« La malédiction du Cygne » flotte insidieuse sur La Folie Théâtre
Selon la mythologie finlandaise, la légende de Tuonela délègue au Cygne sacré une influence maléfique dont le conte d’Anne-Marie Sapse s’inspire pour dépeindre la prégnance au sein d’une petite communauté vivant isolée près d’un lac et de sa forêt environnante dans une étrangeté récurrente.
Présentement, voici Ahti (Albert Dufer) s’apprêtant à être envoûté par Elle (Delphine André) que d’aucuns percevraient en sorcière tant son comportement asocial entraverait ses attitudes relationnelles.
Perturbée durablement depuis la mort accidentelle de ses parents, la rumeur viendrait confirmer que ceux-là auraient précisément côtoyé le Cygne quelque temps juste auparavant.
Rien ne semble donc pouvoir permettre à Elle d’effacer de ses convictions la mécanique inéluctable dont ceux-ci auraient été victimes et qui, d’ailleurs, risquerait de se reproduire à plus ou moins brève échéance tant les résidents locaux seraient potentiellement désarmés face à la fatalité tangible les menaçant en ciblant surtout ceux qui apportent crédit aux signes avant-coureurs.
C’est pourquoi sa sœur Kaisa (Julie Léger) avec son mari Jan (Christophe Rouillon) sont particulièrement inquiets du désœuvrement d’Elle qu’ils hébergent tout en espérant une évolution positive à son obsession.
Mais voilà que la rencontre inopinée d’Ahti et d’Elle va transformer celui-ci en zombi amoureux transi devant la beauté incarnée, prêt à abandonner Kylliki (Rosalie Bonneville) sa propre épouse, à son tour complètement abasourdie par cette brutale et inattendue répudiation.
Même la mise en garde d’Anna (Véronique Multon) sa mère face à cette liaison totalement irrationnelle restera vaine au vue des forces gravitationnelles et inéluctables en présence.
Cependant pour qu’ Elle accepte l’Amour Passion d’Ahti, celle-ci réclamera l’assurance d’être débarrassée du mauvais présage et donc du fameux Cygne de Tuonela... charge à Ahti d’exécuter ce souhait sine qua non.
Ainsi sous les auspices de la légende celte, le conte de la dramaturge américaine devra trouver son épilogue entre option totalement miraculeuse ou à l’inverse délétère... sous le regard pleinement tourmenté des proches.
La mise en scène imprègne l’atmosphère de lourdeur brumeuse dans laquelle la Nature est censée se draper au cœur de l’angoisse interactive régissant l’imaginaire collectif, y compris donc celui des spectateurs.
L’incarnation du trop-plein en malaise occulte se focalise et se cristallise sur Elle taciturne et sombre à l’opposé de son inconditionnel amoureux en transe affective débordante.
La destinée glisse alors implacable sur les eaux du Lac qu’elles soient impétueuses ou lisses mais bel et bien en marche frontale résolue vers son présupposé et présomptueux assassin pour leur fantasque rencontre en apothéose.
Elle ayant pris ses distances en orbite sidérale, ses cinq partenaires accompagnent son interprétation avec superbe au plus près du mal insidieux qui la ronge de l’intérieur... sans pour autant les épargner ni les protéger eux-mêmes de ce maléfique « Signe des Temps ».
photos 1 à 3 © Esther Ségal
photos 4 & 5 © Theothea.com
photo 6 Affiche
LA MALEDICTION DU CYGNE - ***. Theothea.com - de Anne-Marie Sapse - mise en scène Frédéric Thérisod - avec La Compagnie du Théâtre du Feu d'Art ; Delphine André, Rosalie Bonneville, Albert Dufer, Julie Léger, Véronique Multon, Christophe Rouillon & Frédéric Thérisod - A La Folie Théâtre
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