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Accueil du site > Actualités > Environnement > L’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique (...)

L’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique sont-elles différentes en ce qui concerne la dégradation des sols ?

Des chercheurs hollandais* ont comparé les effets sur les sols d’une culture conventionnelle et d’une culture biologique (organique) avec comme hypothèse de travail : l’agriculture biologique est moins néfaste à la multifonctionnalité des sols que l’agriculture conventionnelle. Mais que se passe-t-il dans les deux cas, si on accroît l’intensité des pratiques agricoles pour augmenter les rendements par exemple ?

L’étude a été réalisée à partir d’observations et de mesures réalisées sur 53 fermes hollandaises soit en culture conventionnelle soit en culture biologique et sur deux types de sols argileux ou sableux. Les auteurs définissent une culture biologique lorsque les apports de fertilisants et le contrôle des parasites sont d’origine naturelle et non issus de produits synthétiques.

La multifonctionnalité des sols est une notion complexe à appréhender, les deux déterminants les plus importants pour la définir sont :

 - la capacité de rétention de l’eau (lorsqu’elle diminue, le sol devient sensible à la sècheresse, il est moins efficace pour le cycle de la nutrition des plantes, il y a perte d’éléments nutritifs et donc pollution des eaux) ;

 - la perte de la teneur en matière organique des sols et de sa biodiversité (richesse microbienne, vers de terre, nématodes, etc.).

Dans l’analyse, cette multifonctionnalité a été représentée par un index intégrant des indicateurs de fonction du sol tels que le cycle des nutriments, la décomposition, les réserves selon la structure du sol, le contrôle des parasites, et la régulation de l’eau.

L’intensité des pratiques agricoles intègre, dans un autre index, des informations obtenues auprès des fermiers sur les apports de matière organique, la fréquence des labours, la rotation des cultures.

Pour chaque ferme, soit en culture conventionnelle soit en culture biologique, les auteurs vont disposer d’un index mesurant la multifonctionnalité de leur sol et d’un index mesurant l’intensité des pratiques culturales. Une analyse statistique va permettre de comparer ces index selon les types de cultures et les types de sols et leur effet l’un sur l’autre dans tous les cas.

Les principaux résultats de l’étude sont les suivants :

 - L’index d’intensité des pratiques culturales est en moyenne toujours plus faible en culture biologique qu’en culture conventionnelle que ce soit pour les fermes en sol sableux ou en sol argileux. Ce qui signifie que les pratiques agricoles biologiques sont moins agressives.

 - L’index qui caractérise la multifonctionnalité des sols ne peut être prédit ni par le mode de culture (bio ou conventionnelle) ni par le type de sol (sableux ou argileux).

 - Si maintenant on trace la droite de régression entre les scores d’intensité des pratiques culturales de chaque ferme et celui de la multifonctionnalité de leur sol, on s’aperçoit que cette droite a une pente négative, autrement dit la multifonctionnalité des sols diminue dès que les scores d’intensité augmentent quels que soient les sols et les modes de culture (biologique ou conventionnelle).

En résumé, ce qui affecte le plus la multifonctionnalité des sols en agriculture, ce n’est pas le type de culture (biologique ou conventionnelle) qui est appliquée, c’est surtout la pratique culturale intense qui est défavorable.

 

* Sophie Q. Van Rijssel et al., Science, 25 avril 2025, N° 6745, pp. 406-411. 


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9 réactions à cet article    


  • Seth 7 juin 16:05

    Pas facile à saisir...

    Il y a deux éléments importants qui sont la rotation des cultures, fut-ce du maraîchage sur petite surface (pratique connue depuis longtemps même dans des jardins), et la nature du labour et sa profondeur avec le risque de mélanger la terre vive à la terre morte évité autrefois avec les araires ou les premières charrues ou même la pelle.

    J’habite une région au sol sableux et à forte capillarité qui nécessite une amélioration (fumier si ça existe encore) en raison la perte des éléments nutritifs et de l’eau qui ne reste pas en surface.


    • Sylfaën.H. Sylfaën.H. 7 juin 21:48

      J’ai envie de dire spontanément qu’il y a un biais énorme :
      l’agriculture avec intrants fertilisants et phytos n’utilise le sol que comme matrice, n’exploite nullement sa multifonctionalité (pire, elle la détruit !).
      La pente négative de la « corrélation » indique alors basiquement une loi-inverse.
      OUI ?, NON ?


      • véronique 9 juin 17:06

        @Sylfaën.H.

        Ce que vous dites est totalement faux. C’est une vue de l’esprit. Heureusement les agriculteurs tiennent compte des caractéristiques des sols pour les cultiver. On se demande comment il pourrait en être autrement. 


      • joletaxi 9 juin 17:33

        @véronique

        écoutez, une fois pour toutes
        les sols sont morts
        et je bois le dernier verre d’eau

        après, vous pouvez toujours tenter d’argumenter avec la secte, mais vous ne changerez pas leur religion

        ils doivent avoir un chromosome spécial, comme tous les prisonniers volontaires des sectes

        il y a quelques années, je promenais mon chien en forêt avec un Monsieur d’un âge certain.Un jour, il me dit : curieux comme j’ai toujours ce parfum particulier de cet insecticide que ma <mère saupoudrait sur mon matelas de temps en temps, car nous n’avions pas les moyens de changer de literie, et il arrivait que l’on soit envahi de punaises.Je lui suggérais le DDT. C’était bien lui , et le brave avait non seulement survécu, mais il était encore en pleine forme.Grâce à la secte, nous mettons maintenant les matelas au surgélateur, et des centaines de milliers d’africains sont morts de paludisme.Me souviens même que certains « savants » avaient identifié des résidus de DDT dans la graisse des ours polaires, qui vont très bien merci.
        Depuis, ils nous ont fourgué leurs mensonges sur d’innombrables sujets.
        Mais jamais, jamais, ils ne confesseront avoir pu commettre une erreur,
        nous en avons l’illustration sur les antinucs(canal historique) qui périodiquement viennent étaler leur imbédcilité


      • sylvain sylvain 8 juin 14:32

        c’est complique comme sujet. Les criteres d’intensivite retenus par exemple sont a double tranchant : le labour mineralise et fait decroitre la biodiversite. L’apport de MO humifie, encore que ca depende beaucoup du C/N de l’apport. Et puis elle vient d’ou la MO, parce que si c’est de l’exploit c’est une chose, mais si c’est d’ailleurs il faudrait compter la perte de MO qu’elle a cree ailleurs . L’apport d’engrais de synthese mineralise....

        Le fait d’etre en polyculture elevage est surement plus impactant que bio/non bio sur les criteres retenus vu qu’il n’y a rien sur les pesticides et metaux lourds remanant, dont l’action sur la biodiversite est notable mais pas forcement a court terme pour les metaux lourds...

        bref c’est interessant, mais de la a en tirer des conclusions


        • xana 8 juin 15:09

          Il me semble qu’on manque encore de nombreux « indices » dans un domaine extrêmement complexe...

          Je pense qu’il est nécessaire évidemment de continuer ces études en y incorporant de plus en plus de nouvelles variables, mais en ne cherchant pas forcément à en tirer trop vite des conclusions. Nous savons tous à quel point une connaissance réelle et sérieuse est nécessaire, et à quel point une erreur dûe à la précipitation (et pire encore : à l’appétit pour des bénéfices faciles) peut nuire à la conservation des qualités de nos sols.

          Hâtons nous, mais hâtons-nous prudemment. Nos erreurs ne nous pardonneront pas.


          • Seth 8 juin 15:29

            @xana

            ... et réciproquement.  smiley


          • mmbbb 9 juin 10:38

            « une culture biologique intense » un oxymore ! 

            Le blé dans la Beauce , un rendement multiplié par quatre depuis les années 1960.

            Du ble« dit bio » , ce ne sont pas les mêmes variétés . Des variétés plus rustiques .

            Du bio avec ces variétés avec un haut rendement n a aucun sens , Il en va de toutes les especes cultivées .

            Dans un autre domaine , le camembert de Normandie AOP doit etre fait avec des vaches de races normandes et non pas avec des vaches prim’holstein qui « pissent » du lait .

            «   la capacité de rétention de l’eau (lorsqu’elle diminue, le sol devient sensible à la sècheresse, il est moins efficace pour le cycle de la nutrition des plantes, il y a perte d’éléments nutritifs et donc pollution des eaux) ; » 


            Et pourquoi la perte de rétention de l eau des sols .


            L agronome M Claude Bourguignon l a démontré .


            il a étudié de pres la microbiologie des sols . Un pionnier dans ce domaine .


            Une culture intensive , ce sont des plantes a croissance rapide , des engrais azotés ( emploi massif ) et des produits phytosanitaire . 


            Et évidemment cela un impact direct sur cette « faune » des sols .


            A l instar de notre « microbiote » qui détermine aussi l etat de notre santé


            un des indicateurs se sont les vers , Agriculture intensive presqu aucun vers ! 


            Ce qui abouti a l artificialisation des terres , ce sol est un sol mort .


            Et notamment amplifié par l arrachage des haies .


            Un article dont j ai du mal à comprendre l etude ! Et une conclusion de technocrate et contradictoire .


            Si l on pratique une culture conventionnelle donc intensive , on retombe dans le schéma engrais azotés et intrants ! et on a une « pratique culturale intense qui n est pas favorable  »  


             L art d enfoncer une porte ouverte .


            • véronique 9 juin 17:34

              Votre conclusion est logique. On commence à porter atteinte à la biodiversité dès l’instant où on touche au sol. Idem pour la matière organique ou la capacité de rétention en eau. Et plus la culture est intensive, plus on risque d’observer ces effets. Mais il est vrai aussi que plus on recherche le rendement, donc l’agriculture intensive, et plus on va utiliser les intrants de synthèse, engrais azotés et pesticides de synthèse avec une bonne efficacité. 

              On pourrait donc penser que plus l’agriculture est bio, moins elle va porter atteinte à la multifonctionnalité. Cependant il faut aussi prendre en compte le fait que pour éviter de rendre les sols incultes, il y a évidemment des stratégies possibles et courammment pratiquées, y compris en agriculture conventionnelle : rotation des cultures, limitation des exportations de sous-produits, amendements organiques (de plus en plus difficiles à trouver), reduction du travail du sol quand c’est possible, apports de divers minéraux etc.  De plus, il existe un aspect de la question peu évoqué : quand bien même une culture bio serait un peu moins impactante, ce qui n’est pas certain, il ne faut pas oublier que le rendement en bio, et spécialement en grandes cultures, est beaucoup moins important. Autrement dit, pour un volume déterminé d’une production,, il faut davantage de surfaces en bio par rapport au conventionnel.

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