• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Société > Quand le débat fait obstacle
#38 des Tendances

Quand le débat fait obstacle

 

Tout ne peut plus être politique.

 

Cela risque d'être le grand lègue de celui qui entendait sortir du bipartisme tout en brisant les vieux clivages qui sclérosaient le débat public. L'archange des grands débats, le maître de la dialectique creuse et de l'allocution péremptoire est parvenu en partie à ses fins. Avec lui, le débat véritable n'est plus de mise, il n'est possible que de s'écharper, s'insulter, se déchirer au sein même des familles ou des groupes sociaux.

Naturellement ceci n'est pas nouveau puisque du côté des représentants publics, des élus de haut vol, les noms d'oiseaux et les répliques ont depuis longtemps rasé gratis les pâquerettes. Ce qu'il est parvenu à instaurer c'est le même climat de guerre civile parmi les citoyens qui tentent vainement de singer les guignols de nos parlements et plateaux télé.

La sagesse veut alors réfuter toute conversation de nature sociétale en déclarant alors avec hargne et rejet : « Pas de politique ! » comme si la politique ce n'était que tenir une posture par idéologie, calcul et stratégie à la manière de nos têtes d'affiche électorale. À l'inverse de ses tristes sires, il devrait encore être possible d'échanger des points de vue tout en cherchant des points de convergence ou aborder des sujets d'actualité sans nécessairement prendre position à leur imitation mais tout au contraire en posant des principes, des lignes directrices, des limites…

Autrefois, globalement il y avait deux clans qui se distinguaient autant par le milieu social que par des indices aisément repérables. Il n'y avait pas trop à tergiverser, vous saviez où vous mettiez les pieds tandis qu'il n'était pas rare de vous retrouver dans une assemblée homogène dans laquelle l'autre camp n'était guère représenté. Tout allait bien pour se conforter dans une opinion qui ne recevait que d'infimes contradictions, toutes à la marge et issues de la même sensibilité.

Désormais, vous ne pouvez ni compter sur les clans, ni repérer la couleur de vos interlocuteurs. Les divergences sont telles que le moindre sujet de conversation peut tourner à l’algarade et même au pugilat si vous osez quelques mots clefs qui font monter dans les tours toutes les sensibilités. Il n'est pas impossible d'atteindre l'irréversible quand vous découvrirez amèrement que le fameux slogan : « En même temps ! » a fait long feu.

Quant à tenter de vous informer objectivement, la chose relève elle aussi de l'opération suicide. Les algorithmes vous mènent par le bout du nez en vous donnant à lire uniquement ce qui correspond à votre profil alors que dans le même temps, les chaînes d'information ont toutes renoncé à la nécessaire diversité et à la non moins indispensable objectivité. Comment voulez-vous être, dans pareil contexte délétère, un citoyen désirant se fonder une opinion éclairée ?

Le tour tourne à la foire d'empoigne ou ce qui est plus grave à cette terrible réflexion : « Je ne fais pas de politique ! », affirmation qui sous-entendant que cette nécessaire activité de la citoyenneté relève de la plus parfaite abjection. C'est une fois encore confondre ce que des adultes responsables seraient en mesure de faire alors que ceux qui sont censés les représenter en sont strictement incapables...

Quant à espérer que le premier d'entre-nous se pare de toute la dignité et le recul nécessaires à sa fonction, vous vous trompez si peu que désormais plus personne ou presque n'écoute plus ce semeur de zizanie, ce fauteur de troubles, ce provocateur planétaire, cet enfant gâté toujours en quête de considération, ce Narcisse qui se noie dans un verre d'eau.

Alors, je comprends que d'aucuns tiennent à me ranger dans une des cases de cet échiquier à rallonge qui ne cesse de s'agrandir pour justifier l'immense cohorte des prochains candidats au trône, plutôt que de penser que je ne suis qu'un bouffon observant ce cirque pitoyable sans prendre parti puisque c'est justement ce qui vous conduit tous dans les abysses d'une pensée manichéenne. Prenant pour seul et unique parti, celui d'en rire, je vous invite à faire de même, de la politique sans étiquette.


Moyenne des avis sur cet article :  2.75/5   (8 votes)




Réagissez à l'article

11 réactions à cet article    


  • juluch juluch 19 juin 13:28

    Tous est politique plus ou prou....le tout quand on est en société s’est d’éviter d’en causer.


    • C'est Nabum C’est Nabum 19 juin 13:46

      @juluch

      Je ne suis pas d’accord
      En parler est signe de vitalité, refuser le débat c’est la marque de cette période faite de haine et de vulgarité 


    • juluch juluch 19 juin 19:32

      @C’est Nabum

      Ca provoque la discorde.....très souvent. 


    • C'est Nabum C’est Nabum 20 juin 07:53

      @juluch

      Parce que nos élus en ont fait un champ de bataille (et de ruines) 


    • Seth 19 juin 14:08

      Le gros problème de ce qu’est devenu le « débat » policé c’est d’être une espèce de truc gnan gnan ronronnant où l’on finit par s’entendre sur des mesures au plus réformistes, c’est à dire au fond continuant l’existant hors de 2 ou 3 points sans importance. C’est toujours les mêmes qui gagnent et toujours les mêmes qui se font mettre.

      On est en train de « débattre » sur les retraites, on verra bien ce qui en sortira...

      Et puis corrigez vous : dès la première ligne... c’est « legs » et non « lègue ». smiley

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité