Syrie : Guerre et Paix ? Guerres loupées…
Des civils massacrés, une ville – Alep – ravagée, les images de gosses martyrisés passent en boucle sur les médias. C’est la guerre. Et oui. La guerre c’est la mort, c’est la souffrance, c’est la terreur, ce sont les bombes massacreuses qui tombent d’un ciel déserté par tous les dieux. La guerre est une horreur. La guerre est humaine. La guerre, le massacre de l’autre est dans les gènes de l’Homme, l’humain étant le seul animal à faire la guerre. À part peut-être les fourmis et les termites…
Il faut les voir pérorer, il faut les entendre s’offusquer, dans les machines à bruit et les lucarnes à décerveler, les « gens autorisés » devant les massacres d’Alep. Ils ont raison. Mais alors il ne faut pas la faire la guerre ! Et si on la fait, encore faut-il avoir une raison avouable, savoir pour quoi, contre qui et avoir un but politique précis à atteindre.
La guerre, les Étasuniens et leurs affidés sont allés la faire en Irak. « Pour libérer ce pays du joug du dictateur Saddam Hussein et apporter la démocratie à ces peuples ». Et accessoirement mettre la main sur le pétrole… Le dictateur Saddam est mort, les Étasuniens ont gagné (? ?!!). Le pays est déchiré par une guerre religieuse sans pitié entre chiites et sunnites. Et la terreur moyenâgeuse de l’État Islamique a succédé à la poigne de Saddam. Poigne rugueuse, certes, mais sous laquelle les diverses factions religieuses, les diverses ethnies de ce pays artificiel vivaient en paix. Moyennant, hélas, quelques centaines de morts par an. Actuellement, ce sont des centaines de mort par semaine, si ce n’est par jour. Guerre loupée. Où est le progrès ? Où est la démocratie ?
La guerre, le Français Sarkozy et l’Anglais Cameron, soutenus par l’Étasunien Obama l’ont faite en Libye. « "Pour empêcher un bain de sang à Benghazi" et libérer ce pays de son dictateur Kadhafi qu’ils disaient. Et accessoirement mettre la main sur le pétrole là encore. Le dictateur Kadhafi est mort dans des circonstances plus que troubles. Les guerres tribales ensanglantent le pays. Les milliers d’armes pillées par toutes les bandes « religieuses » et mafieuses alimentent des mouvements terroristes dans tout le Sahel. Et les centaines de milliers de migrants que Kadhafi maîtrisaient déferlent sur les côtes européennes, nourrissant au passage, pour des milliers d’entre eux, les poissons de la Mare Nostrum. Guerre loupée. Où est le progrès ? Où est la démocratie ?
Les « printemps arabes » ont tous débouché sur pire qu’avant. À l’exception méritoire de ce peuple admirable que sont les Tunisiens. Y a-t-il une malédiction qui, en terres d’islam, condamne les peuples à marcher à la trique ? L’islam sanctifie le culte du chef à poigne gouvernant des peuples soumis par la violence. Si ça leur convient, en vertu de quoi nous mêlons-nous de leurs affaires ?
La Syrie subit le même traitement que l’Irak, la Libye, l’Égypte sans oublier le petit Bahreïn. « On » suscite ou on soutient un mouvement de rébellion contre le dictateur en place. Celui-ci s’efforce de faire régner son « ordre ». Avec brutalité. Alors « la communauté internationale » (en fait les États-Unis et ses alliés, clients et affidés) s’offusque, s’agite et arme une « armée de libération syrienne ». Et l’opinion internationale se cramponne à ce mythe, celui d’une opposition libérale au dictateur syrien. Résultat : cinq mille « soldats libres », entraînés et armés par les Étasuniens, sitôt lâchés dans la nature, rejoignent avec armes et bagages les rangs de l’État Islamique, d’Al Qaida à travers sa succursale syrienne Al Nostra et de Jaish al Fatah « l’armée de l conquête », coalition hétéroclite de djihadistes et de salafistes proches des Frères musulmans ! Guerre loupée. Où est le progrès ? Où est la démocratie ?
Le foutoir syrien est alimenté par une lourde rivalité entre Étasuniens et Russes sur fond de pétrole, de gaz et d’oléoducs.
Les Russes sont les seuls à avoir une stratégie claire dans cette affaire. Leurs intérêts coïncident avec ceux de Bachar Al Assad : la Syrie a signé un contrat visant à recevoir le gaz de l’Iran passant par l’Irak. La réalité des faits est donc que c’est sur le gaz que se focalise la bataille. Ce gaz alimentera-t-il Nabucco (oléoduc occidental) ou South Stream (oléoduc russe de Gazprom) ? Les Russes ont donc tout intérêt à ce que Bachar reste au pouvoir, d’autant plus qu’il leur loue une base navale sur la Méditerranée, à Tartous, concrétisant ainsi une volonté de toujours des gouvernants russes : une ouverture sur les mers chaudes. Ils soutiennent donc le dictateur en place avec leur aviation et probablement quelques centaines de « conseillers » au sol. Et lorsque les Russes font la guerre, ils la font complètement et jusqu’au bout. Sans fioritures ni états d’âme. C’est ignoble pour les populations civiles qui reçoivent les bombes, mais c’est stratégiquement efficace dans le cadre de cette merde infâme qu’est la guerre.
À Alep, l’essentiel de la ville est aux mains des troupes du régime. Seul un quartier reste sous le contrôle de la rébellion islamiste. Ce quartier est encerclé. Les populations civiles ont eu la possibilité de s’échapper par un corridor humanitaire mis en place fin juillet par Damas et les Russes. Mais les islamistes, qui se servent d’elles comme boucliers humains, les ont empêchées de partir. Combien sont passés ? Quelques dizaines ? Quelques centaines ? Quelques milliers ? La propagande des deux bords se déchaîne à ce sujet. À partir de là, l’armée de Bachar et les Russes considèrent que tous ceux qui sont dans ce périmètre sont des ennemis. Et ils ne font pas de quartiers.
Et les bonnes âmes et autres jocrisses crient au génocide en désignant d’un doigt vengeur celui qu’ils considèrent comme le responsable : le président russe Poutine et ses bombardiers tueurs d’enfants…
Ben voyons. Les Étasuniens se sont-ils souciés des populations civiles lorsqu’ils ont écrasé Caen sous les bombes ? Et les civils de Dresde ? Et ceux de Hiroshima et Nagasaki ? Et ceux du Vietnam ?
L’ennemi, le seul, le vrai, contre qui il faut combattre sans merci, ce n’est pas Bachar el Assad, ce sont les barbares de l’État Islamiste.
Et les tueurs embrigadés par leur propagande et formés à assassiner le plus de gens le plus efficacement possible et qu’ils renvoient chez nous « égorger nos fils et non compagnes ».
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