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Accueil du site > Culture & Loisirs > Extraits d’ouvrages > Alain Damasio, Vallée du silicium

Alain Damasio, Vallée du silicium

Alain Damasio est un auteur de science-fiction de grand talent auquel on doit notamment La Zone du Dehors, La Horde du Contrevent, ou encore Les Furtifs. Ses écrits mêlent un travail exceptionnel sur la forme avec un fond riche et convaincant fait de réflexions sur nos sociétés de contrôle, la marchandisation du monde, mais aussi sur l’amitié, la condition humaine et les dynamiques collectives, … Ses ouvrages sont déjà des classiques pour de nombreux lecteurs compte tenu de leur originalité et la de la richesse de leur contenu.

Son nouvel essai Vallée du silicium ne fait pas exception. Bien qu’il s’agisse d’un essai écrit suite à sa visite des lieux mythiques de la Big Tech en Californie, on retrouve bien sa plume acérée et envolée. On sent qu’il se laisse emporter par les mots, leurs sons, leurs allitérations, pour porter ses réflexions sur les IA, la Silicon Valley, les GAFAM et l’impact des nouvelles technologies sur nos vies et notre condition. Les mots ont été travaillés et retravaillé, si bien que ses effets de style sont fluides et servent les idées. Ce n’est pas juste pour le plaisir de faire de jolies phrases, mais une manière d’incarner le texte. On voit bien ici que ce n’est pas Chatgpt qui écrit, ni même un esprit formaté, « machinisé », qui parle, mais bien un humain de chair et de sang. Cette dimension est essentielle pour traiter du sujet des nouvelles technologies et de cette « décorporation » de nos existences…

Avant de me laisser moi aussi porter par les mots, une dernière précision sur ce recueil : une chronique sur deux, l’auteur fait le choix de la féminisation des pluriels neutres. C’est un choix militant auquel on s’habitue très vite… comme toujours, Damasio nous rappelle par l’exemple que le langage est chose vivante, et qu’à l’instar de la technique, il n’est jamais neutre :
 

  • Il est vertigineux de se dire qu’entre une Kirghize et une Mélanésienne, à l’autre bout du globe, la première chose qui les relie, et qu’elles partagent basiquement, ce sont des outils numériques de type smartphone et des applis qui recalibrent de façon identique leur rapport au monde. Là est désormais le Commun. Ce qu’on pourrait appeler le numiversel.
  • La réalité augmentée nous dit : la réalité telle qu’elle se présente à nous à l’ordinaire est insuffisante, votre regard et votre écoute ne sont plus capables d’y nourrir une attention. L’ennui est votre destin précisément parce que le numérique vous a éduquées à être stimulées sans cesse et que hors de ces stimulations et des réactions qu’elles suscitent, hors du schème sensori-moteur qui vous tient, vous êtes devenues inaptes à agir par vous-mêmes, à contempler les choses, à observer le monde pour construire une émotion ou une réflexion. Vous devez être aidées et soutenues par une prothèse psychique, une technogreffe : un casque ouvert !
  • Songez à ça quand vous prenez une course Uber – Uber partout, Uber en vous, Uber chez tous, Uber über alles. Vous alimentez un esclavage à la puissance deux.

Le premier esclavage est classique, il tient à l’économie même de la désintermédiation, qu’on a pompeusement rebaptisée la disruption alors qu’elle n’est qu’une corruption profonde du travail. Il consiste à extorquer honteusement une plus-value excessive sur le travail épuisant des chauffeurs : 30 % pour faire tourner une plateforme ? Ce n’est pas une commission, non, appelons les choses par leur nom : c’est du parasitisme et c’est du vol. Que les chauffeurs acceptent parce qu’ils n’ont guère le choix et aucun syndicat pour les défendre et amorcer, grâce à eux, le moindre rapport de force.

Le second esclavage est plus nouveau, plus subtil, plus horrible aussi. Il consiste à éduquer et à former malgré vous, en roulant, les machines qui vont voler votre emploi. Extorsion de niveau 2 : on ne vole plus simplement le produit de votre conduite, on vole votre façon de conduire, vos réflexes humains face à l’imprévu, vos cadences au volant, votre savoir-faire dans la circulation complexe. Pour vous éliminer à court terme. Et on vous les vole gratuitement.

  • Poser la question en termes de sécurité est un tropisme de l’époque. Lequel tue tout débat au nid. Car la peur avale toute distance, toute pensée qui voudrait en oiseau s’envoler. Est-ce devenu si obscène de parler de liberté ? De pointer nos soumissions ? De suggérer que le cocon de paresse dans lequel le Capital fait ses œufs est à déchirer au courage et à la main ?
  • La voiture autonome et connectée représente une tonne de métal et de plastique sur quatre roues capable de monter à cent cinquante kilomètres à l’heure. Doit-on écrire deux pages de science-fiction pour faire mesurer ce que ça permettra ? Faut-il être totalement niais pour ne pas imaginer une seconde ce que pirater un véhicule autonome peut engendrer ? À quel point y placer une bombe sous un siège pour guider ensuite la voiture vers une adresse ciblée sera facile ? Et même sans bombe, faut-il être Grand Prix de l’Imaginaire pour spéculer sur un taxi reprogrammé défonçant à cent à l’heure la vitrine d’un restaurant bondé, pénétrant dans un hôpital ou une cour d’école à la récré ?

On parle de sécurité routière sans envisager qu’on se dote d’une flotte de guerre qu’un hacker expérimenté – tiens, russe ou israélien, financé par son gouvernement, ou soutenu par un Daesh techno – saura très bien pirater et piloter.

  • Baudrillard : « C’est un effet d’autoréférence éperdue, c’est un court-circuit qui branche immédiatement le même sur le même, et donc souligne en même temps son intensité en surface et son insignifiance en profondeur. »

« Sans ce branchement circulaire, sans ce réseau bref et instantané, qu’un cerveau, un objet, un événement, un discours créent en se branchant sur eux-mêmes (…) rien n’a de sens aujourd’hui. Le stade vidéo a remplacé le stade du miroir. C’est l’effet spécial de notre temps. »

  • Un jour, on comprendra peut-être qu’il n’existe pas de formule sociopolitique pour être tranquille d’avance. Une société qui espère cette sérénité se suicide comme société libre.
  • « Le nombre de gens ici qui pensent seuls, qui chantent seuls, qui mangent et parlent seuls dans les rues est effarant. Pourtant ils ne s’additionnent pas. Au contraire, ils se soustraient les uns les autres, et leur ressemblance est incertaine », disait déjà Baudrillard en 1986.
  • Sans doute touche-t-on là au cœur de ma technocritique : la Tech, ontologiquement, conjure l’altérité. Elle la repousse, la neutralise et la contrôle. Elle la métabolise pour en faire du même, elle réplique d’abord l’identique. Et quand l’altérité insiste, elle la fictionne.
  • On ne le pointera jamais assez : les réseaux sociaux nous connectent, mais ils ne nous lient pas. Ils nous assemblent, certes, sans jamais obtenir de nous que nous soyons ensemble. Autour d’une rafle élégante, ils articulent les grains de raisin éparpillés que nous sommes devenus pour en faire des grappes suspendues, des communautés en ligne, des réseaux complices ou affins, oui. Mais ils nous unissent toujours en-tant-que-séparés. Ils nous unissent dans la distance physique. Ils nous espacent en nous mettant en contact. Ils objectent toute dimension charnelle ou corporelle, toute présence incarnée au profit des visios, des photos et des messages, bref d’un flux de datas qui contrefait le mouvement de l’échange.
  • « Qu’est-ce que dessiner ? Comment y arrive-t-on ? » se demande Antonin Artaud, qui répond en ventriloque avec les mots de Van Gogh, s’adressant dans une lettre à son frère Théo : « C’est l’action de se frayer un passage à travers un mur de fer invisible, qui semble se trouver entre ce que l’on sent et ce que l’on peut. Comment doit-on traverser ce mur, car il ne sert de rien d’y frapper fort, on doit miner ce mur et le traverser à la lime, lentement et avec patience à mon sens. »
  • À la fin de sa vie, Ivan Illich a eu ces mots sur l’informatique : « Cet ordinateur sur la table n’est pas un instrument. (…) Un marteau, je peux le prendre ou le laisser. Le prendre ne me transforme pas en marteau. Le marteau reste un instrument de la personne, pas du système. Dans un système, l’utilisateur (…), logiquement, c’est-à-dire en vertu de la logique du système, devient partie du système. »
  • Pour Illich, un outil convivial devait répondre à trois exigences :

– il doit être générateur d’efficience sans dégrader l’autonomie personnelle. Il ne doit pas m’enlever ma capacité à faire les choses par moi-même ;

– il ne doit susciter ni esclave ni maître ;

– il doit élargir notre rayon d’action personnelle. Seul l’outil convivial s’avère « conducteur de sens, traducteur d’intentionnalité ».

Le souci est qu’Illich s’en tient (c’est aussi la marque d’une époque) à la dialectique du dominant et du dominé. Pour lui, « L’homme a besoin d’un outil avec lequel travailler, non d’un outillage qui travaille à sa place. Or il est manifeste aujourd’hui que c’est l’outil qui de l’homme fait son esclave ». Ou encore : « Conviviale est la société où l’homme contrôle l’outil. »

  • Si le transhumanisme croit qu’il manque à l’homme quelque chose, quelque chose que seule la techno pourra lui apporter, j’ai la tranquille et furieuse conviction que l’être humain a en lui absolument tout ce dont il a besoin pour une vie pleine, intense et féconde. Tout est déjà en nous. Nous ne manquons que d’une chose : apprendre à aller au bout de ce qu’on peut – par nos propres facultés d’agir, de chercher, de sentir et de créer. Nous n’avons pas besoin de devenir plus-qu’humain : nous avons juste besoin de devenir plus humain. Vous en appelez au transhumain ? J’en appelle au très-humain. Ce qu’un Nietzsche bien compris appelait, lui, le surhumain.
  • À ces approches technocritiques, la Silicon Valley oppose souvent ce cliché qu’il convient de fusiller sans sommation et à bout portant. Il s’énonce ainsi : la technologie est neutre, son impact ne dépend au fond que du bon ou mauvais usage qu’on en fait.

C’est une idée courte, et même une idée stupide, quadruplement stupide. Il n’est jamais inutile de redire pourquoi :

1° Parce que la technique porte en elle une valeur latente : l’efficacité. Autrement formulé : la possibilité d’agir sur nos environnements de façon forte. (…) Plus profondément, la technique est une manière de dévoiler le réel comme ce qui doit être arraisonné, pointait déjà Heidegger, c’est-à-dire mis à la raison, mobilisé, exploité et mis en demeure de livrer une énergie qui puisse être extraite et accumulée. Ce qui, évidemment, n’a rien de neutre. D’autres rapports au réel étaient et demeurent possibles : la recherche d’harmonie, l’écoute, la contemplation, la symbiose…

2° Parce qu’en amont, l’innovation technologique dépend de la Recherche qui dépend elle-même des crédits de recherche ou du capital-risque investi, et donc déjà d’une forte présélection des découvertes, produits et services et qu’on juge a priori « utiles » à développer car lucratifs. La machine reste donc toujours « sociale avant d’être technique » (Deleuze), c’est-à-dire qu’elle présuppose en univers capitaliste, pour être finalement fabriquée, une attente du marché et une rentabilité. Des millions d’innovations qui amélioreraient notre condition commune ne passeront jamais le seuil de la fabrication. Aucune neutralité donc, dans la possibilité même d’exister. (…)

3° Parce qu’en aval, une technologie induit une multitude d’effets, souvent difficiles à anticiper : elle réinvente des pratiques et reformate des comportements, elle enfante parfois une culture entière (le jeu massivement multijoueur, les danses internet, les animatiques) juste par les interactions nouvelles qu’elle offre. S’en servir, c’est déjà transformer ses rapports à soi et ses relations aux autres, se ménager de nouvelles prises et consentir à de futures emprises en mutilant d’anciennes capacités qu’on sous-traite à l’appli. (…)

4° Enfin parce que toute technologie porte en elle un nouveau rapport au monde. On croit utiliser un frigo quand c’est notre façon de nous nourrir qui est révolutionnée par le stockage des aliments frais. La machine situe notre liberté et notre liberté s’exerce face à elle, en elle. Nous sommes libres de nos usages de la machine, libres même de ne pas l’utiliser, parfois. Mais c’est une liberté en situation, déjà située, un libre-arbitre qui s’exerce à l’intérieur d’un monde transformé et repotentialisé par la machine où il devient impossible de se comporter comme si elle n’existait pas. La voiture a littéralement « inventé » les routes, les parkings et les trottoirs, elle a appelé l’extraction du pétrole et intégralement refondé l’aménagement du territoire. (…) 

À cette quadruple aune, croire encore en la neutralité des technologies qu’on nous propose n’est même plus de la naïveté. C’est une faute politique.

  • Superintelligence ou Singularité, « mort de la mort » ou peuplement de Mars, peu importent l’énormité et le ridicule des prédictions, leur vocation n’est pas d’être réalistes. Elle est d’imposer des imaginaires dominants et d’ancrer des hyperstitions. Les Silicon leaders sont des mythocrates. Il s’agit d’assurer la convergence synchrone des attentions et de polariser le champ magnétique des pulsions, en suspension dans le réseau, autour de désirs universels : ne plus vieillir, ne plus mourir, conquérir l’espace, etc. Et d’emporter ainsi la croyance et l’adhésion par contagion affective à grande échelle. La politique populiste y a vite trouvé son vecteur idéal, d’où sa manipulation boulimique des réseaux.
  • Dans nos existences urbaines où une grande part de notre rapport au réel est médiée par l’écran, où la consommation culturelle des récits, des séries et des jeux sature un vécu terne, le champ de l’imaginaire n’a plus rien de secondaire. C’est un champ de bataille en soi dans la mesure où il influence nos comportements bien plus efficacement que les anciens cadres disciplinants. L’école éduque aujourd’hui moins nos enfants, j’en suis persuadé, qu’ils ne se construisent à travers les modèles de la technoculture.
  • Car l’enjeu, tout aussi bien, est de battre le technocapitalisme sur le terrain de la promesse (cette autre forme de l’espoir). Soyons lucides : que nous promet donc l’IA et son mythe ricain de la Singularité, sinon une destitution, au moins un appauvrissement de notre propre faculté à utiliser le langage ? De quoi nous fait-il rêver, sinon d’une triste sous-traitance à la silice de notre aptitude à dessiner par nous-mêmes ? Que nous promet, à l’inverse, une alliance renouvelée avec la forêt, l’océan, les champignons qu’on va aller cueillir et la rivière où l’on se baigne ? Avec les chamois qu’on surprend en passant la crête et l’empire inouï de ce qui pousse quand on en prend soin ? Sinon ce bonheur exigeant d’accorder nos attentions croisées à tout ce qui vit, dans un entrelacs de prédations et d’amour, et d’en être émerveillés, et bousculés, et nourris, de retrouver dans ces vifs des algues, des fouines ou des mousses, qui font frissonner les nôtres, ce qui nous constitue tous : une vitalité transversale que tout être sait déployer à sa manière. Manger le soleil comme un arbre, croire aux fauves, plonger en pleine mer et habiter en oiseau.

Cette promesse du biopunk, n’est-elle pas tout simplement plus exaltante qu’un énième couplage psychique avec des machines qui ne font que reproduire ce que nous disons ou chantons déjà, ce que nous calculons, en plus mal, ou ce que nous avons dorénavant « la flemme » d’assumer ?

  • Le philosophe Yves Citton l’a finement exprimé : « Peu importe leur degré de fiction : les valeurs affirmées par les récits agissent sur nous par induction ou comme des prompteurs (sic), elles activent des idéaux ou des modèles qui nous incitent à faire quelque chose, à rire, à pleurer, croire, élire, acheter… Quand lire, c’est faire… » (…)

« C’est ce pouvoir de scénarisation, tel qu’il s’exerce au Journal de 20 heures ou dans la publicité, mais aussi dans nos conversations quotidiennes, qui décide du résultat des élections, des emballements boursiers, des montées du racisme, des contagions d’indignation ou de l’invention collective d’autres mondes possibles. »

  • Pour le dire en rime, nos imaginaires modernes affrontent des imachinaires. Ils s’inscrivent dans un monde déjà machiné où l’on se fascine encore une fois moins pour l’intelligence animale, assez prodigieuse et même optimale dans sa niche écologique, que pour celle d’une machine à discuter, sans conscience aucune, qu’on pré-entraîne avec des téraoctets de messages triviaux à produire une simulation de dialogue. Notre art doit précisément servir à ça : décaler la sensibilité vers ce qui mérite d’être aperçu, vers ce qui appelle l’expérimentation.

Si la mythopoïèse est l’avenir du politique, comme je le crois, elle l’est parce que seul le mythe a cette faculté de fusionner affects, percepts et concepts dans une seule boule d’énergie, dans un seul soleil de la taille d’un poing où toutes nos mains se fondent. Si le peuple ne préexiste jamais, comme le disait Deleuze, c’est parce qu’il est à créer – par et sous ce soleil du mythe qui frappe le Capital au plexus.

Source : https://unmultiple.wordpress.com/2024/05/17/alain-damasio-vallee-du-silicium/


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14 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 18 mai 10:16

    J’ai lu tous ses romans.

     

     ’’Si la mythopoïèse est l’avenir du politique’’

    >

     Est-ce que ça ne serait pas déjà son présent ? Quant à la science, corrompue par les profits elle est de plus en plus, une redoutable fiction.

     

     « La science c’est la négociation entre le ministère et l’industrie pharmaceutique » Didier Raoult

     

     ps. Merci pour cet article que je lirai.


    • Octave Lebel Octave Lebel 18 mai 12:54

      Merci pour ce signalement et cette invitation à lire, à découvrir et à se poser des questions. Chez Damasio, il y a un authentique artiste et un beau styliste. Il y a aussi un gros travail, du souffle, du rythme, de l’énergie, des savoirs. De la générosité qui guide une dimension visionnaire dont l’objet est de nous alerter, qui sait, nous réveiller. Nous avertir, nous les humains, en embarquant notre imaginaire à la lisière des réalités que nous connaissons pour mieux nous montrer les dangers que portent nos sciences et les technologies qu’elles permettent. Mises dans les mains animées par certaines pulsions et phantasmes d’autres humains qui en nourrissent leurs croyances et qui ambitionnent d’en faire les règles avec lesquelles nous régir. Il y a bien sûr chez Damasio de l’inquiétude et de la peur, une saine inquiétude et peur.Il est dans la tradition des artistes qui dérangent tous les pouvoirs en place.Qui gagneraient à le lire pour mieux nous comprendre et s’interroger sur eux-mêmes.

       


      • marko 22 mai 08:50

        @Octave Lebel Oui, je le trouve très mesuré... et j’aime sa capacité à se mettre dans l’esprit d’autrui... Dans une des chroniques de ce recueil, il se met dans la peau d’un techno-enthousiaste et c’est à la fois crédible et fabuleux... :)


      • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 18 mai 14:05

         ’’ « Le stade vidéo a remplacé le stade du miroir. C’est l’effet spécial

        de notre temps »’’

        >

         Les écrans font écran.

         

        « ... les travaux scientifiques à ce sujet sont loin d’être récents.(...)Il y a ce livre remarquable de Nicholas Carr paru en 2011 intitulé Internet rend-il bête ?. En 2012, l’anthropologue et psychologue Sherry Turkle publiait Seuls ensemble. De plus en plus de technologies, de moins en moins de relations humaines. Trois ans plus tard, elle approfondissait son travail sur les effets négatifs du numérique chez les jeunes avec Les yeux dans les yeux. Le pouvoir de la conversation à l’heure du numérique.  »

        Quand les écrans font écran à la réflexion et à l’action


        • marko 22 mai 08:56

          @Francis, agnotologue
          Oui, il y a aussi le livre de Michel Desmurget sur La Fabrique du crétin digital. On manque encore cruellement de campagnes d’information/prévention sur l’impact des écrans... Le smartphone devrait être considéré comme un enjeu de santé publique...
          Il devient de plus en plus difficile de vivre sans (démarches adminstratives...), comme la bagnole en son temps, un nouveau monopole radical se met en place... Pourtant, c’est un luxe énorme de vivre sans smartphone et de reter ainsi connecté à l’immédiat autour de soi :) ... surtout quand on passe déjà ses journées devant un écran pour le travail (ce qui est mon cas...)...


        • rosemar rosemar 18 mai 19:48

          Je suis en train de lire l’ouvrage d’Alain Damasio : passionnant et instructif ! Je recommande à tous de le lire...


          • La science fiction de la France d’aujourd’hui se résume au parcours d’un jeune diplômé Master en biologie incapable d’écrire un texte en français,correctement .


            • 80 % d’une classe d’âge doivent avoir un diplôme , aujourd’hui le pourcentage est plus important ,ça concerne tous les diplômes .

              La conséquence désagréable , le c a p de plombier donné à tous et les possibilités de fuite se sont multipliées ...lol !

               


            • chantecler chantecler 20 mai 05:36

              @SPQR audacieux complotiste chasseur de complot !
              Euh non !

              Sauf que tu trouves « sur le marché » plein de bricolos non qualifiés qui te laissent avec ta fuite ....
              Ils se disent plus ou moins travailleurs indépendants .
              = miracles de l’uberisation .


            • @chantecler
              J’insiste directive Jacques Lang ,ministre de l’éducation nationale .
              80 % d’une classe d’âge doivent avoir un diplôme .

              Et aujourd’hui le pourcentage est plus important ,ça concerne tous les diplômes CAP BEP BAC BTS ....etc

              Les bricolos non-qualifiés sont le résultat du phénomène des auto-entrepreneurs dont le développement liberticide a échappé à l’autorité de la chambre des métiers . Tout cela orchestré par le GVT français de l’époque et L’Assemblée Nationale et + encore ....



            • zygzornifle zygzornifle 19 mai 12:47

              Il a découvert le macronium une participe hautement agressive qui détruit toute les autres ....


              • ilias 21 mai 23:40

                En lisant pour la première fois Alain Damasio, j’ai été immédiatement frappé par une réminiscence de De sang froid, le célèbre roman de Truman Capote.** Comme lui, Damasio utilise une forme d’ethnographie romancée pour explorer en profondeur son sujet.

                Comparaison avec Truman Capote

                Truman Capote et De sang-froid

                Truman Capote est reconnu pour son approche novatrice du journalisme littéraire, particulièrement illustrée dans son œuvre De sang-froid. Ce livre est souvent considéré comme un précurseur du roman non-fictionnel, genre qui mêle techniques de reportage journalistique et éléments romanesques. Capote a consacré plusieurs années à enquêter sur le meurtre de la famille Clutter dans le Kansas, s’immergeant dans la communauté locale et interviewant les protagonistes de l’affaire. Le résultat est une narration riche et détaillée qui donne vie aux événements réels avec une profondeur émotionnelle et psychologique.

                Alain Damasio et Vallée du Silicium

                De manière similaire, Alain Damasio adopte une approche immersive et narrative dans son ouvrage Vallée du Silicium. Bien que son œuvre ne soit pas centrée sur un fait divers particulier, elle partage l’intention d’explorer un phénomène complexe : en l’occurrence, la Silicon Valley et ses implications technologiques et sociales. Damasio combine des observations directes, des réflexions critiques et des éléments fictionnels pour créer une vision holistique et nuancée du monde technologique contemporain.

                Éléments d’ethnographie romancée chez Damasio

                • Immersion dans le sujet : Damasio arpente la Silicon Valley, s’imprégnant de ses réalités, des entreprises technologiques aux quartiers marqués par les problèmes sociaux. Comme Capote, il s’efforce de comprendre son sujet en profondeur, en tenant compte des différentes facettes et perspectives.

                • Narration détaillée et vivante : Ses récits sont riches en détails et descriptions vivantes, permettant au lecteur de ressentir l’atmosphère et les dynamiques de la Silicon Valley. Cette approche narrative confère une dimension romanesque à des analyses autrement techniques et abstraites.

                • Réflexion critique et humaniste : À l’instar de Capote qui n’hésite pas à insérer ses propres réflexions dans De sang-froid, Damasio propose une critique personnelle et philosophique des technologies modernes. Il questionne leur impact sur la société et sur l’individu, cherchant à dépasser une simple description pour offrir une vision critique et engagée.

                • Hybridité des genres : L’œuvre de Damasio, tout comme celle de Capote, brouille les frontières entre les genres. Vallée du Silicium n’est ni un essai académique strict ni une fiction pure, mais une hybridation qui permet d’explorer des questions complexes avec une grande liberté stylistique.

                Conclusion

                Alain Damasio, à travers Vallée du Silicium, s’inspire, à sa manière et en fonction des contextes, de la démarche d’immersion et de narration de Truman Capote, en utilisant une forme d’ethnographie romancée. Son style immersif et narratif, combiné à une réflexion critique et une richesse descriptive, lui permet d’aborder les enjeux technologiques contemporains avec une profondeur et une nuance rares. Cette approche rend son œuvre accessible et captivante, tout en fournissant une analyse pertinente et engagée des défis de notre époque.

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