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Commentaire de Jean-Philippe Immarigeon

sur 11-Septembre : tant de mensonges !


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Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 17 février 2007 15:50

A Yvesduc

Je vais reprendre au risque de lasser, mais je constate qu’il est difficile à beaucoup de faire leur deuil de l’Amérique.

Au milieu de l’été 1942, au plus mauvais moment pour les alliés, alors que les Allemands sont aux portes d’Alexandrie, de Grozny dans le Caucase, et les Japonais en route pour l’Australie et l’Inde, l’Angleterre toute seule puisque les USA étaient encore comme l’URSS sur la défensive, Churchill eut à faire face aux Communes à un débat (deux jours) puis un vote de censure qu’il remporta bien évidemment. Il n’empêche que la démocratie aurait eu autre chose à faire que ce débat, diront les Américains : et d’ailleurs nous-mêmes avons interrompu ce genre de pratique depuis le 9/11 : voyez les tergiversations de nos acteurs qui n’osent protester contre Guantanamo même lorsqu’ils se retrouvent en masse sur les pelouses de Washington, voyez la frilosité de nos démocrates au Congrès qui votent une résolution qualifiant d’honorable la conduite des Marines et GIs qui ont torturé, violé et tué en Irak depuis 2003, voyez l’aveuglement de notre presse qui se défoule sur la France, etc...

Si je commence ainsi c’est que rien, absolument rien ne justifie l’attitude des Américains depuis le 11 septembre 2001, sauf à réaliser qu’ils ne sont pas dans le même système de valeurs que nous et dans une autre civilisation.

Dès lors que vous réalisez que ce n’est pas la première fois que les Américains pètent les plombs à la moindre secousse, que les mesures privatives de liberté et de déportation ont déjà été mises en oeuvre à maintes reprises (1798, Lincoln, Roosevelt au lendemain de Pearl harbor, etc...), vous comprenez que ce régime est profondément vicié, autoritaire et viole un certain nombre de libertés chères aux Européens. Relisez ce chapitre de Tocqueville où il démontre longuement l’absence de liberté de pensée et d’expression aux Etats-Unis, et la servilité de la presse à l’égard du pouvoir politique (et non de la majorité d’opinion démocratique, comme les ultra-libéraux veulent nous faire croire en faisant dire à Tocqueville ce qu’il n’a jamais écrit). Or nous sommes en 1830, sans attentat, sans guerre, sans crise majeure.

Votre théorie du complot n’est qu’un épiphénomène dans un problème bien plus vaste qui est cette anomalie que constitue l’Amérique, anomalie dont nous commençons simplement à prendre toute la mesure. Et je ne comprends toujours pas le but de tout ceci : Guantanamo serait excusable si les attentats en étaient réellement ? Mais si demain New York était réellement rasée par une bombe atomique d’Al Qaïda, est-ce que cela justifierait que les Etats-Unis versent dans la dictature, comme nos parlementaires ont abdiqué la liberté et la République le 10 juillet 1940 au prétexte qu’il y avait des panzers au coin de la rue ? L’exemple britannique de 1942 montre clairement la différence entre les nations libres et les nations serviles, et l’Amérique fait de toute évidence partie des secondes.

Seulement voilà c’est dur à admettre que tout ce qu’on a cru d’elle depuis deux siècles soit faux. Alors, la nostalgie étant vivace chez les compagnons de route, on se rassure avec la manipulation et le complot, sans aller au bout du raisonnement puisqu’il n’y aurait eu aucune autre nation démocratique au monde qui serait tombée dans le panneau comme les Américains l’ont fait. Et c’est parce qu’ils présentent cette fragilité et cette faille qu’un éventuel complot a pu marcher. Mais ce n’est pas le complot qui est important, c’est la dérive fascisante que toute une nation a prise. Complot ou pas complot, les Communes de Londres se réunissent tous les soirs de la semaine à 16 heures, qu’il neige, qu’il vente, que la Luftwaffe bombarde la City ou non.

Que les Américains eux-mêmes excusent leur lâcheté post-9/11 en se rassurant et se disant qu’ils ont été trompés les regarde : nous sommes Européens, ce qui nous importe est de nous éloigner de plus en plus de cette Amérique en train de sombrer, et qui voit le monde entier se dresser contre elle.

Mais là encore, comme en 2003 lors de l’affaire du veto français, elle va crier au complot. Heureux peuple que celui dont ce n’est jamais la faute...


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