Parcimonieux pour les autres

Eux seuls s'en exonèrent …

Après les années de bombance à dépenser un pognon de dingue, à vivre largement au-dessus de leurs moyens, à jouir de l'État providence, de ses multiples avantages, les Français vont devoir se serrer la ceinture, travailler plus longtemps et pour presque rien, cesser de se soigner à peu de frais, renoncer à bien des loisirs et vivre chichement.

C'est notre brave premier ministre, en missionnaire de la rigueur budgétaire qui promet quatre années de pénitence, de Carême, de componction patriotique pour redresser les bourses de la nation. La morosité sera de mise dans une sobriété d’ascètes convaincus d'agir pour le bien de tous et la gloire de la France.

Cette forme de purgatoire terrestre sera nécessaire, tout le monde en est conscient pour éviter l'enfer du dépôt de bilan, de la faillite et de la récession sans oublier les autres plaies de l'irresponsabilité budgétaire des années passées : chômage de masse et inflation galopante. La rigueur budgétaire comme potion pour remettre à flot une économie exsangue…

Tout le monde, ou presque va y passer, à commencer par les retraités, ces honteux privilégiés qui vivent aux crochets d'une population active qui n'en peut plus de nourrir ces odieux nantis. Une bonne loi sur la fin de vie pourrait alléger les comptes en accélérant la réduction des pensions de manière mécanique et diabolique. On y pense du côté des adeptes de Jacques Attali !

Baisse des salaires, réduction des pensions, suppression des fonctionnaires, limitation des remboursements, augmentation des diverses taxes, création de quelques impôts nouveaux, toute la gamme des possibles va y passer pour ratisser large parmi la classe moyenne, la seule susceptible de verser son écot à cette magnifique croisade économique.

Car fort heureusement des catégories vont résister vaillamment à ce raz de marée de mesures punitives. À commencer, noblesse oblige par nos parlementaires qui ont fait don de leur corps à la Nation. Il n'y a aucune raison qu'ils participent à cette purge budgétaire. Bien au contraire, dans la tourmente qui se profile, une augmentation substantielle de leurs émoluments et avantages divers leur permettra de supporter la grogne d'une nation excédée notamment par le train de vie du Palais et du couple monarchique.

Autre catégorie qu'il convient de préserver de ce traitement de cheval, nos amis possédant de grandes fortunes qui ont fait de l'optimisation fiscale leur cheval de bataille. Cette belle chevalerie de l’égoïsme, si choyée par le pouvoir, n'aura pas à connaître les affres du manque. Il ne serait pas convenable de les mêler ainsi à la masse des gueux, manants et nécessiteux.

Ceux-là vont résister courageusement afin de nous servir de modèle, d'exemple pour supporter nos misères en se donnant pour ambition de rejoindre ces irrésistibles gaulois qui n'ont que faire des misères qui les entourent. La misère est redevenue comme dans l'ancien régime, une punition divine tandis que la richesse au-delà du possible, est la marque d'une réussite favorisée par la volonté divine.

Le ciel ne tombera sur la tête que des misérables que nous sommes tandis que continueront de parader tous ces gens qui gravitent dans les allées, antichambres et alcôves d'un pouvoir qui n'a jamais été aussi honni par ses sujets. La cure de monsieur Bayrou est un lavement exécrable qui est le fruit des entrailles d'une caste sans honneur, sans éthique, sans dignité. Car comme chacun sait en cette Monarchie, pour l’application des règles de droit et de justice, il n'y a aucune exception notable à l'exception des notables

Il est grand temps que se lève le vent de la fronde et que chacun ici participe à la mesure de ses moyens à cet effort qui, s'il n'est pas collectif et unanime, n'a aucune raison d'être.