et on ne le montre pas. Comment faire pour comprendre ce mal-pensé ? Qui, au fond, quoique l’on dise, est naturel puisqu’il prend en nous, et nous ne pouvions le plus souvent lutter contre. Nous sommes simplement ce que nous sommes, et le monde est ainsi fait.
 

  1. Les principales instances psychiques qui conduisent l’homme dans son existence
     

Pour avoir une première idée de ce Je pensant ou, plus généralement, ce Nous pensant, il faut d’abord souligner que tout homme est lié intimement à son prochain. Que son existence relève de l’autre, d’autrui, de la société dont il fait partie. En joie ou en déception, au sein de cette société, il s’assume et construit son existant. Et que tout homme s’affirme en tant qu’existant dans la vie, c’est parce qu’il se sait un être libre, faire ce qui lui plaît, accomplir ses désirs sans obstacle ni contrainte. Et cette liberté se confond avec son libre-arbitre qu’il a en pleine conscience. Mais s’il est libre dans ses choix, il demeure que ses choix sont aussi conditionnés par le choix de ses semblables. Le libre-arbitre ou liberté personnelle (le je, l’ego) passe alors à la liberté avec les autres (lui, il n’y a plus de je), à la liberté collective, où l’homme n’est plus seul, le libre arbitre de chaque homme entre en contact avec celui des autres. Et c’est pour cela que l’on énonce non pas le libre-arbitre mais la liberté de l’homme. Une liberté de l’un qui se termine là où commence celle des autres. Mais il demeure que la liberté relève toujours du libre-arbitre qui, s’il n’est pas canalisé, qu’il empiète sur le libre-arbitre de l’autre, peut déboucher sur un conflit.
 

Mais cette croyance à son libre-arbitre, à son ego, l’homme la doit à sa pensée, et cette pensée dont il ne sait rien sinon qu’il pense lui est donnée aussi. Aussi peut-on s’interroger et cela est primordial pour la compréhension du sens de la liberté de l’homme. L’homme pense-t-il sa pensée puisque celle-ci lui est donnée ? Où est-ce que la pensée pense en lui ? Ce qui est une possibilité. Pour être rationnel, il faut poser les deux cas possibles. Il est évident que dans la vie réelle, l’homme ne se sent pas être pensé par sa pensée, mais il se sent penser cette pensée. Et heureusement pour l’homme et son existence, car s’il s’était pensé que sa pensée pensait en lui, c’est toute son existence qui serait bouleversée. Il pourrait n’avoir pas prise sur la réalité, devenant un simple instrument, un objet de sa pensée. D’où le doute permanent de son être.
 

Dès lors, cette croyance qu’il pense sa pensée est essentielle dans la prise de son être sur l’existence, qui lui est aussi donnée pour qu’il puisse croire qu’il pense, et par conséquent, user de son libre-arbitre dont il est conscient. Parce qu’il a conscience de son libre choix sur les choses, comme sur sa libre faculté de juger tout ce qui a trait à son existence, aux événements qui lui arrivent dans sa vie, ou encore sa faculté de vouloir, et tant d’autres choses qu’on ne peut étaler mais aussi qu’il subit comme amour, désamour (refus de lui ou de l’autre qui entraîne espoir ou désespoir), sens de la vie, peur, angoisse de la vie, pauvreté psychique ou physique, richesse, santé, ambition, aspiration à un mieux vivre, sa place dans l’échelle sociale, le destin qu’il n’a pas choisi, etc. Il est donc par tout ce qui lui arrive un être pensant et agissant. Et tout est insufflé en et par sa conscience. Ce qui veut dire que la conscience est le réceptacle de toutes ces facultés, s’érigeant presque en instance humaine suprême qui lui fait connaître sa propre réalité et aussi la réalité du monde.
 

Un homme qui perd conscience, i.e. s’évanouit, perd aussitôt connaissance de lui-même et du monde. Sa conscience apparaît une instance suprême dans ce sentir vivre, se sentir exister, sentir les choses. Elle lui donne donc ce sentiment d’exister, cette sensation d’être, ce sentiment de vouloir, de n’être pas là pour simplement être là. Que la vie lui est donnée pour prendre de cette vie, réussir ce pourquoi il est, et peu importe ce qu’il pourrait entreprendre puisqu’il doit entreprendre. Et à cette conscience se superpose l’inconscient qui n’est pas conscient. Là encore, depuis que la psychologie des profondeurs a fait ressortir l’inconscient, l’homme par intuition peut penser qu’en fait, il puise tout de cet inconscient dont il ne peut limiter le pouvoir ni l’étendue. Il le fait par intuition, une faculté qui ressort aussi de sa conscience, qui lui est donnée. Une connaissance qui fait irruption dans la conscience sans qu’il ne sache comment.
 

Mais dans la conscience que l’homme a sur le monde, il y a encore deux autres instances essentielles, l’intelligence et la raison. Si l’homme est pensant, il ne peut être pensant, sans que cette pensée lui soit intelligible et intelligente dans sa relation avec soi et ses rapports en dehors de soi. Il n’est humain que parce que sa conscience est en plus intelligente, dans le sens qu’elle lui octroie une intelligibilité du monde. Cette instance qu’est l’intelligence lui est aussi donnée, à l’instar des autres instances. Et c’est par cette intelligence qui intellige la nature qui permet à l’homme de se construire et se construire le monde, non pas comme le monde a été donné mais comme lui, il lui a été donné de le transformer. Pour ne donner qu’un exemple comment l’homme est passé de masure au Moyen-Âge aux gratte-ciels, aux villes ultra-modernes. Des villes qui seraient pour un homme de l’antiquité ou du Moyen-Âge, qui se serait transporté par l’esprit dans notre monde d’aujourd’hui, aurait vu, dans les pays développés, des villes fiction, impossible à imaginer. L’homme donc a été, et est devenu ensuite, où le fait de l’homme au cours des siècles s’est inscrit dans sa destinée. Là encore pour être plus juste, qu’il faut souligner, une « destinée » qu’il ne s’est pas choisie, qu’il a faite et devait la faire pour devenir ce qu’il devait à être aujourd’hui. Et le chemin reste encore très long dans cette destinée ouverte à tous les possibles pour l’homme.
 

Donc la faculté de l’intelligence qui lui permet de connaître, de comprendre, et a son siège au cerveau, lui a permis ce qu’aucun homme s’il était raisonnable ne pouvait penser qu’il arriverait à ce stade avancé de la civilisation. En effet, aucun homme ne pouvait penser qu’un jour, il allait voler dans les airs. Ou qu’il allait devenir un poisson des grandes profondeurs, ou vivre des mois dans les profondeurs comme le font les sous-marins stratégiques, lanceurs de missiles balistiques (SLBM). Ou qu’il allait créer un système démocratique même défaillant, mais néanmoins démocratique, apportant aux citoyens le pouvoir de nommer leurs dirigeants, de prendre en mains leurs destinées. Ce sont là des avancées qu’il faut mettre au compte de l’œuvre de l’intelligence pensante le monde qui est donnée à l’homme. Et l’homme n’est encore qu’à un petit stade, qui combien même il nous paraît grand, en réalité n’est qu’à son commencement. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de limite à l’Intelligence universelle, matrice de l’intelligence humaine, matrice du devenir du monde.
 

L’homme n’a fait qu’un court chemin dans le monde en cours, et il reste beaucoup à venir. Le cerveau humain qui lui est donné n’apparaît que l’interface entre l’homme (pensant par cet interface) et l’Univers à la fois pensé (dont il fait partie) et pensant par Lui-même.
 

La faculté de la raison qui vient mettre de l’ordre dans les affaires humaines, dans l’homme, elle trône au centre de sa conscience. Parce que c’est elle, qui aussi nous est donnée, nous dit si cela va ou ne va pas. Elle est en quelque sorte à la fois la lumière et le miroir de ce qu’on aura fait dans notre existence. Parce qu’elle utilise toutes les instances pensantes et agissantes dans notre conscience. C’est par elle que l’on se sait raisonnable, en harmonie avec la nature et les hommes, ou l’inverse déraisonnable, excessif, provoquant des difficultés qui peuvent être complexes dans l’existence. Du moins elle essaie de raisonner l’homme pour qu’il ne devienne pas déraisonnable qui, se faisant, s’il ne l’écoute pas, ne peut que porter préjudice à lui-même. A l’extrême, un homme qui perd la raison n’a plus conscience du monde. Devenant fou, il perd le sens de l’existence.
 

C’est la raison qui dit ce qui est juste ou faux, elle éclaire l’homme s’il est dans le vrai, ou dans le faux. Et l’homme souvent n’est pas raisonnable, il est à l’origine des conflits parce qu’il n’y a pas une raison chez l’homme mais une multitude de raisons qui se confrontent entre les hommes. Comme il n’y a pas une intelligence, une conscience chez l’homme mais une multitude d’intelligences, de consciences chez les hommes. Elles sont toutes liées les unes aux autres, et évoluent selon une représentation du monde en termes d’identité (race, nationalité, géographie, tribu, famille, etc.), d’intérêt, de culture, etc., que chaque homme, chaque peuple se fait de lui-même, comment il voit l’autre, comment il projette son ego sur son prochain. Et de là dépendent les relations qu’auront à tisser entre eux, hommes et peuples, en bien ou en mal. 
 

  1. L’homme qui lui arrivait de parcourir 100 à 200 km sans conscience

 Fort de cette description des instances psychiques qui catégorisent l’homme dans son essence pensante et agissante, il reste à revenir dans ce dédale d’affirmations de l’homme puisque tout lui est donné, ce qu’il ressort concrètement de son existant.
 

Pour donner une approche susceptible d’expliquer ce labyrinthe existentiel, donnons une fait humain vécu, réel qui puisse nous permettre d’avoir une vue qui donne le sens sur les instances psychiques essentielles données à l’homme, et qu’en outre, on constate qu’elles ne sont pas simplement données, elles sont encore assujettis à la Raison universelle, à l’Intelligence universelle. Tout en n’apparaissant pas à l’homme, la Raison universelle agit dans son inconscient.
 

Et, aussi paradoxal soit-il, ce fait peut montrer que l’homme peut ne pas se commander par la conscience. Qu’il est vivant, agissant comme tout homme éveillé, mais n’est plus conscient de lui-même. Il devient un simple automate mené par une « conscience inconsciente ». C’est la raison pour laquelle on croit souvent une chose parce que l’on croit croire alors qu’elle nous est donnée, comme elle peut ne pas nous être donnée. Comme pour la conscience, on croit que l’on est conscient parce qu’elle nous est donné d’être conscient, et qu’effectivement on est conscient. Quand on dort, par exemple, elle nous est enlevée. On n’est plus conscient. Mais il arrive même que lorsque l’on ne dort pas, on peut ne pas être conscient. Pour étayer cette vision, une histoire vécue serait plus parlante sur ce phénomène de conscience et inconscience donnée à l’homme.
 

Un camarade de travail qui habitait non loin de la ville où j’habite et avec qui il m’arrivait de discuter quand on se rencontrait, me raconta, il y a quelques années, des choses qui m’ont surpris. Cela ne lui paraissait pas du tout, tant il était affable, correct, équilibré et sérieux. Il me raconta qu’il lui arrive de prendre la voiture et roulait pendant des heures comme un automate, faisant plus d’une centaine de kms sans se rendre compte. Se retrouvant dans une autre ville, un terrain vague, ou reprenant conscience pendant qu’il roulait dans une route qu’il ne comprenait pas comment est-il arrivé là. La mémoire lui faisait défaut. Il se plaignait, il s’inquiétait réellement en me le racontant. Il ne savait pas ce qui lui arrivait. Certes il n’était pas outre mesure inquiet, il n’y avait pas de peur, d’angoisse. Mais je pense, bien qu’il ne me l’ait pas dit, qu’il faisait allusion au risque d’accident puisqu’il roulait inconscient de ce qu’il faisait. , donc il n’était pas maître de la conduite en route.
 

La question qui se posait pour lui. Qu’est-ce qui l’amenait à aller loin de sa ville, de son lieu du travail et de son domicile ? Ces questions taraudaient son esprit. Comment a-t-il parcouru des kms sans qu’il soit conscient pour arriver là ? Il me racontait qu’il ne se rappelle pas d’avoir roulé. Tout ce qu’il disait, c’est que le fait d’arriver là, ou de reprendre conscience dans sa voiture et se retrouver loin de chez lui, lui prouve qu’il a roulé. Son problème est que cela lui arrive de rouler plusieurs fois sans conscience vers des destinations plus ou moins éloignées, durant des heures. Il est très probable que ces états lui arrivent dans son sommeil, se réveillant dans un état second, il prend sa voiture et roule sans prendre conscience de ce qu’il fait. C’est probablement la raison qu’il ne se souvient plus.
 

A l’époque, je ne m’occupais pas d’écriture. Evidemment s’il s’est confié à moi, c’est simplement parce que je l’écoutais d’une oreille attentive. Je m’intéressais à ses dires. Je n’avais pas de réponse au problème de ses déplacements inconscients dans les routes vers des destinations inconnues. La seule remarque que je lui fis portait sur la sécurité de la conduite en voiture, i.e. sa propre sécurité et celle des autres qui conduisent. Il me répond qu’il ne sait pas. Un cas de somnambulisme en voiture.
 

Ce témoignage prouve la complexité des phénomènes de conscience de l’homme. Ce qui nous fait dire que le libre-arbitre de l’homme peut être réel et agissant même s’il est inconscient. Puisque cet homme a marché, prit les clés de voiture, a choisi une route, roulé longtemps et fait attention aux autres usagers de la route. Il ne commet pas d’accident, respecte le code de la route, pendant des heures, sur une grande distance. Cette inconscience, nous devons l’admettre, est aussi intelligente et raisonnable. Il est impossible à un homme pris par ce phénomène de somnambulisme de se trouver sur des routes conduisant inconsciemment, sans qu’il prenne conscience qu’il conduisait. Il serait quasiment impossible pour cet homme de faire le premier kilomètre sans qu’il n’ait fait un accident. Et s’il a parcouru une distance assez grande de 100 ou 200 kms, c’est qu’il a pu conduire avec ce qu’on peut conceptualiser le « libre-arbitre conscient inconscient » mû précisément par la même conscience que l’homme avait à l’état d’éveillé, avec toutes ses facultés intellectuelles, sauf que celle-ci est inconsciente. Il est passé d’un état d’éveillé à un état de sommeil, puis d’un état de sommeil à un état somnambulique ou hypnotique.
 

Et c’est cette conscience inconsciente qui le différentie d’un libre-arbitre conscient. C’est cette intelligence et raison de cette conscience vivante, réelle, mais inconsciente, doté du libre-arbitre inconscient qui lui intimait de respecter les règles de conduite, i.e. l’usage de l’accélérateur, du débrayage, des freins, etc., et le respect du code de la route. Ce qui lui a permis de bien conduire avec les mêmes réflexes que s’il était éveillé, sans commettre d’accidents. Ce qui nous fait dire qu’il ne pouvait conduire sans pensées même inconscientes. Son cerveau était comme libre de penser la conduite sans que le sujet prenne conscience.
 

Et pour conduire, il fallait au camarade de penser ce qu’il allait faire, prendre les clés, démarrer, choisir la route, éviter les trottoirs, les obstacles, les autres voitures, tourner dans les virages, etc. Et cela demandait des réflexions de faire quoi pour conduire par la pensée, pendant une heure, deux heures, plus ou moins, selon la durée de son état somnambulique. Mon camarade avait tout sauf qu’il n’était pas éveillé de ce qu’il faisait. La seule réponse qui apparaît et qui explique pourquoi il a pu conduire sa voiture sans conscience n’a qu’un nom, elle est herméneutique : c’est la Raison universelle, l’Intelligence universelle qui lui a permis de conduire, de garantir son périple en voiture avec un état d’automate, une conscience inconsciente. Une pensée qui pense toute seule sans qu’il la pense. Et même s’il avait fait un accident, cela comme il l’avait dit, qu’il lui était arrivé de conduire plusieurs fois dans cet état, ne prouve pas qu’un accident s’il avait survenu provenait de lui, il pouvait plutôt venir de la voiture inverse. C’est une possibilité d’explication qui n’est évidemment pas absolue.
 

S’il avait un avion personnel, il aurait pu décoller et atterrir dans une autre ville. Qu’il se réveille en vol, ou qu’il ne se réveille pas et atterrisse sans encombre dans une ville, importe peu. Il a tout simplement été transporté lui et son avion, comme pour mon camarade et sa voiture vers une destination dont il n’avait pas conscience. Que peut-on dire de ce libre-arbitre agissant mais inconscient ? Beaucoup de phénomènes humains ne sont pas expliqués, et c’est tout à fait normal, l’homme est par une pensée dont il ne sait rien. D’où elle vient ? Aucune réponse sinon qu’elle est en lui, et qu’il est par elle. Tout ce qu’il sait est qu’il pense. Donc qu’il agit en pensant consciemment, disposant d’un libre-arbitre conscient, ou inconsciemment puisque il agit aussi, demeure qu’il est dépendant de l’Intelligence, de la Raison universelle qui gouverne le monde, qui décide du monde. Qu’il le sait ou non, c’est elle, en dernier ressort, qui décide qu’il soit ou non dans l’existence. En d’autres termes, pour ce cas, il peut être agissant sans en être conscient.
 

  1. L’étrange destin du champion sud-coréen Kim Duk-koo : « Vis ou meurt »

 Descartes, dans sa Deuxième Méditation, n’a-t-il pas écrit : « Je suis, j’existe […] si je cessais de penser, que le cesserais en même temps d’être ou d’exister. Je n’admets maintenant rien qui ne soit nécessairement vrai : je ne suis donc, précisément parlant, qu’une chose qui pense, c’est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison, qui sont des termes dont la signification m’était auparavant inconnue. Or je suis une chose vraie, et vraiment existante ; mais quelle chose ? Je l’ai dit : une chose qui pense.
 

Et quoi davantage ? J’exciterai encore mon imagination, pour chercher si je ne suis point quelque chose de plus. Je ne suis point cet assemblage de membres, que l’on appelle le corps humain ; je ne suis point un air délié et pénétrant, répandu dans tous ces membres ; je ne suis point un vent, un souffle, une vapeur, ni rien de tout ce que je puis feindre et imaginer, puisque j’ai supposé que tout cela n’était rien, et que, sans changer cette supposition, je trouve que je ne laisse pas d’être certain que je suis quelque chose. […] Mais qu’est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense. Qu’est-ce qu’une chose qui pense ? C’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent. »
 

Ceci est révélateur sur le sens phénoménal de la pensée de l’être humain qu’exprime Descartes, il y a plus de trois siècles. On peut même étendre cette question sur la pensée à ma personne et à toute personne qui pense, c’est-à-dire à tous les humains. Est-ce que c’est moi qui suis en train de développer cette analyse ? En suis-je certain ? Suis-je en train de la penser ? Cela est certain que je pense. Et si ce n’est pas qui pense mes idées mais les idées qui pensent en moi ? C’est une possibilité, je n’ai pas l’assurance totale que c’est moi qui pense mes idées. Et si je suis la chose de la pensée, mon cerveau n’étant que l’interface entre la chose humaine que je suis, y compris mon cerveau qui joue le rôle de véhicule pour la pensée, et mon cerveau à travers la pensée qui l’habite dont je ne sais comment, me dit que je suis humain, qui communique à moi et pense en moi. Et cette situation est la situation de tout homme qui pense, s’il est conscient qu’il pense et peut ainsi penser. Come aussi de toute nation qui décide de son sort avec elle-même, ou avec cet autre qui n’est pas elle-même mais aussi elle-même dans le sens qu’il conditionne son devenir.
 

Prenons un autre exemple parmi des cas qui sont légion – sauf qu’ils ne sont pas analysés à leur juste sens –, un boxeur professionnel qui s’acharne à lutter pour un titre ou à le défendre, et puis meurt. Son libre-arbitre est-il conscient ? Si on prend le cas du champion sud-coréen Kim Duk-koo, champion de Corée du Sud et champion d’Asie au début des années1980, et son combat pour le championnat du monde, contre l’Américain Ray Mancini, à Las Vegas, le 13 novembre 1982. Il s’est terminé tragiquement par la mort du boxeur asiatique des suites de ses blessures après son KO au 14ème round. La question qui se pose : « le libre-arbitre était-il totalement conscient, avant son combat ? N’allait-il pas déjà vers la mort, une mort pensée déjà par lui-même ? »
 

Comme on le lit : « La mort de Kim ne fut pas vaine. Les dommages que lui et Mancini se sont faits ce jour-là ont incité la boxe à arrêter les combats en 15 rounds pour les titres de champions, les limitant à 12, comme pour les combats normaux. Mancini semble s'être reconstruit tout en restant conscient de son passé : « Le 13 novembre est un jour de deuil pour moi, expliquait-il dans un documentaire d'ESPN. Je me recueille en souvenir de Kim et de sa famille. Je continuerai toujours. » [...] Les boxeurs semblent accepter cette facette de leur sport. Selon Tom Rinaldi, lorsque George Khalid Jones voyageait pour son combat face à Beethavean Scottland, Jones se disait à lui-même « peu importe qui je combats, j'espère juste que je ne le tuerai pas ». Le journaliste du Las Vegas Review-Journal Royce Feour raconta que quand il interviewa Kim dans sa chambre d'hôtel, il avait vu un post-it sur un abat-jour qui disait en coréen « Vis ou meurt ». 
 

Ne voit-on pas là une forme de fatalité dans la conscience de Kim Duk-koo ? Peut-on être aveugle dans cette dédicace qu’il a laissé aux autres « Vis ou meurt ». N’a-t-il pas assimilé la victoire à la vie, et la défaite à la mort. Etait-il rationnel en écrivant ces mots ? Avait-il toute sa raison ? N’était-il pas dans un certain sens inconscient d’assimiler la victoire à « Vis » ou la défaite à « Meurt ». Il était certes conscient en écrivant ces mots mais il était inconscient sur la portée de leur sens. Il voulait mourir en cas de défaite, et mourir dans ce cas, il n’était pas conscient du sens de l’existence. Il a en quelque sorte pressenti sa mort puisque comme il l’a écrit « il est mort ». Une dédicace prémonitoire. Il n’y a qu’une réponse à cette dédicace laissée à la postérité, c’est qu’il relève d’un libre-arbitre qui est conscient mais aussi inconscient qui lui a fait écrire ces mots. Tout en étant conscient, il était inconscient parce qu’il écrivait sa mort prochaine « Vis ou meurt » sans savoir qu’il allait réellement mourir.
 

L’a-t-il écrit par bravade ? Peu probable ! Il l’a écrit parce qu’il sentait en lui une force qui le lui a fait écrire, il voulait en quelque sorte se transcender. Mais c’est aussi un moment de folie que de mettre en enjeu dans le combat sa vie ! Mais pouvait-il faire autrement ? Il n’était que ce qu’il était, pas plus. Et ce libre-arbitre conscient inconscient d’où vient-il sinon de l’Instance qu’il lui a concédé ce pourquoi il pense, ce pourquoi il a fait en écrivant par son choix de boxeur de vaincre ou de mourir.
 

  1. Le libre-arbitre agissant, conscient et inconscient individuel et collectif : le drame d’un fellah qui tue trois membres de la famille de son frère

 
 Un autre cas de libre-arbitre agissant conscient et inconscient individuel et collectif qui finit comme une fatalité pour des membres d’une famille, qui les fait rencontrer leur destin, dont ils n’y ont jamais pensé. Dans le journal le Quotidien d’Oran du mardi 13 juin 2017, il est écrit en page 4 qu’un fellah (agriculteur), la soixantaine, a tué sa belle-sœur, son neveu (32 ans) et sa nièce (22 ans) à coup de fusil. Selon le journal, « une dispute entre l’auteur du crime et son frère au sujet d’un litige lié au foncier, serait à l’origine de ce drame. La famille des trois victimes aurait refusé que le sexagénaire traverse une piste devant leur domicile et qui mène à sa maison. [...] la dispute aurait eu lieu dans la matinée lorsque le sexagénaire a menacé de mort la famille en question, et avant le f’tour (repas de rupture du jeûne de ramadan), le mis en cause est passé à l’acte. » Que peut-on dire du comportement de cette famille ? D’emblée le motif de la dispute qui a dégénéré n’était pas sérieux pour arriver à ce drame. Si c’était le cas, le drame aurait survenu bien avant. Un accord à l’amiable, ou un détour pour arriver à sa maison aurait pu être trouvé. Le problème était plus profond et a touché les relations entre frères, donc un problème familial. Sur le plan du libre-arbitre, chacun en était doté. Et tous les membres de la famille en étaient conscients, et aucun n’a pensé que cette dispute va se terminer par trois tués et un tueur. Et tous étaient montés les uns contre les autres.
 

Donc il y avait une perte de conscience de la réalité pour les uns comme pour les autres. Les membres de la famille tués étaient braqués dans leur position pour barrer la route, donc mus par un libre-arbitre agissant, conscient et inconscient collectif ne sachant pas qu’ils vont être tués. Ils pensaient probablement que leur nombre (un homme et deux femmes) était suffisant pour l’empêcher de passer. Quant au fellah, il a pris par son libre-arbitre à la fois conscient et inconscient un fusil de chasse, sans penser un instant qu’il va tuer, pensant probablement leur faire peur, pour les forcer à lui libérer le passage. C’était plutôt pour se défendre que pour agresser. Ce fellah n’était pas un criminel, un agriculteur. Le problème s’est posé lorsqu’il s’était trouvé en face d’eux, et probablement le fusil de chasse n’a pas fait peur. Le libre-arbitre conscient était tellement inconscient que l’homme et les deux femmes se sont probablement mis au travers de la route poussant le fellah dans une impasse. Reculer ou passer. Et c’est très possible qu’il ait tiré sans se rendre compte de son acte, sous l’effet de la colère. Un drame par la faute d’un libre-arbitre insuffisamment maîtrisé qui a brisé toute une famille, comme si c’était marqué dans leur destin. Et si c’était leur destin ?
 

Mais peut-on dire que c’était leur destin ? Que c’était fatal ? On peut dire que le destin est le résultat de nos actions dans l’existence ? Mais le destin ne nous dit pas de suivre nos actes irréfléchis, inconscients. Si les membres de cette famille avaient fait preuve de souplesse, tenté de comprendre leurs torts, compris que leurs litiges pouvaient se résoudre sans haine et sans passion, bref avaient été plus raisonnables et donc plus conscients de leur situation illogique, rien ne leur serait arrivé. Donc on ne peut incriminer le destin. Et c’est la raison pour laquelle le libre-arbitre agissant, conscient et inconscient joue comme le curseur de la raison. Plus on est inconscient, plus on est déraisonnable. Plus on est conscient, plus on est raisonnable, et on retire le meilleur de la vie. Quant aux vicissitudes de l’existence, on les prend comme elles le sont, on les affronte avec le moins de peur possible. Car la peur est un trait de profonde humanité. Tout humain qui n’a pas peur est tout simplement inconscient, et va à sa perte. La peur aussi se raisonne. On ne peut pas avoir peur de la peur si on a compris son fondement.
 

D’autre part les déterministes qui disent qu’il n’y a pas de libre-arbitre conscient ou ceux qui mettent en avant le destin immuable ou le mektoub pour les Musulmans sont libres de le penser parce que c'est un acte de pensée et de conviction qu’ils ont de leur pensée, et que de leur pensée ouverte à tous les possibles. Mais rien ne confirme cette conviction. On ne peut assimiler un homme à une pierre qui tombe selon les lois de la gravité. Sinon l’homme n’a pas de vie, ni de pensée. Certes, il y a l’Intelligence universelle qui dirige le monde, mais Elle le dirige avec le monde, i.e. une certaine liberté qu’Elle accorde à ce monde dont le libre-arbitre octroyé à l’humain mais qui est limité. Si cela n’a pas existé et n’existe pas et n’existerait pas, il y aurait pas eu de monde, ni même de néant.
 

Dès lors, on peut dire que cette famille a fait son destin. Parce que cela devrait être ainsi, selon de ce que les membres de cette famille ont eu de leur être et ce qui a fait résulter leur destinée. Une précision cependant, dès lors que l’Intelligence universelle intellige le monde, guide le monde, et Elle le fait avec le monde, Elle aurait pu sauver cette famille en simplement leur apporter par une voie détournée le désir de paix. Mais Elle ne l’a pas fait. Et cela relève d’une « Vision » à laquelle l’homme ne peut accéder parce que l’homme de par son essence est créé faible. Il ne peut savoir que ce qu’il lui ait donné par la pensée de savoir. Et c’est la raison pour laquelle, par cette prise de conscience de leur faiblesse, les croyants de toute religion implorent Dieu pour leur venir en aide. De même les bouddhistes qui se projettent sur leur karma, créent le vide dans leur pensée pour se rapprocher de la Réalité suprême. Quant aux incroyants qui ne croient pas en Dieu mais agissent pour le bien de l’humanité, ils sont déjà des croyants inconscients (sans qu’ils le sachent). Leurs actes bons envers leurs prochains en font foi.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale
Relations internationales et Prospective

 


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1 réactions à cet article    


  • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 27 avril 18:09

    Bonjour à toi.

    .
    PERCEVOIR : < VOIR , ANALYSE , MEMOIRE >

    AVANCER : < obligation , interdiction > sous régime d’une Autorité
     < faire , vérifier > pour Action préméditée

    FINALITE : DURER

    .

    L’homme-Machine Doit assurer son existence : ALIMENTATION, first, comme tous animaux. Confier çà à d’autres est suicidaire lorsqu’ Ordre ayant une finalité différente se promène, pour prÔfits.

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Hamed


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