Brandir un drapeau palestinien en pleine Gay pride : quelle absurdité
L'illusion de l’intersectionnalité : quand la convergence des luttes se heurte au réel
L’intersectionnalité est un concept à la mode, né dans les milieux militants progressistes, qui postule que les différentes formes d’oppression — racisme, sexisme, homophobie, colonialisme — seraient intrinsèquement liées et qu’il existerait un intérêt commun à fédérer les luttes des groupes qui s’en disent victimes. Sur le papier, l’idée est séduisante : solidarité, alliance, convergence. Dans la réalité, elle se heurte à des contradictions fondamentales, parfois tragiques.
Un exemple frappant en est l’apparition de drapeaux palestiniens dans des marches des fiertés LGBTQIA+. Pour nombre de militants intersectionnels, défendre les droits des Palestiniens serait naturellement compatible avec la défense des droits des minorités sexuelles et de genre. Pourtant, ce geste relève souvent plus de l’ignorance que de la cohérence.
Une hostilité profonde envers les homosexuels dans certaines sociétés
Il faut rappeler que dans les territoires palestiniens, et notamment à Gaza où le Hamas exerce son autorité, l’homosexualité est non seulement taboue, mais réprimée. Des rapports crédibles d’ONG font état d’arrestations, de violences et même d’exécutions extrajudiciaires visant des personnes homosexuelles. Ce rejet n’est pas une dérive marginale, il est profondément enraciné dans les structures sociales et politiques de certains régimes islamistes.
Dans ce contexte, brandir un drapeau palestinien en pleine Gay Pride revient à soutenir une cause qui, dans les faits, nie radicalement l'existence et les droits de ceux qui militent pour les libertés sexuelles et identitaires. Cela pose une question de fond : peut-on défendre simultanément des visions du monde fondamentalement opposées ? Peut-on vraiment concilier les idéaux de tolérance et d’émancipation sexuelle avec des doctrines religieuses ou politiques qui condamnent ces mêmes libertés ?
Une convergence des luttes fondée sur un malentendu
L’erreur de l’intersectionnalité, dans ce cas, est de croire que les ennemis de nos ennemis sont forcément nos alliés. Mais l’oppression n’est pas monolithique. Tous les peuples opprimés ne partagent pas les mêmes valeurs, et tous les combats ne sont pas compatibles. Le féminisme néo-progressiste, les revendications LGBTQIA+, et les mouvements religieux conservateurs issus de sociétés patriarcales ne peuvent pas coexister dans une alliance cohérente sans qu’au moins l’un de ces mouvements ne renonce à ses principes fondamentaux.
Conclusion : entre solidarité et lucidité
Il est temps d’admettre que la solidarité ne peut pas être aveugle. Toutes les causes ne sont pas compatibles. Et vouloir faire entrer de force dans un même cadre idéologique des luttes qui se contredisent peut aboutir non à l’unité, mais à une confusion contre-productive.
L’intersectionnalité, si elle refuse de voir ces tensions, risque de devenir non un outil d’émancipation, mais une machine à produire des incohérences politiques et morales.
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