Loi Duplomb : le retour des pesticides toxiques et le déni de démocratie parlementaire
Alors que la crise agricole exige des réponses ambitieuses et durables, le gouvernement a choisi la fuite en avant : en tentant de réintroduire des pesticides dangereux à travers la loi Duplomb, puis en bloquant tout débat parlementaire sur le sujet, l'exécutif cède aux pressions de l'agrobusiness. Ce choix soulève de vives inquiétudes pour la santé publique, la biodiversité, et le respect du processus démocratique.
En pleine crise de confiance entre citoyens, agriculteurs et institutions, l’examen de la loi Duplomb à l’Assemblée nationale a marqué un tournant troublant. Ce texte, censé apporter des réponses aux difficultés du monde agricole, illustre au contraire une dérive politique et écologique préoccupante. Derrière les intentions affichées, la réalité est tout autre : la réintroduction de substances toxiques, une manœuvre parlementaire inédite pour étouffer le débat, et des choix dictés par les intérêts de l’agrobusiness plutôt que par l’intérêt général.
Une manœuvre parlementaire inquiétante
Ce qui aurait dû être un débat de fond sur l’avenir de notre modèle agricole a été évité par une pirouette inédite : la majorité présidentielle a présenté une motion de rejet... contre son propre texte. Une manière cynique d’empêcher tout échange contradictoire à l’Assemblée nationale, en évitant d'exposer les failles d’un projet largement décrié. Le camp macroniste, loin d’assumer le contenu de cette loi controversée, a choisi d’en bloquer la discussion, révélant ainsi un profond malaise démocratique.
La réhabilitation des néonicotinoïdes : un danger connu
Au cœur des critiques, la réintroduction de certains néonicotinoïdes, ces insecticides de synthèse longtemps utilisés dans les cultures industrielles avant d’être interdits en raison de leur nocivité. De nombreuses études scientifiques ont documenté leur impact dévastateur sur les pollinisateurs, la biodiversité, mais aussi sur la santé humaine. En réautorisant leur usage sous certaines conditions, la loi Duplomb renoue avec des pratiques que la science et le bon sens avaient contribué à écarter. C’est un retour en arrière que peu auraient osé prédire.
Une loi rédigée sous influence
Nombreux sont ceux qui dénoncent l’influence directe de la FNSEA, le principal syndicat agricole, dans la rédaction du texte. Selon plusieurs sources parlementaires, le projet aurait été largement dicté par les intérêts de cette organisation proche des grands groupes agro-industriels. À aucun moment, les préoccupations écologiques ni les enjeux sanitaires n’ont semblé être au centre des priorités. L’agriculture paysanne, l’agriculture biologique et les pratiques agroécologiques ont été reléguées au second plan.
Le principe de précaution remis en cause
En entérinant cette loi, le gouvernement remet frontalement en cause le principe de précaution inscrit dans la Constitution. Les alertes scientifiques sont ignorées, les effets potentiels sur la santé publique balayés, et les précédents sanitaires – de l’amiante aux perturbateurs endocriniens – semblent oubliés. Le risque d’un futur scandale sanitaire plane, avec des conséquences qui pourraient se faire sentir sur le long terme.
Une alternative existe : la bifurcation agricole
Face à ce choix de société imposé sans débat, des voix s’élèvent pour proposer une autre voie. À gauche, La France Insoumise défend une bifurcation agricole centrée sur la justice sociale, l’écologie et la souveraineté alimentaire. Parmi les mesures portées : l’instauration de prix rémunérateurs pour les agriculteurs et agricultrices, le plafonnement des marges excessives des multinationales de l’agroalimentaire, le soutien massif aux pratiques agroenvironnementales et à l’agriculture biologique, ainsi que la rupture avec les traités de libre-échange.
Il s’agit là non seulement de préserver notre environnement, mais aussi de redonner aux agriculteurs les moyens de vivre dignement de leur travail, sans dépendre des intrants chimiques et des logiques productivistes.
Une loi pesticide qui ne passe pas
En voulant taire le débat, le gouvernement a provoqué l’indignation. En tentant de réintroduire ce que l’on croyait définitivement banni, il met en péril non seulement les écosystèmes, mais aussi la confiance des citoyens. Le combat contre la loi Duplomb ne fait que commencer. Et derrière les lignes de ce texte technique se joue un enjeu crucial : celui de notre rapport à la terre, à la vie, et à la démocratie.
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