@ilias
Vous dîtes : « Insoutenabilité de la dette :
L’accumulation exponentielle de dettes publiques et privées menace la stabilité
du SMI. La situation est intenable à long terme et risque de déboucher sur une
crise financière systémique aux conséquences dévastatrices.
A titre d’exemple, le dette publique des USA est à fin 2024 de près de 35
trillions de $ [1 trillion = 1 000 milliards], alors que le PIB américain
est un peu plus de 25 trillions de $, soit un ratio de dette publique sur PIB
de 1,4, soit une proportion de 140% du PIB. Il fort vraisemblable qu’à fin 2025
la dette publique américaine serait au moins supérieure à 1 fois et demi la
valeur du PIB américain. Les conséquences néfastes de cet état de fait
économique est presque entièrement supporté par le reste du monde, le dollar
étant toujours dans une grande mesure une monnaie mondiale d’échange,
d’investissement et d’épargne. »
Je regrette de vous dire : « Non ! C’est faux ce que vous
énoncez ; vous comprenez mal le sens et le processus de croissance de la
dette américaine. »
Que le Pib des États-Unis compte pour plus de 25 000 Mds (milliards
de dollars) et la dette US près de 35 000 Mds, soit 140% du Pib US n’est
pas en soi une catastrophe. Pourquoi ?
Une première réponse
Tout simplement les 8 000 ou 10 000 milliards de dollars que la
Fed américaine a racheté en bons de Trésor auprès du public américain et
étranger via les banques américaines l’ont été par les quantitative easing (politique
monétaire non conventionnelle), ce que s’appelle « monétisation » ;
si la Fed garde ces masses de dollars dans ses bilans, c’est simplement pour
dire au monde que certes, elle a monétisé une partie de la dette, mais qu’elle
promet qu’elle va annuler progressivement ces rachats de dettes par la création
monétaire en les remettant sur les marchés, ce qui signifie par le produit de la
vente de ces bons de Trésor en milliards de dollars, elle détruira
progressivement les milliards de dollars
qu’elle a créés.
Ce qui est faux ; elle ne peut les détruire pour la bonne raison que
la Fed ne cesse ces QE, et son bilan ne cesse d’augmenter.
L’autre réponse
Ne perdons pas de vue que 35 000 Mds de dette américaine est libellé
en dollars US, donc en monnaie domestique qu’il ne tient qu’à la Fed de diluer
ou au Trésor américain d’effacer au moins une partie importante. Et qui peut
empêcher la Fed d’annuler sa propre dette et il faut préciser « la dette
intérieure ». La réponse : personne. Le trésor américain peut, avec l’aval
du Congrès américain, effacer une partie de la dette publique. C’est un peu
comme si un homme a emprunté une dette sur soi qu’il l’inscrit sur son compte
personnel (un carnet de son domicile par exemple) puis décide après un temps de
l’effacer, ou de déchirer ce carnet.
La troisième réponse
35 000 Mds de dollars est une dette brute signifiant une dette
intérieure et une dette extérieure. Le plus grand problème pour les États-Unis
porte surtout sur la dette extérieure ; et encore là, il faut entendre ce
que les pays étrangers doivent à l’Amérique et ce que l’Amérique doit au reste
du monde à travers les institutions internationales (FMI, BM, etc.) ou
provenant d’accords bilatéraux.
Et ce qui importe à la dette brute des Etats-Unis, c’est la dette extérieure nette ;
si elle est négative et peu élevée, elle ne doit pas inquiéter la
superpuissance ; si la dette extérieure est élevée, bien sûr elle doit
inquiéter, mais là aussi, la monétisation de la dette extérieure peut toujours
en dernier recours régler le problème, ce qui n’est pas dans l’intérêt des États-Unis, bien sûr.