J’ai lu avec attention ce forum et franchement j’en ai mal au cœur !

D’une part j’ai du mal à comprendre cet acharnement à expliquer (excuser) le comportement de ce groupuscule raciste par le comportement d’autres groupuscules. Aucun d’entre eux n’est à excuser quand il a un comportement violent ou raciste.

D’autre part, et c’est surtout ça qui m’angoisse et m’inquiète, c’est l’utilisation du mot sioniste. J’ai l’impression qu’il n’est là que pour augmenter la portée de mots comme « raciste », « d’extrême droite », « radicale », comme si sioniste était un synonyme de tous ces mots à la fois. On va même à ajouter à la liste des reproches fait au betar de donner « une éducation sioniste » (au passage, pour éviter toute confusion, je ne dédouane pas ce mouvement des actes violents qu’il aurait apparemment commis).

J’ai l’impression de me retrouver à la conférence de Durban, conférence qui à été complètement utilisée par des mouvements d’extrême gauche et des mouvements islamistes (il n’y a aucun amalgame ici, ce sont des mouvements très différents) pour défendre l’idée nouvelle : « Sionisme = Racisme ».

Quelle horreur !

Pour ceux que ça intéresse, et afin que l’on utilise moins ce mot à tord et à travers, petite explication de ce qu’est le sionisme :

La racine de ce mot vient de Sion, une des collines de Jérusalem, et par extension désigne Jérusalem tout court (voir même Israël dans certains sens). Jérusalem donc, où a été construit (par deux fois) le « temple de Jérusalem » seul lieu saint du judaïsme, qui, selon la tradition juive, ne peut être construit qu’à un seul endroit, sur le mont du temple à Jérusalem (même s’il ne pourra plus l’être puisqu’à son emplacement précis se trouve aujourd’hui la magnifique mosquée Al Aqsa) (Attention, je préfère prendre des précautions vu l’ambiance du forum, je ne suis pas en train de dire : oh les méchants, ils ont construit une mosquée à l’emplacement du temple !).

Pour en revenir au sionisme, donc, cette idée ne date pas d’hier. Elle vient de la volonté d’un peuple à vivre en tant que peuple, et donc avec une histoire commune et une terre commune. Elle a commencé à germer il y a deux milles ans après la diaspora (départ des juifs de la terre sainte suite à destruction du royaume de Judée par les romain) et s’est transmise de génération en génération, ce qui est bien représenté par une phrase répétée chaque année de tous temps pendant la fête juive de pâques : « l’an prochain à Jérusalem ».

A la période des lumières, suites aux idées propagées par les grandes révolutions occidentales (France, Angleterre ...) et suite aux pressions racistes qu’ils subissent à travers l’Europe (pogrom en Europe de l’Est, migrations forcées en Europe de l’Ouest en fonction de la volonté des souverains locaux ... juste pour information, aujourd’hui encore, en Lettonie, pays qui aurait pu entrer dans l’Europe, les juifs ont la citoyenneté lettone mais la nationalité juive : authentique !) cette idée prends de plus en plus d’ampleur et arrive à maturité un siècle plus tard lors de l’affaire Dreyfus.

Théodore Herzl, ce journaliste autrichien vivant en France était tout à fait contre les idées de ses coreligionnaires de l’époque de créer un état juif. Mais lorsqu’il couvre pour son journal la fameuse affaire Dreyfus, il se rend compte de la nécessité pour les juifs de pouvoir avoir un état tout comme le peuple français ou le peuple allemand ont les leurs (et comme les peuples tibétain, kurde ou palestinien devraient aussi avoir les leurs).

Il devient le plus grand défenseur de l’idée du droit de ce peuple à disposer de lui même et se bat pour la création d’« un foyer national juif ». De grandes discussions ont eu lieu quand au lieu géographique de ce « foyer » et c’est la terre sainte dont ils ont été forcés de partir deux milles ans plus tôt qui a été choisie. La présence juive en Judée puis Palestine n’a jamais complètement disparue et depuis plusieurs décennies déjà des juifs quittaient l’Europe pour s’y installer. L’émigration des juifs en Palestine s’est intensifiée à cette époque et s’est encore accélérée avec la montée de fascisme en Allemagne et en Italie.

La seconde guerre mondiale a malheureusement dépassée les plus grandes craintes des partisans de cette idée d’état juif et c’est suite à l’holocauste et à la migration de centaines de milliers de juifs en Palestine que l’Angleterre (qui dominait la région alors) a accepté la création de ce « foyer national » qui est par la suite devenu l’état d’Israël.

Le sionisme est donc une volonté de l’existence d’un état juif et du droit des juifs de pouvoir y vivre librement, de génération en génération, sans avoir à s’expatrier selon la volonté des dirigeants des pays où ils vivent. En aucun cas cette idée ne sous entend un quelconque racisme, une idée de supériorité ou renie les droits d’un autre peuple. Etre sioniste pour un juif ne signifie même pas forcément aller s’installer en Israël mais seulement défendre le droit de ce pays (qui fait la moitié de la Bretagne) à exister et à être la terre d’accueil des juifs du monde entier qui le désirent. Certains juifs ne sont pas sionistes mais la majeure partie d’entre eux le sont et souvent sans même vouloir partir de là où ils vivent car être sioniste ne veut pas dire refuser sa nationalité de français ou de belge. Le sionisme est l’idée fondatrice de l’état d’Israël mais ce n’est pas l’état lui même (que l’on aime ou pas la politique de ce pays). Il y a des sionistes de gauche comme de droite. En Israël, le Likoud se considère comme sioniste mais tout comme les travaillistes ou Chalom Archav (La Paix Maintenant).

La tribu Ka (ca me fait mal de leur mettre une majuscule) qui prônent la supériorité noire et qui déteste cordialement les sionistes (attention pas les juifs, ça serait politiquement incorrect) devrait aller en Israël et rencontrer les juifs d’Ethiopie. Ils sont tous ce qu’il y a de plus juif, tout ce qu’il y a de plus noir et ce sont probablement les plus sionistes des israéliens.

Alors oui marre des amalgames, ce sont de dangereux raccourcis qui mènent à plus ou moins long terme à des idées telles que « les arabes sont des voleurs » ; « il y a des odeurs dans les immeubles où vivent les noirs » ; « sionisme = racisme ».