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Accueil du site > Tribune Libre > Sus aux preneurs d’otages ...

Sus aux preneurs d’otages ...

L'actuel conflit des agents de sécurité dans les aéroports fait ressurgir le discours sur la "prise d'otages" de voyageurs qui "n'y sont pour rien".

Mais qui sont donc les "preneurs d'otages" ?

A première vue, c'est simple : ce sont ces hordes d'agents énervés que l'on voit défiler à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, brandissant leurs banderoles au d'être à leurs postes de travail.
C'est tellement évident que les journalistes n'ont qu'à faire leur "travail" habituel, à savoir privilégier le spectaculaire, la forme (l'événement et les retards subis par les passagers) au fond (quel est donc ce métier ? quelles sont ses contraintes ? pourquoi ce conflit a-t-il dégénéré ? quelle est cette société ? qui sont les dirigeants ? y a-t-il eu négociations ? pourquoi n'ont-elles pas abouti ?).
Tout le monde ne s'intéresse pas forcément au métier d'agent de sécurité. Mais puisqu'il fait irruption dans notre quotidien, parlons-en et informons complètement nos concitoyens.
Or toute la panoplie d'une bonne préparation de l'opinion publique à ne pas exercer son esprit critique y passe : micros-trottoirs des journaux télévisés de 20h interviewant des voyageurs excédés (il est vrai qu'est également exposée la vision des grévistes eux-mêmes, mais exprimée - allez savoir pourquoi - par des français d'origine maghrébine ou africaine ; mais peut-être sont-ce là des postes peu prisés par nos français d'origine ... franco-française), postures politiques des ministres concernés (Valérie Pécresse : "le gouvernement ne laissera pas prendre en otage les vacances des français" (sic)) , protestations du MEDEF (on se demande bien quel tort ce conflit fait aux entreprises françaises !), etc.

Naturellement je comprends l'exaspération des voyageurs, confrontés à des annulations de vol, à des attentes interminables, à la désorganisation des services aéroportuaires ...
Et il faut bien reconnaître que ces agents de sécurité ont un formidable pouvoir de nuisance. Qu'ils partagent avec les contrôleurs aériens, les cheminots, les transporteurs routiers, les éboueurs, et bien d'autres ...
On se préoccupe bien moins, il faut le dire, des grèves des inspecteurs des impôts, des receveurs des péages d'autoroute, des salariés de la métallurgie, etc.

Mais enfin, ces gens (dont j'ignore - comme vous sans doute - précisément la situation et les revendications) ne choisissent vraisemblablement pas de faire grève uniquement pour désespérer les voyageurs.
Certes ils choisissent cette période car elle leur donne ce qu'ils pensent, à tort ou à raison, être une position de force vis-à-vis de leur direction.
Mais cette dernière n'a certainement pas découvert ni les revendications, ni la menace de grève en lisant les journaux le 19 décembre au matin.
Tout ce petit monde s'était certainement rencontré auparavant et chacun connaissait bien la situation avant qu'elle n'émerge au grand jour.

Il ne m'appartient pas de juger du bien-fondé des revendications des agents de sécurité.
Mais force est de constater que
1) le droit de grève est garanti par la Constitution qui ne dit rien quant à la manière (gênante ou pas pour le consommateur),
2) l’État a fini par nommer un médiateur. C'est donc bien qu'il y a besoin de médiation. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour prendre une telle décision ? Que l'échec de la stratégie d'isolement et de pression sur les grévistes nécessite d'en changer ?

Qu'encore une fois on (presse, politiques, ...) dresse les uns (le public) contre les autres (les grévistes "preneurs d'otages") me choque profondément. Chacun de nous peut se retrouver, à tout moment, l'"autre" !
Qu'encore une fois, selon un scénario auquel il nous a habitué, le gouvernement légifère dans l'urgence face à l'événement me choque profondément. Est-ce là une bonne pratique de gouvernement ? Un service minimum, pourquoi pas, mais gouverner n'est-il pas prévoir ?

Quitte à trouver des coupables (comment ne pas le faire lorsqu'on est soi-même victime de tels événements ?), j'invite mes concitoyens à faire preuve de plus d'esprit critique et à les rechercher non seulement parmi les grévistes, mais également parmi leurs dirigeants et les autorités de tutelle.

Ainsi, les mettant tous dans le même sac, pourrons-nous crier "sus aux preneurs d'otages" ...


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16 réactions à cet article    


  • sleeping-zombie 22 décembre 2011 10:08

    Hello,

    Mais que vois-je ce jour dès l’aurore ? Un appel à la réflexion ?
    Voilà qui est salutaire... mais ressemble fort à une bouteille à la mer...

    Désolé pour le cynisme.

    ++


    • Bernard Bougel Bernard Bougel 22 décembre 2011 10:51

      Je suis un incurable humaniste qui croit, dur comme fer, que l’homme, pour peu qu’il soit stimulé, peut s’affranchir de la pensée unique et développer un esprit critique.
      Bonne journée


    • Gabriel Gabriel 22 décembre 2011 10:53

      La sécurité tout comme l’éducation ou la distribution d’eau ne devrait en aucun cas être confiée à des entreprises privées. Celles-ci exploitant leurs employés par des salaires de misère, des CDD à répétition ou des horaires fantoches démotivent leurs salariés. Le sérieux et la qualité du service ne peuvent que s’en ressentir. Je comprends parfaitement le peu d’intérêt pour son job d’une personne pour qui sa société n’a aucune espèce de considération et traite à la limite de l’esclavage. Ceci dit, ils ont bien raison de faire grève pour défendre le droit à un salaire correct et des conditions de travailles décentes.


      • Bernard Bougel Bernard Bougel 22 décembre 2011 17:43

        Je suis, par nature humaniste, un défenseur du plus faible face au plus fort.
        Néanmoins, nous ne savons rien de ce business et des marges qui s’y pratiquent. Je sens bien que la sous-traitance est un moyen pour les collectivités territoriales en charge de la gestion des aéroports (ADP à Paris, les CCI en province) de baisser les coûts. De ce fait, les entreprises privées qui emportent ces marchés doivent faire des offres au plus bas et on est dans la spirale négative.
        Parmi les responsables des conditions de travail, des conflits, on doit forcément compter ces donneurs d’ordre qui poussent à la baisse (salaires, conditions de travail, etc.)
        C’est le règne du moins disant social.


      • interlibre 22 décembre 2011 11:14

        Diviser pour mieux régner.

        Tant que ça marche les politiques et leurs collabos médiatiques continueront.
        Le jour ou ça marchera plus ils devront partir se cacher très loin.

        • colza 22 décembre 2011 11:45

          L’avantage pour le gouvernement de parler de « prise d’otage », c’est d’inciter la population à considérer les grévistes comme des terroristes et partant, de ne pas trouver choquant qu’on cherche à briser leur grève et, pourquoi pas, à envoyer les forces de l’ordre pour les mater. 

          On y arrive !

          • K K 22 décembre 2011 12:03

            Remarque 1 :
            il n’y a pas de prise d’otage car rien n’empêche les usagers d’aller prendre un avion ailleurs ou un train (bloqué par une grève à Roissy il y a quelques années, j’ai pris le train pour rejoindre Amsterdam et de là le monde m’était ouvert ).
            Remarque 2 :
            une grève est un constat d’échec d’une négociation. Il y a donc deux co-responsables et non un seul
            Remarque 3 :
            la sécurité dans les aéroports fait partie du domaine public et à ce titre ne devrait pas être privatisée.
            Remarque 4 :
            La plupart de ces controles ont prouvé leur inefficacité. C’est juste un gros cinéma liberticide et contraignant pour rassurer mais à l’efficacité très douteuse.
            Remarque 5 :
            Les entreprises de sécurités sont assez douées pour se moquer du monde : la fameuse prime de cet été en est la preuve. Ce sont elles qui ont inventé le temps de travail assimilés repos etc... bref on peut travailler 12 heures et n’être payé que 8. C’est beau le progrès  :).


            • Ronny Ronny 22 décembre 2011 15:57


              @ auteur,

              Il semblerait que nous soyons dans un pays où lorsque l’on fait grève, il ne faut pas que « cela se voit ». Alors oui, les élites politiques au pouvoir actuellement crachent sur les prof, les agents de la SNCF, la RATP, avec un discours qui les fait passer régulièrement pour des tire-au-flanc, mais curieusement, dès que ce petit monde là arrête de travailler, c’est panique à bord !

              Vous avez par ailleurs raison de démontrer que dans ce cas là aussi, le pouvoir en place n’a de cesse de dresser les citoyens les uns contre les autres. Cela fait cependant plus de 15 ans que l’on entend des discours qui crédibilisent le fait qu’un individu s’en sortira mieux tout seul qu’en groupe (de la publicité « par ce que je le vaut bien », « égoiste », etc. au discours politique « l’Etat n’est pas la solution, c’est le problème », « le mérite », etc.). Nous somme avec ce leitmotiv de la prise d’otage, dans le même registre d’ailleurs très médiatisé puisque les radios et télé diffusent uniquement les micro-trottoirs où des gens qui se disent très fâchés par la grève, et rarement pour ne pas dire jamais ceux des gens qui comprennent et défendent les grévistes !

              Par ailleurs, je repose ci-dessous une réponse faite lundi dernier à un rédacteur qui se plaignait de cette « prise d’otage », disait il, car je trouve qu’il faut en finir avec ce discours « abusif ».

              ________

              ... Les grévistes ne font jamais grève par plaisir, ou pour emmerder les usagers. Ils le font pour défendre leur steack ! D’ailleurs contrairement à des idées reçues et propagées par les mêmes néo-libéraux MEDEFiens, la grève coute aux employés ou agents du secteur public ! Respect donc pour les grévistes, même si comme d’autres les mouvements de grève m’ont aussi parfois contraint à annuler un voyage, ou à le décaler. J’ai même tendance à penser que si les grèves avaient été un peu plus fréquentes et massives, on n’aurait pas assisté à la reculade constante de nos droits sociaux. Mais bon, certains on préféré lécher les bottes du patron ou se sont inventés toutes sortes de bonnes raisons pour ne pas participer. OK, c’est un choix, mais faut pas la ramener après contre ceux qui se défendent... 

              Quant à la prise d’otage, quand vous êtes en attente sur le quai d’une gare à bouquiner, ou au bar d’un aéroport à vider un demi, excusez du peu, mais j’ai du mal à considérer cela comme une prise d’otage ! J’ai été amené, de mon côté, lors d’un déplacement professionnel à l’étranger (en Afrique) a être évacué par des militaires français (chapeau bas d’ailleurs !) en raison d’un conflit entre le gouvernement local et des rebelles fortement armés. Obligé tout d’abord de se terrer à l’hôtel avec des matelas aux fenêtres, avec de l’au pour une journée sans manger, évacuation en entendant au loin les tirs d’armes, bref quelque chose qui aurait pu mal se terminer. Alors merci de réserver la dénomination prises d’otages à celles qui sont bien réelles et pas aux mouvements de grèves, et ce par respect pour tous ceux qui dans le cadre de leur activité professionnelle ou associatives ont réellement été pris en otage, et pour certain, y ont laissé leur vie !


              • Bernard Bougel Bernard Bougel 22 décembre 2011 17:46

                Je partage à 100% votre commentaire.
                Ensemble nous devons combattre cette vision tronquée et décervelante de l’information.
                Merci de votre appui.


              • asterix asterix 22 décembre 2011 16:38

                Grève générale des travailleurs des chemins de fer en Belgique contre leur nouveau régime de pensions aujourd’hui. Un régime qui reste très favorables, ce qui n’a pas empêché les centrales syndicales wallonnes de débrayer deux jours avant son officialisation !!!
                C’est la 22ème GRèVE DU RAIL CETTE ANNéE-CI EN BELGIQUE.
                Et lorsqu’ils débrayent, les salariés dotés d’un statut à vie restent payés par l’entreprise.
                La population prise en otage, dites-vous ?


                • Bernard Bougel Bernard Bougel 22 décembre 2011 17:47

                  Je ne connais pas la situation que vous décrivez.
                  Je me garderai donc bien de la commenter.


                • Dolores 22 décembre 2011 19:09

                  Les journalistes, comme certains politiciens, semblent avoir perdu le sens des mots qu’ils emploient.
                  Dans un registre moins grave, je suis toujours un peu choquée quand je les entends parler d« une »jeune fille de 6 ans« , d’une »jeune femme de 14 ans« ou d’une »jeune femme de 49 ans« .
                  Il existe des mots plus précis comme »fillette, adolescente et femme’.

                  Alors, la « prise d’otage »...

                  Ceci révèle l’outrancier égoïsme de nombre de nos contemporains qui trouvent plus important d’aller faire du ski ou d’aller se baigner sous les cocotiers que la vie de leurs concitoyens moins bien lotis qu’eux ou moins argentés.
                  Partir en vacances 4 fois par an loin de chez soi est-il devenu une nécessité absolue ?

                  N’est-ce pas faire preuve d’un égoïsme absolu que de se dire que quand on a ce qu’il faut, les autres sont quantité négligeable et ne sont d’aucun intérêt du moment qu’on peut satisfaire ses désirs personnels.
                  Je me pose la question de savoir s’il n’y aurait pas une certaine lâcheté chez ces gens qui parlent de « prise d’otage »et qui n’ont pas le courage de faire eux-même grève par soumission au système de la pensée unique culpabilisante.et par peur.

                  Ils ne sont même pas conscient qu’on les manipule pour faire abolir le droit de grève que nos prédécesseurs ont acquis si chèrement, au prix de leur vie pour certains.
                  « Quand il y aura une grève,, on ne s’en rendra même plus compte » disait notre bien-aimé (!) président.
                  Et le troupeau bêlant est heureux de l’annonce qui devrait lui permettre de partir en vacances sans se soucier que dans le même temps leur humbles serfs tirent le diable par la queue.

                  Enfin bref, je voudrais que les journaleux nous montre les photos des grévistes pistolets et mitraillettes au poing, couteau entre les dents menaçant les voyageur de mort dans les aéroports parisiens pour rendre crédible "la prise d’otage !


                  • Bernard Bougel Bernard Bougel 23 décembre 2011 08:41

                    Assez d’accord avec votre point de vue.
                    Ce qui me choque ce n’est pas la colère des gens. Au fond, ils se retrouvent piégés, ayant pris leurs billets d’avion pour réaliser un projet quel qu’il soit, et obligés soit d’annuler ce projet, soit de subir des attentes interminables (souvent dans une atmosphère de fin du monde !). Certains d’entre eux ont des enfants. On peut comprendre leur colère.
                    Donc les réactions individuelles ne me choquent pas.
                    En revanche, c’est le traitement qui en est fait soit par ceux dont le rôle est d’aider à se former la conscience collective (la presse), soit de maintenir la cohésion nationale (le Président, et, par ricochet, son gouvernement) qui est choquant.
                    Notamment on sent bien, de la part des « autorités » (les responsables de l’entreprise, le gouvernement), la recherche du pourrissement plutôt que de la négociation ...
                    Je dois dire, pour être honnête, que, le conflit se prolongeant, certains médias (France 2 par ex.) ont essayé d’être plus pédagogues, en donnant plus d’informations sur ce métier, ses contraintes, etc.


                  • ddacoudre ddacoudre 22 décembre 2011 20:58

                    bonjour Bernard

                     nous sommes bien d’accord. bon article
                    http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=106739
                    ddacoudre.over-blog.com
                    cordialement.


                    • piquecul 23 décembre 2011 07:36

                      @ asterix

                      Encore un doux dingue qui argumente sur l’idée invraisemblable du gréviste payé par sa boite !

                      En cette période de noël, quelques enfants de six ans attendent sa venue.
                      Hé bien vous l’avez vu apparemment.

                       Il existe un pays où les patrons payent des gugusses à ne rien faire en c’est juste à coté de chez nous.

                      Je sais !, je sais, les Belges sont de conteurs de carabistouilles. Mais à ce point c’est un record !

                      La bêtise et la crédulité et le défaut le mieux partagé. Personnellement j’ai mon lot, mais à ce point vous méritez un prix d’excellence !

                      Allez ! Bon noël et su vous voyez le sacripant, habillé en rouge, demandez lui la retraite à 25 ans   


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