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Accueil du site > Actualités > Europe > Sur le Blackout espagnol : ne rien lâcher aux mésinformateurs (...)

Sur le Blackout espagnol : ne rien lâcher aux mésinformateurs assermentés

Il faudra bien plus d’un backout ibérique pour que, la mort dans l’âme, l’impéritie gouvernant l’europe depuis 25 ans détourne le regard du lyssenkisme énergétique enseigné dans tous les ministères en UE, et pour qu’elle ne serve plus les énormes intérêts de l’internationale éolo-photovoltaïque approvisionnée au seul grossiste chinois. Ce qui vient d’arriver outre-Pyrénées légitime néanmoins de dessaisir les chanoines du green deal des clés d’un système électrique à recomposer de fond en comble, au profit de ceux qui le faisaient marcher jusqu’à la fin du siècle dernier. Car, qu’on le veuille ou non, c’est à ceux-ci que la France doit de tenir encore l’Europe électrique à bout de bras, hélas, pour combien de temps ?

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Devant le rejet incendiaire de la dérive énergétique ibéro-germanique, les sapeurs ci-après de l'INESC TEC, un institut de recherche et de conseil portugais, n’ont pas traîné à allumer un contrefeu : João Peças Lopes, directeur et professeur titulaire à la Faculté d'Ingénierie de l'Université de Porto, Luís Seca, membre du conseil d'administration et chercheur en systèmes électriques, Clara Gouveia, membre du conseil d'administration et chercheuse en systèmes électriques, Ricardo Bessa, chercheur et coordinateur du domaine des systèmes électriques et Bernardo Silva chercheur (1). Si l’on tient à ne pas compromettre la reconquête timidement amorcée d’un système électrique décent, au moins pour notre pays, on ne doit laisser aucun répit à ce genre de contre-offensive dont les arguments spécieux sont à battre en brèche un à un.
 

Oscillations et évolution des fréquences à l’origine de l’événement… Le 28 avril, vers 11h20 (heure du Portugal continental), des fluctuations de fréquence anormales ont été détectées sur le réseau électrique de la péninsule ibérique. Ces oscillations ont été enregistrées par deux appareils appelés PMU (Phasor Measurement Units), qui mesurent avec une grande précision l'amplitude et le déphasage de la tension et du courant dans les systèmes électriques. L'un de ces appareils était situé à Malaga (Espagne) et l'autre à Porto (Portugal), plus précisément au siège de l'INESC TEC. Les mesures ont montré que les oscillations en Espagne et au Portugal étaient en opposition de phase avec celles enregistrées par une autre unité de mesure de puissance à Riga (Lettonie), et que ces oscillations étaient mal amorties – signe potentiel d'instabilité du réseau électrique. Les fréquences d'oscillation variaient entre 0,2 Hz et 0,7 Hz et sont restées présentes dans le système jusqu'à l'incident principal, bien qu'avec une amplitude plus faible.
En somme, les oscillations de fréquence auraient été enregistrées par des instruments dédiés à la surveillance de la tension et du cosinus de son angle phi de déphasage avec l’intensité. À l’évidence, l’auteur déduit ces oscillations des oscillations de la tension plus qu’il ne les lit, en ne voyant probablement pas que ces dernières sont consécutives aux premières causées par la désynchronisation d’une ou plusieurs sources de production, et non le contraire. C’est en effet le scénario standard le plus généralement observé lors de la survenue d’un court-circuit en ligne auquel pourrait s’assimiler le brutal appel de puissance né de la perte instantanée de 61 % de la puissance de production (2)

 

Bernardo Silva : « il est nécessaire d'évaluer l'utilisation potentielle de machines synchrones fonctionnant comme compensateurs synchrones, c'est-à-dire agissant comme des moteurs à faible charge (alimentant uniquement leurs propres pertes), permettant le contrôle de la tension et fournissant une inertie synchrone au réseau, ce qui est utile pour amortir les oscillations de fréquence potentielles. »
Pour monsieur Silva, il faudrait donc installer un matériel supplémentaire couteux chargé de produire ou d’absorber massivement de l’énergie réactive, le seul moyen de régler la tension du réseau à l’échelle nationale, que ne rendent ni l’éolien, ni le photovoltaïque. Voir plus bas à propos de l’inertie.

 

En fait, ces oscillations de fréquence générées par des oscillations de puissance – également appelées oscillations basse fréquence (LFO) – sont un phénomène dans lequel des groupes de machines synchrones de différentes régions oscillent en déphasage (généralement entre 0,1 et 2,0 Hz), créant potentiellement des écarts que le système ne peut pas contenir. Elles sont associées aux oscillations électromécaniques résultant des interactions entre les masses en rotation des générateurs synchrones, les systèmes d'excitation, les stabilisateurs de réseau électrique (SRE) et les contrôleurs des convertisseurs électroniques de puissance…
Ce n’est là que du Blablabla destiné à masquer que le système électrique ibérique a été dépassé par la dramatique insuffisance de contribution à un réglage primaire de fréquence auquel éolien et photovoltaïque sont inaptes (2).
 

João Peças : « Il est essentiel que le marché des services auxiliaires envisage l'extension des services de réserve de fréquence (FCR) et de réserve de fréquence rapide (FFR), qui pourraient être fournis, par exemple, par des systèmes de stockage d'énergie. En janvier, REN a annoncé un projet pilote permettant aux énergies renouvelables de participer à la FCR. »
Bon sang, mais c’est bien sûr, que n’y a-t-on pas pensé avant, notamment en Allemagne ! Taper dans l’énergie magique, en quelque sorte, pour secourir la fréquence. Voir ci-avant.

 

Restauration du service… des procédures de redémarrage à froid ont été mises en œuvre… Des « îlots » électriques se sont formés autour de ces centrales, et de petites charges ont été progressivement reconnectées par paliers. Selon Luís Seca, « Ce processus a naturellement pris du temps, car une récupération trop rapide peut entraîner de grandes variations de fréquence et de tension, provoquant potentiellement de nouveaux effondrements du système
L’auteur de cette assertion nous étonne ! Voir au lien (3) comment nos unités professionnelles de défense passive se déploieraient un peu partout sur le territoire pour sortir notre pays de l’obscurité dans les plus brefs délais. 


À 22 heures, le gestionnaire du réseau de transport espagnol (REE) avait déjà rétabli 43,3 % de la demande et remis sous tension 421 des 680 sous-stations (62 %), l'approvisionnement dépassant 90 % aux premières heures de mardi…À ce moment-là, environ 2,5 millions de consommateurs portugais avaient déjà de nouveau accès à l'électricité, l'interconnexion avec le réseau européen avait été rétablie et, à la fin de la nuit, la quasi-totalité de la demande d'électricité au Portugal avait été rétablie
Les opinions publiques des pays membres de l’UE apprécieraient qu’on leur précise par quoi et par qui les consommateurs espagnols et portugais furent ainsi réalimentés.

 

Identifier les causes [du blackout] et les leçons à tirer… Il pourrait également être nécessaire de réaliser des études reproduisant les conditions d'exploitation antérieures à la perturbation afin de comprendre la cause profonde de l'incident », explique João Peças Lopes. Luís Seca et João Peças Lopes ajoutent que, bien que les causes spécifiques soient encore à l'étude, « l'analyse d'incidents passés similaires met en évidence trois facteurs contributifs possibles : une perte soudaine de production ; une faible inertie du système due à une forte pénétration des énergies renouvelables, ce qui rend le comportement de la fréquence plus sensible aux déséquilibres ; et des problèmes liés aux excursions de tension et à leur contrôle. »
Nous y voilà ! Après le délire du stockage des KWh renouvelables en batteries, ENTSO-E et RTE proposent d’engloutir de nouveaux milliards d’euros dans celui de la béquille inertielle de leur production. La physique et les mathématiques condamnent pourtant l’un et l’autre sans appel (4). 

Les leçons à tirer… Clara Gouveia, explique que « certains gestionnaires de réseaux de transport européens, dont REE, ont installé des systèmes de surveillance à grande échelle (WAM). Grâce aux PMU, ils peuvent surveiller la stabilité du réseau et détecter les perturbations, comme celles observées le 28 avril, générant ainsi des alertes pour les gestionnaires de réseau. Le déploiement généralisé de ces dispositifs est essentiel pour les réseaux électriques modernes, car il permet une analyse détaillée des événements et la définition de mesures correctives. »
La belle affaire ! On détecte finement et précocement l’impuissance crasse d’un parc de production à dominante éolienne et photovoltaïque, mais que fait-on pour y pallier dans l’urgence allant de l’heure à l’année, voire à la décennie ?!

Ricardo Bessa, explique, aux côtés de João Peças Lopes, que les opérateurs de réseaux doivent continuer à déployer des outils de surveillance dynamique de la sécurité pour détecter les limites d'exploitation en temps réel et permettre des procédures de contrôle préventif et correctif opportunes. Grâce à la simulation et à l'apprentissage automatique lors de la planification opérationnelle (par exemple, la veille), les opérateurs peuvent définir un ensemble de mesures correctives pour les aléas les plus graves du système
En somme, nous pourrions être bientôt dotés d’une détection précoce de l’AVC énergétique auto-guérissante !

« Ces systèmes évoluent toutefois pour inclure des fonctions de support opérationnel en temps réel, intégrant des fonctionnalités de protection et de contrôle (WAMPAC), qui relient la surveillance aux actions de contrôle automatiques, par exemple le dispatching automatique des générateurs ou l'ouverture des lignes d'interconnexion entre différentes zones du réseau (comme les interconnexions France-Espagne) » ajoute-t-elle.
Ben voyons ! le renforcement et la multiplication des lignes d’interconnexion c’est pour des Français qui les ont déjà programmées dans leur PPE3, de même qu’assurer aux Espagnols et aux Portugais la pérennité d’une puissance électronucléaire suffisante à les secourir.


« Madère et les Açores offrent des exemples de réussite en matière d'intégration de volumes importants de production d'énergie renouvelable. Leurs réseaux fonctionnent avec des convertisseurs de tension qui simulent l'inertie synthétique, assurent un contrôle de tension et de fréquence performant et permettent une stabilisation rapide des phénomènes transitoires. Nous devons maintenant adapter et transférer cette expérience réussie des systèmes insulaires aux réseaux continentaux », conclut João Peças Lopes
À Madère, 33,7 % de l’électricité annuellement consommée est d’origine renouvelable, dont l’essentiel est hydroélectrique ; aux Açores, les renouvelables c’est 34 % du total, à 60 % géothermiques. Sans commentaire !

Mais le clou de ce surréaliste regard d’experts sur le sinistre ibérique du 28 avril ce sont certainement les règles métaphysiques d’exploitation d’une énergie occulte, dont un aperçu est donné ci-après :

Recourir à des jumeaux numériques du réseau électrique simulant son comportement en perturbations, grâce à une intelligence artificielle à hybrider avec les équations physiques régissant le système électrique, selon Ricardo Bessa ; des assistants virtuels capables de prévention et d’alerte en matière d’inertie et de vieillissement des installations, par exemple…

Recourir à des convertisseurs de grille, des dispositifs avancés imitant le comportement des machines synchrones traditionnelles, pouvant participer au contrôle de la tension et de la fréquence, grâce à des batteries, et capables de compenser la perte d'inertie synchrone en contribuant à l'inertie synthétique du système...

On croit rêver. Toutefois, la cerise sur le gâteau est ici apportée par un Luís Seca proposant d’appliquer la recommandation suivante de l'ENTSO-E : passer à des limites de fréquence plus larges permettant aux groupes de production de rester connectés entre 47,5 Hz et 51,5 Hz durant au moins 30 minutes ; la réponse coordonnée aux surfréquences étant apportée par un LFSM-O activé à 50,2 Hz, aux sous-fréquences par un LFSM-U, activé à 49,8 Hz, grâce à des temps de réponse adaptés à chaque technologie… On se souhaite bien du plaisir !
 

(1) Traduit d'après https://bip.inesctec.pt/en/inesctecwatch/the-iberian-peninsula-power-grid-blackout/

(2) https://atlantico.fr/article/decryptage/le-pouvoir-politique-et-les-artisans-de-la-ppe3-cause-du-blackout-espagnol-andre-pellen

(3) https://www.contrepoints.org/2024/05/15/474535-flamanville-3-ou-pas-lere-des-menaces-de-black-out-est-deja-programmee

(4) https://atlantico.fr/article/decryptage/blackout-pedagogie-du-leurre-de-la-frequence-sous-egide-de-linertie-andre-pellen

 


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4 réactions à cet article    


  • Jean Keim Jean Keim 15 juin 08:22

    Un impact de charge ne peut pas être absorbé par l’éolien ou le photovoltaïque, avant tout pour la simple et bonne raison que le vent et/ou l’ensoleillement peuvent faire défaut.


    • Seth 15 juin 14:05

      L’idéal serait que M. Pellen soit commissaire de l’électricité chez Wonder la Hyène.  smiley


      • lecoindubonsens lecoindubonsens 16 juin 11:07

        @Seth
        Wonder la Hyène, c’est pile celle qui garde l’électricité pour qu’elle vienne plus tard ?
        Plus sérieusement, pas de mystère, nos besoins de puissance en pointe doivent être couverts par de l’énergie pilotable, et l’hydroélectrique ne suffira pas.

        et la pointe, cela peut-être les nuits d’hiver sans vent, alors comment chauffez en tout éolien / tout voltaïque ?

        Donc que proposer en dehors du nucléaire ou du fossile (fuel/gaz/charbon) ?


      • ETTORE ETTORE 16 juin 14:13

        Ben voilà !

        Le soleil brille pour tout le monde

        Le vent souffle pour tous...

        Seulement la gestion de ces énergies, est limitée à chacun sa mR2 .

        La seule chose qui transite bien, ce sont les contrats de vente, qui eux se passent des contraintes techniques, pour un lissage bien financier, qui ne feras jamais sauter les comptes en banque, même si black out !

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