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Consommer : une compétence qui implique la maîtrise des outils TIC

Le marché des biens d’équipement courants commence à présenter quelques caractéristiques d’un marché spéculatif. La bascule ne s’est pas encore opérée, mais déjà la perception du prix des choses se floute à grande vitesse sur internet.

Le commerce électronique poursuit sa progression : + 50 % de chiffre d’affaires en 2006 selon l’Association pour le commerce et les services en ligne. Et c’est dans le secteur des échanges entre particuliers que la progression est l’une des plus fortes.

L’occasion passe en ligne
Avec quelques effets de bord anecdotiques : 15 % des internautes auraient cette année revendu en ligne un cadeau reçu à l’occasion des fêtes de fin d’année, deux fois plus qu’en 2005 (une tendance encouragée par les grandes enseignes de l’occasion en ligne). Plus largement, les transactions qui avaient lieu auparavant dans les dépôts-ventes, les vide-greniers ou encore via petites annonces papier se déplacent massivement vers Internet. Selon une étude BVA pour Troc-de-l’Île, un Français sur trois a acheté un objet d’occasion sur Internet au cours des douze derniers mois, un sur cinq ayant procédé à une vente - soit la moitié du marché de l’occasion.

Plateforme C2C globale
La galaxie de services allant des sites de petites annonces aux grandes plates-formes de vente en ligne constitue une vaste infrastructure C2C (consumer-to-consumer) qui facilite et même encourage ce type de transactions. Daniel Nissanoff, auteur de "FutureShop : how the new auction culture will revolutionize the way we buy, sell and get the things we really want", note à ce propos qu’au début de la croissance d’eBay a correspondu un pic du marché des instruments de musique : avec la simplification de la revente en cas de mauvais choix, un frein à l’achat a disparu. Plus généralement, il est devenu plus facile de se débarrasser des objets dont on ne veut plus tout en minimisant la perte financière, et d’adopter des comportements d’essai-erreur en matière de consommation.

Coût d’achat recyclé
La valeur de revente en ligne d’un nombre grandissant de biens d’équipement courants est ainsi intégrée plus ou moins consciemment dans l’acte d’achat - ce type de considérations ne se limite plus à l’immobilier ou aux produits cotés comme l’automobile. Serge Tisseron, psychanalyste et directeur de recherche à l’université Paris-X, a publié en février 2007 une enquête qui souligne à quel point cette notion de cycle de vie des objets est inscrite dans ce qu’il appelle la « mythologie eBay » (mythologie au sein de laquelle cette notion se confond avec celle de recyclage et, dans une perspective sociétale, de consommation durable).

Acheter futé
L’extension du marché de l’occasion, via Internet, à une gamme de plus en plus large de produits (autre enseignement de l’étude BVA), rejoint de ce point de vue une tendance générale d’Internet à brouiller les cartes ou au moins à complexifier le jeu : un même site Internet peut proposer au même moment le même produit à des prix différents à deux internautes selon les sites dont ils viennent, leur fréquence d’utilisation ou d’achat ; les enseignes de la grande distribution sont souvent plus chères en ligne qu’en magasin, tandis que les pure players concentrent leur argumentaire sur la culture de la « bonne affaire », etc. La multiplication des comparateurs de prix, autre grande tendance conso de la période 2006-2007, accompagne cette évolution : l’acte d’achat mobilise des compétences de plus en plus complexes et diverses, notamment dans la maîtrise des outils TIC (Internet mais aussi, de plus en plus, services évolués sur téléphone mobile).

Raccourcissement des cycles
L’étude BVA pointe par ailleurs une constante augmentation des reventes de biens d’équipement neufs et une accélération continue du cycle d’utilisation. Serge Tisseron souligne quant à lui que la perception de la valeur des objets proposés à la vente tend à devenir secondaire lors d’une enchère, et que certains acheteurs n’ouvrent même pas les emballages des produits lorsqu’ils les reçoivent. Une tendance consumériste qui s’accélère, la revente de l’ancien venant soutenir l’achat du neuf, mais aussi un risque de volatilité accrue, de variabilité des prix sur le modèle boursier : à chaque lancement de console de jeu, on assiste sur Internet à une flambée des prix de revente, parfois jusqu’au double ou au triple du prix de vente officiel, le battage qui accompagne le lancement mondial de bon nombre de produits high tech et les difficultés logistiques d’approvisionnement entraînant des achats spéculatifs.

Attention au décrochage
Au final, avec la mobilisation accrue des compétences du consommateur et l’accélération des cycles de consommation, c’est la question de la confiance dans l’économie numérique qui est reposée, sous une forme qui rappelle celle de la réticence à l’usage d’internet et du sentiment de décrochage éprouvé par une partie de la population, généralement déjà fragilisée au plan social ; pour les entreprises, l’enjeu est celui d’un besoin sans cesse croissant de réactivité qui lui aussi mobilise la maîtrise des outils TIC.


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2 réactions à cet article    


  • Iris Iris 20 juin 2007 14:48

    ...la maîtrise des outils TIC et une bonne dose du règne d’Hermès ou de Mercure. Le commerce généralisée jusqu’à la petite cuillère dont on ne se sert plus ... ou que l’on a mal-intentionnellement acheter pour revendre. L’acte de commerce se passe maintenant de règles et de déclarations à la Chambre du commerce. Un vaste marché noir est en train de se mettre en place.

    Nous assistons au capitalisme puissance 10 !


    • L'enfoiré L’enfoiré 20 juin 2007 21:18

      @L’auteur,

      Avec mes antécédents, je ne pourrais dire que tu as raison à 100%. Je ne conteste donc pas du tout. Je constate.

      Sans l’informatique, c’est la catastrophe assurée. Plus moyen de faire marche arrière. Une panne d’un jour et c’est le chômage technique du même coup.

      Je suis pourtant conscient car il y a eu un « avant » qui marchait aussi. En ce temps-là, presque le plein emploi. Ce que la machine fait, comptabilité et tout autre activité humaine, l’homme le faisait aussi, plus lentement. Je ne suis pas nostalgique seulement, j’essaye de prendre du recul.

      La compta, on a l’habitude que cela aille vite. Les chiffres doivent tomber tous les mois. Oui, la vérification aussi. Et maintenant, nous ne voulons plus les « ronds de cuir », ces gens qui cherchaient pourquoi la balance ne cloppait pas au franc près. On est devenu laxiste par obligation. Plus assez de monde pour se payer ce genre d’exercice. Tout doit aller vite, c’est dans l’air du temps, alors quand on aime, on compte pas. smiley

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