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Marche des Fiertés 2025 : fierté, fracture et confusion des genres (politiques)

Deux affiches, deux marches, une même ambiance. À Paris, des manifestants queer triomphants, une pancarte contre "l'internationale réactionnaire", et un homme blanc au sol, visiblement K.O. À Aix-en-Provence, un godillot militaire façon Doc Martens qui s’apprête à écraser tout ce qui dépasse, sous un cri de ralliement : "Woke-up !", suivi de "Queers, antifascistes et fier·es".

On est loin de la parade de plumes et de techno. Si ces affiches ont déclenché autant de réactions, ce n’est pas parce qu’elles manquent d’impact. Justement : elles cognent fort. Trop fort ? Elles racontent une colère, une radicalité assumée, une volonté de ne plus tendre l’autre joue. Mais elles posent aussi une question dérangeante : à force de se radicaliser, le mouvement ne risque-t-il pas de se refermer ?

Personne ne conteste que la Marche des Fiertés soit politique. Elle l’a toujours été. Elle vient de Stonewall, d’émeutes, de luttes pour la survie. Elle n’a jamais été juste festive, même si elle a appris à l’être, aussi. Mais entre une critique des systèmes d’oppression et la mise en scène d’un combat contre une figure unique, l’homme blanc, cis, hétéro, occidental, souvent présenté comme ennemi totémique, il y a un pas. Aujourd’hui, ce pas semble allègrement franchi.

La radicalité a ses vertus. Elle alerte, secoue, oblige à regarder l’injustice bien en face. Mais quand elle vire à la fermeture, elle isole. Et quand elle devient un filtre de lecture unique, elle n’éclaire plus : elle aveugle.

La convergence des luttes est souvent brandie comme un étendard. L’idée de relier combats LGBTQIA+, antiracistes, féministes, pro-palestiniens, anticapitalistes, etc., semble généreuse. Mais dans les faits, certaines alliances font grincer. Afficher un drapeau palestinien, sans nuance, dans une marche où beaucoup savent ce que subissent les personnes LGBT dans certains territoires sous contrôle du Hamas, par exemple, soulève de vraies contradictions. On a parfois l’impression que certains symboles comptent plus que les valeurs.

Ce glissement vers un militantisme codé, entre-soi, pur dans sa ligne mais flou dans ses alliances, finit par décourager les personnes sincèrement engagées mais un peu moins doctrinaires. Celles qui sont prêtes à marcher pour l’égalité, pas forcément pour le renversement mondial. 

Les affiches d’Aix et de Paris désignent un adversaire clair, presque archétypal. "Woke-up !", crie l'une. "Contre l’internationale réactionnaire", brandit l'autre. Avec, pour imagerie, des bottes qui écrasent ou des figures d'autorité masculines au tapis. Le message est clair : il y a les justes, et les autres. L'ennemi est identifié. Reste à l'écraser symboliquement (ou graphiquement, au moins).

Mais cette vision en noir et blanc oublie une chose : beaucoup de celles et ceux qui auraient pu marcher à vos côtés se reconnaissent, au moins en partie, dans cette figure que vous attaquez. Ce sont des parents, des amis, des collègues, qui n’ont pas forcément coché toutes les cases de la déconstruction mais qui auraient voulu être là. Ils ne le seront pas. Parce qu’ils se sentent jugés avant même d’avoir franchi le trottoir. Au lieu d’un appel, un ultimatum. Au lieu d’un accueil, une frontière. Ces nouvelles affiches, plus coup de poing que main tendue, ne laissent pas de place aux nuances. Or, la force de la Marche des Fiertés a toujours été sa capacité à fédérer largement, dans une société où l'acceptation ne va pas de soi.

Marcher pour la fierté, ce n’est pas seulement affirmer une identité : c’est la rendre visible, accessible. C’est dire à celles et ceux qui doutent qu’ils ont leur place. C’est une main tendue à ceux qui vivent encore cachés. Pas un test d’orthodoxie politique.

La Marche des Fiertés, c’est un moment de puissance joyeuse. Un carnaval politique. Un espace où cohabitent paillettes et colères, slogans et sourires. Un moment où la rue appartient à tous ceux qui, le reste de l’année, peuvent s’y sentir en danger. Oui, la fierté peut être offensive. Mais elle est forte quand elle est généreuse. Elle est crédible quand elle ne confond pas combat et revanche. Et surtout, elle est utile quand elle n'oublie pas d’où elle vient : du désir d’être libre, pas de celui d’avoir raison contre tous.


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3 réactions à cet article    


  • La Bête du Gévaudan 12 juin 18:22

    il faut savoir que le GUD (dont le militant est représenté terrassé) est beaucoup plus proche du HAMAS que les homosexuels (le GUD facho soutient la Palestine contre le « sioniste errant »)... la dame voilée sur l’affiche est donc plus proche du Gudard facho que des homosexuels qu’elle fait martyriser par ses amis du Hamas à Gaza...

    Cette affiche est donc aussi immonde sur la forme que sur le fond... 

    Cela dévoile, si j’ose dire, le fond humain nauséabond et scandaleux de militants d’extrême-gauche, qui renouent avec les heures les plus abjectes du socialo-communisme, des goulags, des procès, de la « dialectique », des charniers et de la persécution des homosexuels... car personne n’a oublié que tous les régimes communistes ont persécuté les homosexuels... 

    donc, au lieu de nous promouvoir le marxisme et l’islamisme qui sont aussi intolérants et homophobes que le fascisme du GUD, les organisateurs feraient bien de s’acheter un cerveau et une dignité...

    La protection des homosexuels, qui est un sujet trans-courant (tout autant que leur persécution est trans-courant), devrait donc demeurer un sujet spécifique et indépendant. Ras le bol des bobolchéviques ! Qu’ils commencent par leur mea culpa historique avant de s’ériger en donneurs de leçons !


    • V_Parlier V_Parlier 12 juin 21:16

      L’affiche en question ne fait qu’illustrer tous les paradoxes du gauchisme occidental (et exclusivement occidental) : Des alliances impropables de la carpe et du lapin, tant que ça peut détruire ce qu’il reste des traditions locales (s’il en reste encore des valables). Les libéraux s’y sont adaptés, ils étaient presque en symbiose là-dessus. Mais l’affaire israelo-palestinienne vient mettre en évidence (juste en évidence) l’incongruité de ces « valeurs ».


      • ETTORE ETTORE 13 juin 12:41

        Tout ça, juste pour se retrouver dans la MRD2 ?

        Y a pas à dire ! On apprend mieux sur les trottoirs de Paris, que sur les bancs de l’école.

        La position peut être ?

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Hugo Serra-Chinon

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