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La croissance par l’innovation financière en faveur des PME

Par Corinne Lepage et Caroline Combe

Les raisons du déficit de croissance français ne se trouvent pas dans un manque de productivité, mais bien dans l’incapacité des gouvernants et administrations à appréhender la réalité du tissu économique du pays et à y adapter la structure législative et réglementaire. Les PME sont les mal-aimées du système alors qu’elles représentent les deux tiers de l’emploi - dont 42 % dans des entreprises de moins de 50 salariés - ou encore 93 % des entreprises...
Pourtant, dès 2001, l’OCDE, dans une excellente analyse, indiquait que l’accès à l’innovation financière constituait probablement une des clés de la croissance. Or, ce monde demeure en France inexorablement fermé à nos PME. Pour comprendre la problématique, il faut rappeler que les PME se financent de deux manières et sont dans les deux cas pénalisées.
Par le haut, c’est-à-dire par le capital. Elles souffrent d’un défaut de taille : la durée d’implication des « business angels », « venture capitalists » et autres ne correspond pas au cycle d’investissement et de développement des PME. Les investisseurs en capital préfèrent des cycles courts de trois à cinq ans, insuffisants par rapport aux besoins. Sans doute, les vecteurs de levées de fonds existent et sont aujourd’hui efficaces (FCPI, FCPR...), et les dernières mesures annoncées par Hervé Novelli vont encore dans ce sens. En revanche, les vecteurs d’investissements, c’est-à-dire les outils pour faciliter l’accès de plus d’acteurs à ces fonds levés sont encore à créer, et c’est dans ce domaine qu’il convient d’être créatif. La loi Tepa, en raison des contraintes qu’elle impose, n’a pas atteint ce but.
Les PME françaises se financent aussi par le bas, c’est-à-dire par l’emprunt : par de la dette classique de durée variable ou encore par de la mobilisation de créance dite Dailly. Or la dette « classique » sans franchise, du fait de sa charge (nécessité de rembourser par périodes capital et intérêt), vient entraver les capacités d’investissement des entreprises.
A cela s’ajoute le fait que les établissements financiers, dans le cadre de la réglementation Bâle II et dans le cadre d’une démarche « risk adjusted return on capital », ratio entre la rentabilité du financement et l’exposition statistique au risque de perte, ont mis au point des notations internes qui excluent les plus petites entreprises, comme celles dont l’activité est atypique (trop forte croissance, secteur spécifique...). Aussi, le constat est clair : la question n’est pas celle du nombre de créations d’entreprises, mais de leur croissance, et l’amélioration ne se fera pas sans innovation financière.
Dès 2001, l’OCDE suggérait quelques pistes, notamment d’adapter aux PME les outils de financement normalement réservés aux plus grandes structures, en particulier les BMCN, bons à moyen terme de créances négociables, émis aujourd’hui librement par les entreprises pour se financer autrement que par une augmentation de capital. Il s’agit d’un titre de créance (une dette) à échéance donnée sur lequel l’entreprise sert un intérêt convenu et qui, de ce fait, pèse moins sur l’exploitation qu’une dette classique.
Or, ces bons sont aujourd’hui réservés aux seules SA, dont la structure est similaire aux entreprises pouvant faire un appel public à l’épargne pour se financer : minimum de capital libéré de 225 000 euros, etc. Et les planchers d’émission (150 000 euros) sont trop hauts pour concerner les TPE ou PE.
Sans doute, ces émissions trouveraient difficilement preneur en dehors d’un fonds commun de créance (FCC). En effet, les modèles pour assurer dans un FCC un juste équilibre entre produits à risques et peu risqués sont aujourd’hui connus... La part acceptée du risque correspond à quelque 16 % de l’ensemble du fonds, ce qui pour un fonds de 100 millions permettrait de mettre à disposition d’entreprises jugées très risquées quelque 16 millions d’euros... d’autant plus que le risque pris ne veut pas dire absence de garantie possible. Si ce type d’outils avait existé ces dernières années, on peut supposer que les banques françaises auraient choisi de réorienter leurs fonds vers le financement des PME locales plutôt que de se positionner sur les « subprimes »... Malheureusement, cela n’a pas été. L’économie française a besoin de voir grandir les PME. La prise de conscience des acteurs est acquise, mais doit s’y ajouter une volonté des marchés et surtout une volonté politique. A l’heure où le pays court après la croissance, il serait peut-être utile de s’interroger.
Corinne Lepage est professeur à l’Institut d’études politiques de Paris, avocate à la Cour, Caroline Combe est directeur juridique et financier d’une PME.

Tribune parue dans Les Echos le 3 janvier 2008


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30 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 4 janvier 2008 10:04

    Ma pauvre madame ex-ministre qui court après un portefeuille et une voiture de fonction.

    Ce qui pénalise le plus les sociétés ce sont les modalités d’appels d’offres de grosses sociétés qui pénalisent les PME ,car les grosses sociétés mettent de tels critères (CA,effectifs,normes ISO,...) que de nombreusses PME en sont exclus d’office.

    En fait,les grosses sociétés ne jouent pas le jeu de la concurrence,elles définissent des sociétés qui figureront dans leur shortlist afin de pouvoir être une sorte de 2eme banque sur laquelle elles pourront réduire les prix et gagner encore plus d’argent.

    Pour cela,elles ne prennent que des sociétés à grosses capacités financières.

    Il faut donc revoir le système complétement si nous ne voulons pas voir de la valeur ajouté se délocaliser dans des pays à moindre coût.

    Un mouvement est en train de se produire actuellement dans les services informatiques qui voit partir des métiers rentables pour des TPI et moyennes entreprises mais pas assez rentables pour les sous-traitants figurants dans les fameuses shortlists car la marge n’est pas assez importante.

    Vous ,vous avez produit une société de pauvres,avec des emplois de pauvres ,pour des pauvres.


    • bobleponge (---.---.100.34) 4 janvier 2008 11:05

      Bonjour.

      Ce n’est pas faux, c’est une des raisons possibles. A ce propos, le regroupement des achats des administrations au sein d’une structure nationale risque d’amplifier ce phénomène : les petits fournisseurs locaux qui pouvaient répondre aux demandes départementales ne pourront plus se positionner au niveau national, sauf s’ils arrivent à se regrouper (et ce ne sera pas facile) ou pire, devenir sous-traitant des grands groupes (et on sait ce que cela signifie).


    • 4 janvier 2008 11:17

      Pour une fois Lerma, je suis d’accord avec vous.

      Les grosse sociétés abusent des petites en les payant à 90 jours voir 120 jours. Si pour elle cela n’est pas représentatif, imaginer le fond de roulement nécessaire à une PME qui veut bosser avec un grand groupe.

      Lorsque vous vous taper 200 à 300 K€ d’encours de payements pour une boite qui a un quinzaine d’employés, c’est lourd à supporter.

      Par ailleurs, les appels d’offres publiques, sont d’une complexité inégalée. Pour y répondre vous devez présenter un tonne de paperasse, sans même avoir fait votre proposition de prestation et de prix. Sans compter que la plus part du temps ce sont des appels pipotés, car les marchés sont déjà attribués avant l’appel d’offre.

      Donc nous n’y répondons plus.

      Les cotisations salariale et patronale sont aussi assez lourdes à supporter au total pour un salaire de 9 € brut/h l’employeur devra payer aux alentour de 13.15€ et la salarié ne touchera que 7.2 € net. Ce qui fait un différentiel d’env 80% entre le net de l’employé et le brut payé par l’employeur. A cela vous devez ajouter les frais de structures, les impôts (15.5% si les bénéfices de l’entreprise sont inférieurs à 38,5 K€ et sinon 35.5% pour la part supérieures à ce montant)

      La taxe pro est aussi importante,

      Enfin, en gros le coût global d’un salarié pour un entreprise à fort taux de main d’œuvre avoisine les 22€ de l’heure.

      Et dans tout ça vous n’avez pas encore approvisionné la matière première nécessaire à la fabrication de la valeur ajouté.

      Alors maintenant pour parler d’investissement, Le but d’un banquier ou d’un quelconque préteur et de gagner des ronds avec les capitaux qu’ils vous prêtent.

      Quand l’on sait qu’ils demandent en général au minimum 15% de retour sur investissement, on s’aperçoit qu’il est quasiment impossible de créer une entreprise de main d’œuvre car pas assez rentable.

      La rentabilité se trouve dans les services, mais les problèmes c’est qu’un service se délocalise en trois coup de cuillère à pot sauf pour les services à la personnes ou dit de proximité.

      Actuellement nous manquons cruellement d’artisans maçons, couvreurs, plombier, enfin des métier qui ont étés délaissés (heu non dénigrés) par l’éducation nationale, lorsque j’étais au collège si je ne travaillé pas bien à l’école, les profs me disaient, tu veux pas finir maçon, alors bosse !!!!

      Aujourd’hui ces métiers sont rentables à condition d’être à son compte et pour cela il faut investir un minimum et le temps de se faire connaître, d’obtenir des chantiers, et de faire des bénéfices et trop long pour les préteurs.

      Alors si vos propositions permettent de pouvoir prêter localement des ronds aux petits jeunes qui veulent se mettre à leur compte après leur apprentissage et quelques années en tant que salarié, c’est une bonne idée, par contre s’il s’agit encore d’une usine à gaz réservée uniquement aux fiscalistes et aux personnes riches pour leur permettre de défiscaliser cela ne m’intéresse pas.

      Car aujourd’hui seules les personnes soumissent à l’ISF peuvent investir dans des PME est défiscaliser les investissement etle récupérer au bout de 5 ans.

      Alors que les chefS d’entreprises actionnaires de leur PME, n’ont le droit de défiscaliser que 25% de leurs investissements.

      Vous trouvez ça logique ?


    • Yohan Yohan 4 janvier 2008 19:56

      J’approuve sans réserve. Les marchés publics sont non seulement complexes, mais ils vous suggèrent une assise financière qu’il est difficile d’avoir en PME ainsi qu’une assise administrative (vu les délais de réponse extrèmement courts), d’autant que les banques ne jouent plus le jeu dès que vous subissez deux déficits consécutifs. Les gros sont de fait favorisés (vu l’importance de l’assise financière dans ces marchés), tandis qu’un petit patron de TPE ou de PME doit se farçir ses dossiers de marchés publics seul le plus souvent. Et parfois, les dés sont pipés d’avance.

      Moralité : se débrouiller seul et être un très bon dans son domaine pour survivre.

      Les TPE et les PME vont regretter les 2 emplois sans charges proposés par Bayrou.


    • Francis, agnotologue JL 5 janvier 2008 13:56

      Quand Lerma a quelque chose de sensé à dire, pourquoi faut-il qu’il insulte systématiquement son interlocuteur ? Je cite : «  »Ma pauvre madame ex-ministre qui court après un portefeuille et une voiture de fonction… Vous ,vous avez produit une société de pauvres, avec des emplois de pauvres, pour des pauvres«  ».

      Quelqu’un ici l’a-t-il vu positiver sur un article ou un commentaire, une seule fois ?


    • Bulgroz 4 janvier 2008 10:14

      Ce qui bloque la creation des PME, c’est la barre des 50 employes.

      Demander aux entrepreneurs individuels : a ceux qui ne veulent pas depasser cette barre ou a ceux qui se sont installes ailleurs pour ce motif.

      A 50 employes, alors qu’on est rive sur le guidon, la CGT debarque et annonce que c’est elle qui commande.


      • Tzecoatl Tzecoatl 4 janvier 2008 10:52

        On sent bien que les grosses structures (grosses entreprises, finances, banquiers) font tout pour controller les petites structures à fort potentiel, celles-ci bouleversant parfois leurs modèles, quitte à étouffer l’inovation et donc la croissance, l’obligeant alors à s’expatrier.

        La préservation de leur horizon est à ce prix dévastateur pour la croissance. Combien de technologies françaises sont exploitées à l’étranger (écrans plats, moteur à air comprimé, etc) au détriment de nos emplois ?

        L’économie de la connaissance a ses avantages et inconvénients :
        - maintien du pouvoir d’achat par production externalisée ;
        - rentabilité restreinte aux émetteurs de brevets ;
        - sous-employance de nos capacités industrielles ;

        Cependant, la France est-elle pour autant excédentaire en connaissance ?


        • Voltaire Voltaire 4 janvier 2008 13:31

          Excellent article, qui répond effectivement à l’une des lacunes de notre économie, notamment pour les PME à forte croissance.

          Bien sûr le problème de nos PME ne se résume pas à leur financement, mais l’un des problèmes majeurs de la France est le cruel déficit de PME parvenant à croitre et à devenir de grandes entreprises. Il est paticulièrement frappant et inquiétant de noter que la quasi-totalité des grandes entreprises françaises ont plus de 50 ans...

          Pour croitre rapidement, et s’emparer d’un marché, une entreprise ne dispose que d’un court moment, avant que son avance technologique ou son inventivité commerciale ne soit rattrapée par ses concurents. Or, pour atteindre rapidement une taille critique, une PME a besoin de financements importants que les établissements financiers, en France, ne leur accordent que très rarement, étant très frileux.

          Le type de mesures proposées ici va donc dans le bon sens. Il est réconfortant de voir des responsables politiques parler de ce type de problème de façon pertinente !


          • Marsupilami Marsupilami 4 janvier 2008 17:07

            Article intéressant et très concret. Voir sur ce sujet les propositions que fait Pierre Larrouturou dans son Nouveau Contrat Social.


            • Jocrisse Jacques 4 janvier 2008 21:48

              Marsupilami,

              Je viens de relire ton article relatif à Laruturru. A ton avis, pourquoi n’est-il pas entendu ?

              Tu conclus cet article sur « l’inepte travailler plus ... » . C’est pourtant ce que pratiquent les Profs de maths, physique/chimie et de langues depuis des dizaines d’années sous forme de cours particuliers (au noir) et de colles pour les classes prépa (qui rapportent GROS). Etonnant non ?


            • Le péripate Le péripate 4 janvier 2008 23:28

              @ Marsu. Quelle bonne idée d’avoir signalé cet article que j’avais raté. Du coup, j’ai signé la pétition....


            • Repreneur (---.---.124.152) 4 janvier 2008 21:38

              Il est triste de voir que seuls des énarques ou des avocats se posent en spécialistes du monde des TPE et PME. Il n’y a pas grand monde pour accepter que la France vit grâce a des TPE et PME, pas à cause des entreprises du CAC40, et malgré la bonne volonté des deux structures tueuses d’entreprises que sont l’URSSAF et BERCY.

              On critique souvent l’attitude des banques mais globalement ce sont des entreprises qui cherchent à gagner de l’argent a moyen terme donc il est possible de s’entendre avec elles, d’avoir des rapports commerciaux normaux. Mais les tueuses d’entreprises veulent faire rentrer de l’argent immédiatement sans se soucier du lendemain. Il est vrai que le lendemain peut être assuré par l’augmentation ou la création de taxes, donc aucun état d’âme à avoir.

              Peu de personnes ne sont encore conscientes du fait que dans les quelques années à venir, beaucoup de TPE vont fermer boutique, leur créateurs faisant partie du papy boom cesseront leur activité faute de repreneurs. Ces TPE employant une à deux personnes ce n’est pas grave... Sauf que le nombre de TPE concernées sont nombreuses... mais qui se préoccupe de leur nombre ?


              • Jocrisse Jacques 4 janvier 2008 21:55

                Vous avez raison concernant les TPE et je crains comme vous des fermetures nombreuses de TPE par manque de relève et c’est grave.

                Madame Lepage traitait uniquement le cas des PME.


              • Tzecoatl Tzecoatl 5 janvier 2008 10:54

                @Repreneur :

                Effectivement, l’état se préoccupe des grosses entreprises car il y a plus d’emplois en jeu, ce qui cache la réalité des TPE où il y a en fait encore plus de patrons et d’emplois en jeu.

                Les grosses structures ne sont certainement pas à privilégier au détriment des petites, bien au contraire.


              • Francis, agnotologue JL 5 janvier 2008 14:08

                @ Repreneur, votre discours est doublement irrecevable : «  »malgré la bonne volonté des deux structures tueuses d’entreprises que sont l’URSSAF et BERCY.«  »

                Ou c’est de « mauvaise volonté » qu’il faut parler, ou bien ces structures ne sont pas « tueuses ».

                Sur le fond, vous êtes ultra libéral : pas d’impôts, pas de charges sociales. Et pas de routes, pas d’écoles, pas de recherche, pas d’hopitaux, les retraités au goulp, les malades et les chômeurs avec !!! Bravo !

                Depuis le temps que la droite est au pouvoir, croyez-vous que si elle avait pu ou su faire autrement il y aurait encore des impôts sur les sociétés et des charges sur les salaires ?


              • Jocrisse Jacques 4 janvier 2008 21:40

                Madame,

                Votre article est très pertinent.

                « La prise de conscience est acquise » car tout le monde économique et politique a bien identifié que l’Allemagne, en particulier fait la différence avec ses PME performantes et qui exportent.

                Vous posez la seule véritable question : quand va-t-on enfin agir ? Pour faire référence à l’actualité, j’espère que madame Lagarde et monsieur Novelli seront évalués sur cet objectif (entre autres)

                La remarque de Bulgroz est abrupte, mais n’est pas fausse. J’ai eu l’occasion d’avoir des relations professionnelles avec des « patrons » qui refusent de dépasser le seuil des 50 pour s’éviter ces « tracasseries ».


                • (---.---.10.140) 4 janvier 2008 23:19

                  il me semble que la balle est dans le camp des PME..ou alors votez a gauche...


                  • (---.---.10.140) 4 janvier 2008 23:57

                    ..les PME tous des assistés...


                    • (---.---.10.140) 5 janvier 2008 00:01

                      ..des incapables, des fainéants pas comme ces allemands là ! c’est la qualité et l’efficacité. Veulent nous faire croire que s’ils sont incapable de s’organiser c’est de la faute de Sarkosy, notre bon président qui pourtant les aime tant ? Ah ! la la


                      • Forest Ent Forest Ent 5 janvier 2008 16:46

                        Si je comprends bien, la solution serait d’adopter en France les méthodes qui viennent de prouver leur inefficacité aux US ? S’il y a une expression qui fait peur, c’est bien celle « d’innovation financière », vu ce qu’elle a recouvert ces dernières années.

                        Pa contre, je pense comme beaucoup de commentateurs que la vie des PME pourrait être améliorée si l’on simplifiait leurs relations avec l’ensemble des administrations. Le « chèque emploi-service » a ainsi été un net progrès pour les employeurs individuels.

                        Le « guichet administratif unique » est un vaste chantier de réorganisation de la fonction publique, qui n’est spécialement ni de droite ni de gauche, mais qui n’a pas l’air de motiver les gouvernements, sans doute parce qu’il ne peut être mis en oeuvre en claquant des doigts. Les ministres vivent dans un temps médiatique très court. Leurs idées s’empilent. On se retrouve avec d’infames superpositions de textes incompréhensibles. Les médias sont un problème.

                        Pour ce qui est des marchés publics et des relations avec les grands donneurs d’ordres, cités par beaucoup de commentateurs, il me semble que le sujet de fond est la corruption, comme en d’autres domaines. La lutte contre la corruption n’est elle non plus un « grand chantier » d’aucun gouvernement. Pourtant ...


                        • Francis, agnotologue JL 5 janvier 2008 20:02

                          @ Forest, je plusse vos posts.

                          Pouvez-vous préciser ce que vous avez voulu dire là : «  »La lutte contre la corruption n’est elle non plus un « grand chantier » d’aucun gouvernement. Pourtant ... «  » ?


                        • Forest Ent Forest Ent 6 janvier 2008 02:20

                          Il n’y avait pas de signification cachée.

                          Je pense que la France est un pays beaucoup plus corrompu que ce que nous nous plaisons à penser. (C’est sans doute vrai d’autres aussi.) Mais je n’ai jamais entendu une seule fois dans les 30 dernières années un homme politique dire qu’il allait s’attaquer à la corruption, ni même qu’il fallait s’y attaquer, ni même en parler pour en dire que ça pourrait être un problème.

                          AMHA, nous nous réveillerons comme les argentins, ruinés, désabusés, et clamant « que se vayan todos » dans le vide, car les coupables seront à ce moment tous en Suisse.

                          Cette phrase ne visait pas particulièrement Sarkozy. Il est certes très corrompu, mais dans la juste lignée de ses prédécesseurs.

                          Pour revenir à l’article, il me semble que « l’innovation financière » a ces dernières années contribué au problème.


                        • Francis, agnotologue JL 6 janvier 2008 09:01

                          @ Forest, merci de ce complément. Je ne cherchais qu’à comprendre et non pas interpréter une phrase difficile à décoder pour cause de faute de frappe.

                          Cela devient évident que la société du toujours plus au détriment du toujours mieux est de plus en plus corrompue.


                        • Tzecoatl Tzecoatl 6 janvier 2008 09:16

                          @Forest Ent :

                          "Il n’y avait pas de signification cachée. Je pense que la France est un pays beaucoup plus corrompu que ce que nous nous plaisons à penser. (C’est sans doute vrai d’autres aussi.) Mais je n’ai jamais entendu une seule fois dans les 30 dernières années un homme politique dire qu’il allait s’attaquer à la corruption, ni même qu’il fallait s’y attaquer, ni même en parler pour en dire que ça pourrait être un problème."

                          Il y a des lois contre la corruption, que la justice a le plus grand mal à appliquer au risque d’une perte de confiance grave dans certaines « élites ». Mais il y a aussi de lois corruptives, inégalitaristes, privilégiales, etc, du droit où l’on peut appliquer toutes les sentences.

                          « AMHA, nous nous réveillerons comme les argentins, ruinés, désabusés, et clamant »que se vayan todos« dans le vide, car les coupables seront à ce moment tous en Suisse. »

                          La mécanique de l’euro l’empêche de perdre sa valeur (survaleur aujourd’hui plutôt problématique). Les flux financiers sont de 33 trilliards de dollars, la masse monétaire euro de 9000 milliards. On ne peut pas dire que l’on abuse de la planche à billets euros. Si la croissance des transactiosn euros ne suit pas les taux, l’inflation prend la relève.

                          « Pour revenir à l’article, il me semble que »l’innovation financière« a ces dernières années contribué au problème. »

                          On ne peut pas critiquer l’innovation financière en tant que telle. Elle apporte un développement de par le monde, même s’il est effréné et ne fait pas dans la dentelle, impose le modèle capitaliste à ceux qui n’en veulent.

                          Les warrants viennent de la vente de produits agricoles, les dérivés sont des assurances sur les aléas financiers. Si les subprimes ont fragilisés l’économie mondiale, c’est du fait de l’absence de moralité des émetteurs de ces produits (enrichissement individuel exacerbé au détriment de l’ensemble) et non de l’innovation (des prêts dont le contrat était abusif, rien de plus).

                          Le micro-crédit est l’une des majeures innovation financière par exemple.


                        • Forest Ent Forest Ent 6 janvier 2008 20:52

                          « La mécanique de l’euro l’empêche de perdre sa valeur (survaleur aujourd’hui plutôt problématique). »

                          C’est exactement ce qui est arrivé à l’Argentine : le peg de sa monnaie au dollar l’a surévaluée. Ca a contribué à la ruine du pays.

                          « On ne peut pas critiquer l’innovation financière en tant que telle. »

                          Oui et non. L’innovation financière crée de nouveaux risques, et les risques monétaires et macro-économiques ne sont jamais à négliger. La régulation n’a pas suivi. Il manque une sorte de « principe de précaution ».

                          Par exemple, rien ne m’interdit de parier un milliard de dollars avec mon voisin. Ca n’a pas l’air de créer de monnaie, mais ça crée pourtant un risque majeur pour les deux parties. Quand ce sont des banques qui jouent à ça, c’est un risque systémique mondial. Et c’est un peu la face cachée des produits dérivés.


                        • Tzecoatl Tzecoatl 7 janvier 2008 11:13

                          « C’est exactement ce qui est arrivé à l’Argentine : le peg de sa monnaie au dollar l’a surévaluée. Ca a contribué à la ruine du pays. »

                          Ok, je comprends mieux (c’était également le cas de l’escudo). La seule arme contre cela actuellement disponible est la baisse des taux d’intérêts (un autre moyen serait l’émission de monnaie permanente non rémunéré venant racheter des dettes d’état). L’objectif franchement avoué est de baisser l’euro par rapport aux autres monnaies. La BCE n’a pas cela dans ses statuts. De ne plus rendre flottante la valeur de l’euro grâce à la pondération des autres monnaies avec lesquelles nous commerçons (ex du Canada si mes souvenirs sont bons).

                          "On ne peut pas critiquer l’innovation financière en tant que telle. Oui et non. L’innovation financière crée de nouveaux risques, et les risques monétaires et macro-économiques ne sont jamais à négliger. La régulation n’a pas suivi. Il manque une sorte de « principe de précaution »."

                          Les banques, lorsqu’elles prêtent, doivent s’assurer que le risque est limité. Si elles se rémunèrent en prenant un risque trop important, elles se tirent une balle dans le pied. C’est ce qui c’est passé avec les subprimes. Elles ont réclamés une prime de risque détruisant toute solvabilité de leurs clients. Apparemment, elles n’intègrent pas le fait qu’elles sont elles-même facteur de risque, (pour rester poli). Elles se croyaient à l’abri en titrisant, elles sont en fait surexposées en noyant les actifs titrisés. Si les actifs titrisés avaient une traçabilité (responsabilité individuelle au risque de tout perdre au lieu de responsabilité collective qui gangrène toute l’économie), la crise de confiance n’aurait pas eu lieu.

                          « Par exemple, rien ne m’interdit de parier un milliard de dollars avec mon voisin. Ca n’a pas l’air de créer de monnaie, mais ça crée pourtant un risque majeur pour les deux parties. Quand ce sont des banques qui jouent à ça, c’est un risque systémique mondial. Et c’est un peu la face cachée des produits dérivés. »

                          Les produits dérivés concentrent les risques que ne veulent pas prendre d’autres agents économiques (entrepreneurs, financiers, banquiers, ménages). C’est un marché des risques où la responsabilité est totale (possibilité de tout perdre, sans risque de contagion : ex LTCM).


                        • Forest Ent Forest Ent 7 janvier 2008 14:46

                          A propos de l’Argentine, je me permets de recommander cet article qui ne semble pas avoir trop vieilli :

                          http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=17472

                          Le problème était que le peg a été simultané avec l’ouverture complète des frontières. Ca un créé un ciseau destructeur. Il n’y a pas que les taux comme levier, et il ne serait peut-être pas utile de trop les baisser en période de sur-création monétaire. Par contre, on pourrait limiter volontairement les échanges extérieurs. Je sais, c’est hérétique ... smiley


                        • Tzecoatl Tzecoatl 8 janvier 2008 10:45

                          « Le problème était que le peg a été simultané avec l’ouverture complète des frontières. Ca un créé un ciseau destructeur. Il n’y a pas que les taux comme levier, et il ne serait peut-être pas utile de trop les baisser en période de sur-création monétaire. Par contre, on pourrait limiter volontairement les échanges extérieurs. Je sais, c’est hérétique ... »

                          Je ne suis pas sûr que ce soit dû à l’ouverture des frontières. Par contre la parité fixe semble plus problématique.

                          Dans une économie ouverte comme l’Europe, fermer les frontières seraient maintenant une erreur : la France qui exporte 28% de sa production endommagerait sérieusement son économie, d’autant plus que la zone euro a une balance des paiements positives sur les 12 derniers mois(4è trim 2006-3ème trim 2007).

                          Je ne vois pas comment le protectionnisme pourrait affaiblir notre monnaie, sauf à affaiblir notre économie.


                        • Zazen Koi Zazen Koi 8 janvier 2008 11:20

                          Bonjour,

                          Tout d’abord la crise des « subprimes » est venue de défections de particuliers et non d’entreprises, il s’agit même de la première crise financière dont les particuliers sont la source et le coeur (voir à ce propos un excellent article dans le Monde daté d’hier). En gros, les financements structurés sont des financements qui afin de mutualiser le risque mélangent dans un même produit des éléments à risque (comme des dettes de TPE/PME par exemple) et des éléments non risqués (comme des bons du trésor), les éléments non risqués permettant de couvrir les éléments risqués. C’est pour cela que des ratios précis dits « de tranchage » existent (voir à ce propos The Structured Credit Handbook - http://eu.wiley.com/WileyCDA/WileyTitle/productCd-0471747491.html- qui explique très bien le sujet). Pour les subprimes, ces ratios n’ont tout simplement par été respectés par certains acteurs d’où la crise...Mais celle-ci n’aurait pas eu lieu si les règles du jeu avaient été respectées. Ce n’est pas parce que l’eau du bain refroidit qu’il faut nécessaire se défaire du bébé qui est dedans, non ?

                          Pour ce qui est des marchés - publics ou non - il existe deux raisons non manichéennes aux pratiques des directeurs des achats des grands groupes, et des administrations publiques : les « bonnes pratiques » du secteur et les normes des instituts de notation.

                          Les « bonne pratiques » du secteur (voir à ce propos http://www.cips.org/professionalpractice/supplymanagement/) sont normées et partagées internationalement. Elles permettent notamment aux donneurs d’ordre de travailler en flux tendu et si on en croit les dernières analyses, posent assez peu de problèmes aux PME hors de France (Fact or fiction ? Are misplaced beliefs about purchasing holding us back ? Then perhaps it’s time they were challenged, says Luc Volatier - http://www.supplymanagement.com - 12 April 2007). Existerait-il une « exception culturelle » pour les PME française aussi ?

                          Plus simplement, il existe des produits d’assurance professionnelle - notamment sur la garantie de bonne fin - qui pallient très bien les exigences des directeurs des achats, les rassurent et permettent de soumissionner même si on ne dispose pas des 3 bilans d’usage...Beaucoup de SSII ou de Biotechs sont là pour en témoigner.

                          Seconde raison : les normes des instituts de notation. Les grandes entreprises se refinancent sur les marchés. Or, leur crédibilité en termes de chiffre d’affaires - donc en termes de possibilités de ne pas faire défaut - est notamment fondée sur leur capacité à produire, donc sur leurs achats. De ce fait, les directeurs des achats doivent pouvoir démontrer que les fournisseurs sélectionnés ne feront pas défaut et pourront fournir en temps et en heure...d’où leurs exigences diverses...Les notes sont révisées par période, donc avant de soumissionner, il s’agit de se renseigner. Si la société vient d’obtenir sa note, il est probable que la pression sur les directeurs des achats étant moindre, la chance d’obtenir le marché est plus importante, inversement les structures en cours de notation sont à fuir...Une petite opération de « market intelligence » qui peut rapporter gros, et en plus c’est gratuit et c’est sur les sites des instituts de notations.

                          Enfin, il me semble qu’un texte est passé pour faciliter l’accès des marchés publics aux PME, notamment la PME peut déléguer aux TPG un pouvoir pour effectuer le recueil des éléments administratifs nécessaires ou encore bénéficier d’aides OSEO pour financer le soumissionnement de son dossier. (http://www.pme.gouv.fr/essentiel/vieentreprise/marchespub/marches.htm) Il semble donc inexacte de prétendre qu’il demeure délicat de soumissionner, d’autant plus qu’une fraction des marchés publics est aujourd’hui tant en France qu’en Europe automatiquement dédiée à des PME.

                          En revanche, il s’agit effectivement de maîtriser certains aspects administratifs, mais les chambres de commerce et - s’ils font leur travail - les syndicats professionnels dédiés aux PME sont là pour apporter toute l’assistance nécessaire. Les dirigeants de PME et TPE françaises semblent très seuls, trop seuls et ne connaissent pas les solutions à leurs problèmes quotidiens. Mais que font les syndicats patronaux et organisations professionnelles pour aller vers eux ? La Wallonie, par exemple, envoie chaque mois gratuitement en push toutes les opportunités de financements européens par secteurs avec les coordonnées des PME intéressées et les outils & models pour répondre correctement...Il n’y a plus qu’à prendre son téléphone et compléter le dossier.

                          Pour finir, Corinne Lepage dirige un cabinet d’avocat de 50 personnes... il s’agit d’une PME n’est ce pas ? Et elle a co-écrit l’article avec quelqu’un qui vit tous les jour le quotidien d’une PME ? Pourquoi alors le procès d’intention qui peut être lu dans certains commentaires ?

                          Cordialement

                          Zazen


                        • CLK500 6 janvier 2008 17:05

                          Article traitant d’un problème réel et connu.

                          Cette phrase est parfaitement juste :

                          "l’incapacité des gouvernants et administrations à appréhender la réalité du tissu économique du pays et à y adapter la structure législative et réglementaire"

                          J’ai toujours été frappé par l’autisme forcené de nos gouvernants, le diagnostic est juste, les responsables connus (les fonctionnaires et politiques), mais comme d’habitude la recette est technochratique. Etrange qu’avec 5 millions de fonctionnaire, pas un soit capable de donner la bonne recette !!!!

                          Non, on sait tous que la complexité de notre code du travail, la charge de notre sécurité sociale que le monde entier nous jalouse (à Cuba) et la prédation du trésor public, l’omniprésence de l’état sont les autres vraies et principales raisons du déficit de croissance, ou du manque total de compétitivité et de viabilité des projets d’entreprise.

                          Mme Lepage, certes améliorer le financement des PME serait souhaitable, mais avant faudrait penser à dégraisser le mammouth (fonction publique). Mais cela demande du courage politique, de la rectitude, de l’honnêteté. Cela demande un projet politique et pas électoraliste.

                          Tout cela nous savons que vous autres énarques et autres hauts fonctionnaires collectivistes de droite ou de gauche, vous n’en n’avez pas.

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