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Les commentaires de Jean-Philippe Immarigeon



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 14 février 2007 12:54

    « Pour croire à la version officielle des faits le 11-Septembre, celle des dix-neuf pirates armés de cutters qui détournent quatre avions, il faut croire que les services secrets sont un ramassis d’incompétents, que les contrôleurs aériens sont un ramassis d’incompétents (incapables de décrocher un téléphone), que les militaires sont un ramassis d’incompétents (incapables durant 1 heure 50 d’envoyer un avion) et que les enquêteurs sont un ramassis d’incompétents. En un mot, que les États-Unis sont un pays délabré où plus rien ne fonctionne. »

    Oui, bien sûr. Pourquoi écartez-vous cette hypothèse, que retiennent depuis 5 ans tous ceux qui, comme moi et je l’espère vous-même, ont pu vivre et travailler aux Etats-Unis ? Même BHL dans son ouvrage admet que dès que quelque chose d’imprévu arrive aux Américains, tout s’arrête, tout est paralysé, y compris là où ils se prétendent les rois, le management, la planification et la communication. J’ai moi-même vécu le tremblement de terre de San Francisco d’octbre 1989, je ne sais toujours pas ce qui m’a le plus frappé, du bordel général qui s’en est suivi ou de la peur panique que je n’ai jamais retrouvée ailleurs au cours de mes pérégrinations, même dans des pays réellement en état de guerre.

    Pourquoi votre anti-américanisme rejoint-il l’atlantisme d’un Lellouche, d’un Glucksmann ou d’un Sarkosy, et voit ce pays comme une hyper-puissance détentrice de l’omniscience et l’omnipotence ? Quelle explication avez-vous sur la défaite irakienne ? Pourtant, sur le papier, l’US Army est la plus puissante du monde, non, avec se satellites, ses drones, ses porte-avions e que sais-je encore ? Alors, ils le font exprès de perdre face à trois branquignols armés de kalachnikovs, d’être humiliés, de se faire envoyer paitre désormais par le monde entier ? Ils ont fait exprès, il y a trois semaines, de laisser entrer dans leur base un commando, enlever 4 GI’s, et laisser le commando parcourir presque 100 kilomètres avant de disparaître dans la nature (le désert plat comme la main : ils sont où, les satellites de Jack Bauer et Jack Ryan) ?Expliquez-moi le but de la manoeuvre de ce « complot », le plus pitoyable de tous les temps ? Et cessez de vous gaver de films hollywoodiens qui entretiennent le mythe d’une grande nation à l’armée de l’air la plus performante à la presse la plus libre du monde, il n’y a plus que les conspirationnistes pour y croire.

    Et puis ne vous trompez pas de sujet : complot ou pas, le problème que l’Amérique pose désormais au monde, et qui va bien devoir être réglé avant qu’elle ne le précipite dans un conflit de civilisations, n’est pas le complot supposé. Comme j’en ai déjà discuté sur AgoraVox et sur mon blog, l’histoire américaine est remplie de complots, réel ou suposés, depuis l’affaire de Jumonville en 1754 jusqu’à celle du golfe du Tonkin, en passant par l’explosion de l’USS Maine, le torpillage du « Lusitania », le télégramme Zimmermann, etc... Le problème c’est Guantanamo et la loi qui le valide votée des deux mains par les démocrates à l’automne dernier, le Patriot Act reconduit par les mêmes, les Security letters, les Torture Flight de la CIA pour lesquels l’Europe vient tout juste ce matin de se réveiller, etc... Je n’ai entendu personne aux Etats-Unis, Jane « Hanoi » Fonda en tête, dire un mot contre cela, ni Pelosi, ni Obama, ni les familles des soldats tués. Il y a ceux, comme vous et Sarko, qui tentent de sauver leur rêve américain en détournant la crise sur une histoire de complot, qui est peut-être réel, et puis il y a tous les autres qui ont compris, au bout de deux siècles et demi, qu’il n’y avait rien à sauver d’une Amérique qui se découvre constituer une anomalie historique.

    L’attentat contre le Pentagone est bidon, qui va prétendre le contraire aujourd’hui. So what ? La France va élire un président fou d’Amérique (voir sur mon blog http://americanparano.blog.fr mon article « Sarko et le Dieu-cargo »). On ferait mieux de s’occuper de cela, parce que la faillite du système « démocratique » américain est un sujet d’importance pour les Américains, mais ce n’est plus celui d’un monde qui ne va pas s’arrêter de tourner le jour où ce pays aura rejoint Rome et l’URSS au cimetière des empires défunts.

    Et comme à chaque fois, ça se passe très vite, sans prévenir. C’est même, à mon sens, ce qui est en train de se passer sous nos yeux. Mais comme tous ceux qui nous ont précédé dans ce genre de bouleversement, nous ne nous en apercevrons qu’après coup.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 14 février 2007 11:02

    Il y a non seulement confusion dans la vie politique, cette « société du spectacle » dénoncée et annoncée il y a déjà longtemps par Debord, entre le fond et la forme, mais vacuité de l’un et l’autre et les deux principaux candidats sont l’aboutissement d’un processus mené patiemment à son terme. Entre la loghorrée attrape-tout de Sarkosy qui nous récite son cours d’histoire de France de CM2 et la réthorique maréchaliste de Royal, on touche le fond. Mais le processus ne rélève pas du même cheminement.

    A droite, l’idéologie n’a jamais pu clairement s’exprimer parce que, qu’on le veuille ou non, elle reste marquée par le refus profond, viscéral et ontologique de la démocratie, ce « monstre » incontrollable et taxé régulièrement d’irrationnel (voir les réactions au lendemain du référendum européen, le néocons Serge July compris), « lieu d’incertitude » pour reprendre l’excellent mot de Claude Lefort, ce système qui, comme l’écrivait Jean-Jacques Rousseau, ne vous permet pas de m’expliquer pourquoi j’ai raison d’être de votre avis aujourd’hui sans légitimer par avance le fait que je serai demain d’un avis contraire. La droite n’a eu de cesse de mettre au-dessus de la loi toutes les trancendances possibles et imaginables : la « loi » de Dieu, les « lois » de l’économie, tous les déterminismes possibles et imaginables depuis Condorcet et Laplace jusqu’à Einstein et Freud, etc... et a trouvé dans la « globalisation », ce « machin » tombé du ciel par la grace divine, le dernier justificatif de notre avilissement.

    Dès lors Sarkosy l’Américain (et ce qualificatif se suffit à lui-même, pour peu que l’on ait compris la vraie nature de l’Amérique) pour donner une apparence de chair à un programme qui, pour la première fois depuis la Guerre des farines de 1775, est authentiquement ultra-libéral, autoritaire et répressif (« la liberté du commerce assise sur des baïonnettes », ironisait Robespierre) impose son pensum long et digeste comme un discours de Castro (du moins ce qu’il en reste).

    A gauche le problème est autre. D’une part, courant après la modernité comme après son ombre, le PS a renoncé à tenir les positions des Lumières contre le discours de la mondialisation, et DSK est le symbole de cette capitulation. Ensuite, ce parti reste marqué par l’esprit Rad-Soc et celui de l’ex-SFIO : fondamentalement, et malgré les leçons de Mitterrand, ses élus ne sont pas intéressés par l’élection présidentielle. Les mandats locaux, avec avantages et prébendes à distribuer, l’occupent davantage. Pour avoir vu de près fonctionner tant la fédération de Paris du PS que la région IdF, je peux certifier que les hiérarques socialistes, petis et grands, n’ont qu’une préoccupation : rester assis sur le coffre.

    La conséquence est que les chercheurs, intellectuels, stratèges qui furent un temps à ses côtés, dont l’auteur de ces lignes, ont tous été priés d’aller voir ailleurs ou ont été dégouttés. Le dernier exemple en date fut la C6R à laquelle j’ai activement participé, et qui fut sabordée par mon confrère et ami Montebourg (pardon Arnaud de balancer) tout simplement parce que, dans sa stratégie de noyautage (raté) du PS, il ne pouvait compter sur ceux qui l’avaient aidé à la C6R et n’avaient pas envie d’aller ou de retourner au PS, et surtout que celui-ci refuse qu’on dérange son confort intellectuel et son assoupissement idéologique. Montebourg a donc laissé derrière lui une structure qui fonctionnait à plein régime avec des groupes de travail où se cotoyaient élus, professeurs, journalistes, juges, avocats ou citoyens, qui avaient refait en deux ans de travaux intenses un tour d’horizon complet des problèmes économiques, sociaux et institutionnels, pour n’emmener que quelques seconds couteaux et apparatchiks comme David Assouline, qui se sont empressés de le trahir comme je l’en avais prévenu.

    Le problème du PS, c’est donc le grand vide dans la réflexion, et c’est ce vide qui se transforme en vacuité dans le discours de Ségolène Royal, dont les bourdes traduisent et trahissent l’absence de fiches. Bien sûr qu’une candidate ne peut pas tout savoir, mais son problème est qu’elle n’a aucun conseiller qui tienne la route derrière elle pour savoir à sa place. Alors elle va chercher dans l’urgence des compagnons de route. Mais le dramatique ce sera pour plus tard, c’est que pour constituer un gouvernement (si elle a la majorité au parlement, ce qui n’est pas certain même si elle est élue), il faut 25 personnes compétentes et 200 dir-cab, chef-cab, conseillers techniques et chargés de mission dans les cabinets. Et là, c’est le vide abyssal. La présidente Royal se rabattra donc sur les éléphants et les éléphanteaux (on parle toujours des vieilles badernes, écrivait Julien Green en juin 1940, mais on oublie les jeunes badernes, en un sens bien pire) qui eux-mêmes ouvriront l’annuaire des promotions de l’ENA pour piocher au hasard.

    En résumé, si les discours électoraux sont consternants, le pire est toutefois devant nous.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 14 février 2007 02:26

    Voltaire à Diderot, en substance : ce ne sont pas les grandes encyclopédies en 20 volumes qui font les révolutions, mais les petits ouvrages à 20 sous.

    Et les articles trop longs ?

    N’est pas Voltaire qui veut.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 13 février 2007 02:14

    Oui, mais raisonnons plutôt en terme de cité rousseauiste, c’est-à-dire qu’il y a un « en-dedans », le contrat social, et un « en-dehors ». La tare des libéraux, qui ont choisi Condorcet contre Rousseau, est d’avoir une vision totalisante - pour ne pas dire autre chose - du monde, ce qui leur permet de s’exonérer de la démocratie qui repose au contraire sur un principe de limitation.

    La tare originelle de la globalisation est ainsi qu’elle place au-dessus des lois issues des urnes, françaises ou européennes, de prétendues « lois » économiques qui précisément n’en sont pas. Or il n’y a de loi que politique, tout le reste est de la spéculation. Et nous nous sommes battus pendant un millénaire et demi pour pouvoir choisir avec qui nous voulions contracter. Les libéraux nous disent que c’est désormais impossible, et on n’attache pas assez d’importance à leur discours qui nous somment d’enterrer le libre-arbitre et les Lumières.

    En 1780 un lointain parent à moi, l’abbé Duvernet (Théophile Imarigeon) a fait 18 mois de Bastille, mises d’ailleurs à profit pour rédiger la première biographie de Voltaire. Ca me ferait vraiment chier pour lui qu’il se soit gelé les couilles en pure perte, et que, deux siècles après, la France capitule en votant Sarko.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 13 février 2007 00:37

    Non, votre vision du libéralisme économique est fausse. Dès l’origine, à savoir dès les mesures de contraintes répressives mises en place par Turgot et Condorcet au printemps 1775 dans ce qu’on appelle « La guerre des farines », l’économisme surfe sur un Etat surpuissant aux prérogatives régaliennes hypertrophiées. Tocqueville lui-même le rélève, tant concernant les Etats-Unis dans « Démocratie en Amérique », que l’école physiocratique dans « L’ancien régime et la Révolution » (je vais encore refaire de la pub pour mon bouquin, après mon amie Sacha, mais lisez mon « American parano »). Même Guy Sorman, peu suspect d’animosité envers les Etats-Unis, y a consacré un long développement dans un ouvrage récent.

    De List à Strauss, un seul et même discours : le capitalisme n’existe que dans un Etat fort. Braudel l’avait déjà écrit : sans vaisseaux de guerre, pas de navires marchands, sans police pas de foires. L’image accrocheuse de la « loi de la jungle capitaliste » n’est qu’une stupidité idéologique d’altermondialistes en manque de concepts. Sans Léviathan, le capitalisme ne peut pas fonctionner. Le Chili de Pinochet, la Chine des dictateurs pékinois ne sont pas des exceptions, c’est la règle. Et c’est bien l’Etat-assureur qui éponge régulièrement les bulles bancaires, pétrolières ou immobilières lorsqu’elles explosent et menacent un système qui, laissé à lui-même, court ontologiquement à sa perte.

    Et l’admiration que Sarkosy a pour son Dieu-cargo, les Etats-Unis du Wall Street Journal, du NYSE et de Guantanamo, forme un bloc : c’est la pulsion, comme l’a effectivement dit Alexandra (Sacha) un peu plus haut, pour le refuge du donjon, là où les affaires sont possibles à l’intérieur, comme l’écrivaient DH. Lawrence puis G. Deleuze, des « barbelés de Franklin ». Ou si vous préférez, pour reprendre M. Weber et les prolongements qu’en a fait E. Todd, dans un régime qui couple autorité et égalité, dans un système fermé, d’ordre, policé, reposant, tutellaire, dans ce nouveau type de despostisme non pas démocratique mais capitalo-calviniste, à l’oeuvre aux Etats-unis et auquel Tocqueville a consacré des pages immortelles mais encore comprises de travers.

    Or la France de Bouvines, de l’Encyclopédie, de Clémenceau et de Blum, ne s’est pas contruite sur ce modèle protestant et capitaliste, et pour qu’il s’impose, il va falloir d’abord casser la « Grande Nation ». C’est bien pourquoi si Sarkosy est un danger, ce n’est pas qu’il soit facho, il est bien davantage que cela, il est l’anti-France.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 10 février 2007 12:06

    Un professeur britannique me faisant un jour la même remarque que vous (y ajoutant leur guerre d’Indépendance gagnée par la France pour eux) avait ajouté, avec cette ironie meutrière qui caractérise nos voisins lorsqu’ils massacrent les Américains :« Ah si, il y a une guerre qu’ils ont gagné tous seuls : la guerre se sécession ! »



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 8 février 2007 19:12

    Pub gratuite...

    Lorsque vous aurez lu ce que raconte fort justement depuis des années mon ami Philippe Grasset, qui est sans doute le premier à avoir vu juste concernant les Américains, allez faire un tour sur mon blog, http://americanparano.blog , et courez acheter mon bouquin du même nom, je pense que vous y trouverez un début de piste pour vos interrogations.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 7 février 2007 13:07

    Excusez-moi, il m’arrive de m’absenter de mon écran...

    Aucun problème, vous pouvez copier. Pourquoi ne pas également y rajouter mon blog, http://americanparano.blog.fr, qui ne traite pas du même sujet mais que je pense participer du même combat ?

    Bien à vous.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 7 février 2007 11:36

    Tout à fait d’accord avec mon amie Sacha. La foi est une liberté de conscience et d’expression comme une autre opinion, philosophie ou croyance, c’est cette neutralité que professent la Déclaration de 1789 et la République. On appelle cela comme on veut, laïcité ou autrement, mais il n’y a pas à en sortir.

    La neutralité c’est aussi respecter le Coran écrit par le Prophète comme n’importe quel texte écrit par n’importe quel philosophe, écrivain ou prophète. Et c’est en retour un droit absolu que de se foutre de la gueule du Prophète comme de n’importe quel autre auteur, libre à lui ou ses ayants-droits de faire condamner pour diffamation. Et de se foutre de lui non pas simplement parce qu’il peut être compris de travers, mais pour ce qu’il a écrit, y compris croire qu’il existe un Dieu.

    Car de prétendue parole de Dieu, point. La seule chose sacrée dans l’affaire, ce sont les lois de la République pour lesquelles des millions de Français sont morts depuis des siècles.

    Et si une collectivité se sent visée au travers de la dénonciation des agissements de quelques malades mentaux qui abusent du même nom et des mêmes valeurs qu’elle, c’est à elle de faire le ménage en son sein, et à poursuivre en justice non ceux qui dénoncent ces agissements, mais les imposteurs qui se réclament à tort du Prophète pour légitimer leurs actes. Mais cest un débat interne d’interprétation de textes prétendus sacrés, ça n’a rien à faire devant les juges de la République.

    La prétention à particulariser l’Islam (délit de blasphème et autres foutaises) est une régression intellectuelle épouvantable, et il n’y a même pas à en débattre.

    J’irai donc soutenir cet après-midi et demain, ne serait-ce que de ma présence au Palais, Charlie Hebdo.





  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 28 janvier 2007 02:26

    Tout le monde le sait et le répète depuis 48 heures : 4 navires se partageant 3 jeux de 16 missiles à 6 têtes de 150 kilotonnes chacune, soit au total un peu moins de 3.000 fois Hiroshima. Et le nombre de sous-marins en patrouille n’est pas un secret défense : c’est 1 en permanence, et c’est pour cela qu’il en faut 4 en tout en comptant celui qui revient, celui qui va partir (d’où seulement 3 jeux de missiles) et celui qui est en permanence, par roulement, en révision complète.

    En revanche ce qui est secret défense, c’est le positionnement et la zone de tir éventuelle du navire en patrouille. Et bien entendu les cibles visées, même si la pré-programmation des têtes a été supprimée depuis la fin de la guerre froide. Et encore : tout l’intérêt de la dissuasion nucléaire repose dans la « gesticulation », puisqu’il faut ne jamais s’en servir. C’est pourquoi paradoxalement les informations sont beaucoup plus accessibles que pour d’autres systèmes d’armes. Lorsque Jacques Chirac annonce il y a un an que chaque patrouille emportera un missile à tête unique de faible puissance pour éventuellement être utilisé comme arme anti-terroriste (camp, base, bunker, etc...) il ne commet pas, pour une fois ? de gaffe, puisque tout l’intérêt au contraire est de le faire savoir.

    Maintenant, cette décision fort critiquable mérite débat. Mais si personne ne s’en empare,les militaires, qui n’en demandent pas tant, continueront à se substituer à des citoyens défaillants (du genre de ceux qui écrivent dans ces colonnes qu’ils s’en foutent de savoir). Et aux contribuables à qui cela coûte tout de même depuis 40 ans des milliards d’euros par an.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 27 janvier 2007 11:26

    Un petit mot sur le mirage chinois. C’est comme les chiffres de croissance et de PIB qui ne veulent rien dire : les Chinois envoient des hommes dans l’espace et dégomment les satellites, mais avec une technologie copiée de celle des Soviétiques des années 60 et 70. Si l’Europe avait il y a vingt ans financé la mini-navette Hermes, nous aurions nous aussi aujourd’hui des spacionautes envoyés de Kourou par des engins plus petits mais bien plus modernes que les navettes américaines. C’est donc un choix politique et financier, comme pour le Rafale, l’erreur est d’y voir du signifiant de puissance.

    Je serais donc moins affirmatif sur la qualité des armements chinois : leur seul SNLE n’est jamais sorti, ils construisent depuis plusieurs années un porte-avions repéré par satelitte dont on ne voit pas le lancement, etc... Ceci dit, la rusticité du matériel n’est en rien une tare : un de leurs sous-marins a réussi par provocation il y a quelques semaines à faire surface, sans être repéré auparavant, au milieu d’un task group US, à moins de cinq miles nautiques d’un porte-avions. Panique au Pentagone et dans la presse américaine. Mais sont-ce les Chinois qui sont très forts, ou les Américains désormais très nuls ? Réponse en Irak... ce qui n’est en rien rassurant, bien au contraire.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 26 janvier 2007 22:10

    Fausse frappe pour l’adresse blog... C’est :

    http://americanparano.blog.fr



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 26 janvier 2007 22:07

    A l’auteur de l’article...

    Avant de se lancer dans le conspirationnisme, il faut ne pas être fâché avec les faits. Vous indiquez que l’information a été mise le 26 janvier au matin à 05h49 sur Agoravox, je viens de vérifier, j’en ai moi-même fait état le même jour à 01h32 sur Tribune Libre, « Ségolène Royal : coup de tonnerre annoncé ? » (avec une erreur il est vrai quant au diffuseur, RTL et non BFM). Et je puis vous assurer qu’il n’y a aucune officine derrière moi, surtout pas celle du maire de Neuilly pour lequel, dans mes autres billets et sur mon site (http://americanparano.blog.fr), j’exprime la plus franche aversion.

    Le problème « Royal » n’est pas tant son ignorance du nombre de navires, de missiles et de têtes et leur puissance nominale (voir pour cela mon autre intervention) - encore qu’au moment même où les Britanniques débattent publiquement de la réduction décidée par leur gouvernement, il serait temps d’en finir avec l’omerta qui est celle de tous nos responsables poltiques sur la force de frappe depuis 40 ans. Le problème est que ce chiffre correspond à une politique qui ressort du seul chef de l’Etat, concernant tant la nécessité de maintenir ou non en permanence un sous-marin en alerte au fond des océans (soit 4 navires, en comptant celui qui revient de patrouille, celui qui y va ou est prêt au départ pour la relève, et celui qui est en révision) que l’usage de l’arme nucléaire. Madame Royal confirmera-t-elle, si elle est élue, la décision de Chirac d’équiper à chaque patrouille au moins un missile d’une tête unique de faible puissance, arme de dissuasion voire de première frappe dans le cadre de la lutte anti-terroriste ?

    Cette décision à mon sens fort critiquable, annoncée il y a un an par le chef de l’Etat, l’a été sans concertation et sans débat publics. La démocratie participative « royaliste » s’arrêterait-elle au domaine réservé de la 5ème République ?

    Quant à l’espoir d’un des intervenants que Madame Royal soit entourée d’experts qui compenseront ses faiblesses, tous ceux qui connaissent bien comme moi les coulisses du PS depuis de nombreuses années riront jaune. Le drame de ce parti, c’est qu’il a réussi précisément à faire fuir tous ceux qui pouvaient lui apporter une expertise désintéressée. Un des derniers exemples en date est Pascal Bonniface, « sanctionné » à la demande de DSK pour ses propos sur Israël jugés trop critiques.

    Non, c’est grave, on va tout droit vers un nouveau 21 avril 2002...



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 26 janvier 2007 01:32

    Il y a de quoi s’affoler en effet, et de quoi être effondré. Si j’en crois un document BFM TV, voilà que celle qui postule au rang de chef des armées et qui veut qu’on lui confie l’algorythme nucléaire (Dieu merci, des sécurités existent), ne sait pas combien la France détient de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. A l’heure où un débat public a lieu en Grande Bretagne sur la décision de Tony Blair de réduire une nouvelle fois le nombre de têtes nucléaires (déjà tombées à 200, et bientôt 160), le minimum serait d’avoir la bonne réponse.

    Bien sûr, ce n’est pas révélateur de la même chose que le coup de Françoise Giroud avec Giscard du prix du ticket de métro, simplement de l’ignorance crasse de Ségolène Royal et surtout de la nullité de ses conseillers et de son équipe. Même son conseiller en écologie dont on parle beaucoup connaît la réponse, lui qui est un ancien responsable de Greenpeace : 4 sous-marins se partageant 3 jeux de 16 missiles à 6 têtes chacun, soit un peu moins de 300 têtes (+ environ 60 têtes portées par Rafale et Super-Etendards).

    Le petit problème qui fait froid dans le dos au vu des conséquences d’une désinvolture inacceptable dans d’autres circonstances, criminelle dans celle-ci, c’est que sous le doigt de Madame la présidente Royal il y aurait un bouton (même si c’est beaucoup plus compliqué que cela) et que pour chaque tête de 150 kilotonnes il y aurait en-dessous de l’explosion... ? Faites le calcul, Madame, Hiroshima, c’était 15 kilotonnes. Hiroshima, vous connaissez Hiroshima... ?

    Bon, allez, une question facile : Marignan, quelle date ? Bon, encore plus simple : 21 avril 2002, ça vous dit quelque chose ? Tachez de trouver vite la bonne réponse, vous êtes en train de nous en jouer un remake.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 25 janvier 2007 14:14

    Madame,

    Je réponds à la première moitié de l’article qui me semble symptomatique du piège dans lequel une certaine littérature décliniste a réussi à nous entraîner.

    Tout d’abord à titre liminaire, je ne suis pas le seul à rappeler que l’antienne sur le déclin de la France a commencé, dans sa forme moderne, il y a quasiment trois siècles : nous perdions alors les forces vives du royaume du fait de la révocation de l’Edit de Nantes, argument toujours avancé aujourd’hui et revigoré par la thèse de Weber sur la symbiose capitalisme-protestantisme. Durant la guerre de 7 ans (Rossbach, Québec), même Voltaire s’y était laissé entraîner. Les Anglais nous piquaient les Indes et le Canada au moment du triomphe de l’Encyclopédie dans une Europe qui parlait et pensait français : mais avec le recul, qu’est-ce qui est le plus important, et que reste-t-il des empires coloniaux ? Car l’Europe n’était pas française à cause d’un taux de croissance ni d’une balance de commerce extérieure, elle l’était par la force de sa pensée. Et on pourrait multiplier les exemples. Pourtant, à chaque Sedan, la thèse ressort, certains ont même essayé d’en faire un procès dans la bonne ville de Riom, procès avorté parce que, précisément, l’accusation a été rapidement démontée.

    Et le génie de l’homme du 18 juin c’est précisément d’avoir compris la vanité de la puissance, allemande en 40 mais qu’il prévoyait devenir américaine rapidement, et qui aurait pu tout aussi bien être soviétique. La roue de la puissance tourne tellement vite (voir l’Irak aujourd’hui)... Relisez les « Antimémoires » de Malraux, ou « L’écriture de Charle de Gaulle » de Dominique de Roux, qui expliquent la pensée gaullienne sur « l’au-delà du déclin », sur la survie qu’il y a après les « Longues marches » auxquelles peu de civilisation ont survécu.

    En second lieu, le discours sur la « puissance » française n’a aucun fondement historique, et il n’y a que les anglo-saxons pour nous accuser, lorsque la France les contrarie, d’avoir des rêves de gloire déçus. Quel historien français a jamais fait l’éloge de cette puissance ? Tous répètent que la France a toujours joué de ses alliances changeantes, de ses ressources limitées, et même de ses échecs pour, par « des actions sur des actions possibles » pour reprendre une définition parfaite du « pouvoir » donnée par Michel Foucault, se faire sa place au soleil. Sans les banquiers lombards les rois de France ne pouvaient rien. Endettement, dépréciation de la monnaie, retournements d’alliance, les manuels d’histoire sont remplis de ce quasi-éloge de la faiblesse, sans que les écoliers précisément s’en rendent compte. Louis XIV a mis la France à genoux, affamée et ruinée les 10 dernières années de son règne, et c’est un miracle de sa diplomatie que le royaume n’ait pas alors été dépecé par d’autres comme durant la Guerre de cent ans. Il n’y a qu’une seule fois où nous nous sommes crus « les rois du pétrole » : parce que la Convention nationale avait tenu à distance l’Europe entière en l’An II, parce que la Révolution parachevait ce siècle de pensée française qui a continué d’ailleurs à se répandre par des voies plus pacifiques, un de ses anciens généraux a cru le « moment français » arrivé et a tenté d’impérialiser l’Europe. Cela nous a mené à occuper le Kremlin durant 5 semaines en 1812, occupation unique dans l’histoire de la Russie, mais ce qui a immédiatement suivi nous a définitivement guéri.

    Il est d’autres nations qui ont trébuché sur ces crises, ces accidents, et sont depuis longtemps au cimetière de l’Histoire. Pas nous, malgré la mort clinique au soir du 17 juin 1940, encéphalogramme plat. Pourquoi, alors qu’on peut difficilement imaginer pire situation ? Voilà un fait qui nous trouble depuis 65 ans, et qui dérange beaucoup de nos « faux-amis ». Et c’est finalement ce fait que vous cherchez, après tant d’autres, à mettre en forme, à expliquer. Contentez-vous de le prendre pour ce qu’il est. La France n’est pas sortie de l’Histoire puisqu’elle est toujours là. C’est l’Egypte de Pharaon qui en est sortie, c’est Rome, c’est la Perse, c’est l’URSS, et, si j’osais, Donald Rumsfeld. Mais pas nous.

    Votre discours sur la puissance supposée perdue, qu’on trouve de manière récurrente depuis dix ans chez Fox News et dans le Wall Street Journal, et parfois chez nos amis britanniques lorsqu’ils sont très énervés après nous, est totalement idéologique. Notre pays tel qu’il a toujours été au milieu des autres tels qu’ils sont, voilà la maxime gaullienne que vous trouverez dans ses « Mémoires de guerre ». Nous n’avons été grands que par effet de levier, et c’est précisément cela le « pouvoir ». L’Angleterre n’a pas procédé autrement, contrôlant durant un siècle et plus le sous-continent indien avec pas plus de 10.000 soldats et administrateurs. Cessez de vous focaliser sur des statistiques ou des chiffres, ou alors rapprochez les de ceux d’il y a trois siècles, vous serez surprise de la permanence.

    Dire que nous sommes une petite nation (ce qui est sans doute exact en soi, mais encore faut-il le démontrer autrement) parce que nous avons besoin de l’ONU pour nous faire entendre est une ânerie. Comment se faire entendre si personne n’écoute et relaie notre parole ? Ce que nous faisons actuellement vous et moi, utiliser ce que d’aucun commencent à appeler « le 5ème pouvoir », n’est-ce pas précisément utiliser l’effet boule de neige du Net, comme les stratèges et les diplomates ont toujours su faire de tous les temps ? Les Américains, qui n’ont jamais compris la différence entre « puissance » et « pouvoir », sont en train de sombrer pour s’être construit un Etat qui, parce qu’il refuse cette relation aux autres et se croit puissant seul contre le reste du monde, va disparaître s’il s’obstine dans cette erreur tant historique que philosophique.

    voir http://americanparano.blog.fr

    Je ne sais pas si nous tiendrons encore les 15 siècles que nous avons vécus, mais ce que je sais, c’est que Pharaon aimerait sans doute débattre avec nous, et échanger une part de sa puissance éteinte contre la garantie d’être toujours dans l’Histoire, lui qui n’y est pas plus que les descendants de ses vainqueurs d’un jour, Alexandre puis César.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 25 janvier 2007 00:55

    Bon, pour tenter de conclure avec le sourire...

    C’est une histoire que les Américains avaient inventé, je crois, précisément pour de Gaulle au lendemain du discours de Montréal, mais qu’on pourrait transposer à Ségolène.

    Un nouvel arrivant au Paradis s’étonne que, derrière le bureau de Saint-Pierre, soient accrochées des pendules marquant toutes des heures différentes et dont le mouvement des aiguilles est irrégulier. Et que sous chacune d’elle soit inscrit le nom d’un responsable politique de la planète.

    "C’est simple, explique Saint-Pierre, dès qu’un d’entre eux dit une connerie, la pendule avance d’une minute.

    Mais je ne vois pas celle de Madame Royal ?

    C’est normal, répond Saint-Pierre, celle-là, je l’ai mise au pied de mon lit et elle me sert de ventilateur."



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 24 janvier 2007 15:44

    Mise à jour d’actualité.

    Si j’en crois les extraits du discours sur l’état de l’Union que je viens de visionner, Nancy Pelosi n’a pas applaudi au passage de son président sur la nécessité de tout faire pour gagner la guerre en Irak. On va vite voir s’il y a une suite.

    Mais pour tous ceux qui, en France, plus Américains que la présidente de la Chambre des Représentants du Congrès des Etats-Unis d’Amérique, applaudissent encore Bush le Petit, et ceux qui camouflent leur fascination pour la force armée et la violence d’une vision primitive de la société (hobbésienne, disent les intellectuels) derrière l’argument fallacieux d’un toujours nécessaire parapluie US, un lien avec un commentaire sur mon blog, suite à l’appel à contribution lancé ce matin par Fox News pour fournir des matelas de sol aux GIs en Irak :

    http://americanparano.blog.fr

    Randonneurs du monde entier, qui avez tous ce matériel dans votre paquetage et souvent en double exemplaire, un bon geste, l’Oncle Sam, qui racle les fonds de tiroir et a cassé sa tirelire, a toujours besoin de vous !



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 24 janvier 2007 14:46

    Cher Monsieur,

    D’accord avec vous, sauf qu’il y a une aporie dans ce que vous dites. Nos valeurs sont-elles dans Guantanamo, les tortures et les massacres en Irak, la xénophobie de la presse américaine, les délires de la télévision américaine contre les Lumières européennes ? Non, bien entendu. Alors de quoi la défaite irakienne est-elle le signe ?

    Le problème est bien celui d’une identification forcée depuis deux siècles à une nation qui, dès l’origine (lisez l’ouvrage du néoconservateur Robert Kagan, « Dangerous Nation », qui l’explique dans les mêmes termes que moi, bien que du bord opposé) se veut en guerre non seulement contre le reste des nations du monde, mais surtout contre les valeurs de l’humanisme européen avec lesquelles les premiers Pilgrims ont rompu à partir de 1620. C’est ce que je tente d’expliquer dans mon ouvrage « American parano » auquel je vous renvoie.

    Un découplage de l’Europe d’avec l’Amérique est d’autant plus nécessaire que, à l’horizon de 18 mois et peut-être moins, l’Europe va se retrouver effectivement en première ligne. Il s’agira alors de savoir une bonne fois pour toutes qu’elles sont nos valeurs, et de les défendre. Mais autrement que par la force brutale et la puissance, qui a échoué une fois de plus, et dont la vaine illusion a déjà failli tuer la civilisation européenne.

    Bien à vous.



  • Jean-Philippe Immarigeon Jean-Philippe Immarigeon 24 janvier 2007 11:42

    Cher Monsieur,

    Vous me voyez confus, d’autant que vous aviez laissé plus loin un message de soutien dont je vous remercie. L’arborescence en simple indentation et retrait induit effectivement en erreur, et des codes ou des lettres seraient bien utiles.

    Mon message n’en reste pas moins valable pour d’autres intervenants.

    Encore toutes mes excuses.