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Accueil du site > Actualités > Société > Un fiasco et ses causes (2e partie)

Un fiasco et ses causes (2e partie)

Dans la première partie (parue ici le 4 juin), je relevais des attitudes irrationnelles et inadéquates de la part des acteurs politiques dont il serait permis d’espérer qu’ils réforment la société en faveur des classes moins nanties, attitudes qui mènent à la marginalisation de leur influence. La cause de ces défaillances et de ces errements est simplement qu’il est beaucoup plus difficile d’avantager les classes défavorisées que les classes possédantes. En fait, tellement difficile que la plupart reculent. Les comportements infantiles dénotent le désarroi devant cette difficulté qu’on refuse de regarder en face. Est-ce à dire que le problème est sans solution ?

Avertissement : l’article est assez long. L’idéal serait le téléchargement, mais le logiciel d’Agoravox ne le permet pas. Un peu d’astuce informatique permet toutefois de contourner cette difficulté.

Dans la première partie de cet article, je qualifiais de fiasco l’action politique la gauche en Europe depuis les années 1980 et j’en imputait la responsabilité à la gauche elle-même, aussi bien aux partis qu’à l’intelligentsia. Est-ce à dire que ses meneurs sont des incapables, des incompétents ? Comme on le verra, cette hypothèse n’est pas nécessaire à l’explication de l’échec.

A ce stade de la réflexion se pose naturellement la question : et que penser de la façon dont les organisations et les partis de droite sont menés ? La réponse me semble être : beaucoup moins mal. Comment dès ne pas retomber dans le diagnostic contesté selon lequel la gauche serait aux mains de gens inaptes ? Pourtant entre la gauche et la droite, il n’y a pas de raison de penser que la sagesse et le bon sens se retrouvent plus d’un côté que de l’autre. La clé pour comprendre les errements de la gauche est ailleurs.

Le leitmotiv de mon explication est celui-ci : « il est plus difficile d’être crédible et efficace à gauche que d’être crédible et efficace à droite. » Autrement dit, les pièges à la crédibilité sont beaucoup plus nombreux sur la route de gauche, les obstacles à la réalisation des objectifs y sont incommensurablement plus colossaux. Cette thèse mérite une démonstration.

Fondamentalement, ce qui est compliqué, c’est d’avantager les classes populaires plutôt que les possédants et les dirigeants. Réformer la société est plus difficile que de la laisser suivre son cours et la réformer au profit de ceux qui ne détiennent pas les leviers est une tâche titanesque. Cette sentence ne vaut certes que pour des réformes sérieuses, de réformes qui altèrent effectivement la distribution des charges et bénéfices de l’économie, de réformes qui sont en prise directe avec l’objectif d’une société plus équitable.

C’est au gouvernement qu’il revient de mener les réformes et c’est donc à ce niveau que le problème trouve son origine. Mais il se répercute sur l’action des partis réformateurs dès avant leur accession éventuelle au gouvernement, car la sagesse de leur attitude se doit d’être au diapason de leur ambition. Sans cela, ils ne convaincront pas les électeurs de leur donner les clés du gouvernement ; du moins, ils ne les convaincront pas de les mandater pour plus que de la figuration. Du point de vue de l’électorat, confier les rênes de réformes profondes à des politiciens frivoles reviendrait à se tirer une balle dans le pied.

Pour nous représenter la difficulté au niveau du gouvernement, imaginons une coalition de gauche qui obtient la majorité parlementaire et accède au gouvernement dans le pays X, alors que la droite dirige ses principaux partenaires commerciaux. Par hypothèse, toutes ces économies sont très ouvertes. Supposons que le nouveau gouvernement de gauche ne se contente pas d’exister et s’attèle effectivement à modifier les rapports de force à l’avantage des classes défavorisées. Ses premières mesures relèvent le salaire minimum, améliorent la protection du travail, haussent les allocations sociales les plus faibles et déplacent une part du poids de la fiscalité du travail vers le capital. Que risque-t-il de se passer ? La position concurrentielle des entreprises de X se dégradera par rapport à celle de leurs concurrents étrangers. Les mesures précitées stimuleront probablement la consommation et par-là l’activité économique, mais ce sont surtout les exportateurs étrangers qui en profiteront grâce à leur avantage concurrentiel artificiel. Les firmes transnationales délaisseront la pays X pour investir prioritairement dans les Etats disposés à les choyer, alors que possiblement le pays X est avantageux d’un strict point de vue économique. Les possédants du pays X seront tentés de transférer leurs capitaux vers des cieux plus conciliants voire de se domicilier à l’étranger. Une partie de leur patrimoine aboutira sans doute dans quelque paradis fiscal. L’Etat X empruntera à intérêt aux banques étrangères les sommes compensant les impôts éludés ; la notation de sa dette sera peut-être dégradée et le taux d’intérêt adapté à la hausse. Si l’économie tangue trop, les avantages que la classe défavorisée tire de la nouvelle politique peuvent être plus que compensés par le ressac ; ces personnes pourraient donc paradoxalement rejoindre le camp des mécontents, ce à quoi les invitera la rébellion des possédants soutenus par leur cohorte d’idéologues. Le plus fort est que si tous les Etats avaient appliqué la même politique que X, rien de tout cela ne se serait passé, à l’exception de l’opposition des possédants.

De cette vérité qu’en économie, le succès d’une politique dépend moins de sa pertinence que du contexte régissant les échanges internationaux, voyons un cas concret. Les fameuses réformes Hartz, imprimées par le gouvernement Schröder en Allemagne vers 2003-2005 visaient à réduire les coûts du travail et du chômage. Une part importante de la classe ouvrière allemande eut à subir une baisse du pouvoir d’achat. Cette politique atteignit son but. Le taux de chômage se réduisit sensiblement et les finances publiques se relevèrent, au moment où ces paramètres se détérioraient chez les principaux partenaires de l’Allemagne. Les autorités allemandes se convainquirent d’avoir fait le bon choix face auquel d’autres Etats européens se seraient montrés trop frileux. En réalité, l’économie allemande s’est redressée non pas grâce à cette politique mais grâce au fait que la plupart des autres Etats ne l’appliquaient pas. Avec une consommation élevée, ces pays ont beaucoup importé d’Allemagne où régnaient les bas coûts. En revanche, l’Allemagne, en proie à l’austérité, importa peu de ces pays. Si tous les pays avaient appliqué cette politique simultanément, la demande anémique aurait maintenu les taux de croissance au plancher. C’est ce qui explique que quand les autres pays ont commencé à copier la politique allemande, ils n’ont pu obtenir le même succès. Les apparences sont parfois trompeuses, ce qui arrange bien les idéologues du libéralisme : un brin de mauvaise foi leur permet de blâmer la politique elle-même plutôt que le contexte international.

En tentant d’agir politiquement sur le niveau d’inégalité, le gouvernement réformiste ne caresse évidemment pas l’appareil économique capitaliste dans le sens du poil. L’économie de marché repose sur un système d’incitation. L’investisseur doit être rémunéré à la mesure des risques qu’il prend, faute de quoi il n’en prendra pas et l’investissement viendra à manquer. Quel est le seuil de la rentabilité qui doit lui être garantie ? Il est fort difficile de répondre à cette question et l’économie politique, non immunisée contre les arrière-pensées idéologiques, n’a pas vraiment réussi à apporter une explication unanime. Comme l’explique l’économiste Joseph Stiglitz dans l’ouvrage « Le prix de l’inégalité », une part des revenus de la classe dominante provient des rentes et il n’y a pas d’inconvénient à la taxer sérieusement car ces revenus n’ont aucune vertu incitative vis-à-vis du travail ou de l’investissement. Le gouvernement qui veut redistribuer les revenus marche sur des œufs. Des issues existent mais les trouver demande beaucoup d’inspiration.

Deux évolutions récentes renforcent la difficulté de réussir une politique de redistribution :

Premièrement : la mondialisation. Quasiment tous les Etats sont devenus très dépendants de la finance et du commerce internationaux. A la cause naturelle du commerce international, les écarts de coûts de production entre les pays, est venue s’ajouter une cause politique. De nombreux accords d’échange bilatéraux et multilatéraux ont été conclus. L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a été créée en 1995 pour gérer le commerce international ; la plupart des pays du globe y participent. Son rôle de gardienne du libre-échange lui assure une grande influence. Le libre-échange, autrefois limité aux produits a été élargi aux services et aux mouvements de capitaux. La mondialisation touche également le droit des affaires et les cabinets d’avocat, ce qui diminue le risque lié aux échanges internationaux. Dans une majorité de pays, la dépendance vis-à-vis de l’économie mondiale est telle qu’elle a des implications politiques graves sur lesquelles je reviendrai incessamment.

Deuxièmement : l’intégration européenne. Le marché unique est achevé et même couronné par une monnaie commune. Les entreprises européennes sont plongées dans un environnement très concurrentiel. Les mêmes effets que ceux de la mondialisation y sont poussés jusqu’à l’extrême. Il y a toutefois une différence de taille : l’Union Européenne peut légiférer. En même temps qu’un espace de concurrence, elle établit un espace de co-régulation. Si l’UE unifiait des règles fiscales, sociales et environnementales, elle deviendrait un puissant facteur de progrès social, puisque l’harmonisation des législations nous libérerait d’un boulet : les distorsions de compétitivité qui handicapent toute décision coûtant au capital. Mais cet avantage est jusqu’à présent virtuel : l’unification européenne ne progresse pas dans les domaines où elle favoriserait les salariés. Les harmonisations fiscale et sociale ne figurent pas parmi les objectifs des traités. Cette lacune des traités ne suffit pas à les rendre impossibles, mais l’avancement n’en sera que plus difficile. Je consacrerai un article ultérieur au dilemme plus d’Europe ou moins d’Europe.

Examinons de plus près l’incidence de la mondialisation économique sur la politique intérieure des pays concernés. Elle est dramatique, car c’est la démocratie qui souffre. Normalement, la démocratie offre au peuple la souveraineté pour choisir le type de rapports sociaux régissant l’économie, moyennant- bien sûr- le respect des droits individuels. Cette souveraineté est pour le moins écornée ; le marché mondial est en mesure de sanctionner les politiques qui lui déplaisent, comme l’a montré l’exemple des réformes décidées dans le pays X. L’économiste Joseph Stiglitz décrit ainsi cette dégradation du politique :

La capitulation devant les diktats des marchés financiers est plus générale et plus subtile. Elle ne concerne pas seulement les pays au bord du gouffre, mais également tous ceux qui doivent lever de l’argent sur les marchés des capitaux. Si le pays en question ne fait pas ce qui plaît aux marchés financiers, ceux-ci le menacent de baisser sa note, de retirer leur argent, d’augmenter les taux d’intérêt sur ses prêts ; ces menaces sont en général efficaces. Les marchés financiers obtiennent ce qu’ils veulent. Il peut y avoir des élections libres, mais les options présentées aux électeurs ne leur laissent aucun choix réel sur les questions dont ils se soucient le plus- les problèmes économiques (op. cit. pp. 204-205).

La littérature sur ce sujet abonde. Citons encore Katharina Pistor :

C’est particulièrement vrai dans un monde globalisé où, simplement en se délocalisant, le capital peut facilement sanctionner un Etat qui déciderait de mener des politiques au bénéfice des plus défavorisés. Un tel système ne peut conduire qu’à une accentuation des inégalités, à une confiscation du vote des citoyens, et à une mise à l’écart du ‘peuple démocratique’ lorsqu’il s’agit de déterminer si et comment le droit devrait être employé pour protéger certains individus au détriment des autres (Le code du capital, Paris, p. 321).

Les gouvernements sentent ce pouvoir occulte ; pour éviter de s’y frotter, ils s’autocensurent, le plus souvent inconsciemment. Le pouvoir élu ne décide pas les mesures que fondamentalement il juge souhaitables mais celles que ménage sa place dans le commerce international. Il s’agit là d’une des causes de la persistance paradoxale de la société de classes dans les régimes démocratiques.

Soucieux de leur image, les dirigeants politiques ne veulent rien laisser paraître de cette déchéance. Députés et ministres se réunissent, discutent et décident comme autrefois, mais surtout quand il s’agit de matières socio-économiques, l’exercice du pouvoir politique s’est mué en théâtre. Certains taxeront cette affirmation d’excessive. Pour comprendre qu’elle ne l’est pas, représentons-nous trois gouvernements : le premier trouve souhaitables les décisions imposées par la mondialisation. Le deuxième tente de privilégier le progrès social, mais il se fera sanctionner comme le pays X de mon exemple. Le troisième, à contrecœur, courbe préventivement l’échine. Toutes ces nuances dans les comportements donnent l’illusion d’un libre arbitre des gouvernants, mais dans les trois cas, la vie des citoyens sera soumise à la même loi. La comparaison entre la politique et le théâtre omet d’ailleurs que, l’habitude devenant une seconde nature, la plupart des politiciens ont perdu la conscience de ce déterminisme et pensent agir en autonomie.

Ces deux phénomènes, la mondialisation et l’intégration européenne déforcent les gouvernements de droite aussi bien que ceux de gauche. Mais l’effet est très différent : la dépendance envers l’extérieur contrecarre surtout les politiques qui coûtent au capital. Au pire, la contrainte du marché mondial affecte le gouvernement de droite dans son ego. La gestion économique qu’elle lui impose ne devrait pas lui déplaire et elle conviendra à l’élite de son électorat. La mutilation de la politique ne fait pas que des perdants, La concurrence internationale exerce une pression sur les salaires et les avantages sociaux : peu d’entrepreneurs s’en plaindront. Même la délocalisation d’entreprises vers des pays à bas salaires n’appauvrit pas nécessairement les capitalistes : les capitaux restent souvent dans les mêmes mains qu’avant la délocalisation.

La dépendance vis-à-vis de l’économie mondiale n’est pas le seul écueil que rencontre le gouvernement réformiste. En mettant au menu les revenus et leur répartition, c’est indiscutablement un sujet qui fâche qu’il place au centre du jeu politique. Les types de revenus sont variés de même que les groupes sociaux. Les choix politiques avantagent telle ou telle catégorie. Les susceptibilités sont à fleur de peau. Le gouvernement réformiste doit trouver la voie vers un débat apaisé, évitant le brouhaha des accusations de tout le monde contre tout le monde. Les citoyens-électeurs s’en lasseraient et, en définitive, le lui feraient payer. Une politique de redistribution ne peut être abandonnée à l’improvisation ; elle exige un niveau de préparation tout à fait inhabituel en politique.

 

Ces dernières décennies témoignent d’une désaffection du public à l’égard de la politique, associée à la perte de crédit des valeurs démocratiques dans l’opinion. Politologues et commentateurs s’interrogent sur la cause de ce phénomène paradoxal qui voit le système le plus profitable pour le peuple, de plus en plus méprisé par ce même peuple. La cause ? Elle est au cœur de la présente réflexion. Pourquoi les citoyens s’attacheraient-ils à un système qui se révèle impuissant ? La résignation des gouvernants entraîne le désespoir des gouvernés. La collectivité a besoin d’un objectif mobilisateur qui touche chacun de ses membres ; le renversement du pouvoir occulte du marché mondial pourrait l’incarner, ce qui réenchanterait la politique. Pour les partis de gauche, il y a là un défi à relever.

Et qu’a fait la gauche le plus souvent ? La politique de l’autruche. La complexité inhérente à une politique progressiste a été escamotée du débat public. Elle est un grand tabou. Comme ils sous-estiment les électeurs, les politiciens s’imaginent que leur montrer les difficultés fait perdre des voix ; ils croient les rassurer en jouant au superhéros qui maîtrise totalement la situation. La social-démocratie, sans le reconnaître, a abaissé son ambition en-dessous du seuil de la difficulté ; l’extrême gauche tient le discours du " Yaka… ", complètement dénué de crédibilité. Ces attitudes peuvent sembler puériles, mais en regard d’une ambition aussi ardue, elles sont compréhensibles.

Ce déni est probablement l’une des raisons pour lesquelles les partis de gauche ont tant de mal à percer électoralement. Comment un parti aveugle aux problèmes peut-il convaincre l’électeur qu’il sera à la hauteur de sa tâche après le scrutin ?

Le début du XXIe siècle est libéral tout comme la fin du XXe et cela se vérifie partout dans le monde. Ce qui frappe, c’est l’absence d’alternative. La raison de ce manque n’est pas l’impossibilité d’une alternative, mais l’impuissance de ceux qui devraient la porter. Le comportement de ses adversaires fournit tous les ingrédients nécessaires au triomphe actuel du libéralisme. Une multitude de tics politiques et idéologiques vicient et discréditent l’attitude des organisations de gauche. Réformer la société vers plus de justice s’inscrit probablement dans l’idéal de la majorité des politiciens de gauche, y compris les sociaux-démocrates. La frilosité, la lâcheté, la retenue dont beaucoup font preuve ne reflètent pas le manque de volonté mais une volonté dysfonctionnelle et par-là stérile. Car vouloir vraiment, c’est se donner les moyens. La combattivité aveugle serait d’ailleurs inutile voire contreproductive. La volonté vraie calcule et prépare. Mais ce calcul révèle l’ampleur redoutable de la tâche dont il fut question ci-avant. Vouloir vraiment impose donc beaucoup de courage.

Assumer cette complexité débarrassera la gauche de ses réflexes paralysants, ce qui la fera renouer avec ce qui doit être sa vocation : la volonté réformatrice. L’acte de gauche par excellence, c’est réformer. Réformer par opposition à " sauver les meubles ", à quoi se ramène trop souvent l’horizon politique de la social-démocratie contemporaine.

Réformer mêle ambition et pragmatisme. Les concessions doivent faire partie du plan, et non venir a posteriori le torpiller. Mieux vaut un plan équilibré et réaliste qu’on applique, qu’un plan idéaliste qu’on abandonnera faute d’être préparés à affronter les antagonismes. " Réaliste ", ici, signifie tenant compte de tous les paramètres. La mise en pratique d’une ambition réformatrice doit être préparée rigoureusement comme l’écriture d’un programme informatique. Il faut anticiper les innombrables bugs potentiels. Parmi ces bugs, il y a la non préparation des citoyens électeurs. Ils doivent comprendre l’inanité de plébisciter les réformes lors du scrutin s’ils se démobilisent immédiatement après. L’attente de cet engagement doit être exprimée clairement lors des campagnes électorales. Être vague à ce sujet fait partie des manquements de partis craintifs à l’idée d’effaroucher l’électorat.

L’unique stratégie apte au succès des ambitions réformatrices me semble être celle des unions de la gauche. Pas seulement en vue de gouverner ensemble mais aussi pour coordonner les actions dans l’opposition. Examinons tour à tour les deux implications de cette stratégie, la positive et la négative.

Positivement, la relation des partis de gauche entre eux devrait tendre vers la construction d’une confiance réciproque sur laquelle peut s’établir la collaboration. Que chacun pense mieux incarner l’idéal progressiste est normal. Le fait est que les partis de gauche se disputent un même électorat ; leur préoccupation tend alors à se centrer sur eux-mêmes plus que sur la défense des moins nantis. La sagesse commande d’inverser cette priorité. L’objectif social doit primer sur les manœuvres politiques et les ambitions personnelles qui y sont associées. Le danger vient notamment (mais pas uniquement) de la composante opportuniste des sociaux-démocrates (cf. 1e partie) : leur objectif d’obtenir des postes publics dépend du succès électoral de leur parti et non de celui de la gauche globalement.

Simplement recommander aux partis de gauche la complaisance mutuelle reviendrait sans aucun doute à chanter Malbrouck. Une proposition concrète semble plus utile. Par exemple, institutionnaliser un dialogue permanent : un organe de concertation informelle pourrait être institué. Même des invectives en face à face valent mieux que les phrases assassines devant les micros des journalistes. Les vieilles rancœurs existantes ne se tairont pas du jour au lendemain mais une concertation régulière permettrait de désamorcer leurs effets.

Négativement, la stratégie d’union de la gauche exclut la collaboration avec la droite. Cela revient à rompre avec une politique courante des partis sociaux-démocrates en-dehors de la France. C’est parce que cette gauche n’a pas la volonté de s’ériger en alternative que ses résultats électoraux la privent de la capacité d’être cette alternative. Pour la gauche, collaborer avec la droite aujourd’hui sape la capacité de gouverner sans elle demain. Le fait est que pour beaucoup de politiciens, aujourd’hui est plus important que demain. C’est l’une des explications de l’impasse politique actuelle.

La composante opportuniste de la social-démocratie, lorgnant vers divers postes publics, souhaite voir son parti entrer dans toute coalition gouvernementale où c’est possible. Pour elle, cure d’opposition égale disette.

Le rejet des coalitions gouvernementales " droite plus gauche " n’a ici rien à voir avec une quelconque condamnation morale de la droite. Simplement la lucidité l’impose. La droite accueille volontiers un parti social-démocrate dans une coalition même en sachant qu’il agira comme un frein à ses réformes de droite. Mais, le monde étant ce qu’il est, elle est en position de force pour refuser les réformes de gauche. Elle n’ignore pas son avantage que les réformes qui coûtent au capital sont si difficiles à mettre en œuvre ; elle sait que les sociaux-démocrates enclins à gouverner avec elle se soumettront aux dictats du marché mondial, pour peu qu’on les laisse sauver les apparences. Sa main tendue à la social-démocratie, fait courant dans beaucoup de pays où le type de scrutin favorise les coalitions, sert principalement à éloigner le spectre d’une union de la gauche.

Une coalition entre partis de gauche et partis de droite défavorise nécessairement les classes dominées. Avantager les pauvres et la classe moyenne est tellement plus difficile qu’avantager les riches. C’est cela le fond du problème. Pour réussir ses réformes dans l’économie mondialisée, la gauche devrait déployer dix fois plus d’énergie et d’imagination que la droite n’en a besoin pour réaliser son programme. Un tel déséquilibre est ingérable dans le cadre d’une coalition. La question n’est pas d’être modéré ou radical mais d’être efficace.

En outre, si l’électeur n’est pas face à une alternative claire entre la droite et la gauche, c’est l’extrême droite qui en profite. Cela s’explique : l’opposition bénéficie généralement de l’usure qui finit par frapper les partis au pouvoir. Si le pouvoir associe gauche et droite, ce sont elles qui endureront l’usure, et l’opposition qui en bénéficiera n’est autre que l’extrême droite. Force est de constater que c’est rarement l’extrême gauche. Parfois les écologistes tirent leur épingle du jeu, mais pas toujours suffisamment pour empêcher l’extrême droite de monter.

Mais quelle attitude adopter lorsque l’arithmétique électorale ne laisse que deux majorités gouvernementales possibles : droite plus gauche ou droite plus extrême droite ? La gauche fait alors face à un dilemme cornélien. Contrairement à l’opinion la plus répandue, la moins mauvaise solution est la coalition entre droite et extrême droite. La raison principale est bien-sûr le maintien d’une alternative politique véritable, car il est évident que par rapport au pouvoir réel, celui du capital, l’extrême droite n’en est pas une. Il y a une deuxième raison. L’extrême droite devrait normalement sortir affaiblie de l’expérience. Mieux vaut la faire tremper dans l’usure du pouvoir que lui consentir cette virginité qui lui permet de fustiger les autres partis usés par le pouvoir.

L’acceptation d’une éventuelle participation de l’extrême droite au gouvernement, telle que je la conçois, mettra sans doute certains mal à l’aise. Mais pour que la gauche corrige ses erreurs passées, elle doit d’abord en assumer les effets. Si dès le départ, elle s’était présentée en alternative crédible à la droite, l’extrême droite n’aurait pas atteint les scores électoraux qui la placent maintenant en position d’arbitre. Redresser la barre ne se fera pas sans mal. C’est une illustration douloureuse du dicton bien connu : on n’a pas d’omelettes sans casser des œufs.

Malgré les apparences, l’Allemagne de Weimar n’est pas un contrexemple. Hitler a, certes, gravi la dernière marche de son ascension grâce à son alliance avec la droite conservatrice. Lorsqu’il gravissait les marches précédentes, l’échelle était tenue par ses adversaires. La gauche s’entredéchirait. Le parti communiste avait pour principal adversaire le parti social-démocrate, dont l’ennemi primordial était le parti communiste. L’attitude de ces deux partis était absurde de A à Z. Hitler et le nazisme en ont profité. Si on me permet cette néologie, l’ascension d’Hitler était très " résistible " mais " irrésistée ".

 

 

Après l’union des partis de gauche d’un même pays, le second axe stratégique est la transnationalité, à travers la création d’un ou de plusieurs partis de gauche transnationaux, soit ex nihilo, soit par la fusion de partis nationaux existants. Pour les raisons déjà mentionnées, plus aucun pays ne dispose de l’indépendance économique lui donnant les coudées franches pour faire reculer l’inégalité sociale. Prendre appui sur l’intégration européenne pour combattre l’inégalité sera grandement facilité si certains partis de gauche sont actifs dans tous ou presque tous les Etats membres de l’Union Européenne.

Depuis 1979, le parlement européen est élu au suffrage universel direct et par la suite, il a été effectivement intégré dans le processus de décision. Politiquement, des institutions restent une coquille vide tant que les citoyens ne s’en emparent pas. Il n’y a de politique au sens plein du terme que là où une opinion publique débat des questions qui la divisent. Jusqu’à présent, le débat européen est resté en-deçà des attentes légitimes, si on le compare aux débats politiques internes aux Etats membres. Les partis existants ont conservé une assise nationale et semblent mal à l’aise dans le débat européen. C’est ce qui rend nécessaire un parti de gauche transnational. Sans une pression politique citoyenne, les institutions européennes n’auront ni la capacité ni la volonté d’être le contrepoids politique à la toute-puissance du marché mondial. Pour que cette pression soit efficace, les partis qui l’exercent doivent avoir une assise géographique correspondant à celle où s’appliquent les décisions à prendre.

N’est-il pas naïf d’espérer que les citoyens des différents Etats membres se coalisent par-delà les frontières ? Qu’ils puissent s’identifier à un parti qui n’est pas de leur couleur nationale ? Cette difficulté ne peut être niée. Sa solution sera un combat de tous les jours. Les qualificatifs insultants comme d’être la cinquième colonne fuseront. Le parti transnational doit être capable de faire comprendre qu’ensemble on peut vaincre des difficultés qui sont insolubles dans le cadre national.

Les intérêts nationaux divergents sont un véritable piège ; l’éviter nécessite plus que des bonnes intentions. Chaque parti de gauche est en concurrence sur sa scène nationale avec des partis qui n’ont pas d’horizon transnational, des partis privilégiant l’identité nationale et qui sont prompts à dénoncer la tiédeur nationale. Cette préférence nationale n’est d’ailleurs pas le monopole de l’extrême droite ; elle se manifeste chez beaucoup de les partis de droite et du centre et parfois de gauche également. La force de la préférence nationale, c’est sa facilité : ceux qui sont directement préjudiciés ne participent pas aux élections. La pensée politique a son équivalent de la loi de Gresham[1] : les idées étroites chassent les idées larges. L’histoire récente et moins récente ne convainc pas que les partis de gauche existants ont le ressort nécessaire pour ramer contre ces courants. Certes, le parti transnational sera lui aussi confronté à ce type de stigmatisation. Mais il ne cédera pas, précisément parce qu’il est transnational, parce que son assise électorale n’est pas limitée géographiquement.

Il gardera le cap, là où d’autres céderaient à la peur de chanter un air différent et rentreraient dans le rang. Céder est ici une défaite, non seulement parce que l’intérêt général s’incline face à un intérêt égoïste, mais aussi parce que c’est une manière de donner raison à ses adversaires. Comment la convaincre l’opinion qu’on défend la cause la plus juste quand on craint le qu’en dira-t-on ? C’est un hommage totalement déplacé que la vertu rend au vice.

 

[1] Cette « loi » bien connue des économistes énonce que les « mauvaises monnaies chassent les bonnes ». Chacun étant désireux de thésauriser la bonne monnaie, les mauvaises se révèlent omniprésentes dans la circulation.


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21 réactions à cet article    


  • Octave Lebel Octave Lebel 9 juin 11:09

    Le grand dépassement de la démocratie représentative, c’est la démocratie citoyenne.

    Il y a une dimension d’ensemble qu’ont en tête les oligarques et les chefferies médiatiques et politiques qu’ils redoutent et combattent par-dessus tout et qui est derrière tout cela.

    La domination de l’économie, de la politique et du domaine culturel par une classe dirigeante minoritaire est au cœur de la démocratie représentative. Parce ces gens et leurs représentants politiques se gardent bien de mettre en place et  faire fonctionner un accès égalitaire aux différentes composantes du système de formation en même temps qu’un système d’information réunissant diversité et indépendance. Ainsi que, pour ceux que l’on appelle les citoyens censés représenter la souveraineté du pays, les moyens institutionnels de se faire entendre, de s’impliquer et de sanctionner un responsable défaillant ou ne respectant pas ses engagements. Ce serait un changement culturel et un changement d’organisation politique majeure qui n’a jamais existé jusqu’ici.


    • Octave Lebel Octave Lebel 9 juin 11:12

      J’ai déjà expliqué et développé cela depuis des années dans mes commentaires. Ce n’est juste qu’une bonne compréhension et conception du fonctionnement de ce que peut être notre vie politique fondée sur la mobilisation de notre intelligence collective mise au service et régulée par une démocratie de citoyens correctement informés disposant des moyens institutionnels de se faire entendre et respecter. Bénéficiant tous d’une formation initiale et continue de qualité, aussi précieuse que de pouvoir bénéficier d’une politique de santé fondée sur la prévention et le même accès aux soins pour tous. Tout cela s’organise. J’ai récolté bien sûr des ricanements faute d’arguments ou de propositions alternatives se dévoilant. Ce qui est bon signe et un encouragement à persévérer. Si un milliardaire peut se payer une sonde sur mars, tout cela doit être possible. Je n’ai rien inventé, j’ai appris et réfléchi avec beaucoup d’autres et il se trouve que j’ai retrouvé ces idées dans les réflexions du mouvement LFI (aucun mouvement politique ne met autant d’informations, d’analyses et de propositions à la disposition de tous) et ailleurs aussi. Il se trouve que ce mouvement s’efforce de décliner concrètement, courageusement et avec opiniâtreté ces principes et valeurs auxquelles nous pouvons tous apporter notre participation en fonction de nos possibilités. Dans un climat de malveillance voisinant régulièrement la tentative de lynchage ayant curieusement peu d’effets en fait. À ce régime, tout autre mouvement aurait été liquidé alors que ce mouvement trouve de plus en plus de citoyens pour relever la tête et le soutenir. Personne ne possède toute la vérité et c’est dans la participation et la confrontation des idées, des moyens et des résultats que nous avançons et avancerons. Ce serait dommage de se priver de cette possibilité et dynamique que d’autres pays peuvent nous envier il me semble. Et je persiste, sans ce mouvement, MLP, en famille ou en coalition, serait déjà au pouvoir et ce serait la fête (et beaucoup de surprises à commencer pour ses électeurs qui à mon avis ont sérieusement commencé à comprendre).Pendant que notre oligarchie continuerait de veiller au grain en n’oubliant pas de réclamer ses intérêts pour tous les services rendus à la famille.

       


      • Durand Durand 9 juin 12:41

        @Octave Lebel

        MLP ou LFI, même combat puisque ni l’une ni l’autre ne veulent s’émanciper de l’UE dictatoriale. Ils bouffent tous dans la même gamelle.

        FREXIT !

        ..


      • Octave Lebel Octave Lebel 10 juin 12:09

        @Durand

        C’est drôle ni Bolloré (CNEWS), ni Patrick Drahi (BFM), ni Bouygues (LCI) et tout ce qui dépend d’eux n’ont le même avis que vous et pas même le Medef. Vous me direz, ils se connaissent tous très bien. Ils sont juste inquiets du bon état de leur roue de secours à qui ils ont pourtant donné beaucoup d’air smiley

         Rappelons-nous une révélation un peu prématurée et maladroite mais plus que jamais d’actualité d’un responsable imprudent qui dit à la télé ce qui devait rester dans les coulisses (France info 27/03/23) smiley

        → Le RN au pouvoir ? Un « risque nécessaire » pour le patron du MEDEF (23/03/23) https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/8h30-fauvelle-dely/reforme-des-retraites-loi-immigration-salaire-de-patrick-pouyanne-ce-qu-il-faut-retenir-de-l-interview-de-geoffroy-roux-de-bezieux_5708426.html

         


      • Durand Durand 10 juin 16:15

        @Octave Lebel

        À moins de mal vous comprendre, j’ai l’impression que vous vous trompez sur mon compte : ce n’est pas parce que je ne suis pas d’accord avec la gauche française actuelle que je hais les idées de gauche…

        Ceci dit, oui, je hais les dirigeants des partis de tous bords qui laissent croire que l’on peut/doit « changer l’Europe » tout en sachant pertinemment que c’est impossible… En attendant, ils s’engraissent tous à nos frais à la cantine de notre Leyenistan anti-démocratique depuis 1958 et le Traité de Rome… Plan A, plan B, plan C…

        ..


      • Durand Durand 9 juin 11:23

        « Les intérêts nationaux divergents sont un véritable piège »

        « La force de la préférence nationale, c’est sa facilité »

        Vous ne supprimerez pas les intérêts nationaux en supprimant les nations car les peuples et leurs cultures restent en place ainsi que leurs voisins. L’UE a totalement démontré que la politique simpliste du “Je ne veux voir qu’une tête !“ est un échec dans tous les domaines, à commencer par sa sécurité défaillante, son économie noyée sous les dettes, sa sociologie et sa morale décadentes,…etc…

        Vous posez vos crottes comme des axiomes mais vous ne démontrez rien. Vous êtes dans l’idéologie, pas dans le pragmatisme et le réalisme nécessaires pour solutionner les problèmes du moment.

        ..


        • Paul Jael 11 juin 18:50

          @Durand
          Merci pour ce commentaire inspiré et objectif. Vous trouverez une réponse à vos émotions (je ne peux en effet pas appeler ça des arguments) dans mon prochain article qui sera consacré à l’Union Européenne, qui semble mobiliser votre intellection.


        • Seth 9 juin 13:54

          Moralité de tout cela : il n’y a rien de pire que le réformisme frileux, tout le monde devrait savoir cela.

          Pour faire court, hors la mise à bas du capital et du profit point de salut épicétou.

          N’en déplaise aux Lequidam, Gévaudan et autres Boaz ou Julien, autant de personnes à qui on devrait appliquer une « révolution culturelle ».  smiley


          • amiaplacidus amiaplacidus 9 juin 16:04

            @Seth

            Je ne sais pas si cela peut vous être une consolation, mais les Lequidam, Gévaudan et autres Boaz ou Julien seront les premiers à être broyés si l’extrême-droite s’empare du pouvoir.
            Dès que les idiots utiles deviennent inutiles, la nuit des longs couteaux se profile à l’horizon.


          • Durand Durand 9 juin 23:01

            @Seth

            Ceux qui créent la monnaie commandent la politique, aussi sûrement que ceux qui payent l’orchestre choisissent la musique. C’est pas la peine d’en dire plus.

            ..


          • Seth 10 juin 16:28

            @Durand

            Encore pour cela faudrait-il qu’il y ait une monnaie réelle, les banques nationales étant aux mains du privé et les états supposés battre monnaie n’ayant aucune prise là dessus.

            Il n’existe pas de monnaies appuyées sur des valeurs réelles, uniquement du vent et des « écritures ».

            Les banques sont donc les seules à contrôler la chose qu’elles manipulent.

            D’où la nécessite de la saisie immédiate des banques. Et bien sûr la décapitation (écartèlement, bûcher, pendaison, pal, torture ad mortem... à vous de choisir) de ceux qui les gèrent.  smiley


          • Eric F Eric F 9 juin 14:23

            La transnationalité des partis au niveau européen est une version acclimatée de l’internationale ouvrière : un mythe. Quel est l’intérêt des ouvriers bulgares ? c’est que les usines allemandes, italiennes ou françaises (ce qu’il en reste) viennent se délocaliser chez eux. Ils ne feront pas grève en solidarité avec les ouvriers de l’usine qui ferme à l’Ouest. Le reste est belles utopies.


            • Seth 9 juin 15:04

              @Eric F

              A partir du moment où on peut à son seul intérêt délocaliser les usines des frannçoués ou des britiches ou schleus chez les polaks, il y a effectivement un gros pbm d’égalité entre pays au leyestan.

              D’ailleurs comment peut-il exister de telles différences de niveaux de coût de la vie et de salaires dans un unité ? A moins de reconnaître qu’il n’y a pas d’unité du tout et donc aucune raison d’y prétendre comme on le fait à Bruxelles et ailleurs.


            • Eric F Eric F 9 juin 17:00

              @Seth
              En effet. A l’origine, l’Europe des 6 avait conduit à une certaine harmonisation des niveaux économique et sociaux, mais les élargissements progressifs ont conduit à une perte d’homogénéité Avec les élargissements vers l’Est, l’objectif des affairistes étaient d’avoir des pays low-cost internes à l’Union bénéficiant du ’’marché unique’’. Aujourd’hui impossible d’harmoniser, les écarts de salaire de base vont de 1 à 5.

              On nous avait vendu ces élargissements en tant que ’’devoir de solidarité’’ envers nos frères européens, pour les ’’ancrer dans la démocratie’’ (sic). Les bonnes paroles dégoulinantes de philanthropie internationaliste, les mêmes couplets du reste que pour le ’’devoir impératif d’ accueil des migrants qui risquent leur vie...’’, ou le ’’devoir sacré de soutenir les Ukrainiens qui luttent pour notre liberté’’. Ah, j’oubliais notre ’’devoir existentiel de sauver la planète’’ dont les autres se contrefichent Jouez haubois résonnez musettes, violons et pipeaux.


            • Paul Jael 11 juin 18:55

              @Eric F
              L’ouvrier bulgare et l’ouvrier français ont un intérêt fondamental en commun : que cesse la course au dumping social. L’intérêt du Bulgare d’avoir un bon salaire et l’intérêt du Français de garder des emplois chez lui se rejoignent, mais s’ ils ne le défendent pas ensemble, le Bulgare aura un mauvais salaire et le Français sera au chômage. Ce pour quoi je plaide est du pur pragmatisme.


            • amiaplacidus amiaplacidus 9 juin 16:45

              @l’auteur & Octave Lebel :

              Je cite Jules Renard, in « Histoires naturelles » :

               Le serpent : Trop long.


              • Seth 9 juin 19:27

                @amiaplacidus

                Flaubert dans son « Dictionnaire des idées reçues » :

                Tous venimeux.


              • xenozoid xenozoid 9 juin 19:36

                Avertissement : l’article est assez long. L’idéal serait le téléchargement, mais le logiciel d’Agoravox ne le permet pas. Un peu d’astuce informatique permet toutefois de contourner cette difficulté.

                 maintenant je suis curieux mais juste un petit peu


                • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 10 juin 15:19

                  @xenozoid bonjour,
                    T’es curieux. C’est bien.
                    
                  « Normalement, la démocratie offre au peuple la souveraineté pour choisir le type de rapports sociaux régissant l’économie, moyennant- bien sûr- le respect des droits individuels » extrait du texte.
                  Il y a un mot qui ne veut dire « Normalement ».
                  L’économie n’a rien à voir avec les rapports sociaux.
                  L’économie a un lien direct avec l’argent.
                  Qu’on soit de gauche ou de droite, sans lui, pas de démocratie, pas de progrès, pas d’investissement pour changer 
                  Tout dépend comme je l’ai écrit Confiance en l’argent dans le temps et dans l’espace 
                  Son utilisation remonte à la nuit des temps chez les humains.
                  Il n’existe pas chez les animaux. Pourtant ils fonctionnent très bien.
                  Ils ne connaissent ni les frontières, ni les guerres, ni idéologie pernicieuses. 
                  S’ils ne trouvent pas de nourriture nécessaire pour leur progéniture, ils en volent.
                  C’est aussi simple que ça.
                  J’aurais pu prendre d’autres extraits de ce texte.

                  Ta curiosité est-elle assouvie ou encore à améliorer ? 
                   smiley


                • xenozoid xenozoid 10 juin 18:45

                  @Réflexions du Miroir
                  ,,,,,Ta curiosité est-elle assouvie ou encore à améliorer ? 

                   ce qui est bien quand on ne se comprend pas,c’est qu’on peut toujours dire , non


                • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 10 juin 21:56

                  @Paul Jael-« Je suis passionné par l’économie politique.. »

                  POLITIQUE :

                  parce que l’intérêt général s’incline face à un intérêt égoïste

                  Où voyez-vous un intérêt général dans une représentation par partis ?
                  C’est le toujours très attendu « METTRE UN TERME AU REGIME DES PARTIS » de De-Gaulle qu’il faudrait d’abord voir s’appliquer. Sans çà, vous ne faites que décrire un théâtre d’officieux ne cherchant qu’à attraper le pompon,
                  tant que Princesse régâle

                  ECONOMIE :
                  Tant qu’Economie ne considèrera qu’une seule dimension, FRIK, pour Valoriser-La-Valeur-(un ponzi), point d’issue : La production n’est là que pour entretenir la circulation monétaire : Créer des Marchés, de Tout-et-n’importe-Koi, et surtout ceux qui rapportent un max : militaro et bigPharma, depuis un siècle bien tapé.

                  MODELE :
                  « Le Mondialisme est mort » dixit USA et GBR la semaine dernière.
                  Qu’est-il proposé à part légiférer sur les punaises de lit ?

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