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Accueil du site > Culture & Loisirs > Parodie > La pénitence de la brique rouge

La pénitence de la brique rouge

 

Mais qu'a-t-elle fait au juste ?

 

Durant une période récente, les médias n'ont eu de cesse de nous rebattre les oreilles d'une surface de jeu qui avait subi une peine de substitution en sus d'être emprisonnée au milieu de gradins sur lesquels des gardiens attentifs ne la perdaient pas de vue. Faite de briques pelées en surface, sur une épaisseur de 2 millimètres, elle sert de couverture à quatre autres comparses, d'où sans doute la raison de sa pénitence.

Sous elle se trouve en effet une couche bien plus épaisse puisque allant de 7 à 10 cm de calcaire qu'on nomme craon. C'est une matière première minérale d’origine naturelle, essentiellement constituée de calcaire tendre. Ce matériau se distingue par sa couleur blanche à crème, ainsi que par sa texture fine et friable. On mesure là que la brique vient protéger à son corps défendant cette si friable matière.

Ajoutons de 10 à 15 centimètres de mâchefer dont les origines sont troubles et certainement peu ragoutantes. C'est un résidu solide dur, partiellement vitrifié provenant de divers matériaux chauffés à haute température ou soumis à une forte combustion ce qui explique que nombre de joueurs s'y brûlent les ailes. Ajoutons pour noircir le tableau que des déchets d'ordures ménagères viennent s'ajouter à sa composition.

Des petits graviers sur une épaisseur de 2 millimètres viennent s'adjoindre à ce mille feuille indigeste avant qu'une couche de gros cailloux sur une profondeur de 40 à 60 centimètres complète une structure qui cache beaucoup plus qu'elle ne montre. C'est sans doute là la clef de cette énigme que se pose les observateurs neutres : « Pourquoi la terre est-elle battue ? »

On peut trouver quelques hypothèses dont la première qui vient spontanément à l'esprit des lettrés puisqu'on prétend qu'il faut battre le mâchefer tant qu'il est chaud ! Est-ce pour le tancer de dissimuler ainsi les reliefs de notre société de consommation qui trouve en ce tournoi de tennis une de ses plus belle expression ?

Il est permis d'envisager une révolte des petits cailloux qui n'ont qu'un fantasme : « Venir se lover dans une chaussure des têtes de séries afin d'apporter un peu de perturbation chez ceux qui écrasent la compétition en jouant les rouleaux compresseurs. Battre la terre serait une manière de laisser chaque matière à sa place.

Des esprits plus au fait de l'histoire avancent une autre hypothèse, plus audacieuse celle-ci. La terre est battue afin que ne remonte pas des profondeurs la terrible chanson du Craon. Faire taire ce souvenir terrifiant est une nécessité pour que puisse se poursuivre ce tournoi qui propose parfois de véritables guerres de tranchées quand des joueurs se défendent bec et ongles en fond de court.

Le filet serait dans ce cas, une ligne de partage, une forme métaphorique de la ligne de front tandis que certains audacieux montent à l'assaut pour le plus souvent sur une telle surface, se faire transpercer par un coup droit meurtrier, un revers assassin ou un tir lobé de l'artillerie adverse. Nous devons toucher au but avec cette explication.

Toujours est-il que cette tentative de clarifier cette question fondamentale n'explique pas pourquoi ce sport qui ne casse portant pas des briques se complaît à distribuer par brouettes entières des briques à ses vainqueurs d'un jour ou du tournoi final. C'est là un paradoxe de plus que je ne m'avancerai pas à éclairer d'autant que les lignes sont blanches et qu'il me serait possible de m'y casser le nez tandis que beaucoup d'autres parmi les spectateurs des loges, ont tendance à les humer avec délectation.

Je prends justement la balle au bond pour monter au créneau et m'indigner devant ce spectacle désolant de la vacuité de notre société car ici, ce n'est pas du pain et des jeux mais plus sûrement de la brioche et des sets.

Tableaux de Lucie LLONG

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7 réactions à cet article    


  • exocet exocet 10 juin 19:28

    Bonjour, Cenabum.

    « La terre est battue afin que ne remonte pas des profondeurs la terrible chanson du Craon »

    .

    Vivement condamnée par les autorités militaires (qui offrirent une petite fortune à celui qui en dénoncerait l’auteur)  

    .

    Son texte fut recueilli par Paul Vaillant-Couturier (1892-1937), avocat puis journaliste et finalement député, qui, entré dans la guerre avec un certain enthousiasme, en sorti socialiste, revendicateur même mais surtout pacifiste. Sous-officier, en 1914, dans l’infanterie ; il termina la guerre capitaine dans les chars d’assaut non sans avoir été blessé, gazé, cité à l’ordre de la Nation mais aussi condamné cinq fois pour son action en faveur de la paix.  

    .

    La chanson de Craonne

    Quand au bout d’huit jours, le r’pos terminé,
    On va r’prendre les tranchées,
    Notre place est si utile
    Que sans nous on prend la pile.
    Mais c’est bien fini, on en a assez,
    Personn’ ne veut plus marcher,
    Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
    On dit adieu aux civ’lots.
    Même sans tambour, même sans trompette,
    On s’en va là haut en baissant la tête.

    Refrain
    Adieu la vie, adieu l’amour,
    Adieu toutes les femmes.
    C’est bien fini, c’est pour toujours,
    De cette guerre infâme.
    C’est à Craonne, sur le plateau,
    Qu’on doit laisser sa peau
    Car nous sommes tous condamnés
    C’est nous les sacrifiés !

    C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards
    Tous ces gros qui font leur foire ;
    Si pour eux la vie est rose,
    Pour nous c’est pas la mêm’ chose.
    Au lieu de s’cacher, tous ces embusqués,
    F’raient mieux d’monter aux tranchées
    Pour défendr’ leurs biens, car nous n’avons rien,
    Nous autr’s, les pauvr’s purotins.
    Tous les camarades sont enterrés là,
    Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là.

    au Refrain

    Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
    Pourtant on a l’espérance
    Que ce soir viendra la r’lève
    Que nous attendons sans trêve.
    Soudain, dans la nuit et dans le silence,
    On voit quelqu’un qui s’avance,
    C’est un officier de chasseurs à pied,
    Qui vient pour nous remplacer.
    Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe
    Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

    Refrain
    Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
    Car c’est pour eux qu’on crève.
    Mais c’est fini, car les trouffions
    Vont tous se mettre en grève.
    Ce s’ra votre tour, messieurs les gros,
    De monter sur l’plateau,
    Car si vous voulez la guerre,
    Payez-la de votre peau !

    Tiré du site http://dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net
    .
    Vu le nombre de va-t’en guerre parmi nos élites Européennes et Françaises... Ceux là nous préparent la prochaine en ce moment... cette chanson pourrait bien redevenir d’actualité.

    • C'est Nabum C’est Nabum 10 juin 20:56

      @exocet

      Voilà qui était nécessaire

      Merci 


    • Fergus Fergus 11 juin 09:07

      Bonjour, C’est Nabum

      « ce spectacle désolant de la vacuité de notre société »

      Rien de désolant dans la tenue de ce tournoi au plan sportif. Ce qui l’est plus, c’est de voir vides les places réservées à des privilégiés de la Jet Set qui n’ont même pas la décence de faire profiter de leurs invitations à des passionnés modestes. Nombre de ces gens ne sont d’ailleurs pas là pour voir mais pour être vus. 


      Rien à voir : ne pas confondre la « brique pelée » avec la tomate pilée. smiley


      • Fergus Fergus 11 juin 10:19

        J’ai oublié : d’accord avec vous sur l’inflation des prix et l’étalage du fric.
        Savez-vous qu’un joueur éliminé dès le 1er tour touche plus (en monnaie constante) que Noah lorsqu’il a gagné le tournoi en 1983 ?


      • C'est Nabum C’est Nabum 11 juin 12:59

        @Fergus

        C’est ce qui me désole


      • juluch juluch 11 juin 12:35

        jamais été intéressé par ce sport.

        Il fut à la mode quand j’étais au collège, tout le monde se prenait pour Borg.....chimère..

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