Catharsis
Thérapeutique de groupe.
Aristote, abonné depuis de longues années au PSG version QSI a défini la Catharsis ainsi : « Effet de « purification » produit sur les spectateurs par une représentation dramatique. » S'il est permis de s'interroger sur la purification espérée sur des spectateurs en transe, supporters d'une pratique sportive qui ne donne ni dans la nuance ni dans la modération et encore moins dans la sportivité, on peut aisément deviner par contre quel peut être la représentation dramatique.
Freud s'est mêlé à la fête d'autant plus aisément que le match avait lieu en Allemagne, à Munich siège de bien de mauvais souvenirs. Pour lui, la Catharsis consiste à remettre au premier plan de la conscience à des fins thérapeutiques, un événement qui fut jadis traumatique. On pense naturellement ici aux défaites multiples de ce club, lors des matchs décisifs des années passées.
D'une façon générale, ce terme renvoie à une méthode thérapeutique qui vise à obtenir une situation de crise émotionnelle telle, que cette manifestation critique provoque une solution du problème que la crise met en scène. Cependant, si la crise émotionnelle s'appuie une nouvelle fois sur une défaite, il est peu probable que celle-ci soit de nature à remettre les esprits en place dans ce contexte surchauffé.
Hélas, dans le cas présent, la situation inverse, à savoir une victoire, de nature à effacer toutes les frustrations passées est susceptible de déclencher des réactions erratiques incontrôlées qui provoqueraient par ricochet des troubles graves dans les rues de la Capitale. Vous pouvez ainsi mesurer la complexité du problème quand on cherche à mettre un cautère sur une jambe de bois.
D'autres évoquent cette fameuse catharsis comme étant la purification des passions. On peut s'interroger sur la possibilité de purifier une passion qui échappe à tout contrôle et à toute mesure. Nous entrons véritablement dans une dimension névrotique où chacun cherche à transformer des sentiments désagréables en plaisir. Une passion qui pousse ainsi à l'injure homophobe, aux vociférations simiesques, aux gestes belliqueux et aux batailles rangées entre supporters serait de nature à provoquer du plaisir : les bras m'en tombent.
La lecture classique des humanistes de cette notion fort complexe en donne une dimension uniquement morale ce qui dans l'univers du ballon rond risque de placer la barre trop haute. Peut on en effet évoquer la morale dans ce sport qui repousse toujours plus les limites de cette valeur pourtant essentielle à l'humanité. Elle consisterait ainsi à purger par une tragédie le spectateur de ses mauvaises passions. La défaite serait ainsi, à en croire cette définition, un principe fort utile à la régulation des débordements inhérents à cette activité à haut risque.
Platon quant à lui, qui n'a jamais mis les pieds au Parc des Princes affirme que la Catharsis nettoie l'âme de ses ignorances. On peut affirmer de manière catégorique qu'il fait fausse route car d'âme il n'y en a pas dans cet univers où l'ignorance tout au contraire trouve pleinement une expression magnifiée, y compris chez les acteurs de cette tragédie.
D'autres affirment que la catharsis se définit d'une manière générale comme la diminution, voire l'extinction, de comportements et de sentiments agressifs, due à une expression préalable de l'agression. Cette fois, les théoriciens sont hors-jeu puisqu'au contraire les comportements agressifs et violents sont exacerbés dans la victoire comme comme dans la défaite, sans qu'il soit possible de contenir et de réguler les pulsions des supporters auto-proclamés d'ultras.
Enfin dans la médecine traditionnelle l'adjectif cathartique se dit d'un purgatif dont l'action est intermédiaire entre celle des laxatifs et celle des purgatifs puissants qui a également un effet vomitif. Cette fois, pour ceux pour qui cette activité sort des yeux, la chose parait parfaitement convenir au sentiment de profond rejet que l'on ressent à propos de ce cirque immonde.
Il est permis de penser que cet exposé n'a aucun rapport avec ce qui a occupé nombre d'esprits abusés par un matraquage médiatique sans pareil. Mais il n'est jamais trop Qatar pour avoir enfin les pieds sur terre même après les multiples exactions provoquées par la victoire.
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