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La Suède pionnière en énergie renouvelable

L’UE importe 50% de ses besoins en pétrole et les prévisions prévoient une augmentation à 70% au cours des 20 prochaines années. Face au prix à payer, tant économique que géopolitique, pour cette dépendance, la Suède voudrait prendre une longueur d’avance dans la future économie de l’énergie renouvelable, pour assurer son approvisionnement intérieur, mais aussi pour développer les technologies innovantes qui lui permettront de reproduire le miracle économique d’IKEA.

Le projet suédois consiste à se passer de l’énergie fossile (pétrole et charbon) dans les 15 prochaines années, et cela sans augmenter le nombre de centrales nucléaires... En 2003, 26% de l’énergie consommée en Suède était d’origine renouvelable, contre 6% en moyenne dans l’Union européenne, et un peu plus de 1% à peine en Belgique (1).

Le gouvernement suédois vient de charger un groupe pluridisciplinaire composé d’entrepreneurs, de chercheurs, d’agriculteurs, de constructeurs automobiles, et d’autres spécialistes de mettre au point des stratégies énergétiques permettant d’atteindre cet objectif. Les sources renouvelables privilégiées sont les éoliennes, les biocarburants, et l’énergie marémotrice. Par exemple, les constructeurs automobiles Saab et Volvo développent des voitures qui rouleront à l’éthanol et autres biocarburants.

L’UE importe 50% de ses besoins en pétrole, et les prévisions prévoient une augmentation à 70% au cours des 20 prochaines années. Face au prix à payer, tant économique que géopolitique, pour cette dépendance, la Suède voudrait prendre une longueur d’avance dans la future économie de l’énergie renouvelable pour assurer son approvisionnement intérieur, mais aussi pour développer les technologies innovantes, qui lui permettront de reproduire le miracle économique d’IKEA. L’Allemagne est le pays européen qui investit le plus en recherche et développement en matière d’énergie propre dans l’EU, mais les pays scandinaves, pragmatiques, organisés, et surtout bien plus respectueux de l’environnement que la plupart des autres pays européens, voudraient leur emboîter le pas et rattraper leur retard.

En 1980, les Suédois ont décidé, comme les Allemands, de fermer leurs centrales nucléaires, et donc ce pays a mis en place au cours des dix dernières années des réseaux de distribution de chaleur et d’eau chaude générées par l’énergie géothermique ou la récupération de chaleur dans les usines. En 2003, la Suède produisait déjà 26% de son électricité grâce aux sources renouvelables, mais l’essentiel de son électricité restait produite par le nucléaire et les centrales hydroélectriques.

Les autres pays européens prennent conscience que dépendre de pays tels que la Russie et l’Arabie Saoudite pour leur approvisionnement énergétique oblige à fermer les yeux sur des politiques intérieures à l’opposé de leurs valeurs démocratiques, et que cela nous entraînerait vers des graves conflits, économiques ou autres, dans les années à venir. Regardez la position intransigeante de la Russie sur la question de l’approvisionnement en gaz par Gazprom des pays de l’EU, alors qu’elle est l’invitée d’honneur du G8, présidente de ce groupe de pays les plus industrialisés, bien qu’elle ne soit que la seizième économie mondiale. Nous sommes obligés d’accepter les caprices de divas de ces pays, et nos dirigeants perdent la face, alors que nos opinions publiques assistent, désabusées, à cette compromission.

L’Allemagne et la Suède l’ont compris, la France répond différemment à ce challenge en cédant aux danses du ventre de son lobby industriel nucléaire. L’Amérique de Bush se réveille aussi ; ainsi lors de son dernier discours sur l’état de l’union (2), le président des Etats-Unis a déclaré que l’Amérique devait gagner son indépendance économique en augmentant de 22% la recherche sur les énergies propres, afin de diminuer l’importation de pétrole du Moyen-Orient de 75% d’ici 2025. Mais la part du nucléaire américain devrait également augmenter, une fois transgressé le tabou né de l’accident survenu à la centrale de Three Miles Island en 1979 (3).

Actuellement le meilleur rendement (énergétique et non financier) des énergies renouvelables pour le transport routier est obtenu par l’hydrogène utilisé dans une pile à combustible (4). Le choix de l’hydrogène, fait par les Américains, n’est pas dénué de risque écologique. En effet, ils fabriquent leur hydrogène par la technique du « reformage » du charbon, avec comme corollaire la formation de CO2 suspecté d’être à l’origine de l’effet de serre. Il faudrait alors stocker ce CO2 dans le sous-sol afin qu’il ne vienne pas s’ajouter au CO2 déjà produit par l’activité humaine, bref, comme l’écrit Jeremy Rifkin (5) : « ressusciter le charbon, on aura tout vu ». Le choix de cette technique se justifie par les énormes réserves de charbon américain, car en Europe, où des bus à l’hydrogène circulent déjà depuis octobre 2003, le choix de la technique de production est tout autre : l’ « électrolyse » de l’eau. Mais pour cela, il faut du courant, et le prix de celui-ci rend prohibitive la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau. Une troisième méthode est le « craquage » de l’eau par thermochimie à 800°, mais cette chaleur viendrait... du nucléaire. Bref, l’hydrogène, ce n’est pas pour demain, et ce n’est pas certain qu’on puisse classer la technique dans le domaine des énergies propres.

La science progresse, de nouvelles technologies viendront augmenter le rendement des énergies renouvelables déjà maîtrisées ou de nouvelles sources d’énergie renouvelables, et c’est dans ce sens que les investissements colossaux sont engagés, notamment dans le projet ITER ; mais cette deuxième voie est très aléatoire, et la Suède a décidé de privilégier les voies d’une recherche plus classique, et donc plus rapidement rentable. Le pragmatisme scandinave, c’est cela, et il est fort possible que les prochains produits énergétiques soient labellisés IKEA, ou autre entreprise au nom exotique, alors que nos entreprises semblent devoir rater le coche d’un changement d’ère, et donc devoir rater les énormes bénéfices attendus.

http://epp.eurostat.cec.eu.int (1)

http://www.lesechos.frwww.lesechos.fr/info/rew_inter/200070833.htm (2)

http://www.tmia.comwww.tmia.com/ (3)

http://www.tuwww.tu5ex.net/index.php ?option=com_content&task=view&id=14&Itemid=2/ (4)

http://www.foet.orgwww.foet.org/JeremyRifkin.htmJeremyRifkin.htm (5)


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5 réactions à cet article    


  • Fvr (---.---.94.163) 14 février 2006 17:28

    Petite précision sur l’hydrogène en marge de cet article fort intéressant. L’amalgame entre hydrogène et source d’énergie est souvent fait. En fait l’hydrogène n’est qu’un vecteur (permettant le stockage et le transport d’énergie). Cela implique comme expliqué dans l’article qu’il faut le produire et que par conséquent il est, en l’état actuel des techniques, rarement propre.


    • herbe (---.---.131.92) 14 février 2006 21:50

      Très juste. alors pourquoi ne pas produire de l’hydrogène à partir du solaire ? Même si il faut prendre en compte le coût écologique de la construction des infrastructures, cela aurait pour mérite de lancer économiquement des pays qui ont du soleil abondant (Afrique, Inde etc) en plus d’être déjà fort intéressant comme ressource complémentaire pour les autres pays un peu plus riches....


      • Fabrice Fabrice Duplaquet 15 février 2006 10:07

        Merci pour votre commentaire :

        le problème de l’énergie solaire est le rendement assez bas et le prix des technologies. Ces deux facteurs rendent prohibitif le prix de production de l’hydrogène.


      • pierrot (---.---.93.139) 24 février 2006 12:21

        Bonjour, Votre article est très intéressant et la Suède est un pays sympathique sur beaucoup d’aspects.

        Cependant, comme vous l’avez dit, mais il faut insister, l’hydrogène n’est pas une énergie, il n’y a pas de source d’hydrogène sur terre (heureusement !).

        Il faut le fabriquer, soit à partir de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz comme le faisaient les Allemands vers 1942) et donc avec pollution et augmentation de l’effet de serre, soit à partir de l’énergie nucléaire (réacteurs dits de 4ième génération vers 2040) donc économique mais contre versé.

        Concernant la production d’énergie renouvelable en Suède, il s’agit pour la quasi totalité d’énergie hydraulique (barrages) dont la Suède est bien pourvue mais donc le développement est très limitée par nature en France, la quasi totalité des potentialités étant réalisée.

        N’oublions pas non plus que la Suède a un parc nucléaire important et qu’elle importe de l’électricité nucléaire de Finlande. Je ne veux pas noircir le tableau, il existe des réalisations remarquables en Suède dans le domaine énergétiques. Cordialement.


        • Jean Vladimir 22 septembre 2007 18:14

          Vite : l’énergie atomique inoffensive et inépuisable, page 8 du site www.savoir-ce-qu-est-l-univers-et-ce-que-nous-avons-a-y-faire.net.

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