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Du mot à maux

 

Le jeu en vaut-il la chandelle ?

 

Peut-on se jouer des mots ou bien n'est-ce que les maux qui se jouent de nous ? La question est d'un tel enjeu que je me garderai bien de jouer ma vie à pile ou face pour en connaître la réponse. Jouer sur les mots, c'est adopter une posture incertaine, un équilibre instable d'autant plus que nombre d'entre-eux ont un double sens. C'est alors prendre le risque de se retrouver cul par dessus tête, d'être traité d’insensé, ce qui n'aurait aucun sens.

Vous seriez alors tancés au premier degré, d'avoir ainsi retourné la tête de vos auditeurs ou de tous ceux qui ont croisé vos mots en cours de route. Et puis, jouer sur le sens interdit de certains mots n'est pas sans risque de collision avec les censeurs et autres gardiens du temple, ceux qui prétendent que Dieu créa le verbe et tous nos maux.

Vous pourriez encore croiser en chemin des individus au pauvre lexique et à la figure chattemite, partant en croisade à la poursuite de mots fléchés pour les décocher du haut de leur morgue sur ceux qui se jouent des mots. Le mot c'est sérieux surtout quand on les attribue à une sommité évanescente ou bien réelle, prenant alors des allures de parole d'évangile ou de dogme sacré.

Les gardiens des mots dits ainsi, maudissent les mécréants qui en détournent le sens ou pire en dénoncent l'usage. On ne joue pas impunément des mots du pouvoir qu'ils soient spirituels ou temporels. Il est d'ailleurs à noter que le premier n'a aucun sens de l'humour ce qui prouve bien que des mots peuvent parfaitement se jouer de nous.

Prendre au mot de tels personnages c'est encore se pendre à leurs maux pour les leur faire cracher, extirper de leur langue de vipère tout le venin qu'ils y glissent. Mais comment savoir au juste chez eux ce qui relève du mot factice qu'ils nomment élément de langage et qui sonne creux sous la belle formule ? Ils savent si bien vider de leur substance leurs mots pour naviguer par tous les temps sur une langue de bois qui leur évite de sombrer durant les tempêtes.

Dans pareilles circonstances les mots se font belliqueux, menaçants, inquiétants. Ils résonnent dans nos esprits tourmentés à la manière d'un tocsin lexical pour leurrer le bon peuple qui s'accroche sottement aux mots du chef, prononcés durant des allocutions solennelles. Nous devrions pourtant être bien payés pour savoir que les allocutions n'ont rien à voir avec des allocations et c'est cependant ainsi que le pouvoir se paie de mots à notre dépens.

Le jeu sur les mots en vaut-il la chandelle ? À coup sûr, il convient de répondre par l'affirmative car c'est bien souvent la seule manière d'éclairer notre chemin tout en noircissant les tristes sires qui noient leurs mauvaises intentions par des propos fumeux. Le joueur de mots alerte et met en garde pour peu qu'on sache encore tirer la quintessence de son propos.

Même s'il joue ainsi sur une corde raide qui peut tôt ou tard en faire un gibet de potence, il cache son jeu par l'usage de la métaphore, la parabole, la fable ou bien encore le conte. Ils ne disposent pas des mêmes cartes en main que les séides du pouvoir et les journalistes de la désinformation. Il ne joue jamais franc jeu pour mettre en garde, dénoncer ou bien stigmatiser. Il use du biais et ne coupe jamais sur une carte maîtresse.

Les maux n'ont pas à remporter le pli. L'humour sera toujours tapi dans l'ombre pour éveiller les consciences et mettre d'autres cartes sur table, certes des cartes qui ne sont pas maîtresses qui auront le devoir de semer le trouble par le rire et la dérision dans les esprits de ceux qui sont l'enjeu de la manipulation des masses.

Ainsi, il faut rire de tout même s'il n'est guère prudent désormais de le faire avec n'importe qui. Les maux ont les atouts en main, à nous de savoir brouiller les cartes en nous jouant d'eux et de leurs locuteurs nuisibles.


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4 réactions à cet article    


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 14 juin 10:50

    Ces mots la sont si tendres, sont-ils assez durs pour parler des maux ?


    • C'est Nabum C’est Nabum 14 juin 15:30

      @lecoindubonsens

      Il convient d’adoucir la dureté des maux 


    • juluch juluch 14 juin 12:53

      Raymond Devos sortez de ce corps il n’est pas à vous !!!!

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